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Événements, L'Hebdo-Blog 27

Un adolescent sous contrôle

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L’Hebdo Blog a posé une question à Agnès Bailly, en guise de liminaire à la soirée de l’Envers de Paris prévue le 16 avril salle du quartier de Notre Dame des Champs, 92 bis boulevard du Montparnasse 75014 Paris.

HB – Le corps, rien de nouveau, en apparence ! L’Homme a toujours eu un corps. Il l’a mis en mouvement, il l’a utilisé, il le dompte, le mire, le donne à voir, en jouit, etc.

Aujourd’hui quelque chose changerait ?

A. B. – La soirée du 16 avril prochain proposée par l’Envers de Paris, vers le congrès de l’AMP, a pour titre : « La civilisation du corps et son malaise ».

J’y aborderai le cas d’un adolescent venu me rencontrer dans un centre de consultation psychanalytique gratuit[1], pour me parler de son « problème avec le travail » et des conflits avec sa mère et ses professeurs qui l’empêchent de parler en son nom alors qu’il veut se faire entendre. La mère attend des consultations une remise au travail rapide de son fils. Faute d’efficacité immédiate sur le plan comportemental, cette mère impatiente consultera un centre spécialisé pour les « troubles de l’attention » d’où son fils repartira estampillé, avec le traitement adéquat.

Les troubles en tous genres à dépister, ça n’est pas nouveau. Ils sont centrés sur le fonctionnement du corps. Leur évaluation se fait à base de questionnaires à cocher, sans jamais tenir compte de la dimension symptomatique du corps qui est pourtant une réponse du sujet.

Mais ce qui change peut-être aujourd’hui, c’est que certains parents modernes, hyper-informés par les médias, traquent eux-mêmes les dysfonctionnements de leurs enfants. Ils détectent lesdits troubles, en font le diagnostic, puis exigent du centre spécialiste le traitement pour que tout rentre dans l’ordre.

Et quand le discours du maître se colle aux attentes des parents, le sujet peut se retrouver effacé, réduit à un corps « vide », c’est-à-dire vidé de son énonciation. C’est en effet ce que viendra me dire cet adolescent après la prise du traitement qui « lui ferme sa gueule ». Il est assailli par l’angoisse. Il ne se reconnaît plus, ni dans son corps ni dans ce qu’il dit. Il est « sous contrôle » de « sa » Ritaline qui lui dicte « les bonnes conduites ». Il ne peut plus donner « son point de vue ».

Quand l’exigence du maître est centrée sur le corps ainsi dévitalisé, c’est la dimension du discours qui est abolie et le surmoi féroce surgit. Le corps est un corps qui parle !

[1] Association parADOxes, consultations psychanalytiques gratuites et ateliers, 11-25ans, 212 rue Saint Maur, 75010 Paris, 06 16 97 66 80.

Site : paradoxes-paris.org

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