Nous jetons cette semaine un regard rétrospectif sur les rencontres qui ont marqué notre communauté de travail ces derniers jours, en interrogeant l’enseignement dispensé par Marie-Hélène Brousse dans le cadre des séminaires de l’ECF, poursuivant la réflexion sur la passe avec Marie Laurent, et nous retournant avec Cécile Quina sur la conférence donnée par Caroline Leduc à Amiens, qui propose une salvatrice clinique de la haine.
On pourrait donc légitimement s’interroger sur cette attention portée au passé, cette volonté de consigner ce qui n’est plus et de garder des traces de moments évanouis. Si Freud lui-même en effet semble avoir bâti toute la théorie psychanalytique sur la mémoire – réminiscence des hystériques, remémoration et perlaboration de la séance analytique…, il s’attacha également à montrer à de nombreuses reprises que l’oubli était une vertu, et que toujours nos souvenirs étaient déformés par le masque de notre fantasme. Ne dit-on pas que Mmémosyne elle-même, déesse de la mémoire et mère des muses antiques, inventa les mots et le langage pour que les êtres humains puissent tenter de retrouver le souvenir des choses perdues, liant d’emblée signifiant (et son manque à être) et mémoire ?
Voilà justement le pari de l’Hebdo Blog : loin d’avoir la vocation de tout publier, et de se faire lieu d’annales et conservateur des événements, c’est en aval tout autant qu’en amont que nous nous tiendrons, au plus près du cœur battant de la vie de notre École. Gageons que ce filtre de la subjectivité (projection, attente, mais également surprise..), que ces déformations mêmes qui fondent les textes publiés dans nos colonnes sont l’empreinte du désir de ceux qui ont à cœur de transmettre non la vérité de ce qui fut dit et est advenu, mais la mémoire vive de la psychanalyse lacanienne, en acte.
Virginie Leblanc.