• Accueil
  • Qui sommes-nous ?
Aucun résultat
Voir les résultats
  • Accès rédaction
L'HEBDO-BLOG
L'HEBDO-BLOG

Une rencontre qui ne trompe pas

Par Aurélie Charpentier-Libert
7 septembre 2015
Une rencontre qui ne trompe pas
Print Friendly, PDF & Email

Le pari du CPCT repose sur la possibilité de saisir en seize séances, le tourment de ceux qui s’y adressent. Pour ce faire, il est essentiel d’être orienté de façon précise et rigoureuse. L’invention par Lacan de l’objet a contribue à se repérer dans une telle clinique, afin de cerner le réel en jeu pour ceux qui en font la demande.

Dans le Séminaire L’angoisse[1], Lacan introduit l’objet a et le caractérise par deux temps logiques. Dans le premier, l’objet est le produit de l’angoisse. C’est ce qui est déduit à partir de l’observation du second temps, où l’angoisse est là causée par l’objet. Lacan dira causée par le manque du manque. La manifestation de l’angoisse dont témoigne le sujet n’est donc pas sans objet, comme l’indique Lacan et c’est à partir de cet affect que l’on peut chercher quels sont les objets en jeu et de quel réel du sujet ils témoignent.

L’Angoisse

C’est parce qu’Alice sait que l’angoisse est un affect qui ne trompe pas qu’elle vient en parler à l’analyste. Ainsi, depuis qu’une mauvaise rencontre l’a saisie, cette jeune femme ne peut plus travailler. Alors que ses parents lui font une visite surprise dans la ville où elle fait ses études, très loin de la maison familiale, Alice est saisie d’angoisse. Celle-ci demeure une fois les parents partis et l’empêche de travailler. À partir de ce point, Alice remonte le fil de l’angoisse et se souvient de sa première manifestation il y a quelques années, lorsqu’elle rencontrait par surprise un ancien amoureux qui l’avait quittée. C’est à la suite à cette rupture qu’elle avait quitté sa ville natale, sans trop savoir pourquoi. Alice n’a pas questionné les raisons de cette séparation, ni ses effets. Cependant, l’angoisse qui surgit lors de la visite de ses parents l’interroge. En effet, Alice n’a de cesse d’affirmer à quel point ces derniers lui manquent et ne comprend donc pas sa réaction à leur visite.

Une enfance rêvée 

Alice raconte une enfance « merveilleuse ». Elle ne tarit pas d’éloge sur ses parents qu’elle décrit comme très aimants. Pourtant, une ombre ternit l’image d’une époque perçue comme si heureuse. En effet, elle a le souvenir de s’être réfugiée dans un monde imaginaire dans lequel elle avait mis en place un dispositif qui la tenait éloignée des autres. Mais de quoi doit-elle s’éloigner ?

Alice a découvert à l’adolescence l’alcoolisme chronique de son père et les disputes avec sa mère qui en découlaient. Elle s’est rendu compte également de l’état dépressif de sa mère. Il s’avère alors que ce foyer si heureux pour elle, était en fait tourmenté par les tensions dues au mal-être des parents. Je lui fais part de mon étonnement concernant la distance entre son ressenti d’une enfance parfaite et le malaise familial qu’elle décrit. De quelle façon une petite fille peut-elle refouler à ce point une réalité si douloureuse ?

Alice a trouvé de solides appuis auprès de ses maîtres d’école et dans le travail scolaire. Elle était une brillante élève et s’est toujours sentie très heureuse en classe. Cette identification aux maîtres lui a permis de tirer un rideau sur la faille familiale, mais, par la même occasion, l’a empêchée d’en saisir toute la dimension angoissante. C’est en s’interrogeant sur le sens de son angoisse qu’elle commence à révéler dans les séances l’objet qui en est la cause. Ses parents ont traité leur propre angoisse en l’étouffant par un excès d’alcool et de médicaments. Elle a, durant son enfance, choisi à son tour de ne rien savoir et s’est réfugiée dans un monde imaginaire. C’est l’objet dans sa fonction de bouchon qu’Alice révèle par la description d’une enfance rêvée, dont peu de souvenirs et d’affects demeurent. C’est justement ce qui semble ébranlé lorsque son amoureux la quitte, provoquant ce qui ressemble à un passage à l’acte : quitter sa ville natale. Elle, qui a vécu son enfance sans subjectiver la rupture familiale intime, n’a pu, au moment où elle est quittée par un homme, que s’éloigner sans questionner cette rupture.

Jacques-Alain Miller précise que l’apparition de l’angoisse survient « quand il y a objet et quand il y a trop d’objets »[2]. Nous pouvons supposer que l’angoisse surgit chez cette patiente lorsque ceux dont elle s’est séparée font irruption soudainement. La présence chez elle des parents semble faire apparaître l’horreur dont Alice s’efforce de s’écarter depuis l’enfance. La levée de ce qui occulte la maladie des parents provoque l’angoisse en faisant apparaître son objet. C’est en parlant de ce qui l’angoisse, au lieu de le cacher ou de s’en séparer, qu’Alice commence à repérer le décalage entre son monde imaginaire et la réalité, et à se sentir ainsi apaisée.

Ouverture

Alice a trouvé au CPCT une façon d’apaiser son angoisse en la traitant par le signifiant. Ce parcours lui a permis d’apercevoir ce qu’elle rejetait jusque-là. L’envie de savoir qui se fait jour la conduit alors à vouloir entreprendre une analyse.

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004.

[2] Miller J.-A., « Introduction à la lecture du Séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne, Paris, Navarin/Seuil n° 59, 2005, p. 80.

Numéro : L'Hebdo-Blog 41
PartagerPartagerPartager

Dans le même numéro...

Éditorial
Édito

Éditorial

7 septembre 2015
Bal à la cour !
Focus

Bal à la cour !

7 septembre 2015
Vers le « faire couple », une résonance
Événements

Vers le « faire couple », une résonance

7 septembre 2015
La mort comme miroir réel de ce qui fait couple
Orientation

La mort comme miroir réel de ce qui fait couple

7 septembre 2015
Le Dieu du carnage de Yasmina Reza, interprété par Roman Polanski
Regards

Le Dieu du carnage de Yasmina Reza, interprété par Roman Polanski

7 septembre 2015
3e Rendez-vous Clinique du CPCT-Paris : Les équivoques de l’objet avec Pierre-Gilles Guéguen
CPCT

3e Rendez-vous Clinique du CPCT-Paris : Les équivoques de l’objet avec Pierre-Gilles Guéguen

7 septembre 2015
« Je suis un débile émotionnel »
CPCT

« Je suis un débile émotionnel »

7 septembre 2015
Une performeuse
CPCT

Une performeuse

7 septembre 2015

Pour recevoir la Newsletter

loader

Moteur de recherche

Aucun résultat
Voir les résultats

Nos partenaires

  • ECF
  • ECF.Echoppe

Suivez-nous sur les réseaux

  • Mentions légales

© 2024 HEBDO-BLOG - Design by PUSH IT UP.

Espace rédacteur

Identifiez-vous pour accéder à votre compte.

Mot de passe oublié ?

Réinitialiser votre mot de passe

Veuillez saisir votre email ou votre identifiant pour réinitialiser votre mot de passe

Connexion
  • Accueil
  • Qui sommes-nous ?
Aucun résultat
Voir les résultats

© 2024 HEBDO-BLOG - Design by PUSH IT UP.

Ce site web utilise des cookies. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous consentez à l'utilisation de cookies. En savoir + sur notre politique de confidentialité.
p { text-align: justify; } #sdfootnote1 p, #sdfootnote2 p, #sdfootnote3 p, #sdfootnote4 p, #sdfootnote5 p, #sdfootnote6 p, #sdfootnote7 p, #sdfootnote8 p, #sdfootnote9 p, #sdfootnote10 p, #sdfootnote11 p, #sdfootnote12 p, #sdfootnote13 p, #sdfootnote14 p, #sdfootnote15 p, #sdfootnote16 p, #sdfootnote17 p, #sdfootnote18 p, #sdfootnote19 p, #sdfootnote20 p{ line-height:1; margin-bottom: 0em; font-size:12px; } .copyright{ display:none; } .jeg_post_tags{ margin-top :2em; font-weight : bold; color : #ff3131; }