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Écho de l’ACF-Île-de-France

Écho de l’ACF-Île-de-France

Selma au Ciné 220

Au cœur de Brétigny-sur-Orge, le cinéma du centre-ville, le Ciné 220, accueille depuis quelques temps l’ACF-Île-de-France pour la projection de films sur l’autisme. Cette année nous avons inauguré une nouvelle manière d’exister dans la ville.

Sensible au thème des prochaines Journées PIPOL, la responsable du cinéma nous a proposé d’intervenir après la projection de Selma, d’Ava DuVernay, programmé en mai dans la série des « soirées-débat » du Ciné 220.

Ces « soirées-débat » sont planifiées pour l’année autour de films choisis par la responsable du cinéma. Le public, des habitants de Brétigny essentiellement, peut s’y abonner ou venir librement. Certains viennent voir le film sans même savoir qu’il sera suivi d’un débat…

Selma relate un événement dont on fête le cinquantième anniversaire cette année. En mars 1965, environ deux ans après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et deux ans après le célèbre discours « I have a dream » prononcé le 28 Août 1963 par Martin Luther King, sont menées trois marches partant de Selma en direction de Montgomery, dans l’état de l’Alabama. Ces marches de protestation aboutiront au « Voting Rights Act » que le Président Johnson fit adopter[1].

Il s’agissait donc là d’échanger avec un public « tout-venant » ! Défi relevé par France Jaigu et Xavier Gommichon. Le public s’est passionné pour l’éclairage de F. Jaigu concernant le parti pris de la cinéaste. À partir d’une scène-clé, F. Jaigu a mis en évidence le changement de position du Pasteur King : lors de la seconde marche, face au barrage policier, les manifestants s’agenouillent, prient, puis font demi-tour, renonçant ainsi à se faire victime, à choisir la fonction de martyr.

En ouvrant la conversation avec les paires « victime/bourreau », « bon/méchant », Xavier Gommichon a suscité des réflexions et des questions dans le public, dont certaines témoignent que quelque chose du discours de la psychanalyse « a pris » dans le public. En voici un bel exemple : « Quand on se dit victime, n’y trouve-t-on pas quelque bénéfice ? » !

[1] Le Voting Rights Act (Loi sur les droits de vote) est une loi du Congrès des États-Unis qui a été signée par le président Lyndon Johnson le 6 août 1965. Bien qu'en théorie les Afro-Américains disposaient du droit de vote depuis 1870, depuis le vote des 14e et 15e amendements de la constitution des États-Unis, le droit de vote dans certains États du sud était subordonné à la réussite à un test de type scolaire qui avait pour objectif d’empêcher le vote des Noirs, même pour ceux qui avaient certainement les aptitudes requises. De plus, une taxe était souvent requise avant de voter, que la plupart des Noirs n’avaient pas les moyens de payer. Le Voting Rights Act supprima, entre autres, ces restrictions et permit donc à toute la population noire de voter. Le président George W. Bush a signé son extension pour vingt-cinq ans, le 27 juillet 2006.

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« Deux victimes, deux positions subjectives », entretien avec Pierre Naveau

« Deux victimes, deux positions subjectives », entretien avec Pierre Naveau

En prévision de la soirée, animée par François Leguil et Pierre Naveau, avec Louis-Philippe Dalembert autour de son livre Noires blessures, P. Naveau a accepté de rencontrer Christiane Page afin d’évoquer pour L’Hebdo-Blog quelques pistes de réflexion provoquées par la sa lecture du roman.

Christiane Page – Dans le roman de Louis-Philippe Dalembert qui a pour titre Noires blessures, publié au Mercure de France en 2011, il est question de la rencontre entre deux hommes. Que pouvez-vous dire de cette rencontre ?

Pierre Naveau – Le roman de Louis-Philippe Dalembert se lit en noir et blanc. Le lecteur y apprend que ce qui peut arriver de pire à un Noir, c’est de tomber sous la main d’un Blanc et d’en devenir l’esclave. Lorsqu’il est proposé à Laurent Kala (qui, donc, porte un nom à résonance étrangère !) de prendre comme boy (quel mot !) Mamad White (sic), il apparaît d’emblée que c’est là une très mauvaise idée. La rencontre se fait immédiatement sous le signe du rejet : « Dès le départ, Laurent ne l’avait pas senti, ce Mamad. Il n’avait pas d’explication rationnelle. Mais ce sentiment allait au-delà de la répulsion instinctive qu’un être humain peut inspirer au premier regard à un autre et qu’on a du mal à évacuer par la suite. »[1] C’est donc sous ce signe funeste que les chemins des deux hommes se croisent.

C – Comment évoqueriez-vous, dès lors, les positions subjectives de ces deux hommes ?

P N– Mamad l’Africain a été élevé par une mère qui n’avait rien d’autre que la dignité d’exister à laquelle elle était attachée. Il n’a connu, depuis son enfance, que la « misère noire » et a ainsi été obligé d’arrêter ses études. Laurent, le Blanc, est, quant à lui, tourmenté par une voix qui le pousse à venger la mort d’un père tué, lors d’une manifestation anti-raciste, par le coup de matraque asséné par un CRS noir.

Le récit de L.-P. Dalembert raconte, avec âpreté, de quelle manière l’enfer du racisme plonge ses racines dans l’histoire brûlante d’un sujet.

Le Blanc décide de passer à l’action quand, « ivre de rage », il surprend un brusque rapport sexuel entre Mamad et une femme africaine venue le rejoindre. Il trouve alors l’occasion d’anéantir le Noir dans sa dignité d’homme. À ce moment-là, il prend plaisir, avec la plus extrême cruauté, à l’humilier. Mamad est alors élevé au rang de paradigme de la victime. Ligoté sur une chaise, impuissant, ne pouvant répliquer aux coups et aux insultes, le Noir éprouve, dans la chair de son corps meurtri, ce qu’il en coûte d’être un esclave condamné à courber l’échine et à rester muet. L’assassinat est évité de justesse par l’arrivée inopinée du consul.

Le roman de L.-P. Dalembert constitue un utile point d’appui pour avoir une discussion à propos du racisme.

[1] Dalembert L.-P., Noires blessures, Mercure de France, p. 186-187.

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L’enfant et son je de mots

L’enfant et son je de mots

L’institution pour accueillir ses inventions

Le 11 avril 2015, Véronique Mariage a été invitée par l’ACF Voie Domitienne et le groupe Kaliméros du Nouveau Réseau Cereda à Toulouges (Pyrénées Orientales). Sylvie Baudrier retrace ici les enseignements de cette rencontre animée par Éric Bérenguer à propos de l’Autre et ses déclinaisons dans l’enseignement de Jacques Lacan.

Chez Lacan, l’Autre apparaît toujours associé à un autre signifiant qui le qualifie, le représente. Pas de sujet sans l’Autre. Sa réflexion sur ce point conduit Véronique Mariage à indiquer que le propre de l’humain est d’être pris dans le langage et d’être sujet de sa parole. Mais pour que le rapport du sujet à l’Autre et au monde se structure, il faut un consentement initial fondamental. Très tôt l’enfant prend position et construit son Autre. Pour sa survie, il a à accepter d’en passer par la demande. Il y a pourtant des sujets qui n’y consentent pas. C’est un réel qui reste obscur. Dans la clinique des sujets psychotiques, on peut se demander : qui parle et d’où ça parle pour eux ?

V. Mariage nous invite à saisir la langue singulière, privée, d’Evanne, sept ans, un des héros du film de Mariana Otero, À ciel ouvert.

Au travers des séquences du film choisies par V. Mariage, nous avons découvert des moments cliniques extrêmement importants saisis sur le vif par M. Otero, alors même qu’elle n’avait pas le projet d’intégrer ce garçon dans son film. Avant le tournage, Mariana était inexistante pour lui. Ce sera une rencontre inédite et imprévue qui l’amènera à en décider autrement, la cinéaste parle à ce propos du plus beau « regard caméra » qu’elle ait filmé. Pendant les trois mois de tournage, la parole, le corps et la jouissance se nouent chez Évanne. À l’atelier musique, Évanne s’agite, tournoie. L’intervenante tente d’organiser le mouvement. Évanne fait caca, il le dit et sort pour être changé. Il consent à une perte et d’en passer par la demande, par l’autre qui s’en occupe... Une deuxième scène : c’est le bazar, Évanne court dans tous les sens, crie, se jette par terre. Il accepte la proposition de l’intervenante d’écrire les paroles de la chanson : « Le chaperon rouge a crié sur le loup parce que tu voulais sa galette, sa galette a pas voulu que je la mange, alors je l’ai mangée et il m’a dit voilà. » Après un désordre complet du corps, une énonciation, pas ordonnée par la grammaire, se trace. L’écriture organise son corps, l’apaise. Ce corps non organisé, un contenant qui déborde comme la tasse qu’il remplit de chocolat jusqu’au débordement dans la première séquence, se rassemble. Ça ne déborde plus, dans une séquence suivante il sert les autres enfants à table. Évanne s’appuie sur le discours de l’autre pour se construire un moi, c’est ce qui lui donne un corps. Lors de la dernière séquence, on peut saisir un moment d’énonciation chez l’enfant.

Évanne est assis dans son lit, il dessine et colorie sur ses genoux. Il entrevoit Mariana et sa caméra. Il marmonne une ritournelle, À la claire fontaine. Évanne regarde la caméra : « Tu connais la chanson ? » Mariana ne sait pas trop. Il répète la comptine avec exactitude puisqu’elle ne sait pas trop : « “À la claire fontaine … il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai”. C’est ça, dit-il en faisant un geste de la main, t’as perdu les paroles ! ». Il poursuit : « Est ce que t’as un papa ? » Le sujet pose alors ses questions, ordonne qui est qui, un cadre imaginaire s’organise, structuré par l’autre de la ritournelle qu’il a choisie. C’est la fin du tournage. La phrase, maintenant adressée, trouve son capitonnage dans l’Autre, et pas n’importe lequel, précise V. Mariage, un Autre qui ne sait pas, qui est troué. Son corps trouve une assise dans l’Autre. Il entérine un Autre pas complet, il a perdu les paroles. Il continue à questionner Mariana sur ce qui pourrait bien lui manquer, un papa ? Dans la relation de transfert pointe la dimension de l’amour qui s’appuie sur un manque, conclut V. Mariage. « … Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai. »

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Une expertise psychologique de « victime »

Une expertise psychologique de « victime »

un pas de côté au « nommé à »[1] du code pénal ?

En 2004, un article du Code Pénal précise : « l’exécution des peines favorise le respect et l’intérêt des victimes »[2]. Puis, à partir de 2008[3], le Droit pénal, davantage protecteur et réparateur des victimes, leur donne une place au cœur de la politique criminelle, centrale dans les procès, jusqu’à orienter les décisions de justice.

L’« expertise psychologique de victime », ordonnée par un magistrat, est une pièce obligatoire d’un dossier d’instruction, à laquelle les plaignants doivent se soumettre. L’ordonnance sollicite l’établissement « de troubles » attestant des faits dénoncés, leurs conséquences, et l’éventuelle préconisation d’un « suivi psychologique ».

J'ai reçu Anna, âgée de douze ans, pour une « expertise psychologique de victime ». Je la reçois un an après ses dénonciations d’abus sexuels graves commis par son père chez qui elle vivait seule depuis la séparation de ses parents à ses deux ans et le suicide brutal de sa mère quand elle avait quatre ans. Après qu’elle ait parlé, son père avait été incarcéré six mois, puis libéré conditionnellement sans aucun lien autorisé avec sa fille. Elle était rejetée de ses grands-parents paternels et avait été placée dans une famille d'accueil. Là, auprès de l’assistante maternelle à qui elle pouvait tout dire, elle avait trouvé une écoute attentive et ne ressentait pas le besoin de parler à une psychologue. Elle se disait satisfaite de son existence « comme tout le monde », ayant un petit copain, des copines, allant à l’école sans toutefois beaucoup l’investir.

Durant l’entretien, elle explique qu’il y a un an, elle « a tout dit ». Mais quand elle est triste elle se dit qu’elle n’a pas réussi à se débrouiller pour dire à son père d’arrêter ses conduites. Elle précise que son père s’est toujours occupé d’elle, qu’elle avait la belle vie et qu’elle ne veut pas qu’il aille en prison. Elle veut le défendre au procès, veut lui dire qu’il ne commette plus ses abus sur elle. Elle l’aime beaucoup. Elle veut le voir, lui écrire et lui demander qu’il lui donne la bague de fiançailles de sa mère.

Plus tard, elle voudrait être une star, faire un sport de combat pour se défendre, faire de la gymnastique pour avoir un corps souple, et faire du cheval qui est sa passion. Elle se saisit, en partant, d’un livre à la reliure ancienne, y lit un poème d’amour courtois et dit qu’elle aime beaucoup ce texte.

Anna ne s’identifie pas à une victime. Elle voile les conduites paternelles qui font néanmoins trou dans ses représentations, trou qu’elle tente de border en dépliant les fractures dans la chaîne générationnelle désormais brisée qui la laisse sans appui, se heurtant au réel de l’abandon maternel, du rejet des grands-parents, de la rupture d’avec son père. Elle est néanmoins dans une confusion des langues d’un amour œdipien dont elle attend encore un port[4] et dans une position symptomatique de « girl phallus » qui parent momentanément à un ravage.

Elle aura à construire ultérieurement, dans un autre lieu que la rencontre avec l’expert, ses réponses quant à l’énigme de la jouissance paternelle et la question de sa féminité qui ne peuvent actuellement se loger dans le processus judiciaire. Il peut toutefois en constituer le point d’amorce par l’introduction d’une ponctuation. C’est le pari que je soutiens dans cette expertise psychologique.

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XXI., « Les non-dupes errent », leçon du 19 Mars 1974 (inédit) [2] Article 707 du code de procédure pénale dans sa rédaction issue de la loi du 9 mars 2004, entrée en vigueur le 1er janvier 2005. « L’exécution des peines favorise, dans le respect des intérêts de la société et des droits des victimes, l’insertion ou la réinsertion des condamnés ainsi que la prévention de la récidive ». [3] Loi du 25 février 2008, dite Loi sur la mesure de sureté (décision d’une mesure de sureté au moment du jugement en Cour d’Assises, qui a pour conséquence l’évaluation de la dangerosité en fin de peine et prolongation de la peine tant que la dangerosité est considérée) et l’irresponsabilité pénale qui met les victimes « actrices » dans le procès pénal, en particulier la commission de dangerosité où il y a représentant d'association de victimes au même titre qu’avocat, représentant du parquet, psychiatre...et aussi préconisation d'un jugement en responsabilité civile pour les sujets considérés comme irresponsables sur le plan pénal et dont l’instruction concluait à un non-lieu. [4] Freud S., XXXIIIe conférence : La féminité (XXXIIIe conférence, 1932), Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Œuvres Complètes, Tome XIX, p. 213

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Quand les couples se brisent

Quand les couples se brisent

Le samedi 2 mai 2015, au Musée des Cœurs brisés à Ghlin près de Mons, l’ACF-Belgique a préparé les prochaines Journées d’automne par une Conversation intitulée « Quand les couples se brisent », avec Patricia Bosquin-Caroz, Béatrice Brault-Lebrun, Yohan De Schryver, Christophe Dubois, Philippe Hellebois, Catherine Heule, Jean-François Lebrun, Claire Piette. Nous avons le plaisir de vous adresser ici deux textes, de Béatrice Brault-Lebrun et de Jean-François Lebrun.

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Comme le fil est pour l’aiguille…

Comme le fil est pour l’aiguille…

… la fille est pour le garçon. Nombreuses sont les rengaines d’une complémentarité mythique que l’expérience vécue ne tarde pas à démentir. Au contraire, c’est d’un nouage toujours singulier qu’il s’agit, à inventer entre deux partenaires, entre un et un, entre chacun et sa chacune. Voilà ce que la psychanalyse découvre. À ceux qui choisissent d’en faire l’expérience, elle propose de dénouer patiemment les fils embrouillés de leur existence.

Laure ne se remet pas de la perte d’un être aimé, emporté par le cancer il y a bien des années : son père. Trône au beau milieu de sa bibliothèque un souvenir de lui venant commémorer le caractère central et toujours actuel de la perte qu’elle éprouve. C’est un vase. Plus exactement, elle a placé dans son salon l’urne funéraire qui lui a été remise selon la volonté paternelle. Il avait voulu qu’elle ne comporte aucune mention, aucune inscription symbolique : pas de nom, de date, rien.

Laure a pu depuis lors accomplir ses études universitaires. Elle a assez vite décroché un emploi dans le domaine de sa formation. Mais elle reste inconsolable. Rien n’y fait. Elle se dit agressive avec son entourage : son mari et sa mère. Elle a épousé un copain d’enfance. Elle vit avec lui dans la maison paternelle dont elle a hérité. Elle compte la transmettre – avec l’urne – à ses héritiers. Elle se pose en vestale du père, gardienne de ses restes.

Entre elle et son mari, ce n’est pas facile. Elle se demande s’il l’aime. « Je gère mon couple » dit-elle, mais cette « gestion » ne marche pas aussi bien que celle du bien paternel. C’est même très souvent orageux. Le refus déterminé qu’elle oppose aux instances du mari est la source d’innombrables querelles. Il lui réclame un enfant. Elle ne consent d’ailleurs que difficilement aux rapports intimes.

Mais le chagrin si présent au début de nos entretiens en vient à se relâcher un peu. Un jour, elle m’annonce qu’elle s’est débarrassée de l’urne funéraire. « Il était temps de s’en séparer » me dit-elle. Me parler de son père a fait de cette urne une question. Elle décide de s’en défaire : voilà un objet qui tombe. Mais ce n’est là qu’une étape.

Quelque chose n’a pas circulé dans le quadrille œdipien. Face à des parents désunis, qu’un lien d’amour ne reliait pas, Laure s’est retrouvée prise entre le désir de la mère et le désir du père envers elle. Pour sa mère, elle était « tout », dit-elle, se plaignant de ce lien intrusif. Ainsi, pour lui échapper, s’est-elle « offerte », selon ses termes, en mariage à son copain d’enfance. Mais on la disait aussi « la petite femme du père ». Lors du décès, le copain d’enfance était là pour la soutenir dans son deuil.

N’a-t-elle pas épousé le copain d’enfance un peu vite ? Elle indique que dans le lit conjugal, « il y a toujours un tiers, une troisième personne » marquant par là qu’elle désire « ailleurs ». L’attachement au père[1] et l’hostilité envers la mère barrent l’accès à son désir de femme. Elle a à s’en distancer pour pouvoir accéder au choix d’un objet masculin, d’un partenaire avec qui elle pourra entrer dans ce que Jacques-Alain Miller a nommé les labyrinthes de l’amour[2], et inventer un lien de couple.

[1] Freud S., « La féminité », Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, 1984, p. 150-181. [2] Miller J.-A., « Les labyrinthes de l’amour », La Lettre mensuelle, n° 109, p. 18-21.

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Qu’est-ce qui brise tant le cœur d’une femme ?

Qu’est-ce qui brise tant le cœur d’une femme ?

Comme le dit Lacan : « Parler d’amour, en effet, on ne fait que ça dans le discours analytique. […] parler d’amour est en soi une jouissance »[1]. Nombreuses sont les femmes, des jeunes filles, voire des fillettes, qui viennent parler à un analyste de leurs déceptions amoureuses qui ont pris parfois un air de mauvaise rencontre.

Mlle D. ne s’est jamais remise d’une promesse non tenue par un homme. C’était son premier amour et elle n’avait que dix-huit ans. Elle a cru à un amour parfait réciproque, mais a découvert que son amant était marié et père d’un enfant. Cette nouvelle « lui a brisé le cœur à jamais », dira-t-elle ! Et c’est à prendre à la lettre ! Cette tromperie a rompu chez elle son désir d’exister, la plongeant dans un état mélancolique grave. Elle s’est sentie réduite à un pur objet de jouissance, sans amour. Depuis lors, dans ses relations, elle se vit comme un objet déchet. Une hospitalisation et plusieurs tranches d’analyse lui permettront d’éviter de tomber dans le gouffre au bord duquel elle était. Depuis des années, elle vit avec un autre homme qui tient à elle plus qu’elle ne tient à lui. Plus question d’aimer à la folie ! Mlle D. s’est retrouvée sans recours face à cette rupture amoureuse vécue non comme une séparation symbolique, mais comme une pure perte réelle. Elle fut toute ravagée !

Dans un autre registre, l’amour d’une fille pour son père, Juliette, une fillette de neuf ans, vient me parler de la grande déception de la relation à son père. Ce dernier a décompensé peu après la naissance de Juliette. Ça lui posait problème que ce soit une fille. Tout allait bien tant que ses parents vivaient à trois avec leur fils aîné. Juliette traverse des états d’angoisse en lien avec son père. Chez sa mère ou en classe, elle se demande ce qu’il pourrait arriver à son père quand il fume ou boit trop. Chez lui, le week-end, elle se sent insécurisée ; elle ne le trouve pas fiable. Elle en veut à sa mère de l’avoir quitté. Juliette aime donc son père, se préoccupe de lui, mais en retour il ne cesse de l’ignorer, de la faire se taire, de la rejeter. Elle souffre de cette relation sans vouloir céder sur son désir. Elle veut sauver son père, être sa béquille imaginaire. Elle est prête à se sacrifier pour lui. Mais à quel prix ? C’est un des points traités dans le travail analytique. Juliette, structurée sur un versant névrotique, s’emploie déjà du haut de ses neuf ans à une grande activité fantasmatique pour trouver une solution face à l’impasse avec son père. Chez Juliette, contrairement à Mlle D., le fantasme sert d’écran à la jouissance. Plus tard, lui servira-t-il de boussole dans sa relation aux hommes, afin notamment que la déception ne vire pas au ravage ?

Il n’y a donc pas que le ravage mère-fille qui fait couler tant d’encre, il peut prendre d’autres teintes. Lacan ne disait-il pas : « […] l’homme est pour une femme tout ce qui vous plaira, à savoir une affliction pire qu’un sinthome. […] C’est un ravage, même »[2]. « Etre ravagé, dit Jacques-Alain Miller, c’est être dévasté. [ …] C’est un pillage, c’est une douleur, qui ne s’arrête pas, qui ne connaît pas de limite »[3].

Ces récits de vie quotidienne montrent que les femmes n’en ont vraiment pas fini avec le ravage de l’homme. D’autre part, l’actualité dans le monde ne vient-elle pas aussi pointer ce ravage vu par la fenêtre de la misogynie ambiante ? Dans Télévision, Lacan apporte un précieux éclairage quant à ce qui ravage une femme : c’est la logique du Tout unifiant. « Ainsi l’universel de ce qu’elles désirent est de la folie : toutes les femmes sont folles, […] c’est-à-dire pas folles-du-tout, arrangeantes plutôt : au point qu’il n’y a pas de limites aux concessions que chacune fait pour un homme : de son corps, de son âme, de ses biens »[4]. Quelle position de sujet ces femmes doivent-elles prendre, une par une, pour ne pas s’enfermer dans un statut de victime, mais plutôt pour trouver un mode d’existence tout en se dégageant de cette place d’objet de l’autre ? Pas si simple !

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 77. [2] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 101. [3] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Le partenaire symptôme », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, leçon du 25 mars 1998, inédit. [4] Lacan J., Télévision, Paris, Seuil, 1974, p. 63-64.

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Un corps tout dévoué

Un corps tout dévoué

Mme C., 40 ans, mère de neuf enfants, est triste, pleure sans raison et craint de mourir dès qu’elle sort dans la rue.

Pour ce sujet, les traumas ont porté atteinte au registre imaginaire au point où son corps lui devient autre à elle-même. L’objet a « enfant » tente de donner une consistance à ce corps, mais cette récupération d’une image unifiante par la série des bébés échoue. Dans le transfert, je me heurte à un « c’est comme ça » inlassable, écrasant la mise en jeu de la subjectivité. Au fil des séances, elle aménage sa place et au « c’est comme ça » s’associe un « on continue ».

Un cauchemar décisif : « Des petites filles jouent dans la rue et une voiture rentre sur elles. Y a les pompiers partout, je vois par la fenêtre. » Je ponctue sur la prévalence de l’objet regard. Ce cauchemar reprend les coordonnées « d’un souvenir oublié : l’accident ». De là, Mme C. va extraire de son enfance des moments singuliers. Elle dégage ce qu’elle vit du côté de la mêmeté et perçoit quelque chose d’une différence.

Avec sa mère, elles attendent le car. Il arrive bondé. La mère insiste, le chauffeur refuse de les faire monter. Elles prennent le suivant. En route, le car précédent a eu un accident : « Je voyais les enfants morts, partout du sang et des draps blancs. »

Préadolescente, elle développe une maladie et doit être opérée. S’inscrira une trace indélébile : la mort d’une fillette de son âge à côté d’elle. C’est un point d’énigme : « Moi, ils m’ont guérie et pas elle. Elle est morte, comme ça, les infirmières ont mis un drap blanc. » Moment de perplexité qui signe un réel devenu inassimilable. La mort de ces enfants lui renvoie une image mortifiée de son propre corps. Ce qui se répète dans la contingence touche au registre imaginaire.

Adolescente, elle parle aux garçons. Un jour, son père lui annonce : « Tu ne retournes plus au collège. » Peu après, elle surprend une parole paternelle : « Celle-là je veux qu’elle disparaisse. » Son rapport à l’Autre s’inscrit dans cette modalité, « se débarrasser d’elle », qui prend les allures d’une identification aux morts.

Deux ans plus tard, elle se marie. Dès lors, elle vivra chez la belle-famille. Son mari travaille en France et ne rentre qu’une fois l’an. Les premiers symptômes apparaissent : « J’ai rien à faire, je suis comme ça, j’attends, je ne pouvais pas sortir, tout le temps surveillée, je pouvais plus respirer, j’avais l’angoisse. »

Elle fait des fausses-couches. Les paroles du beau-père fusent : « Elle ne pourra pas avoir d’enfant, trouve-toi une autre. » Paroles qui viennent redoubler celles du père : elle est celle dont il faut se débarrasser.

Le premier enfant arrive. Depuis, tous les deux ans, elle est enceinte. Cette série règle sa vie : « Toujours il y a un autre bébé ». Elle s’oppose à son mari qui au cinquième dit : « Ça suffit. » Elle s’affirme : « C’est ma liberté d’avoir des enfants, c’est la seule chose que j’ai voulue. » La série des bébés vient chiffrer un excès de jouissance de corps. Une réponse en acte aux enfants morts, un corps de mère qui enfante des enfants vivants, se vivifiant à son tour. Les enfants lui apportent une consistance.

Le dernier né est délogé du sein par la nouvelle grossesse ; ainsi sevré, le bébé choit et il est ramassé par le père. Cette succession de chutes fait résonner le trauma initial, là où les choses se répètent du côté d’une volonté d’un Autre qui veut se débarrasser d’elle. Un laisser-tomber demeure.

Ce laisser-tomber s’actualise dans sa peur de sortir. Elle craint de devenir folle : « C’est comme si j’étais une autre personne, comme si je perds les mots. » Dans la rue, elle a vu une dame tomber, « Comme ça, elle est tombée, morte et moi aussi je vais tomber ». Je lui dis : « Vous ne faites pas la différence entre ce qui arrive aux autres et à vous ? » À la séance suivante, elle énonce « J’ai pas la différence. » Gageons que le travail par la parole pourra faire coupure entre elle et l’autre.

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La causalité, toujours singulière, de la marginalité

La causalité, toujours singulière, de la marginalité

« Aujourd’hui, il est pauvre : non parce qu’on lui a tout pris, mais au contraire parce qu’il s’est débarrassé de tout. » Friedrich Nietzsche, Le gay savoir, aphorisme 185

Pour la psychanalyse, penser la marginalité – et la précarité qui peut l’accompagner – comme un déficit à combler revient à en ignorer, voire en mépriser, les ressorts subjectifs toujours singuliers. L’inhibition, la passivité impliquent une participation inconsciente, une action dans le placement de la libido, invisible à l’observateur et opaque pour le sujet lui-même. Méconnaître cette participation voue toute tentative d’insertion à l’échec car elle attaque l’équilibre mis en place par le sujet, voire sa stratégie défensive… même si le sujet le demande, même si cet équilibre est cher payé. Le sujet ne peut introduire un changement durable dans ce montage que s’il a aperçu la logique inconsciente qui le sous-tend et donc seulement s’il a pu rencontrer un partenaire comme l’analyste prêt à accueillir le témoignage de sa position en se gardant de vouloir « son bien ».

Une brève vignette clinique du cas d’un jeune homme peut illustrer ces points. Elliot consulte récemment sur l’incitation de sa mère pour « un blocage » : il n’a aucun goût pour le travail qu’il lui faudrait fournir, il le sait, s’il veut obtenir son bac. « Horrible » est le terme qu’il choisit pour dire son expérience du monde depuis le collège. Il a été « dégoûté » par ses camarades et il en a conçu une haine pour les humains qu’il « déteste ». Et s’il s’est « calmé », comme il dit, c’est au prix d’un retranchement chez lui où la poursuite de sa scolarité à distance le laisse dans une certaine perplexité, à l’écart d’un monde dont il ne comprend pas les règles qu’il juge abusives. Pourquoi faudrait-il un bac et deux années d’étude pour entrer dans la fac d’audiovisuel qui l’intéresse pourtant ? Pourquoi tout est-il « codifié » ? Pourquoi ce passage obligé par des connaissances qu’il estime inutiles car trop éloignées de ses centres d’intérêt ? La philosophie qu’il découvre cette année n’est pas pour lui déplaire, mais pourquoi lui demande-t-on de rapporter les idées des philosophes sans plus se soucier de ses propres idées dont il dit « qu’on se fout » ?

Son seul ami a déménagé loin de chez lui, ce qui le prive de leur sortie mensuelle au cinéma. Quel effet a donc eu pour lui cette perte ? « Aucun ». L’ordinateur tend à devenir son partenaire privilégié. Elliot passe le plus clair de son temps à jouer en ligne. Ce n’est pas sans angoisse qu’il est venu à ce premier rendez-vous : « Qu’allait-il pouvoir dire ? » Cette question ne l’a pas laissé dormir de la nuit. Invité à dire ce qui lui vient, un rêve, un mot, un geste qui a pu le surprendre ou retenir son attention, il rapporte une phrase entendue qui entraîne son adhésion : « Dans un monde où on ne peut pas faire ce que l’on veut, on devrait avoir le droit de ne rien faire ». Veut-il d’un monde meilleur ? Autrement dit, y a-t-il des idéaux qu’il souhaiterait voir se substituer à ceux promus par la civilisation de la science et du capital ? Absolument pas. « Le monde est bidon, ce n’est pas qu’il pourrait être mieux, ça marche… On pourra toujours se plaindre, il est fait pour une majorité, pas pour ceux qui sont à la marge comme moi. »

Elliot se protège d’un monde incompréhensible qui « le saoule », il résiste à l’envahissement de l’Autre, tente de creuser avec l’objet rien un espace où loger son être : « Dans un monde où on ne peut pas faire ce que l’on veut, on devrait avoir le droit de ne rien faire ». Traduisons : dans une civilisation où le désir tend à être saturé par les objets de consommation, « faire rien » prend la forme d’une résistance.

Le pari de la psychanalyse sera justement de creuser avec lui un espace. Comment ? En apprenant de lui quel est son goût pour « les montages » et quelle est sa passion pour « les dragons qui volent, communiquent avec les pensées, sont intelligents et sages ». « J’ai tout un univers dans ma tête », a-t-il pu nous confier. Lui permettre de nommer cet univers, c’est donner à Elliot une chance de l’insérer dans l’Autre et ainsi redonner une valeur au monde qui n’en a plus pour lui.

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Une addiction silencieuse

Une addiction silencieuse

Derrière le discours actuel sur l’addiction réduite à un comportement pathologique, existe-t-il un sujet du désir et donc la possibilité d’un lien à l’Autre ? Aurélie Charpentier-Libert aborde cette question en l'introduisant par ce qu'elle extrait d'une conférence de Pierre-Gilles Guéguen à Buenos Aires.

« C’est à cela que la psychanalyse peut travailler avec le sujet toxicomane : parier sur le fait que l’objet qui est choisi ne sature pas toute la jouissance et aider à supporter, grâce à la chaîne de la parole, le plus de jouissance possible en s’appuyant sur les inventions signifiantes qui entoureront le trou. »[1]

La jouissance autiste du sujet dit addict

Jacques-Alain Miller pose la question de la demande du toxicomane à l’endroit de la psychanalyse ; il précise : « la toxicomanie présente un symptôme sur lequel les effets de vérité de la parole peuvent paraître sans prise, un symptôme, donc, qui oblige à disjoindre les structures de fiction de la vérité et un réel qui insiste »[2]. L’objet en cause dans la toxicomanie nous confronte donc à un réel que rien n’entame, sur lequel la parole n’a pas de prise. Cet objet « concerne moins le sujet de la parole que le sujet de la jouissance, en tant qu’il permet d’obtenir, sans passer par l’Autre, une jouissance »[3]. Si le sujet dit addict ne demande rien, c’est que son partenaire unique est l’objet drogue. Il se passe ainsi de l’Autre et court-circuite de ce fait la question sur le sexuel. La dimension autistique du symptôme[4] se dénude dans cette jouissance du toxique.

Cependant, bien que l’Autre se situe en dehors de cette jouissance Une, il ne peut en être complètement disjoint, comme nous l’observons dans le cas de S.

La loi du silence

S., que je rencontre lors de l’un de ses séjours en psychiatrie, m’explique que son plus jeune fils est décédé d’un accident, il y a cinq ans. Même si elle établit ainsi un lien direct entre la mort de son enfant et le début de ses hospitalisations, ce lien en question n’est pas dialectisé et vient empêcher tout questionnement. Pour elle, il n’y a rien d’autre à dire. Sa parole se referme sur ce jour funeste. « J’ai rien à dire » est le leitmotiv de nos entretiens.

Le décès de sa mère, quelques mois plus tard, provoque un premier changement dans sa prise de parole : « Ça m’a fait un choc, comme la mort de mon fils ». Je la questionne sur les circonstances de cet accident. Elle parle alors d’un premier « choc », quelques jours avant le drame, en apprenant que son mari avait une seconde épouse et un enfant de celle-ci. À la suite de ces deux événements, son monde s’écroule.

Elle demande le divorce et renonce à la garde des enfants. Elle entre alors progressivement dans un isolement et une déchéance totale qui témoignent de son effondrement subjectif.

Ainsi, à la mort de sa mère, elle sort un peu de son silence et commence à reconstituer des bribes de son histoire. Un trait d’identification à cette dernière se dégage alors : « Je suis comme ma mère, elle parlait pas beaucoup ». Garder le silence constitue même le conseil maternel fondamental. Ce que sa mère taisait, c’était la violence du père envers elle et ses enfants. S. a dès lors intégré cette position de femme maltraitée silencieuse.

Le toxique : réponse à la jouissance de l’Autre

La prise de toxique sera sa solution ravageante pour ignorer l’Autre du langage au moment où le sentiment de vie vacille pour elle. En effet, la sédation par une lourde consommation de somnifères, prescrits au moment du décès de son fils, participe à la maintenir vissée à cette loi parentale : ne rien dire. Elle veut « oublier et dormir » et vit dans l’anesthésie de son corps et de sa parole pendant cinq ans.

Ce qu’elle livre durant nos entretiens reste d’une très grande précarité, mais elle accepte de confier à un autre ce qu’elle tente de taire depuis des années. Ainsi, elle se déleste en partie de son identification mortifère à sa mère et par là-même de son addiction. Le lien à la parole qui se crée la pousse à céder un peu sur sa jouissance.

S. m’explique alors qu’adolescente, ce qu’elle taisait étaient les abus du frère aîné sur elle, sans quoi son père « l’aurait tué » selon elle. Se taire est la position adoptée depuis pour sauver sa peau face à l’Autre sans borne du sexuel qui se jouit d’elle dans le Réel. C’est cette position que vient renforcer le somnifère quand sa vie familiale disparaît.

Une oscillation entre désir et jouissance

Les appuis que S. commence à trouver auprès de l’Autre entament sa jouissance. En réponse à mes questions concernant ses enfants, elle s’est à nouveau peu à peu intéressée à chacun et peut accueillir leur demande. Le lien avec eux s’est rapidement renoué.

La disjonction entre la parole et le Réel en jeu s’atténue. Cependant, la position de S. oscille toujours entre son désir de retrouver une situation sociale dont elle soit fière pour ses fils, et l’attrait vers la jouissance où l’Autre n’existe pas. Cela au-delà du toxique même, dont les prises se font désormais plus rares.

La jouissance par le toxique venait répondre à cette position identificatoire, se taire. Le silence de la pulsion, auquel elle ne parvient pas à renoncer totalement, trouve un nouvel aménagement.

[1] Guéguen P.-G., « Toujours un par un, et souvent un tout seul », Conférence au TYA, Buenos Aires, le 21 avril 2012, traduit de l’espagnol par Jose Alberto Altamirano Valladares pour le site addicta.org [2] Miller J.- A., « Clôture », Le toxicomane et ses thérapeutes, Analytica, Paris, Navarin/Seuil, n°57, janvier 1989, p. 133. [3] Ibid., p. 134. [4] Miller J.- A., « La théorie du partenaire », Quarto, n°77, août 2002, p. 6-33.

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