« C’est au point même d’où jaillissent les paradoxes de tout ce qui arrive à se formuler comme effet d’écrit que l’être se présente, se présente toujours, de par-être. »
Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XX, Encore
Dans l’expérience du CPCT de Gap, l’écrit tient une place importante. Cela commence par la présentation du sujet sous la forme d’une carte clinique dans laquelle figurent quelques lignes écrites par le consultant qui reçoit la demande et qui accepte ou pas le traitement. Ces quelques lignes, dans ce qu’a extrait le consultant des signifiants du sujet et qui nous est transmis, témoignent de la manière dont le sujet formule sa demande.
Opérer
Les traitements au CPCT sont courts. Cela demande une exigence de travail du praticien qui s’oriente de la psychanalyse. Il s’agit d’opérer avec délicatesse, tact et précision en tenant compte de ce délai restreint. Il est frappant de constater l’effet d’allègement de la souffrance chez la plupart des sujets à la sortie du traitement.
Cerner
Il s’agit de cerner la demande du sujet et orienter la pratique avec les outils de Lacan. Il faut pouvoir témoigner de l’orientation du traitement par la coupure, un acte, un signifiant… L’écriture permet d’en témoigner.
L’écrit au CPCT est un outil important qui n’est pas sans rapport avec la durée courte du traitement.
Cela peut s’accompagner d’un effet d’enseignement ayant un impact aussi bien sur le traitement que sur la pratique du consultant.
Orienter
L’écriture fait état de ce qui se passe dans le traitement, la façon dont s’oriente le consultant, ce qui l’a accroché et quelque fois ce qui rate, mais qui toujours enseigne.
L’écrit, comme production après coup de la rencontre entre deux corps, permet de prendre un peu de hauteur et d’entendre différemment les dits du sujet, leur résonnance, leur équivoque.
Couper
Ce qu’enseigne l’écrit, c’est à discerner, dans les détails, l’impact d’un dire, une coupure qui opère, une répétition, une ponctuation, une réponse attendue qui ne survient pas, un effet de stupeur, un signifiant qui insiste ou qui émerge, qui a eu un effet énigmatique… Un affect qui laisserait entrevoir quelque chose d’une jouissance, la trace d’un trauma qui affleure dans le discours…
Construire un cas, c’est être au plus près de ce que dit le sujet, mais aussi de faire état de ce qui fait écho pour le consultant. Analyser minutieusement les divins détails et les liens entre le signifiant et la jouissance. Énoncer les circonstances dans lesquels quelque chose d’étonnant survient. Cela permet de circonscrire, de resserrer et d’être au plus près du déroulé du traitement, d’affiner le diagnostic structural.
Élaborer
L’écrit implique une adresse qui induise un déchiffrage de ce qui échappe et précise l’élément clinique et théorique à cerner. Le CPCT permet cela, puisqu’il offre l’espace nécessaire à l’élaboration clinique à plusieurs.
L’écrit permet un regard rétrospectif sur les seize séances du traitement, isolant l’effet, parfois discret, qui a eu lieu.
* Sylvie Dagnino est praticienne au CPCT de Gap.