Édito

La parole fait achopper la vérité en même temps qu’elle la véhicule comme décomplétée.

Nous savons depuis Freud que le crime primordial, l’Œdipe, est au fondement de l’humanisation et aux origines de la culture. Totem et tabou démontre, selon Lacan, qu’avec la loi et le crime commence l’homme.

Les « migrants » font irruption dans notre réalité citoyenne, c’est-à-dire, avant tout, comme signifiant du discours courant.

Tenant compte du fait que le langage supplée à l’absence du rapport sexuel et « masque » la mort, chaque parlêtre tente d’inventer un savoir y faire avec la fatalité du non-rapport au fondement de son existence.

Face à la tristesse de ne rien vouloir savoir, nous voilà remis sur la piste du gay sçavoir.

Dès lors, l’articulation autant que l’écart entre énoncé et énonciation sont des enjeux pour la psychanalyse, qui met l’accent et parie sur l’énonciation – ce que défendent les textes de ce numéro.

Assister aux journées du CERA, au-delà de la fécondité de l’enseignement qui s’y dépose, c’est un acte politique et éthique.

Lacan démontre l’illusion trompeuse de l’identité à soi-même et de la fonction de synthèse du moi pour saisir l’extimité au lieu le plus intime du sujet, qui se fait en même temps Autre.

Du 22 au 25 février 2024, se déroulera en visioconférence le prochain Congrès de l’Association Mondiale de Psychanalyse, sous le titre Tout le monde est fou. Cet événement biennal international est l’occasion, pour les membres des sept écoles de l’AMP, de transmettre une lecture orientée et renouvelée par le discours analytique du malaise dans la civilisation.

Ce numéro spécial d’Hebdo-Blog est composé d’un texte de Philippe De Georges, responsable de la version française de l’ouvrage Scilicet en vue du Congrès, suivi de deux entretiens que nous ont accordé Christiane Alberti, actuelle présidente de l’AMP, et Jacques-Alain Miller, fondateur de l’AMP en 1992. Le lecteur pourra découvrir les reliefs qui commencent à se dessiner, à partir des premiers échos interprétant cet aphorisme de Lacan avec l’orientation que lui a donnée J.-A. Miller.

Le Congrès de l’AMP est un moment important pour la communauté lacanienne. Ce temps de rencontre est en effet l’occasion de témoignages et de transmission plurilinguistiques de ce que permet pour chacun le discours analytique.

Le terme de « fou » comme celui de « folie » ont été effacés de la clinique au XXe siècle. Mais ce qu’ils représentaient a-t-il vraiment disparu ? Si tout le monde est fou, que Lacan complète par c’est-à-dire délirant, y a-t-il encore une boussole pour s’y retrouver ? Le réel, cet impossible à dire qui se rencontre, s’éprouve, peut-il se démontrer et donner ainsi une chance de s’orienter autrement ? L’époque actuelle fait-elle résonner plus intensément les folies en question ? Jusqu’où cela peut-il aller ? Qu’est-ce-que la psychanalyse d’orientation lacanienne peut en dire, par le biais de celles et ceux qui en font l’expérience personnelle et/ou qui occupent pour d’autres la position d’analyste ?

Participer à cet événement, c’est se donner la possibilité de peut-être y rencontrer quelque inouï…

Corinne Rezki

L’amour n’est pas seulement un mirage narcissique, mais c’est aussi cette étincelle produite par le réel de la contingence d’une rencontre.