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Vers la journée de la FIPA

Par Jérôme Lecaux et Pierre Forestier
1 mars 2020
Vers la journée de la FIPA
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L’Hebdo-Blog : « Le traitement gratuit à durée limitée ne se justifie que s’il introduit à l’expérience psychanalytique » [1]. Cette phrase de Jacques-Alain Miller, que vous citez dans l’argument de la journée, nous a mis au travail. Comment saisir cela alors que la notion d’expérience renvoie à ce qui s’éprouve, d’une façon qui façonne, voire transforme un rapport au monde ?

Jérôme Lecaux : Lorsque j’ai rencontré celui qui allait devenir mon analyste pour deux décennies, j’ai fait une expérience inouïe ; je n’avais jamais été écouté (entendu) comme ça ! Dès la première rencontre j’ai éprouvé la différence d’avec toutes mes expériences précédentes. Là où d’autres interlocuteurs rencontrés cherchaient à me classifier, à m’interpréter d’emblée, … je fis l’expérience d’un accueil sans préjugés et sans intentions, d’une place pour dire. S’introduire à l’expérience analytique a, pour moi, affaire avec ça. Permettre qu’un dire surgisse, qu’un dire fasse événement. Cela n’a rien à faire avec une position passive, cela suppose au contraire un praticien attentif. Le discours analytique constitue un champ de force qui vise à produire le sujet. Et cela n’a donc rien à voir avec la durée de l’expérience, c’est la rencontre avec une autre dimension que celle du discours courant. Certains sujets nous le disent explicitement ; ils n’avaient jamais fait ce genre d’expérience.

Pierre Forestier : La citation pose une question d’ordre politique par le « ne se justifie que ». N’est-elle pas à resituer dans le moment où J.-A. Miller s’exprime pour distinguer le travail du CPCT qu’oriente le discours et l’éthique psychanalytique de celui du travailleur social ? « Expérience » pour être pris dans le sens anglo-saxon du terme, expérimenter : en faire l’expérience dans une rencontre avec un psychanalyste ne serait-ce que dans un temps limité et non envisager la cure analytique comme seule issue du traitement.

L’H.-B. : Les traitements courts ne sont pas réductibles à une psychothérapie. Pourtant c’est sur le temps long que se déroule une analyse. En quoi les effets thérapeutiques (rapides) obtenus se distinguent des effets de suggestions qui sont le ressort des psychothérapies ?

P.F. : Les différents types de psychothérapies aujourd’hui se multiplient. Les psychothérapies par la parole visent d’avantage un soutien qui s’appuie sur des conseils, portent sur les comportements ou conduites à modifier. Les effets thérapeutiques rapides produits par la rencontre avec un psychanalyste sont dus aux effets de la parole touchant un point de réel en cause chez un sujet, à l’origine du problème ponctuel qu’il vient exprimer, rectifiant son rapport et sa manière d’être au monde, soit un point de singularité.

J.L. : Ce n’est pas une question de durée mais c’est la nature de l’expérience qui est différente ; la psychothérapie est plutôt du côté de la solution, du mode d’emploi, de la réassurance, du rebouchage, … là où le discours analytique est sans espoir et sans promesse : cela ne va peut-être pas s’arranger, il faut faire avec. Nous cherchons à mettre le sujet au travail : la mise en forme des symptômes, la prise en compte du savoir dont il dispose, la mise au travail de l’inventivité propre à chacun. Les effets thérapeutiques, lorsqu’il y en a, ce qui est assez fréquent, tiennent davantage à la rectification subjective, à la prise en compte d’une impasse ou d’un fait, la mise au travail, à l’approche d’un point de réel, parfois la cession d’un peu de jouissance… Ce que ça produit n’est pas forcément ce qui est attendu.

L’H.-B. : Dans un article publié dans ce numéro, Jacqueline Dhéret n’évoque-t-elle pas une dimension de cette expérience, lorsqu’elle écrit que les praticiens travaillant au CPCT ne s’inquiètent guère de la « perte des significations, de l’éparpillement qui traverse nos sociétés » mais offrent la possibilité à celui qui y consent « d’entrer dans une façon de dire très personnelle » [2] ?

J.L. : C’est ce qui peut être attendu d’un praticien dans les institutions orientées par la psychanalyse : savoir se débrouiller avec le hors-sens ou la pulvérulence de certains discours. Savoir accueillir les signes d’un sujet lorsqu’il n’est pas représenté par le signifiant pour un autre signifiant. Je suis toujours impressionné par l’effort, de nombre de sujets que nous recevons, pour dire quelque chose.

P.F. : C’est une bonne manière de dire la spécificité du travail des praticiens au CPCT qui prennent en considération moins les symptômes de l’époque où les impasses de notre monde contemporain mais font l’offre à chacun de s’expliquer sur ce qui ne va pas, à sa manière.

L’H.-B. : Qu’attendre de la présence de la FIPA dans les institutions ?

P.F. : La présence des praticiens orientés par la psychanalyse peut maintenir la dimension de la clinique dans les institutions de plus en plus aux prises avec les protocoles et les évaluations. L’orientation psychanalytique met en valeur la prise en considération de la position subjective et de la possibilité d’en proposer un traitement pour chaque sujet.

L’H.-B. : Jacqueline Dhéret nous propose cette jolie formule pour qualifier les CPCT : « une anomalie précaire et durable » [3]. Comment la mettre en lien avec l’éthique de la psychanalyse et la position de l’analyste ?

P.F. : L’éthique de la psychanalyse consiste à ne pas céder sur son désir ou à savoir si le praticien agit en conformité avec son désir selon les termes de Lacan dans son Séminaire sur L’Éthique [4]. C’est à chaque fois à recommencer : chaque séance, même dans une analyse longue, est à considérer depuis Freud comme première, unique. C’est pourquoi la position de l’analyste est celle de l’intranquilité.

[1] Miller J.-A., « Le salut par les déchets », Mental, n°24, avril 2010, p. 15.

[2] Dhéret J., « L’implication du psychanalyste », L’Hebdo-Blog, n°193, 2 mars 2020, publication en ligne (www.hebdo-blog.fr).

[3] Ibid.

[4] Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 370.

Numéro : L’Hebdo-Blog 193
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