La pratique de la coupure a marqué cette troisième Journée de l’Institut de l’Enfant. Homogène à l’interprétation, elle s’est traduite, en acte, par le style des interventions, par le rythme, vif, impulsé par les organisateurs, par l’usage, en ouverture de chaque séquence, d’extraits de dessins animés, extraits qui tombaient à pic pour illustrer ce qui allait suivre. Prestes et vives, les interventions de l’analyste attrapent l’auditeur : une question, une remarque toute simple, une citation, un silence et le discours s’en trouve changé. C’est la valeur, décisive, de la première interprétation qui frappe : en voici trois, cueillies au fil de la journée.
En ne faisant pas chorus avec la blague qui se transmet dans les réunions de famille, blague qui échappe à l’enfant mais qu’il répète, l’analyste produit un écart dans le discours maternel d’où une première parole du sujet : « j’ai peur du noir », induisant une ouverture de l’inconscient. « Tu construis ou tu démolis ? » cette question fait mouche, elle fait surgir le sujet, le supposant à même de faire un choix. L’efficacité se lira à ses conséquences : mise en route des S2 et formations de l’inconscient. S’identifiant au discours médical, repris dans le discours maternel, comme « anorexique » cette jeune fille s’entend dire : « vous n’êtes pas anorexique, vous refusez de manger », intervention qui touche à l’objet pulsionnel et fait résonner un premier choix du sujet.
Scandant le premier temps de la cure, chacune de ces interventions a pour effet d’« extraire le sujet », selon la formule de Jacques-Alain Miller. Ici, interprétation et acte se nouent pour créer un gap, permettant de passer d’« interpréter l’enfant » à « l’enfant interprète ». Dès lors, s’engage un nouveau temps de la cure où s’ouvre le chemin des S2 et de l’objet avec lesquels le sujet, s’il le désire, jouera sa partie.