
Oui, inscrivez-vous à la Journée du CERA !
Hebdo-Blog – La 2ᵉ Journée du CERA est annoncée pour ce samedi 12 mars, sous le titre Clinique et Politique de l’autisme. Que pouvez-vous nous en dire ?
Yves Vanderveken – Il est sans doute utile de remarquer que le CERA, le Centre d’Études et de Recherches sur l’Autisme, se prononce CéRA… Sous l’impulsion de Jacques-Alain Miller, c’est une création de l’École de la Cause freudienne. Le CERA a une vocation qui ne s’arrête pas au seul service d’évaluation diagnostique. Son objet est l’enseignement et la recherche sur l’accueil et l’accompagnement des sujets autistes. Plutôt que d’imposer des conduites hypernormatives et homogénéisantes, le CERA met en lumière et étudie les perspectives nouvelles qui font une place aux sujets autistes en accueillant leur singularité. Il soutient le libre choix des méthodes d’accueil et d’accompagnement des autistes. Des psychanalystes, ou des praticiens qui trouvent dans la psychanalyse une orientation par rapport à leur travail quotidien, y témoignent de l’enseignement issu de leur rencontre, à nulle autre pareille, avec des enfants ou adultes autistes. Puisant ses ressources dans les concepts psychanalytiques pour s’y retrouver et formaliser ce mode de fonctionnement subjectif si spécifique qu’est l’autisme, le CERA est un lieu de recherche – donc de formation – qui permet aussi de penser à partir de là, les modalités d’accueils, d’accompagnements et de prises en charge adaptés et sur mesure que la nécessité subjective dont témoigne l’autiste, requiert. Pour ce faire, les psychanalystes y dialoguent avec des autistes, des parents d’autistes et d’autres praticiens. Le CERA a donc une visée clinique et une visée politique – le titre de cette deuxième Journée du CERA qui s’annonce s’en déduit.
H-B – Clinique, d’accord. Mais, politique ?
Y. Vanderveken – Politique, oui, car l’approche clinique qui se veut à l’écoute du sujet – autiste ou pas –, qui tient compte de ses angoisses, de ses défenses subjectives, bref des modalités de son mode d’être – en souffrance ou pas – définit en soi une politique. Une politique autre que celle qui ne se réduit, de façon totalisante, qu’à la thèse neuro et aux techniques qui ne se basent que sur la cognition et sa rééducation – ce qui ne suffit pas –, le quotidien de l’accompagnement du sujet autiste le démontre, tout autant que les témoignages des autistes eux-mêmes quant à leur parcours psychique dans la vie.
Politique aussi, car une politique dite de soins qui ne se fonde plus que sur lesdites bonnes pratiques, rejetant l’approche clinique, prenant appui sur l’air du temps qui écrase le sujet de l’inconscient par le sujet de droit, a fait du « fonctionnement » autistique, qui se base sur la répétition itérative du même, le paradigme de son propre modèle rééducatif – alors que, si l’itération est la défense du sujet autiste, la conséquence de son rapport singulier à la fonction et au champ de la parole et du langage, elle est aussi la prison de son mal-être. Pas étonnant non plus que la psychanalyse, continuant à soutenir que l’autiste est un parlêtre et relève, dès lors, des conditions de structure qui sont celles de tout être parlant, elle soit devenue – la psychanalyse – et continue d’être, la cible de l’esprit qui nie cela. Nous nous souvenons tous des velléités politiques hostiles envers la psychanalyse dans le champ de l’autisme que cela a pu produire, et qui ne sont pas sans avoir concouru à la nécessité de la création du CERA.
Politique donc.
H-B – Ce sera (sic) bien une Journée ?
Y. Vanderveken – Oui. Et donc, une Journée d’étude de l’École de la Cause freudienne ! C’est dire l’événement. Le CERA dispense sept matinées d’enseignements par an, où tout ce petit monde dont je parlais se retrouve, élabore, converse, formalise et nourrit la poursuite de sa recherche. Tous les deux ans, le CERA organise une Journée d’étude. La première portait sur Autisme et parentalité. Elle s’est tenue en 2018. La réflexion entamée par les matinées d’enseignements qui l’ont entourée, a produit un volume paru aux éditions Le paon, du Champ freudien, Parents et psychanalystes pensent l’autisme. Les deux dernières années passées ont vu le programme des matinées des enseignements perturbé et la Journée prévue annulée par les conséquences de la pandémie. Depuis cette année, tout a pu repartir de plus belle. Les matinées d’enseignements battent leur plein, et ce qui sera donc la deuxième Journée du CERA est déjà pour ce samedi à venir. Ce sera en vidéodiffusion, filmée et retransmise en direct du local de l’École de la Cause freudienne avec l’ensemble des orateurs en présence. Il est encore temps de s’inscrire : https://events.causefreudienne.org/cera/130-clinique-et-politique-de-l-autisme.html
Le programme est maintenant établi. Vous le trouverez repris ci-dessous. Comme vous pouvez le voir, il sera d’une richesse et d’une diversité remarquables. Bénéficiant d’une actualité éditoriale marquante concernant l’orientation psychanalytique dans le champ de l’autisme (La différence autistique de Jean-Claude Maleval, avec une préface de Jacques-Alain Miller – disponible sur https://www.ecf-echoppe.com), nous aurons aussi la chance de pouvoir y entendre un exposé d’Éric Laurent dont les travaux sur l’autisme sont des points de repère essentiels. Enfin, oui, politique donc, puisque des parents d’autistes viendront débattre et donner leur point de vue sur la question de l’inclusion qui a fait un retour fracassant dans l’actualité politique concernant l’accueil dudit handicap. Un témoignage d’une pratique d’Auxiliaire de Vie Scolaire viendra alimenter cet échange.
À vos inscriptions ! https://events.causefreudienne.org/cera/130-clinique-et-politique-de-l-autisme.html
Yves Vanderveken
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