Artiste

Subtilité et retenue pourraient qualifier les travaux de Julia Scalbert. Sa palette de couleur estompe les contrastes et atténue la forme en la baignant dans un camaïeu de couleurs froides. Les formes indécidables mais pourtant presque familières, ces choses simples, confusément organiques, végétales, figées dans une quasi-immobilité, sont posées frontalement contre un fond presque monochrome, dans l’esprit simplifié de la nature morte.

Photographe, Pascal Grimaud vit et travaille dans le sud de la France. Le paysage rural constitue le motif central de ses photographies à la chambre, qui rendent compte des mutations en cours. Espaces ruraux, images des marges que les grands axes urbains, à force d’encadrer le domaine de la représentation, tendent à dérober au regard. C’est aussi tout un imaginaire qui est convoqué dans ces prises de vue, cinématographique (le western et la science-fiction post-apocalyptique) et photographique (The New Topographics : Lewis Baltz, Robert Adams, notamment), dont Pascal Grimaud semble parfois reprendre les codes pour mieux les déplacer.

Extrait de Zoème éditions

Ma pratique photographique explore les relations entre lieux, images et mémoire. Je constitue une recherche fragmentaire autour de l’espace urbain et de l’imaginaire qui lui est attaché. En effet, la ville s’impose en tant qu’objet privilégié de mon travail. Vaisseau Fantôme, mon dernier travail en cours, interroge la figure de la ville et d’une ville : Marseille. L’enjeu est de questionner nos rapports à l’espace urbain et ses représentations ainsi que nos usages et politiques de l’image.

« À partir d’expériences de territoires, ses dessins restituent des dynamiques transversales, oscillant de la céramique à l’installation, entre concentration minutieuse et déploiement monumental, inscriptions contextuelles et fluctuations nomades. A l’image du lieu exploré, un fragment de matière, minéral ou végétal, poreux ou stratifié, en croissance ou effrité, donne lieu à un dessin de petit format. Par multiplication numérique et agrandissements successifs, ce dessin-matrice est lui-même mis en croissance jusqu’à sa décomposition pour générer d’autres dessins à l’échelle d’un environnement immersif. » extrait de « à propos », http://anaislelievre.com/

Les photos sont prises par Bernard Coutant à l’occasion d’une représentation de l’opéra Mitra (2018) de Jorge León, auteur, metteur en scène de théâtre et réalisateur de films documentaires. Dans cet opéra, « sur scène, un corps hante l’espace, habité par une folie que le corps social tente de contenir derrière les murs des chambres d’isolement. »

Marine Pagès déploie un travail de dessin sur papier et de volume (installation, bois, papiers…) en réalisant des va-et-vient entre ces deux médiums, une façon de regarder les gestes effectués et de travailler avec leurs similarités. Elle construit dans l’espace de la feuille des structures incertaines, fragiles mais possibles, issues de mémoires d’armatures ou de corps. Depuis quelque temps, des dessins de mots ou de lettres apparaissent sous la forme d’onomatopée créant des jeux formels et potentiellement sonores. La série Memento Mori – un ensemble d’une vingtaine de dessins – dessinent des jeux de langage formels et sonores, suite d’anagrammes phonétiques des lettres contenues dans la locution Memento Mori : ON M MEME ROTI - MEME MOT NOIR - MOIRE MOMENT… Pour toutes les images : © Marine Pagès, Galerie Bernard Jordan, Paris, et ADAGP, Paris, 2024.

Armelle de Sainte Marie a étudié aux Beaux-Arts de Versailles où elle a grandi, et aux Arts Appliqués Olivier de Serres à Paris. Elle vit et travaille à Marseille depuis une vingtaine d’années. Armelle de Sainte Marie développe un univers pictural coloré aux géographies ambigües et instables, tendues entre presque-figuration et abstraction, dans lesquelles les formes - empruntant aux règnes minéral, végétal ou animal - semblent engendrer elles-mêmes leurs propres péripéties vitales et fantasmagoriques. Son intérêt pour les phénomènes liés aux mutations trouve écho en la matière peinture elle-même, sujette à découvertes – sérendipité - transformations, et par là même inspiratrice de motifs. Si elle entretient une relation essentielle au paysage, elle l’entretient aussi avec le corps et les deux tendent à se confondre. « Je m'intéresse à la vitalité, à l'entropie, à la transmutation. Avec un travail souvent de superposition, recouvrement, étagement d'états dont les strates restent perceptibles. Un monde qui bruisse... Parfois je quitte ces “états” pour me concentrer sur un objet ou un motif qui en serait issu en quelque sorte, et que je souhaite hybride, troublant dans l’apparence qu’il propose au regard et quant à la compréhension de sa nature. »

Geoffroy MATHIEU est photographe diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Il vit et travaille à Marseille. Ses travaux interrogent la manière dont les questions écologiques et politiques se concrétisent dans le paysage. À travers des protocoles de parcours ou d’immersion, seul, en binôme ou encore au sein de collectifs, il documente des territoires en mutation et des zones intermédiaires. Qu'elles émanent de commandes de collectivités territoriales ou d’institutions culturelles, de résidences ou d'initiatives personnelles, ses séries sont menées comme des enquêtes poétiques. Les rencontres avec le réel qui font advenir les images sont nourries d’une préparation documentaire rigoureuse. En utilisant la mobilité de la photographie, à la fois document et fiction, il construit des récits situés.

Arnaud Vasseux est sculpteur.  Dans sa pratique, il donne une place déterminante à l’expérience, aux phénomènes, aux matériaux et à leurs manipulations dans l'élaboration du sens. Dans leur physicalité, ses sculptures combinent fragilité, instabilité et résistance. Il met en jeu les notions de spatialités, de temps et de lieu par l’exploration des possibilités issues des techniques du moulage et de l’empreinte. Dans son mail adressé à l’Hebdo-Blog, il écrit : « Voici enfin le dossier d’images que je suis parvenu à sélectionner. La difficulté résidait pour moi dans le fait que mes travaux ne sont pas bi-dimensionnels et que mes images sont de fait des documents de choses qui exigent d’être perçus dans le monde réel…et donc pas l’environnement numérique. Ma pratique se confronte et se construit dans/avec le réel donc les images/documents appauvrissent les possibilités d’en faire l’expérience et donc de les comprendre. » 

Franck Pourcel « porte une attention toute particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps. Souci et poétique documentaires définissent son regard, qui longe sans cesse les lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable. Territoires, objets, techniques, gestes : l’accumulation joue un rôle important dans son œuvre ».

Zoème Éditions