Poésie et psychanalyse ont destin commun, celui de paraître parfois obscur, opaque, inclassable, indéchiffrable, dérangeant car laissant sourdre, au fil des vers et des sonnets, des témoignages et des écrits, un impossible à dire qui court entre les mots, entre les phrases, entre les lignes. Une jouissance qui, défeuillée de ses habits imaginaires où le parfum du sens enivre au point d’en ternir l’essentiel, finit par affleurer dans cette langue dépouillée.
Le style de Lacan est poétique. Ses Écrits et Autres écrits demeurent jonchés de morceaux choisis, de-ci de-là, qui viennent résonner, pour celui ou celle qui en a le goût, avec cet étrange étranger en soi-même, poème à l’occasion et véritable hymne à la vie.
Pour le dernier numéro de l’année, L’Hebdo-Blog vous propose de découvrir ou redécouvrir quelques fragments de poésie qui ont marqué l’enseignement de Lacan, sous les plumes aiguisées de deux psychanalystes.
Dominique Corpelet nous détaille de façon affûtée comment Borges prend appui et sur l’écriture logique pour tenter de cerner un impossible à dire, et sur la lettre hors sens pour pointer le trou dans la langue. Nathalie Georges Lambrichs, dans un style vibrant avec la thématique du numéro, relève le minuit devenant le prélude et le socle nécessaires à faire tourner la ronde des discours autour du mi-dit.
Dans un troisième texte, François Regnault nous invite à l’inédit d’une promenade, de Dante à Beckett. L’auteur questionne le choix du personnage de Belacqua dans le roman Bande et sarabande de Beckett. Ce personnage marqué du trait de l’indolence, issu de l’œuvre poétique de Dante, est plongé dans l’univers romanesque de l’écrivain, et là…, je ne vous en dévoilerai pas davantage !
Ce numéro est une invitation à lire et relire, sans modération, au gré des rencontres, les ouvrages de celles et ceux qui ont précédé le discours analytique, source inépuisable d’inspiration.
Corinne Rezki