
Fin de l’analyse, nouveau trajet de la pulsion ?
Si Jacques Lacan inventa le dispotif de la passe, en 1967, quelques années tout juste après avoir fondé son École, c’est d’abord dans le souci qui sera constamment le sien de briser les effets de groupe tout autant que de hiérarchie ; mais c’est aussi, et surtout, afin de garantir une procédure qui puisse permettre de rendre compte de la façon dont une analyse se termine, et de la manière dont un analysant passe à l’analyste : il s’agira alors de saisir les effets de remaniement subjectif et de transformation des modalités de satisfaction inconscientes qu’une telle sortie peut générer, non sans un allègement certain.
Mais un au-delà est également visé : la communauté analytique dans son ensemble, comme le savoir qui fonde ses soubassements. Les témoignages de celles et ceux qu’on appellera désormais les Analystes de l’École permettent ainsi de le construire peu à peu. Aussi c’est avec joie que l’Hebdo Blog a recueilli cette semaine leurs mots, grâce auxquels ils remettent sur le métier, via le plus singulier de leur parcours, les notions clefs de l’enseignement de Lacan, à la suite de Freud.
Parmi elles, la pulsion dans tout l’obscur de ce qu’on pourrait nommer son répétitif entêtement si elle n’était comme le dit Lacan « acéphale », paraît centrale dès lors qu’on envisage la question de la fin en la reliant à celle de la satisfaction. Comment une analyse, longue histoire de couple, avec ses hauts et ses bas se termine-t-elle ? Et quand le couple fonctionne à merveille depuis tant d’années pourquoi faudrait-il rompre et comment lier la séparation et ce contentement qui se donne à entendre dans tous les récits de ceux qui sont passés ?
Il s’agira alors d’interroger le statut de la pulsion lorsque le couple se défait, souvent dans la hâte, qu’un passage se produit et qu’un analysant concède à se faire le semblant d’objet d’un autre avec qui il fera désormais partenaire1. Ou comment, pour reprendre la belle formule de Dominique Holvoet, se servir de la pulsion une fois dés-asservi.
Toutes les photos illustrant ce numéro sont extraites de la série Monstrations d’Alain Delorme.
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