L’écriture n’est qu’un des outils créés par l’homme pour ciseler le monde – le monde des fictions, le monde symbolique, le monde proprement humain où l’homme joue sa destinée.
Si l’écriture est un outil, il faut souligner qu’il s’avère d’une efficacité redoutable, opérant sur un plan tout particulier de la parole, qui lui permet de saisir au plus près ce qui n’a pas encore été dit. En psychanalyse, le statut de l’écriture ne se dissocie pas de celui de la parole ; il s’en distingue cependant. Là où les mots atteignent leur limite, où leur prise sur le réel défaille, l’écriture, elle, dessine un bord, circonscrit, met en forme.
Dans ce sens, l’écriture participe éminemment de la mise en acte de l’effort pour mieux dire – qu’il faut toujours renouveler, le bien-dire n’étant jamais acquis. C’est à ce titre que l’écriture peut tenir une existence.
Aussi, l’expérience d’une analyse peut produire une rencontre avec cet usage de l’écrit. L’artiste, spécialement le poète, qui, selon Lacan, précède toujours le psychanalyste1, peut quant à lui nous enseigner sur un usage singulier de la lettre. C’est là une affinité que ce numéro de L’Hebdo-Blog vous propose d’explorer.
Adriana Campos et Hervé Damase
[1] Cf. Lacan J., « Hommage fait à Marguerite Duras, du ravissement de Lol. V. Stein », Autres écrits, Paris, Seuil, p. 192.