À la suite des échanges qui se sont tenus lors de l’Assemblée générale de l’ECF, ce triste vendredi 13 novembre où des évènements majeurs nous ont portés ailleurs, nous pouvons dire que l’étude de la psychanalyse, dans son lien à l’École et aux évènements qu’elle produit, est plutôt bien assurée dans l’ACF et que l’École est amplement relayée dans les régions.
Je voudrais cependant insister sur un point. Les membres de l’École ont à garder le souci de se faire passeurs, dans l’ACF, des fondements même de la psychanalyse, de transmettre ce qui anime leur transfert à la psychanalyse et qui touche à la psychanalyse pure. Ils ont là une responsabilité particulière. Car, derrière les évènements et les activités, derrière une présence plus vivante dans la cité, il reste que, pour le public, ce qu’est un psychanalyste demeure bien opaque et que l’Orientation lacanienne n’est pas nécessairement dissociée de l’ensemble du champ de ce qui se range sous le signifiant de psychanalyse. Parce que la psychanalyse au XXIe siècle, est amenée à vivre sous le régime de l’inconsistance[1] et du multiple, ce qu’avait anticipé Jacques-Alain Miller, il nous revient de donner les raisons de nos choix singuliers, de les éclairer pour les partager.
Aussi, à la suite du dernier congrès de l’AMP, nous avions mis sur pied à Angers une soirée ouverte à tous, autour de la question « Qu’est-ce qu’une École pour la psychanalyse ? »
Nous avons déplié, devant une quarantaine de personnes, la logique sur laquelle Lacan a construit son École, le type de nouage entre les Écoles et les groupes qui se rattachent à l’orientation lacanienne, et la nécessité qui a présidé à la création, par J.-A. Miller, de l’AMP ainsi que de l’École Une, l’articulation entre le l’Un et le multiple, etc. Cette soirée a été suivie avec une grande attention et la demande nous a été faite, par des étudiants, de poursuivre dans ce sens. Il ne fallait donc pas s’arrêter là.
En mars dernier, nous avons tenu une deuxième soirée sur le thème « Comment se forment les analystes ». Soirée soigneusement préparée dont nous mesurions les enjeux. Nous avons fait appel à de jeunes membres de l’ACF et à quelques plus anciens pour témoigner, dans une énonciation vivante et engagée, de leur formation, de leur désir de contrôle et de ses effets. Ce soir-là, à Angers, une véritable petite foule s’est pressée dans un amphithéâtre de cent places qui a vite été saturé au point qu’une trentaine de personnes n’a pas été autorisée à entrer.
Cette série se conclura au début de l’année prochaine avec une troisième soirée qui aura pour thème : « Qu’est-ce qu’être lacanien aujourd’hui ». Elle sera l’occasion de parler, à ciel ouvert, non seulement de l’enseignement de Lacan, dans son entier, mais de témoigner aussi de celui de J.-A. Miller, avec son nom propre « l’Orientation lacanienne », qui ne cesse d’animer notre travail et notre transfert- J.-A. Miller – sans qui nous ne saurions être lacaniens aujourd’hui. Comme la fois précédente, nous donnerons la parole à des membres de l’ACF pour qu’ils témoignent d’un moment crucial de leur rencontre avec l’enseignement de Lacan et avec « l’orientation lacanienne », et de ses conséquences pour eux. Car, il nous revient, dans l’ACF, de porter ce nom propre, l’Orientation lacanienne, à la hauteur qu’il mérite, de le rendre désirable et de démontrer en quoi il est une boussole aussi bien pour conduire les cures aujourd’hui que pour lire le monde du XXIe siècle et en déduire la politique et les actions qui conviennent.
[1] Miller J.-A., « Le désenchantement de la psychanalyse », Mental, n° 33, 2015.