Samedi 3 février 2024, l’École de la Cause freudienne organise une Question d’École consacrée le matin à Où en est-on avec le contrôle ? et l’après-midi aux Entretiens préliminaires. Ce numéro 323 d’Hebdo-Blog porte sur le contrôle, le suivant sur les entretiens préliminaires. Les trois textes et l’entretien à lire ici n’ont pas vocation à émettre des thèses ; ils tentent d’ouvrir des perspectives.
Le concept de contrôle tel que Lacan le construit, est à distinguer des contrôles, au pluriel, qui se pratiquent à l’ECF : des cliniciens, des contrôlants, s’adressent à des contrôleurs. À la différence de l’IPA, dans l’ECF comme dans tout le Champ freudien, et déjà à l’École freudienne de Paris, le contrôle n’est pas obligatoire. S’il l’était, des standards seraient établis sur le modèle du Tu dois. Pour autant, il n’est pas rare ou occasionnel. Une formule de Jacques-Alain Miller, qui a tout juste dix ans, fait mouche : « Le contrôle, chez nous est un contrôle désiré.1 » Le concept du contrôle est donc à rapporter aux différentes définitions que Lacan donne de l’inconscient : le contrôle est-il le même au temps du discours de l’Autre et à celui du parlêtre ? La réponse est non.
Et les contrôles ? Sait-on ce qu’il s’y passe ? Une typologie n’aurait pas grande valeur, car il n’y a ni contrôlant-type, ni demande-type, ni contrôleur-type. En revanche, s’y dénude ceci qui sort le contrôle de l’apprentissage, du tour-de-main ou de la formation par laquelle le maître oriente l’élève : le contrôle affronte au discours analytique lui-même. Il ne surplombe pas ce dernier ; il n’est pas un métalangage. Une autre phrase de J.-A. Miller fait boussole : « le signifiant-maître est impuissant à dominer le savoir inconscient ». De la demande de contrôle la plus modeste à la plus assurée, il y a cet os du il n’y a pas (= Yapas). Sans cette épreuve, le contrôle vire au je n’en veux rien savoir de l’inconscient et au culte du signifiant-maître. Il faudra le temps du contrôle pour que se dégage ce qu’il y a. Le Ya, dans ses formes multiples, ne viendra que dans un second temps. Cessant d’aimer son inconscient et celui de son patient, in fine, s’écrira pour le contrôlant cette jaculation du Yad’lun par laquelle Lacan livre que « la jouissance est le secret de l’ontologie, la cause dernière de l’ordre symbolique2 ». Mais combien de tours faudra-t-il pour que cette épreuve du signifiant-maître, impuissant à dominer le savoir inconscient, débouche sur un aperçu de ce secret ? Poser la question n’est pas y répondre… Alors au 3 février !
Hervé Castanet
[1] Miller J.-A., « Trois remarques sur le contrôle », intervention prononcée lors de la Journée Question d’École organisée par l’ECF le 8 février 2014, consultable sur le site de l’ECF.
https://www.causefreudienne.org/textes-fondamentaux/trois-remarques-sur-le-controle/
[2] Miller J.-A., « L’être, c’est le désir », Quarto, n°125, 2020, p. 11 et 13.