
La psychanalyse sur le terrain !
« Qu’il [le psychanalyste] connaisse bien la spire où son époque l’entraîne dans l’œuvre continuée de Babel, et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages. »[1]
Accueillir, entendre, interpréter, tenter de nommer le nouveau qui se présente… telle est notre expérience de la diffusion des Journées depuis deux ans.
Le désir de savoir et de recherche dans lequel l’École nous entraine avec ces nouvelles Journées se nourrit de l’expérience, celle de la cure, et aussi bien des témoignages recueillis dans la cité, les institutions… dans nos réseaux personnels et professionnels.
Il s’agit donc de faire acte de présence dans les lieux où des sujets en souffrance sont accueillis afin d’observer la façon dont va résonner le thème et quelles sont les impasses rencontrées.
Par la diffusion se transmettent de nouveaux signifiants qui permettent de nommer, de cerner ce qui est rencontré, sous un angle nouveau. Dans certains lieux, certaines institutions, nous entendons les signifiants des Journées qui se propagent : Faire couple, liaisons inconscientes. Les questions sont posées, le voile est levé.
« Rencontre publique », « échanges », « conversation », tels sont les signifiants qui circulent sur les affiches des événements en Région cette année, liés à celui d’institution ; « surprises », « accueil », « liens », « histoires », « rencontres », « dialogue », les signifiants prélevés auprès de ceux qui diffusent sur le terrain. Au cours de ces rencontres, de nouveaux liens se nouent, des histoires s’écrivent, un désir de jouer les prolongations dans un lien de travail ensemble, un désir de savoir.
Les inventions quotidiennes dans les Régions vont dans le sens d’une attention soutenue au public au un par un, là où l’on diffusait habituellement de façon anonyme. Comme l’argument des Journées touche chacun, à partir de ce qui est là dans l’expérience humaine incompréhensible, indéchiffrable. Bref, la diffusion est adressée : pas de sujet collectif de l’énonciation, y compris par le canal de la diffusion par mail, un ton, un style propre à chacun, des messages adressés au un par un. Une collègue lit les textes du Blog et envoie à chaque personne qu’elle a rencontrée au cours de la diffusion, un texte qu’elle a choisi spécialement à son attention, assorti d’un petit commentaire.
Quand la diffusion se noue avec la rencontre des corps, s’inventent des liens qui eux-mêmes produisent d’autres liens…
Un savoir se dépose au fil des rencontres et nous vérifions chaque jour le nouage entre la diffusion et l’efficace d’une transmission par « les actions des Uns désirants » [2]
[1] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage », Écrits, Paris, Seuil, p. 321.
[2] Bosquin-Caroz P., « L’action lacanienne à l’ECF », La Lettre mensuelle numérique n° 328, mai 2014, p. 5.
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