• Accueil
  • Qui sommes-nous ?
Aucun résultat
Voir les résultats
  • Accès rédaction
L'HEBDO-BLOG
L'HEBDO-BLOG

Comme le fil est pour l’aiguille…

Par Jean-François Lebrun
17 mai 2015
Comme le fil est pour l’aiguille…
Print Friendly, PDF & Email

… la fille est pour le garçon. Nombreuses sont les rengaines d’une complémentarité mythique que l’expérience vécue ne tarde pas à démentir. Au contraire, c’est d’un nouage toujours singulier qu’il s’agit, à inventer entre deux partenaires, entre un et un, entre chacun et sa chacune. Voilà ce que la psychanalyse découvre. À ceux qui choisissent d’en faire l’expérience, elle propose de dénouer patiemment les fils embrouillés de leur existence.

Laure ne se remet pas de la perte d’un être aimé, emporté par le cancer il y a bien des années : son père. Trône au beau milieu de sa bibliothèque un souvenir de lui venant commémorer le caractère central et toujours actuel de la perte qu’elle éprouve. C’est un vase. Plus exactement, elle a placé dans son salon l’urne funéraire qui lui a été remise selon la volonté paternelle. Il avait voulu qu’elle ne comporte aucune mention, aucune inscription symbolique : pas de nom, de date, rien.

Laure a pu depuis lors accomplir ses études universitaires. Elle a assez vite décroché un emploi dans le domaine de sa formation. Mais elle reste inconsolable. Rien n’y fait. Elle se dit agressive avec son entourage : son mari et sa mère. Elle a épousé un copain d’enfance. Elle vit avec lui dans la maison paternelle dont elle a hérité. Elle compte la transmettre – avec l’urne – à ses héritiers. Elle se pose en vestale du père, gardienne de ses restes.

Entre elle et son mari, ce n’est pas facile. Elle se demande s’il l’aime. « Je gère mon couple » dit-elle, mais cette « gestion » ne marche pas aussi bien que celle du bien paternel. C’est même très souvent orageux. Le refus déterminé qu’elle oppose aux instances du mari est la source d’innombrables querelles. Il lui réclame un enfant. Elle ne consent d’ailleurs que difficilement aux rapports intimes.

Mais le chagrin si présent au début de nos entretiens en vient à se relâcher un peu. Un jour, elle m’annonce qu’elle s’est débarrassée de l’urne funéraire. « Il était temps de s’en séparer » me dit-elle. Me parler de son père a fait de cette urne une question. Elle décide de s’en défaire : voilà un objet qui tombe. Mais ce n’est là qu’une étape.

Quelque chose n’a pas circulé dans le quadrille œdipien. Face à des parents désunis, qu’un lien d’amour ne reliait pas, Laure s’est retrouvée prise entre le désir de la mère et le désir du père envers elle. Pour sa mère, elle était « tout », dit-elle, se plaignant de ce lien intrusif. Ainsi, pour lui échapper, s’est-elle « offerte », selon ses termes, en mariage à son copain d’enfance. Mais on la disait aussi « la petite femme du père ». Lors du décès, le copain d’enfance était là pour la soutenir dans son deuil.

N’a-t-elle pas épousé le copain d’enfance un peu vite ? Elle indique que dans le lit conjugal, « il y a toujours un tiers, une troisième personne » marquant par là qu’elle désire « ailleurs ». L’attachement au père[1] et l’hostilité envers la mère barrent l’accès à son désir de femme. Elle a à s’en distancer pour pouvoir accéder au choix d’un objet masculin, d’un partenaire avec qui elle pourra entrer dans ce que Jacques-Alain Miller a nommé les labyrinthes de l’amour[2], et inventer un lien de couple.

[1] Freud S., « La féminité », Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, 1984, p. 150-181.

[2] Miller J.-A., « Les labyrinthes de l’amour », La Lettre mensuelle, n° 109, p. 18-21.

Numéro : L'Hebdo-Blog 32
PartagerPartagerPartager

Dans le même numéro...

Victime : la fraternité discrète en réponse
Focus

Victime : la fraternité discrète en réponse

17 mai 2015
Quand les couples se brisent
ACF

Quand les couples se brisent

17 mai 2015
Qu’est-ce qui brise tant le cœur d’une femme ?
ACF

Qu’est-ce qui brise tant le cœur d’une femme ?

17 mai 2015
À propos du labyrinthe du silence : un peu d’information
Regards

À propos du labyrinthe du silence : un peu d’information

17 mai 2015
IM LABYRINTH DES SCHWEIGENS
Regards

IM LABYRINTH DES SCHWEIGENS

17 mai 2015
Lacan dans la maison de Freud
Événements

Lacan dans la maison de Freud

17 mai 2015
« Moments de crise » à Genève : entailles, faille, réel
Événements

« Moments de crise » à Genève : entailles, faille, réel

17 mai 2015

Pour recevoir la Newsletter

loader

Moteur de recherche

Aucun résultat
Voir les résultats

Nos partenaires

  • ECF
  • ECF.Echoppe

Suivez-nous sur les réseaux

  • Mentions légales

© 2024 HEBDO-BLOG - Design by PUSH IT UP.

Espace rédacteur

Identifiez-vous pour accéder à votre compte.

Mot de passe oublié ?

Réinitialiser votre mot de passe

Veuillez saisir votre email ou votre identifiant pour réinitialiser votre mot de passe

Connexion
  • Accueil
  • Qui sommes-nous ?
Aucun résultat
Voir les résultats

© 2024 HEBDO-BLOG - Design by PUSH IT UP.

Ce site web utilise des cookies. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous consentez à l'utilisation de cookies. En savoir + sur notre politique de confidentialité.
p { text-align: justify; } #sdfootnote1 p, #sdfootnote2 p, #sdfootnote3 p, #sdfootnote4 p, #sdfootnote5 p, #sdfootnote6 p, #sdfootnote7 p, #sdfootnote8 p, #sdfootnote9 p, #sdfootnote10 p, #sdfootnote11 p, #sdfootnote12 p, #sdfootnote13 p, #sdfootnote14 p, #sdfootnote15 p, #sdfootnote16 p, #sdfootnote17 p, #sdfootnote18 p, #sdfootnote19 p, #sdfootnote20 p{ line-height:1; margin-bottom: 0em; font-size:12px; } .copyright{ display:none; } .jeg_post_tags{ margin-top :2em; font-weight : bold; color : #ff3131; }