L’amour ! Du nouveau ? Bien sûr que les changements sont d’envergure ! Dans le secret du cabinet des psychanalystes, nous entendons encore et toujours parler d’amour, sous des formes très variées. Elles vont de l’enchantement des rêves aux affres des déconvenues, en passant par ces nouvelles formes de rencontres qui évitent l’engagement sentimental.
Freud avait donné en son temps les coordonnées d’un ravalement de la vie amoureuse. Une nouvelle dégradation amoureuse parfume notre époque avec une fétichisation des corps où le partenaire, pour les deux sexes, devient moyen de jouissance.
Le discours juridique qui prône la liberté et l’égalité entre les hommes et les femmes, est en partie responsable de cette mutation qui se construit de pair avec le triomphe du discours capitaliste dans nos sociétés. Consommer est le mot d’ordre. La jouissance pour tous n’est pas interdite mais réclamée sans entraves ! La jouissance sexuelle n’y échappe pas. Le polyamour, le casual dating, le « coup d’un soir », le cybersexe sont quelques exemples de cette transformation de l’hypermodernité connectée. De nouveaux types de liens où la sexualité est consommée, émergent. Tout cela ne va pas sans une certaine dévalorisation de l’amour et une hétérogénéité du désir. Le capitalisme « laisse de côté ce que nous appellerons simplement les choses de l’amour1 ». Il ne veut rien savoir de la castration inhérente à l’amour.
L’époque est faite de fortes dissonances. D’autres discours se côtoient et se heurtent. Ils ont un impact sur la vie amoureuse des jeunes générations. La montée actuelle de l’obscurantisme religieux qui touche aussi les mœurs, signe une certaine confrontation politique au consumérisme de la sexualité. #MeToo ajoute une complexité intéressante à la question toujours énigmatique du désir et du consentement.
L’amour n’est pas seulement un mirage narcissique, mais c’est aussi cette étincelle produite par le réel de la contingence d’une rencontre. Il est encore demande d’amour à l’Autre visant à faire Un de Deux. Trois causalités donc de l’amour dans ces trois registres, R.S.I, qui assurent un ratage entre les êtres parlants. Pas de rapport sexuel ! Plus flagrant encore de nos jours.
Dans ce numéro nous allons entrer à l’intérieur du « labyrinthe de l’amour » – à l’époque du déclin du patriarcat, de l’hyperconnexion et de l’objet porté au zénith du capitalisme – et faire résonner l’implication entre l’objet du désir, l’objet de jouissance et la demande d’amour.
Marga Auré