Et voilà ! La troisième Journée de l’Institut de l’Enfant vient de se terminer. Mais les lumières n’étaient pas encore éteintes que déjà elles se rallumaient dans nos têtes avec la perspective de 2017 dont nous entretenait Jacques-Alain Miller. Les courses-poursuites du Coyote toujours déjouées par Bip Bip pour notre plus grand plaisir, venaient à peine de s’achever que le monde de l’enfance, avec ses fulgurances, laissait place à la gravité de celui des adolescents. Celui des enfants ne l’est pas moins, mais cette Journée fit valoir l’extraordinaire inventivité de ce qui se passe dans la rencontre entre un enfant et un psychanalyste.
Pas de leçons, pas de techniques mais toujours l’inattendu de cette rencontre jamais comme les autres où la lecture du détail, de ce qui se dit dans l’instant, de ce qui s’entend dans un soudain décalage, fait interprétation. Cette clinique ne se mobilise pas sur la répétition mais sur l’étincelle, même si l’analyste peut se prêter longtemps à se faire l’instrument de recherche de l’enfant : « L’année du chat fut longue ! »[1] Et alors tout d’un coup l’enfant « retourne ses poches »[2] et l’on sait alors que sa position vient de changer.
L’interprétation est active. Il s’agit d’entendre plutôt que d’écouter, il s’agit de bondir plutôt que de construire. Envoyer des flèches sans savoir si elles atteignent leur but. L’interprétation est une pratique de l’incertitude mais « on n’est jamais en retard si on est au rendez-vous ! »[3] Si nous voulons apprendre à bondir avec les adolescents, il va nous falloir tout de même deux ans d’exercices !
[1] Rousseau D.-P., « Google-interprétation ».
[2] Graciotti O. et Lucas dans un lieu d’accueil enfants-parents.
[3] Ibid.