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Événements, L'Hebdo-Blog 86

L’analyse, cette « ascèse jubilatoire » : retour sur le séminaire de L. Naveau à Tours

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« La psychanalyse s’intéresse à ce dont l’humanité ne veut rien savoir », a énoncé Laure Naveau à l’orée du « Séminaire des sept séances » qu’elle a tenu à Tours, provoquant, on peut le dire, un évènement, en se consacrant à cet exercice délicat : dire ce qu’il en est d’une psychanalyse menée à son terme. À partir du cours de J.-A. Miller « Choses de finesse en psychanalyse », elle nous parle du désir de l’analyste. Dans son style, tranchant et déterminé, et mettant en jeu la « voix douce », elle témoigne de ce qu’il en est de l’analyse, du contrôle, de la passe et de ce que c’est qu’être lacanien.

L’on croit d’abord à son destin et la fin d’une analyse consiste à « faire du destin hasard », selon l’expression de Lacan que J.-A. Miller a mise en valeur dans son cours. L’analyse, dit-elle, est une ascèse jubilatoire, portée par la puissance du souffle de la parole et du tourbillon qu’elle provoque. « Chacun y parle sa lalangue pour dire sa vérité ». Et cela ne se standardise pas. Au contraire : il s’agit d’isoler « sa différence absolue », c’est ce que vise l’interprétation dans le dire du patient.

À propos de la passe, Laure Naveau nous apprend que Lacan l’a comparée à l’opération du mathématicien Georg Cantor : à l’issue d’un long parcours, on aperçoit la série de ce qui se répète et la loi qui organise cette série. Et lorsqu’en un éclair, on aperçoit cette loi, c’est un moment de franchissement dans l’analyse, un moment où l’on parvient à « logifier » quelque chose. L’on comprend un point à partir d’un autre, l’on saisit le début à partir de la fin. Mais avant d’en arriver là, séance après séance, il y a à détacher le signifiant de son signifié, il y a à le dénuder.

Et c’est pourquoi J.-A. Miller avance que l’affect qui convient le mieux au psychanalyste, c’est le détachement. Le détachement plutôt que l’enthousiasme. Parce que, s’il y a de quoi être enthousiaste quand on fait l’expérience des effets thérapeutiques d’une psychanalyse, pourtant, il est crucial de différencier psychanalyse et psychothérapie. Dans la psychanalyse appliquée à la thérapeutique, « l’analyste retient son geste » et permet à l’« intime » de l’inconscient de devenir « extime », ce qui produit des effets d’allègement. Alors que, dans une psychanalyse, « l’interprétation conduit le sujet jusqu’au point où les semblants vacillent, et dénude ainsi le mode jouir du sujet, pour obtenir un Je suis ça. »

De l’énonciation de Laure Naveau, se dégage le souci du bien dire : jouissance pour les oreilles que de s’entendre formuler si bien ce qu’est l’expérience d’une analyse ! Disons-le tout de go, si ce séminaire fait mouche, c’est parce que, pour chacun, c’est son désir qui est convoqué.

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