Depuis 2012, où l’autisme fut déclaré Grande Cause Nationale, une bataille se poursuit autour du diagnostic et du traitement des autistes. Avec le diagnostic très extensible du « trouble du spectre autistique », l’enjeu est celui de l’abrasion de toute une clinique réclamant finesse, tact et courage, avec des conséquences désastreuses pour les sujets eux-mêmes et leur entourage qui se trouvent laissés en plan, contraints de devoir se débrouiller seuls.
Au-delà, il semble que ce soit la conception même du sujet humain qui focalise la dispute, la singularité du sujet autiste se retrouvant forclose de certains discours. Dans ce contexte, les psychanalystes risquent de se voir interdire la prise en charge de ces sujets au profit de méthodes rééducatives toujours plus aliénantes !
Le Centre d’Études et de Recherches sur l’Autisme de l’École de la Cause freudienne (CERA), créé à l’initiative de Jacques-Alain Miller, est une réponse politique, clinique et éthique à la bataille de l’autisme. Ses travaux contribuent aux avancées théoriques et pratiques sur la question controversée de la prise en charge de ces sujets. Leur pertinence clinique mérite d’être soutenue au regard de la prolifération d’une idéologie réductionniste prônant l’adaptation.
Tous les deux ans, c’est l’événement : une journée rassemble les professionnels, les parents et les autistes eux-mêmes pour s’enseigner de cette clinique du singulier dans l’orientation lacanienne.
Venir à la Journée du CERA, c’est ainsi partager cette expérience à nulle autre pareille de la rencontre avec les sujets autistes, se laisser enseigner par leurs propres trouvailles singulières qui émergent d’autant mieux qu’on les accueille dans leur dignité. Loin des idées reçues, nous touchons ainsi au cœur de ce qui constitue la clinique psychanalytique en tant qu’elle concerne tout sujet dans son rapport fondamental au langage et à la jouissance.
Hervé Damase et Cécile Favreau de Rivals