À deux pas de l’Hermione récemment revenue à Rochefort, son port d’attache, s’est tenue une soirée de préparation aux J 45.
À travers quelques résumés de textes parus sur le site, l’ACF Aquitania présenta ces journées, et son partenaire La Baroulette a témoigné de ce que les parents déposent ou attendent d’un tel lieu d’accueil. La Baroulette est en effet, dans le fil des Maisons vertes, un lieu d’accueil et d’écoute parents-enfants, ainsi que le lieu d’une conversation qu’elle a initiée et soutient depuis longtemps avec des parents et des psychanalystes, sur l’art d’être parents !
Deux « accueillantes » nous ont fait part des modalités de couple qu’elles reçoivent parfois.
Certains couples de parents font un usage étonnant de cette petite scène que peut être un tel lieu d’accueil. Ainsi ce couple qui ne vit pas dans le même logement, mais se retrouve, particulièrement autour des questions d’éducation de leur unique enfant. Ils vivent donc un peu selon le mode living apart together[1], et c’est ensemble-chacun dans son coin qu’ils viennent à ces accueils. Ils ne semblent pas fréquenter ensemble beaucoup d’autres lieux. Venir ainsi est peut-être le moyen d’apparaître quelque part en tant que couple.
Cette façon de chercher un accord, un assentiment se retrouve quant aux idéaux éducatifs. Certaines mères affichaient il y a peu leur intérêt inconditionnel pour la Lecce League, exhortant les autres à allaiter très tard, ce qui occasionnait de vives discussions… alors que quelques-unes cherchaient à réussir le sevrage ! En ce moment, le cododo, où il s’agit de faire dormir bébé dans le lit parental, est à la mode ! Quelques-uns s’en réclament et vantent cette pratique. La mode est aussi aux bébés signeurs, qui recommande d’apprendre à l’enfant le langage des signes avant de lui apprendre à parler sa langue maternelle. On saisit qu’à devoir accueillir toutes ces « théories », les accueillant(e)s ont fort à faire !
Cependant, le couple parental n’est pas la généralité dans ces lieux d’accueil. Ces accueillant(e)s, nombreux dans cette soirée, ont souligné qu’ils rencontrent des figures du couple dans tous ses états. Le plus fréquemment, il s’agit du couple mère-enfant, parfois père-enfant. Plus rarement, le couple mère-fille avec enfants fréquente ces lieux, comme cette jeune femme qui ne fait couple avec un partenaire masculin que le temps de concevoir un enfant, enfant qu’elle partage aussitôt et élève ensuite avec sa propre mère avec laquelle elle vit.
Face à cette variété de couples et la prépondérance du couple mère-enfant souvent inconfortable, les accueillant(e)s cherchent ce qu’ils peuvent dire ou comment introduire une limite à la gourmandise de certaines mères pour leur enfant-objet. Ou bien comment tempérer l’agitation d’un enfant prisonnier de ce carcan imaginaire. L’enjeu est de saisir rapidement ce qu’un tel couple peut tolérer de la présence ou du dire des accueillant(e)s ; ce qui peut se dire en dépend.
Et face à cette situation délicate et compliquée, une accueillante proposait d’user non pas du couple des accueillant(e)s, mais de leur duo. L’un peut s’adresser à la mère tandis que l’autre s’adresse à l’enfant, c’est ce qui permet d’obtenir un petit écart, une respiration, où peut se glisser la parole d’un tiers.
[1] Cf Flash lacanien n° 13, Camilo Ramirez