Ce numéro de L’Hebdo-Blog pose la question : qu’est-ce qu’un Centre psychanalytique de consultations et de traitement (CPCT) ? Le réduire à ses principes objectifs – nombre limité de séances et gratuité – serait méconnaître les enjeux et particularités de ce dispositif. Il déjoue toute normalisation et fait exception dans le paysage institutionnel. Relevant de la psychanalyse appliquée à la thérapeutique, un CPCT ne délivre pas des séances de psychanalyse.
L’entrée dans un tel traitement pour un sujet ne va pas de soi. Le traitement n’est pas d’emblée ouvert à qui fait une demande adressée au CPCT. Un temps d’avant est requis. Il s’agit de celui de la consultation. Art et finesse y sont convoqués par le consultant, car il s’agit de mesurer si celui qui vient au CPCT – dans un moment d’urgence subjective, après avoir essuyé les refus d’autres institutions ou encore invité fortement par quelques autres – peut ou non entrer en traitement, avec ce que cela implique de rapport à la parole. Dès lors, il revient aux « opérateurs » d’effectuer une « sélection drastique […] afin de s’assurer qu’ils sont capables d’une distribution pondérée des effets psychanalytiques, dosés aux capacités du sujet à les supporter », comme l’indique Jacques-Alain Miller dans son texte « Lieu Alpha ».
Le passage ou non au traitement prend ainsi valeur d’un acte, qui rend compte de ce qui s’est joué lors de la consultation. Il s’agit là d’affiner la « prescription détaillée1 » du traitement. Nul pari hasardeux n’est fait, puisque cette prescription ne se fait pas avec l’art du maître, mais au plus près des dires du sujet, tout en tenant compte du temps logique de celui-ci.
Romain Aubé & Hervé Damase
[1] Miller J.-A., « Lieu Alpha », in Perrin Chérel M. (s/dir.), Être parents au 21e siècle. Des parents rencontrent des psychanalystes, Paris, Michèle, 2017, p. 25.