« Chez Freud, comme chez Lacan, la jouissance, le style de jouissance d’un sujet, est toujours lié […] à un premier évènement de jouissance, à un évènement de valeur traumatique. Ce sujet relève donc essentiellement, dans sa sensibilité, de l’Autre, de ce qui lui vient de l’Autre » [1].
L’évènement de jouissance est-il toujours un attentat ? Voici une question qui parcourt ce numéro essentiellement clinique en direction des prochaines journées de l’École de la Cause freudienne dont le titre ne laisse pas indiffèrent : « Attentat sexuel » [2].
Retour à Freud [3]. Vous connaissez la phrase. Lacan a dépoussiéré les textes freudiens, extrayant des multiples enseignements. C’est sans doute le pouvoir d’éveil des textes de l’inventeur de la psychanalyse qui a été attaqué quand le maître moderne songeait à les enlever du programme de philosophie en classe de terminale [4]. Freud dévoile que la rencontre avec le sexuel percute, laisse une trace – toujours scandaleuse.
Retour au cas. Ce numéro est exclusivement constitué d’une série de cas : les Cinq psychanalyses de Freud lues à partir d’une seule et même question, celle qui vise à cerner quel a été l’évènement de jouissance qui a fait attentat et quelle a été la réponse du sujet ? Le cas, « la méthode de l’exemple » [5] si chère aux psychanalystes, permet de faire entendre le plus singulier du sujet. Un cas est un cas, indique Éric Laurent, « s’il témoigne et de l’incidence logique d’un dire dans le dispositif de la cure et de son orientation vers le traitement d’un problème libidinal, d’un problème de jouissance » [6]. Les cinq cas freudiens sont ici d’une richesse inépuisable.
Retour aux J-50. Avant d’aborder le cas Dora, Freud note : « si naguère l’on m’a reproché de n’avoir rien dit sur mes malades, on me blâmera maintenant d’en trop parler » [7]. Le bien-dire est mis à l’épreuve dès qu’un psychanalyste s’avance en présentant un cas. L’exercice comporte toujours un risque.
Ce numéro de L’Hebdo-Blog, Nouvelle série, est l’ouverture d’un bal. À partir de mercredi, une série de cas, issus de la littérature analytique et de la littérature tout court, arriveront dans nos boîtes mails, envoyés par la direction des 50e journées de l’ECF. Vous découvrirez des portraits qui cherchent à cerner au plus près ce qui fait attentat sexuel – et ce, toujours au singulier. Nous avons hâte de commencer à les lire. Pour le moment, la première cadence revient à Freud…
[1] Miller J.-A., « Progrès en psychanalyse assez lents », La Cause freudienne, n°78, juillet 2011, p. 186.
[2] Cf. le blog préparatoire aux 50e journées de l’École de la Cause freudienne « Attentat sexuel » : attentatsexuel.com
[3] Cf. Lacan J., « Intervention sur l’exposé de Michel Foucault ‘‘Qu’est-ce qu’un auteur ?’’ », Bulletin de la Société française de philosophie, n°3, 1969, p. 104.
[4] Cf. les numéros de Lacan Quotidien : n°829, 7 avril 2019 ; n°830, 9 avril 2019 ; n°833, 17 avril 2019 ; n°835, 23 avril 2019 ; et n°842, 3 juin 2019, publication en ligne (www.lacanquotidien.fr).
[5] Laurent É., « Liminaire », XXXe journées de l’École de la Cause Freudienne, Paris, EURL-Huysmans, 2001, p. 19.
[6] Ibid., p. 20.
[7] Freud S., « Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora) », Cinq Psychanalyses, Paris, PUF, 1999, p. 1.