Édito

Éditorial

V’la l’bon vent, V’la l’joli vent, V’la l’bon vent, ma mie m’appelle, V’la l’bon vent, V’la l’joli vent, V’la l’bon vent, ma mie m’attend… ?

N’ayez crainte. Si ce bon vent des Journées de l’École de la Cause freudienne forcit déjà, il ne vous soufflera sûrement pas à l'oreille « l’adéquation libidinale » ou « l’avènement idyllique de la relation génitale »[1], mais se consacrera à l’immense question de ce qui fait couple, en notre « humaine condition », comme vous avez pu le lire le 28 avril dans l’argument des Journées rédigé par Christiane Alberti, directrice des Journées.

Mai 2015. Bientôt, quelques lectures inédites, ouvrages réexaminés à l’aune de ce thème seront au rendez-vous. L’Hebdo-Blog vous entraînera lui aussi dès le 11 mai dans les flots de ces Journées, avec un très beau texte qui mettra pour vous en lumière le couple extraordinaire que Marceline formait avec Joris… Mais... chut, encore !

Mars 2010. Il y a cinq ans et deux mois, dans son éditorial, de la Lettre mensuelle, « Les nouveaux horizons de la Lettre mensuelle : la Revue des Acf », Jean-Daniel Matet, alors président de l’ECF, avançait que la Lettre mensuelle pourrait devenir un jour un blog, en en précisant la mission : « Elle fera circuler l'actualité des élucubrations entre les régions, entre ceux qui se reconnaissent dans l'École de Lacan. »

En septembre 2014, Patricia Bosquin- Caroz, Présidente de l'ECF, et le directoire, ont rendu possible le passage : là où c’était la LM est bien advenu l’Hebdo-Blog. 

Et nous faisons nôtre ce vœu car nous sommes curieux des inventions, des innovations produites par les ACF. Une fois encore, nous vous appelons à témoigner, à partager vos surprises en nous envoyant vos textes. Nous accompagnerons aussi au plus près les événements qui s'annoncent dans notre Champ : les Journées de l’ECF en premier lieu, mais encore le Congrès de la NLS, la Journée UFORCA, PIPOL, et le Congrès de l’AMP.

Est-ce parce que de nombreux discours aujourd’hui ne mordent pas sur le réel que l'action lacanienne, Petit Poucet, armée de Lacan Quotidien, s’engage à semer les traces de sa doctrine sur tous les fronts ? Il semblerait que l’orientation lacanienne doive renseigner elle-même des cases ! Celles du malaise dans la civilisation. Nous avons à répondre à l'appel. Oui, il y a bien des abonnés au numéro que vous avez demandé et la psychanalyse, si elle veut survivre, saura infiltrer et instruire nombre dossiers. C’est elle qui est en place d'élucider le mal dit, le mal nommé, l'obscur.

[1] Lacan J., Le triomphe de la religion précédé de Discours aux catholiques, Paris, Seuil, 2005, p. 57-58.

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Éditorial

Voici chers lecteurs, un Hebdo-Blog consistant, en cet anniversaire de la naissance de Jacques Lacan le 13 avril 1901 !

D’abord deux dossiers, pour vous, s’entrecroisent et se nouent :

Rio de Janeiro, le Xe congrès de l’AMP et le Dossier l’Escabeau nous retiendront encore pour quelque temps : Marie-Hélène Blancard distingue dans le trajet d’un sujet en analyse deux modalités d’écriture : l’écriture escabeau, et l’écriture procédant de la cure.

De l’être à l’ex-sistence donc, et de Rio à Bruxelles, via … Paris ! Car de nouveau, l’action lacanienne de l’École de la Cause freudienne vrombit et accélère : vous connaissez déjà la magnifique affiche des Journées 45 de Philippe Metz. Et Bruxelles, PIPOL 7, approchent résolument. Ouvrons donc sans plus tarder  un nouveau dossier, PIPOL avec Vanessa Sudreau. Éric Zuliani lui emboîte le pas pour nous inviter à réfléchir sur « l'innocence », en se référant à Freud, J.-A. Miller et Lacan.

Et n’oubliez pas de vous attarder un moment sur l’entretien réalisé par l’HB avec Franck Rollier sur le colloque du CPCT d’Antibes du 18 avril 2015 : « Ados branchés, débranchés. Tous addicts ? » F. Rollier explicite pour l’HB le choix du thème de ce colloque qui, à sa façon, nous prend la main vers la Journée de l’Institut de l’Enfant… du printemps 2017, consacrée à l’adolescent !

Pierre Strelisky, lui, nous offre sa lecture du documentaire de Gérard Miller, Gérard Depardieu, l'homme dont le père ne parlait pas, dans laquelle il souligne la familiarité de l'acteur avec sa lalangue et son immense présence de corps parlant.

L'Envers de Paris, par la plume de son directeur, Philippe Benichou, nous convie aussi, mais au théâtre, le 18 avril, pour une pièce d'Ernst Toller, Hinkemann, mise en scène par Christine Letailleur. Et avec Romain-Pierre Renou, l’HB vous apporte un aperçu éclairé de la conversation qui s’est tenue lors de la dernière Soirée de la Bibliothèque autour de l’ouvrage collectif La psychanalyse à l’épreuve de la guerre établi sous la direction de Marie-Hélène Brousse.

Riches lectures pour deux semaines, chers abonnés : notez que l’Hebdo-Blog ne paraîtra pas le 20 avril mais vous ouvrira à nouveau ses fenêtres le 27.

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Éditorial

« Tout de même, on peut se demander si l’idéal d’une fin de cure psychanalytique, c’est qu’un monsieur gagne un peu plus d’argent qu’avant, et que, dans l’ordre de sa vie sexuelle, il s’adjoigne à l’aide modérée qu’il demande à sa compagne conjugale celle de sa secrétaire. C’est en général ce qui est considéré comme une très bonne issue quand un type avait un peu jusque-là des embêtements sur ce sujet, soit que ce fût simplement une vie d’enfer, ou bien qu’il ait pâti de quelques-unes de ces petites inhibitions qui peuvent vous arriver à divers niveaux, bureau, travail, et même au lit, pourquoi pas ? »[1]

Je sais bien mais quand même ! Pourquoi s’attarder ainsi sur la clinique de la pornographie au XXIe siècle dans l’Hebdo-Blog ?

Éclairons ici ce choix : nous avons pris cette option tout d’abord parce que Jacques-Alain Miller a ouvert sa présentation du thème du prochain Congrès de l’AMP avec sa conférence « L'inconscient et le corps parlant » sur ce thème, mais aussi parce que la sexualité, pour nous, n’est pas « une activité de surplus »[2]. Une analyse lacanienne ne consiste pas à calmer l’agitation de « la fesse »[3], pour obtenir un « moi […] fort et tranquille »[4] indemne de tout soupçon. Un exemple ? L’affaire DSK et la passion d’en savoir toujours un peu plus sur l’actuel proxénétisme aggravé des hommes d’État nous contraignent sans cesse à revisiter un lieu obscur, point de désunion de la parole et du corps et, peut-être, de silence aussi, car parfois s’y évanouit la parole. Voilà pourquoi l’HB s’est avancé sur ces terrains ardents. Rendez-vous bientôt sur une autre route, escarpée, qui nous mène encore à Rio de Janeiro, une route dont les voies sont magistralement défrichées, vous le savez, par Éric Laurent. Nous consacrerons notre prochain dossier au concept d’escabeau, catégorie de l'époque du parlêtre, et de la notion de sinthome, dont J.-A. Miller souligne l'importance dans la conférence évoquée.

[1] Lacan J., Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p. 30-31. [2] Ibid., p. 31. [3] Ibid. [4] Ibid.

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Éditorial

« J'appelle symptôme tout ce qui vient du réel. Et le réel, tout ce qui ne va pas, qui ne fonctionne pas, qui s'oppose à la vie de l'homme et à l'affrontement de sa personnalité. Le réel revient toujours à la même place. Vous le retrouverez toujours là, avec les mêmes semblants. Les scientifiques ont beau dire que rien n'est impossible dans le réel. » (Jacques Lacan, Entretien accordé au magazine Panorama en 1974).

À la minute où nous bouclons ce 20e numéro de l’Hebdo-Blog, un frein, un suspens. Après une attaque terroriste mortelle au centre culturel de Copenhague, le samedi 14 février, Seize coptes assassinés en Égypte. Et plusieurs centaines de sépultures juives profanées, en Alsace, hier.

Nous aussi, orientés de Lacan, reviendrons comme le réel toujours à la même place. Référons-nous encore à l’expérience qui nous tient, l’expérience de la psychanalyse. Scilicet.

Tu peux savoir, lecteur, et lire les derniers Lacan Quotidien, plusieurs textes de Jacques-Alain Miller, rompus à analyser cette actualité, et celui d’Éric Laurent: http://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2014/01/LQ-371.pdf.

Et d’autres encore.

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Compte-rendu de Question d’École

« Problèmes cruciaux du contrôle et de la passe »

Samedi 24 janvier 2015 – Maison de la Mutualité

Cette journée a été organisée par le directoire de l’École qui en a choisi le thème et a proposé aux deux organes garants de la formation des analystes de le décliner. La Commission de la passe s’est intéressée à la façon dont les décisions sont prises par le jury qui nomme les AE ; la Commission de la garantie s’est ensuite intéressée à l’expérience du contrôle dans la pratique analytique, condition essentielle à la reconnaissance des Analystes membres de l’École, les AME.

La présidente de l’École, Patricia Bosquin-Caroz, a d’emblée rappelé que le contrôle et la passe ne sont pourtant pas obligatoires mais avant tout affaire de goût et de désir. Nous héritons de la dérégulation voulue par Lacan par rapport aux standards ipéistes. C’est dire qu’aucun standard, protocole ou immixtion des pouvoirs publics ne sont ici de mise : « un air de liberté souffle à l’École de la Cause freudienne », a-t-elle indiqué. Pour demeurer à la hauteur du devoir qui incombe à la psychanalyse en ce monde, les psychanalystes doivent rester sur la brèche en entretenant un rapport vivant à l’expérience ainsi qu’au sujet supposé savoir, loin de l’infatuation et du repli sur soi. En ce sens, la pratique du contrôle intéresse au plus haut point une école de psychanalyse car elle permet à l’analyste de rester en position analysante de sa pratique et de toujours forcer « son je n’en veux rien savoir ».

Cette journée a permis de parler des problèmes cruciaux du contrôle et de la passe en les proposant amplement au débat.

La boussole du passeur est son désir de faire émerger un savoir nouveau quant à l’issue d’une analyse et au devenir analyste. Lorsqu’une nomination d’AE est produite, ce qui emporte la décision de nommer ne se joue pas simplement au niveau des énoncés, mais se situe davantage au niveau d’une énonciation du passant, parvenue à la Commission par le biais du passeur. Celui-ci doit avoir réduit pour son propre compte, dans son analyse, sa captation par le sens joui afin qu’une inscription devienne possible pour un autre. En outre, si le passeur est attentif à ce qui se transmet d’un mode de jouir d’un corps, ce n’est pas affaire d’affects ou d’émotions non analysés. La condition pour être passeur répond à un moment logique de son analyse qui lui permet d’entendre le vivant en étant nettoyé de sa propre jouissance. Le passeur n’est pas un messager conscient et maître de ce qu’il transmet : il est lui-même le message.

La décision de nommer peut s’effectuer de manière fulgurante en emportant l’adhésion immédiate de l’ensemble des membres de la Commission de la passe. Parfois, une discussion s’impose. La commission s’est montrée sensible à certaines analyses qui se sont déroulées hors des sentiers battus. La nouveauté n’était pas pour autant contradictoire avec la construction logique. Les signifiants ont pu cerner l’inédit, entre l’articulé et l’inarticulable. Le pousse à nommer est aussi relatif à ce qui s’énonce du sinthome et qui n’est pas équivalent au fait de le nommer. En effet, il ne suffit pas qu’un passant dise « ceci est mon sinthome » pour qu’il soit nommé. Encore faut-il que cette production du sinthome soit enracinée dans un réel qui ait été aperçu dans l’analyse. Un reste de jouissance insu, un rêve de fin non analysé, sont des obstacles à la nomination. Le sinthome n’est ni un savoir, ni un effet de sens, c’est un mode de jouir qui n’est pas toujours repérable dans sa valeur de réel. La commission est attentive au détachement qui témoigne d’un savoir-y-faire avec le sinthome.

La certitude du candidat a été interrogée au travers des exposés de deux AE en exercice. Pour l’une d’elle, l’analyse a été la chambre d’enregistrement d’une incertitude portant sur le désir. La précipitation de la fin de l’analyse a surgi dans la surprise du signifiant nouveau « pas achevé » et de son équivoque. Pour autant, il a fallu qu’un « c’est ça » soit décrété par le sujet ayant atteint ce qui n’est pas négativable de la jouissance. La décision a consisté à terminer l’analyse en saisissant que le pas achevé correspondait au franchissement d’un seuil et qu’il était l’incurable. Pour une autre de nos AE, la seule certitude était celle d’avoir été analysante. L’analyse a permis d’isoler un « se casser la tête pour être une femme ». La certitude reste disponible non pas comme quelque chose de solide : c’est une certitude instable, une certitude gazeuse. Le corrélat de la certitude apparaît alors comme une nouvelle satisfaction ressentie à la fin de l’analyse, qui signe le dépassement du fictionnel. Il s’agit d’une joie relative à l’ex-sistence, au-delà de la fiction de l’être et du non-être. Le sinthome ne relève pas d’un « je suis » qui pourrait s’énoncer.

La Commission de la garantie a mis l’accent sur les différentes temporalités du contrôle. Le choix du contrôle chez l’analyste qui n’est plus en analyse se présente comme une réponse à la pratique contemporaine de la psychanalyse. Il s’agit de se tenir à la hauteur du réel en jeu. Par ailleurs, le contrôle est un mode spécifique de la parole qui n’est pas l’association libre de la parole analysante. La parole en contrôle vise le bien dire du cas, ce n’est pas une cure déguisée. On fait appel à un psychanalyste qu’on suppose plus expérimenté, ce qui implique une dimension de recherche en psychanalyse, soit d’élaboration de ce qui est nouveau dans la pratique psychanalytique d’aujourd’hui.

Le contrôle est une expérience, il peut durer dans le temps ; il accompagne parfois longtemps la pratique de l’analyste, dans l’après-coup de son analyse. Lorsque celui-ci est encore en analyse, le contrôle permet un allègement par rapport à ce qui encombre et qui empêche l’acte. Il peut en effet arriver que l’analyste soit ému, parfois à son insu. Le tsunami du contrôle dérange la défense, il désinhibe en inscrivant le désir de l’analyste à l’horizon logique de la pratique analytique. Cela suppose d’accepter un savoir inédit, au point où le sujet est toujours exilé de la langue. Y consentir demande du temps.

La pratique du contrôle implique un arrachement par rapport au sens. L’activisme peut inciter l’analyste à trop parler à son analysant pour parer à l’angoisse que la parole analysante suscite. Il convient de se distancier du trop de sens en rendant rare la parole afin que celle-ci ait du poids. L’opposition entre le faire surmoïque, qui relève de la pulsion, et le non-agir de l’acte analytique est l'un des enjeux du contrôle.

Enfin, les cas où l’analyste est surpris par l’embarras, par l’inquiétude ou l’affect en parlant d’un analysant en contrôle incite à considérer ce dernier du point de vue du corps parlant affecté par lalangue. Le contrôle suscite un nettoyage de la jouissance permettant à l’analyste-sinthome de se tenir à la place du Un qui se réitère, afin de laisser être son patient dans ce qu’il a de plus singulier.

Riche d’enseignement, Question d’École a ouvert l’année 2015 sous le signe du sérieux de notre orientation conjugué à la liberté de parole.

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Éditorial

C’est au plus vite, dans l’Hebdo-Blog de lundi prochain, qu’en direct du Conseil, nous vous transmettrons un retour de Question d’École, l’événement de cette rentrée 2015 du samedi 24 janvier. Cette Journée, consacrée aux « Problèmes cruciaux du contrôle et de la passe », fut passionnante, source de travaux et de débats vifs et nouveaux.

Nous attirons encore votre attention sur la table ronde qui s’est tenue le lendemain matin à Paris, dans le cadre des Séminaires de La Règle du Jeu. Elle réunissait Nathalie Jaudel, Éric Laurent, René Major et Catherine Millot autour du thème : FREUD, LACAN : comment écrire leurs biographies. (site de La Règle du jeu, dès mardi ou mercredi : http://laregledujeu.org)

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Éditorial

Rappelons que L’Hebdo-Blog, lieu d'adresse pour les travaux qui se déroulent dans l'École, les ACF et les CPCT, a besoin de vos plumes et claviers pour pouvoir s’adapter à la rapidité du rythme de l’action lacanienne, qui trouve son relais dans les régions. La rubrique ACF, plus particulièrement, est destinée à se faire caisse de résonnance des activités qui ont lieu dans les différentes villes des ACF de France et de Belgique. Les ACF sont très vivantes, diverses, s’inscrivent chacune de façon particulière et dans les réseaux de leur région et dans l’action lacanienne menée par le Directoire. Si La Lettre mensuelle s’est transformée en Hebdo-Blog, c’est bien pour savoir se tenir à l’heure des palpitations de l’École, des ACF et des CPCT.

Au cours de l’année 2015, de nombreux événements importants vont avoir lieu : déjà Question d’École, dont nous témoignerons au plus vite, la Journée de l’Institut de l’Enfant, la Journée Uforca, le Congrès de la NLS, le Congrès Pipol… Que de vie ! N’hésitez pas à participer à ces grands temps de notre École et envoyez-nous vos textes, reportages sur le vif, témoignages, lectures ! L’HB doit devenir la chambre d’échos des travaux, soirées d’étude, conférences, qui se tiennent dans les ACF et les CPCT, telle est sa cause, sa visée, sa mission.

Pourquoi ces grandiloquents impératifs ?

Il nous est apparu dernièrement ceci : la nécessité de prudence accrue concernant la diffusion des cas issus de nos cliniques freine la transmission des textes. Insistons : L’Hebdo-Blog serait heureux de pouvoir témoigner de la spécificité de l’orientation lacanienne, y compris par la transmission de cas, et de donner une place à cette pratique inédite issue de la création des CPCT.

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Éditorial

Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons. 

(Virginia Woolf, Une chambre à soi, Denoël 1992, p. 159).

L’Hebdo-Blog de l’ECF, de l’ACF et des CPCT tient à témoigner de sa tristesse et de sa colère devant l’ignominie qui s’est déroulée le 7 janvier envers  la rédaction de Charlie-Hebdo et qui s’est poursuivie les deux jours qui ont suivi.

Nous n’oublierons jamais que la liberté de parole et le mot d’esprit sont au cœur même de la psychanalyse.

Oui, il y a Charlie. Et il y a eu aussi Montrouge, Vincennes, le drame à l’Hyper Cacher.

Nous nous associons avec les  Conseils de l’ECF, de l'AMP, et de la NLS, dans ce drame.

À lire dans Le Point, paru le samedi 10 janvier, « Le retour du blasphème », de Jacques-Alain Miller, ainsi que l’ensemble du numéro.

À (re)lire, ici tout de suite,  deux textes, un pamphlet de Voltaire présenté par Luc Garcia, et un rappel freudien de Laura Sokolowsky : comme nous l’indique Freud, le Witz est une boussole.

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Éditorial

Pour savoir ce qu’est le transfert, il faut savoir ce qui se passe dans l’analyse. Pour savoir ce qui se passe dans l’analyse, il faut savoir d’où vient la parole. Pour savoir ce qu’est la résistance, il faut savoir ce qui fait écran à l’avénement de la parole : et ce n’est pas telle disposition individuelle, mais une interposition imaginaire qui dépasse l’individualité du sujet, en ce qu’elle structure son individualisation spécifiée dans la relation duelle.[1]

La rédaction de l’Hebdo-Blog présente ses meilleurs vœux à ses lecteurs, aux membres de l’ECF, de l’ACF et des CPCT. Vigueur à vos travaux ! Contribuons à nourrir ce précieux désir d’École évoqué dans ses vœux par la présidente le 1er janvier.

Voici déjà notre 14e numéro. Avant de cliquer plus avant, sachez que nous vous transmettrons au plus vite les échos de l’événement de cette rentrée 2015 : le 24 janvier, c’est Question d’École. La Journée sera consacrée aux « Problèmes cruciaux du contrôle et de la passe ».

Nous serons d’emblée propulsés au cœur de ce qui scelle notre appartenance à l’ECF : seront en effet examinées le matin la façon dont se prennent les décisions dans le jury de la passe, la question du contrôle de l’expérience l’après-midi. Les deux organes de l’ECF qui ont en charge la formation de l’analyste, c’est-à-dire la Commission de la passe et la Commission de la garantie, animeront cette Journée.

Faisons savoir encore ce moment qui s’annonce passionnant, vous en avez déjà eu vent dans l’HB. Il s’agit de la 3e Journée d’étude de l’Institut de l’Enfant-UPJL, le 21 mars prochain, sur le thème, délicat, crucial donc, et quotidien pour les psychanalystes qui reçoivent des enfants : « Interpréter l’enfant ». Pour ce quatrième volet du dossier, Bruno de Halleux saisit la proposition de Jacques-Alain Miller dans son texte d’orientation vers la Journée en éclairant pour nous ce concept : « interpréter les parents ».

Vous trouverez aussi un nouveau texte autour de l’ouvrage collectif dirigé et introduit par Christiane Alberti : ÊTRE MÈRE. Des femmes psychanalystes parlent de la maternité. Dominique Laurent y lit l’époque et nous livre les conséquences de l’outil conceptuel de la pluralisation des Noms-du-Père.

L’action lacanienne se déploie de façon constante et, si de nombreux événements obéissent à une périodicité précise, cette action sait s’amplifier, s’aiguiser puis bondir : vous le découvrirez en lisant nos rubriques CPCT, Événements et ACF-Action. Nous avons cherché à donner voix à ce qui fut événement en décembre, à ce qui fit signe. La force d’attraction du séminaire « Études lacaniennes » d’Éric Laurent ne témoigne-t-elle pas de cette vitalité vivement orchestrée ?

L’orchestre de l’Opéra de Paris et la clémence ... de Titus ne sont pas en reste et l’Hebdo-Blog s’est attardé sur ce spectacle qui produisit sur le public des effets de discours et des effets de jouissance tels que cela peut ne pas laisser l’analyste coi.

Quoi ? Minute papillons !

Voici, elle est presque encore sur le feu, une courte note de lecture qui nous envole vers un livre destiné à tous les réfractaires au divan ! Lisez ici l’hommage de Mathilde Braun à Valérie Blanco, hommage fait à la psychanalyse.


DERNIÈRE MINUTE :

Autisme : discret rappel à l’ordre de la HAS par le Conseil d’État

Au moment où nous bouclons ce numéro, Armelle Gaydon nous informe que le Conseil d’État a rendu sa décision au sujet de la très contestée Recommandation de la HAS de 2012 sur la prise en charge de l’autisme.

Première occasion de se réjouir : saisis par une association de psychanalystes, les sages invalident les recommandations de la HAS concernant les établissements et services médico-sociaux pour enfants et adolescents autistes (IME, SESSAD,...), pour défaut de saisine du Conseil Scientifique de l'Agence Nationale de l'Évaluation et de la qualité des Établisssement et Services sociaux et Médico-sociaux (ANESM) qui aurait dû être consulté. Ce manquement à la procédure invalide donc les recommandations concernant ces structures médico-sociales et seulement celles-là.

En revanche, le Conseil d’État précise que le reste de la procédure est valable, ce qui pourrait décevoir les défenseurs de la psychanalyse. Mais ceux-ci trouveront largement de quoi se consoler avec ces quelques mots glissés, dans leur grande sagesse, par les Conseillers d’État dans leur décision : « si elle [la recommandation de la HAS sur l’autisme] préconise les interventions précoces fondées sur une approche éducative, comportementale et développementale, elle ne valorise pas exclusivement ces méthodes mais cite notamment la psychothérapie parmi les interventions thérapeutiques à associer selon les besoins ».

En outre, le Conseil d’État considère que compte tenu du nombre de voix émises au sein du groupe de travail, « les approches thérapeutiques faisant intervenir la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle dans le traitement de l’autisme […] » ne pouvaient être ni recommandées, ni d’ailleurs « non recommandées » par la HAS.

Ces deux mentions de la décision du Conseil d’État permettront de rééquilibrer le débat. - AG

[1] Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », Écrits, Points Seuil, p.12.

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Éditorial

Comment avoir à nouveau envie d’entendre parler des mères, de la maternité, de ce thème qui nous a tenus des mois durant ?

Après les Journées de 2013 sur le trauma, dont la qualité impressionna, celles de 2014 confirment qu’une nouvelle série est en marche, et, comme put l’écrire Patricia Bosquin-Caroz dans son Billet du Conseil : « il faudra en tirer les conséquences pour l’École, pour la psychanalyse dans ce qu’elle a de plus vivant ».

La précision vive et aiguisée, l’urgence de bien-dire, émouvante, pétillante, qui marquèrent chaque intervention étaient, encore, au rendez-vous.

C’est lors de la Plénière du dimanche que P. Bosquin-Caroz donna le ton, d’emblée : c’est bien l’orientation lacanienne qui restitue à la maternité, aux mères, à leurs inventions, la dignité qui leur revient. Christiane Alberti, Directrice des Journées, souligna combien la force du témoignage singulier surmonte l’identification à la mère une, révolue désormais. C’est très exactement grâce à la place donnée à la parole de chacune et chacun que l’orientation lacanienne, encore, put démontrer la puissance civilisatrice de la pulsion. Car comment, en effet, entamer préjugés et discours établis sur la maternité, – laitages plus périmés tu meurs ! – taillés dans les bois les plus disjoints du réel de notre siècle ? Dans une rigueur extrême, mais sans oublier l’humour, (Woody Allen encore SVP !), l’émotion, la nuance (merci, merci encore Mariana Otéro ), une parole inédite, en train de se dire à pas moins de 3100 personnes, mordant sans ambages sur le réel. Dans une fougue, un tempo, un sérieux et un style qui causent notre joie fière d’appartenance à l’École. Cela, ça s’est dit, après les Journées, et beaucoup redit, dehors, aux alentours du Palais des Congrès.

Ainsi en fut-il de la Conversation sur le thème « Qu’est-ce que reproduire la vie ? », entre Jean-Claude Ameisen, Président du Comité Consultatif National d’Éthique, et François Ansermet, animée par Éric Laurent. J.-C. Ameisen commença par nous dire que ce qui nous a donné naissance est du registre des disjonctions, de l’émergence permanente de discontinuités, et de longues stases. Nous sommes faits de présences et d’absences, comme l’était, ajoutait-il apparemment lui aussi captivé par l’esprit vif de la matinée, la mère que Mariana Otéro évoquait en parlant de son film sur le secret. Où se tenir, entre le catastrophisme et l’enthousiasme béat ? L’enjeu, pour l’analyste, serait de veiller quant à lui à ne pas se laisser aller à une pente conservatrice, ajouta F. Ansermet en formalisant le duel sous cette forme : technoprophètes ou biocatastrophistes ? Être mère, à l’époque où l’on touche au réel en agissant sur la nature, force à inventer de nouvelles fictions. Nous sommes face à la production d’un réel innommable, put dire par la suite É. Laurent. Il y a un effort à faire pour lui donner un sens. Et c'est l'opération du langage qui nomme et fait apparaître les choix qui se font par l'opérateur de sélection du fantasme. Chaque sujet trouve sa défense contre le réel dans le malentendu, pour continuer à opérer la sélection par le logiciel fantasmatique. Cet effort de nomination, c’est par l’expérience analytique que nous le guettons. Les témoignages des AE Anaëlle Lebovits-Quenehen, Michèle Elbaz, Marie-Hélène Blancard, Danièle Lacadée-Labro et Anna Aromi nous ont été précieux, qui décoiffent et surprennent, désengluent l’Être mère, de son cocon doucereux. Ils introduisent l’opinion – et pas seulement l’opinion éclairée – tel était le souhait de C. Alberti en pensant à qui s’adressaient ces Journées, à un discours nouveau sur la maternité, en la dégageant de sa chape pathétique et bêtifiante. Car comment conjuguer maternité et féminité ? Point d’harmonie naturelle en ces zones, mais des heurts.

Et le théâtre ? Trois Mères de théâtre et un Fils !, merveilleusement incarnés par Marie-Armelle Deguy, Clémentine Verdier, Thibault Perrenoud, jouèrent pour nous des extraits présentés avec beaucoup de finesse par Brigitte Jaques-Wajeman, qui nous est si chère ! Vous en saisirez des échos dans les nombreuses météorites de cet HB.

Nous n’oublierons pas tant d’autres inventions, ponctuations, allusions… Tandis que les nuées de l’oubli s’accumulent derrière nous, nous restons, chacun et chacune, avec les restes que nous avons pu glaner.

Faisons-les fructifier pour 2015 et les années suivantes !

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