Pour introduire ce programme des soirées lire Lacan, sur son concept de jouissance, je prendrai comme point de départ les impasses que le sujet rencontre dans son rapport à la jouissance [1]. Dans cet abord des impasses de la jouissance, je me suis laissé guider par les élaborations que Lacan développe, en particulier dans son Séminaire XVI, D’un Autre à l’autre [2], en 1968-1969, et par le commentaire continu que Jacques-Alain Miller a fait de ce Séminaire, au moment où il en a établi le texte pour les éditions du Seuil, lors de son cours de l’année 2005-2006, qui porte pour titre « Illuminations profanes [3] ».
Dès le début du Séminaire, dans la troisième leçon plus précisément, Lacan avance ceci : « Il n’est que trop évident que la jouissance fait la substance de tout ce dont nous parlons dans la psychanalyse. [4] » Cette affirmation ne trouve sa portée que si on la complète par cet énoncé que l’on rencontre lors d’une leçon ultérieure où Lacan réclame que dans l’expérience psychanalytique, on prenne les choses « à partir du niveau qui [lui] a permis d’articuler le retour à cette terre ferme que rien ne se passe dans l’analyse qui ne doive être référé au statut du langage et à la fonction de la parole [5] ». Cette double exigence, à savoir que la jouissance fait la substance de tout ce dont nous parlons dans l’analyse, et que rien ne se passe dans l’analyse qui ne doive être référé au statut du langage et à la fonction de la parole, doit être maintenue dans la pratique et dans la théorie analytique, quand il s’agit de situer les rapports du sujet avec la jouissance.
Le mot important que Lacan attache à la jouissance est celui de « substance ». Il sera plus précis dans son Séminaire XX, Encore [6], où il parlera alors du corps comme « substance jouissante ». Ce terme de « substance » renvoie à ceci qu’avec les concepts d’« être parlant » ou de « parlêtre », nous visons une substance animée de vie, une chair vivante plongée dans une matière signifiante et subissant les effets délétères de la machine symbolique que constituent la structure du langage et l’appareil de la parole. Le vivant qui parle est traumatisé par ce parasite langagier. Le langage n’est pas simplement un instrument qui viendrait compléter les autres fonctions de relations de l’organisme, mais c’est une structure qui pénètre la substance vivante de cet organisme, pour affecter l’ensemble de ses fonctions qui s’en trouvent dès lors toutes dénaturées. Il y a ainsi un désordre primitif et originaire chez le parlêtre qui dissocie chez lui ce qu’il est en tant que sujet du langage et sujet de la parole, et d’autre part ce qu’il est comme substance jouissante. Ce constat indexe ce qui fera le souci constant de la réflexion de Lacan tout au long de ses séminaires, à savoir l’articulation des rapports du signifiant et de la jouissance.
J.-A. Miller a scandé les différentes étapes de l’élaboration par Lacan de son concept de jouissance, et il en a dégagé ce qu’il a isolé comme six paradigmes [7], qui à chaque étape de la réflexion de Lacan, répercutent cette antienne : quelles relations s’établissent entre l’ordre symbolique et la substance jouissante ? Lacan a introduit dans le corpus freudien un couple de termes : celui de désir et celui de jouissance, binaire qui redistribue ce que Freud avait situé d’une part comme libido, Lust, et d’autre part comme Wunsch. L’expérience du parlêtre se déploie toujours entre ces deux pôles, celui du désir et celui de la jouissance. Le désir s’inscrit dans une articulation symbolique, tandis que la jouissance est ce qui échappe à cette prise logique.
Le concept de jouissance répond à un paradoxe rencontré par Freud dans son élaboration du principe de plaisir. Dans l’introduction de son « Kant avec Sade », Lacan résume ainsi cette aporie : « Si Freud a pu énoncer son principe du plaisir sans avoir même à se soucier de marquer ce qui le distingue de sa fonction dans l’éthique traditionnelle, sans plus risquer qu’il fût entendu, en écho au préjugé incontesté de deux millénaires, pour rappeler l’attrait préordonnant la créature à son bien avec la psychologie qui s’inscrit dans divers mythes de bienveillance, nous ne pouvons qu’en rendre hommage à la montée insinuante à travers le XIXe siècle du thème ‘‘du bonheur dans le mal’’. [8] » Lacan poursuit : « La recherche du bien serait donc une impasse, s’il ne renaissait, das Gute, le bien qui est l’objet de la loi morale. [9] ».
Das Gute, ce n’est pas le bien qui fait du bien, c’est le Bien avec une majuscule, qui est celui de la loi morale. À l’opposé se situe le bien qui fait du bien, où s’inscrit le principe du plaisir de l’éthique traditionnelle. Le principe du plaisir freudien, lui, inclut un au-delà. Il y a le plaisir, et il y a un au-delà du plaisir, où s’inscrit la jouissance. La jouissance est ce qui ignore la barrière du plaisir et la subvertit, sans voir plus loin que sa propre finalité, qui est de s’épanouir dans le jouir. Lacan considère que la réduction du principe du plaisir chez Freud à ce qu’il est dans l’éthique traditionnelle, à savoir une fonction d’homéostase, ne rend pas compte de la nouveauté introduite dans l’éthique par la découverte freudienne. Freud est parti du principe du plaisir de la tradition, et il a montré que celui-ci était subverti par un au-delà, où ce qui est recherché n’est pas nécessairement ce qui fait du bien. Dans cet au-delà du plaisir se rencontre la jouissance. L’économie libidinale freudienne conjoint au registre du plaisir celui de la jouissance.
Comment rencontrons-nous cette jouissance dans l’expérience du sujet ? Il y a la jouissance sexuelle, mais ce n’est pas le tout de la jouissance. La jouissance se décline, certes, dans la vie amoureuse et sexuelle, mais plus généralement, dans le tout de la vie du parlêtre. C’est son mode de jouir qui marque les modalités de son style de vie. Ce qui caractérise son rapport à la jouissance, c’est qu’il n’y a pas d’harmonie dans la relation du parlêtre avec la jouissance. Ce n’est jamais la jouissance qu’il faudrait et c’est toujours la jouissance qu’il ne faudrait pas. La jouissance affecte ce parlêtre, elle dérange son corps et écorne sa pensée. Elle se met toujours au travers de ses relations à l’autre, que ce soit son partenaire, ou l’Autre du signifiant. C’est pourquoi le parlêtre fait l’expérience de la jouissance, sous les modalités du symptôme, dont Lacan dit qu’il est pour chacun la façon dont il souffre dans son rapport à la jouissance. La jouissance est toujours en infraction par rapport à ce que serait l’homéostase du plaisir parce qu’elle est hors-système, hors du système du sujet. En ce sens, elle peut être dite « absolue ». C’est le qualificatif que Lacan utilise dans le Séminaire XVI. Le mot « absolue » veut dire séparée. C’est la vraie signification d’absolue : à savoir coupée, rejetée, située hors de. La jouissance n’émerge jamais qu’avec un caractère d’étrangeté qui peut parfois prendre la forme de l’Unheimlich. Si la jouissance est distincte du plaisir et du désir, elle peut se fondre dans l’amour spécialement quand il s’agit de l’Éros féminin.
Le parlêtre ne rencontre qu’impasses sur la voie de la jouissance. Lacan a considéré que les différents types cliniques étaient ainsi la forme que prend la réponse du parlêtre aux impasses de la jouissance. Il le note dans le Séminaire XVI [10]. Ces impasses se présentent comme autant d’obstacles incontournables auxquels se heurte le parlêtre dans sa vie amoureuse, dans son rapport au sexe, dans la relation à son corps, ou dans les entreprises qu’il met en œuvre pour trouver sa place au sein du monde social. Parmi les types cliniques, disons un mot de ce qui se passe chez le névrosé. De l’obsessionnel Lacan dit que dans sa relation à la jouissance, ce sujet procède en traitant avec l’Autre. Il note ceci : « Toute jouissance n’est pour lui pensable que comme un traité avec l’Autre […]. La jouissance ne s’autorise pour lui que d’un paiement toujours renouvelé, dans un insatiable tonneau des Danaïdes, dans ce quelque chose qui ne s’égale jamais [11] ». À l’opposé, Lacan indexe le sujet hystérique comme celui qui « promeut le point à l’infini de la jouissance comme absolue [12] ». C’est le mot d’ordre du sujet hystérique. Lacan souligne à ce propos : « c’est parce que cette jouissance ne peut être atteinte qu[e le sujet hystérique] en refuse toute autre, qui, au regard de ce rapport absolu qu’il s’agit pour elle de poser, aurait un caractère de diminution [13] ». Pour le sujet hystérique il y a la jouissance absolue, inatteignable, et ces jouissances auxquelles il a accès, qui ne font pas le poids par rapport à cette jouissance absolue.
Sur les pas de Freud, Lacan s’est attaché à situer et à évaluer l’incidence première de la jouissance. Ce souci court tout au long de son seizième séminaire et se poursuit dans le Séminaire suivant. Il met en valeur ceci : « l’incidence première de la jouissance est traumatique et auto-érotique ». À ce stade de son élaboration, il ne problématise pas le rapport entre jouissance auto-érotique et jouissance sexuelle. La jouissance sexuelle est la jouissance attachée à la relation sexuée, à la relation entre les deux sexes. Cette problématique ne sera abordée que dans le Séminaire XX. De cette jouissance auto-érotique, Lacan dit qu’elle ne va pas sans un certain dépaysement. Il s’agit de la jouissance de l’organe. Cette jouissance est hors-corps. Même si elle a lieu dans le corps, Lacan met en question ce mot de « dans ». Elle est d’un autre registre par rapport à tout ce qui a lieu communément dans le corps. Elle survient comme quelque chose qui dépasse le corps, déborde le corps, submerge le corps. C’est pourquoi elle peut se trouver à s’incarner hors du corps, comme dans le cas de Herbert Graf, qui est ce jeune garçon analysé par Freud, et resté dans la psychanalyse sous le nom de Hans. Chez ce garçon elle s’actualise hors du corps, sous la forme du cheval qui se roule par terre. Ce cheval affecte Hans. Cet événement pour être hors corps, n’appartient pas pour autant au monde extérieur à Hans. Il est directement lié au jeune garçon, qui s’en trouve subvertit, il a peur du cheval qui se roule par terre. Le cheval qui s’agite actualise la présence de l’organe pénien, dont les manifestations érectiles font irruption dans la subjectivité de l’enfant. Ce cheval marque une barrière qui protège Hans de l’angoisse que suscite en lui le surgissement d’une jouissance. Cette angoisse est apparue chez Hans au moment où il a été affecté par les premières érections et par la jouissance qui va avec. Il y a une recherche chez Lacan pour cerner ce hors, qui fait que la jouissance sexuelle est hors système, hors du système du sujet.
Cette expérience du hors s’inscrit dans l’histoire du sujet sous la forme du souvenir des premières jouissances auto-érotiques, qui font trou dans son expérience. Comme on le voit par exemple chez un sujet masculin qui ne cessera de se sentir coupable d’avoir éprouvé une jouissance indicible, dans telle scène de son enfance, sans jamais pouvoir refermer cette béance. Dans un autre cas, cette première jouissance auto-érotique submerge et envahit le sujet. Ce sujet, promis à devenir paranoïaque, reste sous le coup d’une jouissance qui le déborde depuis qu’il l’a éprouvée lors d’une première éjaculation. Ces notations conduisent Lacan à fixer comme hors corps la jouissance de l’organe. Le corps dont parle ici Lacan, c’est le lieu du grand Autre, c’est-à-dire une surface d’inscription où justement la jouissance ne trouve pas sa place. Lacan ne manque pas de se référer à l’anthropologie qui relève dans les pratiques corporelles qui abondent dans toutes les cultures cette localisation hors corps de la jouissance. Il s’agit, dans ces pratiques corporelles, d’attenter à la surface du corps, pour le cerner dans les formes diverses du maquillage ou du tatouage, pour le mutiler sous des incidences variées, l’amputer, l’étirer ou au contraire le rétrécir, l’inciser ou le coudre. Voilà les formes d’intrusion d’une jouissance hors corps qui vient affecter la surface corporelle. L’idée qui anime Lacan, c’est que la jouissance n’est pas ajustée, n’est pas harmonique au corps.
Pour Freud, l’expérience cruciale est celle du constat que la mère est privée de l’organe. La dysharmonie s’introduit par là. Lacan ne repousse pas cette notation sur laquelle se concluent ses Écrits. Dans la dernière page des Écrits il note ceci : « Rappelons-nous où Freud déroule [la division du sujet] : sur ce manque du pénis de la mère où se révèle la nature du phallus. Le sujet se divise ici, nous dit Freud à l’endroit de la réalité, voyant à la fois s’y ouvrir le gouffre contre lequel il se rempardera d’une phobie, et d’autre part le recouvrant de cette surface où il érigera le fétiche, c’est-à-dire l’existence du pénis comme maintenue, quoique déplacée. [14] » Un peu plus loin, Lacan ajoute : « Révélant du phallus lui-même qu’il n’est rien d’autre que ce point de manque qu’il indique dans le sujet. [15] » Lacan referme ses Écrits sur cet énoncé : le phallus indique un point de manque dans le sujet. Il s’agit dans cette expérience cruciale de l’observation du corps sexué de la mère, d’une dysharmonie entre d’une part un axiome fantasmatique qui voudrait que tous les êtres soient phalliques et d’autre part le constat qui dit non, qui dit que non, soit l’expérience visuelle que la mère n’est pas pourvue.
Lacan reprend cette différence entre l’axiome et l’expérience visuelle mais ce qui est ici dysharmonique selon lui, ce n’est pas quelque chose qui se laisse voir par rapport à quelque chose qui se laisse formuler. Ce qui est en jeu, c’est l’expérience cruciale de la jouissance du corps propre en tant qu’elle vient faire incidence par rapport au corps. Cette jouissance ne trouve pas à se loger de façon ajustée au corps propre lui-même. On ne peut la situer que dans ces zones de bords que sont les zones érogènes, c’est-à-dire pas vraiment le corps. Ce sont des zones découpées à la surface du corps qui viennent faire effraction par rapport à la surface continue du corps, et le bord ouvre sur un hors-corps. Lacan se pose alors la question, qu’il s’efforcera de résoudre dans le Séminaire XX et qui est celle-ci : comment s’articule la jouissance de bord et la jouissance sexuelle ? Comment est-ce que la jouissance sexuelle peut s’insérer là où il y avait la jouissance de bord ?
Quand Lacan parle de l’étrangeté de l’objet petit a, il renvoie à l’expérience du trauma telle qu’elle s’élabore dans l’expérience analytique. L’expérience du trauma implique de donner à la jouissance une fonction hors système, absolue, c’est-à-dire séparée, détachée du système du savoir. Alors Lacan se demande pourquoi y a-t-il trauma ? Pourquoi l’incidence première de la jouissance prend-elle la forme d’une intrusion ? Le statut traumatique donné à la jouissance implique que l’on puisse parler de la jouissance sexuelle comme hors système, et donc de son signifiant, le phallus lui-même, comme hors système. Lacan écrit ceci dans le Séminaire XVI : La « jouissance sexuelle n’est pas dans le système du sujet. », il ajoute que ceci nous permet : « de préciser le sens du phallus comme signifiant manquant », et il poursuit en indiquant que le phallus est donné comme : « le signifiant conventionnel à désigner ce qui est, de la jouissance sexuelle, radicalement forclos [16] ». Ce qu’il faut alors retenir, c’est qu’il y a dans la jouissance sexuelle quelque chose qui est forclos. Il y a donc la jouissance, il y a sa capture par le signifiant phallique mais cette jouissance phallicisée laisse intouchée la jouissance elle-même. En ce sens, la jouissance n’est ni symbolisée, ni symbolisable. Lacan a exploré cette relation entre la jouissance et le phallus et a isolé ce défaut de symbolisation. Il écrit, toujours dans cette même page : « la jouissance est tout à fait réelle, car, dans le système du sujet, elle n’est nulle part symbolisée, ni, non plus, symbolisable [17] ».
C’est cet échec du symbolique au regard de la jouissance qui justifie chez Freud le recours au mythe. Cette nécessité se fonde sur ce qui reste forclos et sans symbole. Les deux mythes, celui de l’Œdipe et de Totem et tabou rendent compte de cette faillite du symbole débordé par la jouissance. Lacan rapproche les deux mythes et essaie de restituer la logique qui permettrait de les lire simultanément. Il admet la nécessité des mythes forgés par Freud pour saisir ce à quoi aucun symbole ne peut atteindre. Ce que Freud essaie d’approcher par le mythe, Lacan s’attache à l’articuler en logique. Là où c’était le mythe de Freud, doit venir la logique de Lacan. Cette tâche accaparera Lacan au long de son Séminaire jusqu’à ce qu’il arrive à obtenir la formule de cette impasse. J.-A. Miller interprète cette solution logique que Lacan isole dans ses formules de la sexuation, comme la version lacanienne du mythe freudien.
Lacan essaie d’atteindre la traduction clinique de ce traumatisme de la jouissance à partir de cette interrogation : à quel détour ressortit l’éclosion d’une névrose ? C’est une façon pour lui de saisir ce que Freud nommait « choix de la névrose ». Il faut au départ souligner que ce caractère premier du trauma, nous ne pouvons l’atteindre que par rétroaction dans l’expérience analytique elle-même. Ce n’est donc pas une primarité pure et simple. Cet abord clinique, qu’entreprend alors Lacan, ne constitue pas un nouveau chapitre qui viendrait après une élaboration théorique. Son idée est de prendre comme boussole la structure, aussi bien quand il s’agit de faire la théorie de l’expérience analytique, que lorsqu’on tente d’en rendre compte en termes cliniques. Seule la question de la structure permet d’orienter, de faire progresser ce que, selon lui, l’on appelle improprement la clinique. La clinique, ce n’est pas l’accumulation des cas. La clinique selon Lacan doit être conçue comme clinique-structure où clinique et structure sont écrites sur les deux faces d’une bande de Mœbius dont on sait que ses deux faces n’en forment qu’une. À travers cette écriture clinique-structure, Lacan noue une nouvelle alliance de la clinique et de la structure.
La mise en œuvre de cette clinique-structure se fonde sur une corrélation que Lacan établit entre deux éléments qu’il appelle des positivations. Il y a d’une part une positivation de la jouissance érotique et d’autre part une positivation du sujet en tant que dépendant du désir de l’Autre. Pourquoi ce mot de positivation ? Comment s’articulent ces deux positivations ? Ce sont deux questions qu’on est amené à se poser. Pour ce qui concerne la jouissance, on voit précisément de quoi il s’agit. C’est quelque chose qui n’est pas de l’ordre de l’expérience visuelle, comme le voulait Freud, parce que ce qui est de l’ordre de l’expérience visuelle est au contraire une négativation, à quoi Lacan a donné son symbole avec l’écriture –φ. Ici nous sommes renvoyés à la perception du manque de pénis chez la mère, telle qu’elle est répertoriée dans les observations freudiennes. Cette expérience est une négativation : le phallus est posé comme marqué du signe moins, il est caché ou il est absent, c’est cela qui se passe dans cette clinique, orientée par un primat accordé à l’imaginaire.
Le champ que privilégie Lacan est d’un autre ordre. Il vise, non plus une négativation, mais une expérience du sujet où celui-ci est en proie à une jouissance qui fait intrusion d’une façon positive. Ce sont par exemple les érections, et la jouissance qui va avec, qui submergent le champ subjectif de Hans. C’est sur ce point d’appui que Lacan assoit son interprétation de la phobie de Hans. Le jeune H. Graf fait l’expérience énigmatique de la jouissance de l’érection. Cette jouissance fait intrusion et l’oblige à un remaniement d’un monde de significations, comme en témoigne le flot abondant des productions imaginaires auquel il est alors contraint. Dans ce moment d’éclosion de la phobie, la jouissance phallique qui était en attente se trouve déclenchée et mise en action.
La positivation du sujet dépend, elle, du désir de l’Autre. Là ce qui fait office d’Autre pour le sujet, c’est son propre corps. Et Lacan en distingue ce qui est de l’ordre du désir de l’Autre. J.-A. Miller note que la notion de positivation du sujet n’est pas aisée à soutenir dans la mesure où l’écriture du sujet comporte à l’opposé une négativation sous la forme de la barre dans l’écriture $. Il faut donc surmonter cette difficulté et concevoir que nous avons en attente dans la structure, le rapport du sujet au désir de l’Autre qui, lui, est positif, et qu’au moment où fait irruption la jouissance positivée, en même temps le sujet tombe sous la dépendance du désir de l’Autre. Hans a des érections, il éprouve cette jouissance phallique, et en même temps il est confronté à la mère, au désir énigmatique de la mère. Qu’est-ce qu’elle lui veut ? Elle rentre dans sa chambre, elle le prend avec elle dans son lit. Voilà ce qu’est la positivation du sujet. C’est l’actualisation du désir de l’Autre auprès du sujet. Là nous avons donc une écriture juxtaposée qu’utilise Lacan, désir-jouissance : désir de l’Autre et jouissance auto-érotique. Lacan présente ainsi cette confrontation du sujet au désir de l’Autre dans le Séminaire XVI : « Ce qui nous sollicite d’une façon toujours plus vive à mesure que progressent davantage les impasses où nous coince le savoir, ce n’est pas de savoir ce que l’Autre sait, c’est de savoir ce qu’il veut. C’est la question fondamentale en toute démarche psychanalytique [18] ».
Dans un cas analysé par Hélène Deutsch, que Lacan reprend, il s’agit d’un jeune garçon qui a une phobie des poules. Lacan rappelle que l’image du corps est liée à une propriété essentielle dans l’économie libidinale, qui est la maîtrise motrice du corps. « Grâce à cette maîtrise motrice [19] », écrit Lacan, je le cite : « l’homme […] se déplace sans jamais sortir d’une aire bien définie, en ceci qu’elle lui interdit une région centrale qui est proprement celle de la jouissance […]. C’est par là que prend son importance l’image du corps telle que je l’ordonne de la relation narcissique [20] ». Dans le rapport qui s’établit du sujet au champ de l’Autre, la fonction de l’Idéal du moi réalise la conjonction du petit a et de l’image du corps. C’est ce qui se passe au niveau de la phobie.
Chez le patient d’H. Deutsch, il y a un premier temps qui précède l’éclosion de la phobie. À l’époque, antérieure à la phobie, le jeune garçon accompagnait sa mère qui allait auprès des poules faire la cueillette des œufs. Sa mère lui avait appris comment palper le cloaque de ces volailles pour percevoir si l’œuf est là. Elle revenait le lendemain pour cueillir l’œuf quand l’œuf était dans le cloaque le jour précédent. C’est ce qui intéressait au plus haut point l’enfant, de sorte que, quand il se faisait baigner par sa mère, il lui disait d’en faire autant sur son propre périnée, il lui demander de lui palper le périnée. Par là il se désigne comme aspirant à offrir à la mère l’objet pour lequel elle montre un intérêt si particulier. Ce premier temps peut s’énoncer ainsi : « Puisque les œufs ça t’intéresse, il faut que je t’en ponde ». Le deuxième temps est celui de l’éclosion de la phobie. Un frère aîné, tout à fait au courant de ce qui se trame dans la basse-cour, le saisit un jour par derrière lui disant : « Moi je suis le coq et toi tu es la poule ! ». Le cadet se défend et déclare : « I won’t be the hen ! », « Je ne veux pas être la poule ». Pourquoi dit-il non ? Se demande Lacan. Alors que le temps d’avant, il se trouvait si bien d’être, pour la mère, une poule de plus, une poule de luxe. Celle qui n’est pas dans la basse-cour.
Reprenons les choses dans l’ordre où elles s’enchainent. Dans le premier temps l’enfant se satisfait d’être la poule de luxe de la mère et de lui fournir l’objet petit a de son fantasme. Ceci est possible pour autant que cette relation se déploie exclusivement dans le registre imaginaire. Dans un deuxième temps, l’angoisse survient quand cette relation vire au réel, entre les mains du frère, lorsqu’il est soumis à son pouvoir. Il devient réellement la poule, l’objet du frère. C’est à ce moment que se réalise la conjonction du petit a et de l’image du corps, quand l’enfant tombe sous l’emprise de l’Idéal du moi qu’incarne le frère. Et il dit non. Face à l’emprise du désir de l’Autre, il se remparde en faisant passer la poule d’un registre à l’autre, de l’imaginaire au symbolique. La poule acquiert alors une fonction parfaitement signifiante. Désormais il a peur des poules. La poule délimite le périmètre au-delà duquel il ne veut pas s’aventurer. Lacan condense en une phrase ce moment d’éclosion de la névrose où s’articule cette co-positivation de la jouissance et du désir, en écrivant, je le cite : « là se désigne le point d’entrée par où la structure du sujet fait drame ». Ce qui reste à penser, commente J.-A. Miller, c’est l’articulation de la structure et du drame, c’est-à-dire de la synchronie de la structure, où tout est déjà là, et de la diachronie du drame, moment où les termes se nouent et fusent à l’occasion.
C’est entre structure et drame que s’inscrit le récit que l’on peut faire de l’expérience du sujet. Examinons le moment où émerge chez un sujet l’impasse du sexe et voyons comment trouve à s’incarner cette clinique-structure dans le cas d’une femme en analyse au moment où la structure du sujet se fait drame. C’est une toute jeune femme. Elle a cinq ans. Naturellement elle vient rencontrer l’analyste accompagnée par ses parents. Ils sont donc là, le père, la mère, la fille et tout le saint-frusquin. La mère a les deux bras pris, ce qui l’empêche de me serrer la main. À droite elle porte un grand couffin d’où émerge un pull, une parka et une large écharpe, que surmonte un manteau tandis qu’elle tient à la main un parapluie. Du côté gauche elle a empoigné un sac à provisions et saisit dans le même mouvement un filet chargé de courses, avant d’accrocher à son avant-bras un casque de motocycliste.
Elle entre dans le bureau avec sa fille accrochée à ses basques et se décharge aussitôt de son encombrant fardeau qu’elle étale à ses pieds. Le père, les mains dans les poches, ferme silencieusement la marche. Face à ce touchant spectacle du désordre familial, je me dis que la séance ne sera pas longue. Elle sera ultra courte. La mère explique qu’ils sont venus consulter un analyste parce que leur fille fait des crises et se roule par terre pour un oui, pour un non. Le père donne sa version : elle ne supporte pas la frustration. Je tente, sans illusion, une percée en direction de la jeune personne. Serait-elle d’accord pour rester avec moi ? Je voudrais lui montrer quelque chose. Elle manifeste en larmes un refus opiniâtre. Je coupe court à ce très bref entretien, en expliquant aux parents qu’il est inutile d’insister, et, m’adressant à la demoiselle, lui propose de la revoir la semaine suivante. Je ne mentionnerai pas son prénom sauf à dire qu’il jouit d’une certaine notoriété pour avoir été porté par une femme connue pour son franc parler. Sans autre commentaire je reconduis la petite troupe et salue chacun chaleureusement.
Je laisse les choses faire leur effet, avant de prendre mon téléphone vingt-quatre heures plus tard, pour appeler la mère. Je lui explique avec moult circonlocutions à quel point je m’étais trouvé fort dépité de n’avoir pas pu recevoir leur fille, et qu’entre temps il m’était venu une idée, que j’aimerais lui soumettre, et qu’elle me dirait ce qu’elle en pense, que si elle était disposée elle pourrait venir me voir, elle seule, pour m’expliquer ce qu’il se passait, et que ceci pourrait peut-être débloquer quelque chose. Elle est ravie, elle me remercie de l’avoir appelée et accourt aussitôt deux jours plus tard. Elle vient, libre comme l’air, débarrassée du poids de tout ce qui l’encombrait la fois précédente. Elle a beaucoup de chose à dire. La séance sera longue. La mère est douloureusement affectée par ce qui arrive à sa fille, parce qu’elle se reconnaît dans ses crises. Elle a elle-même, enfant et adolescente, connu de ces expériences où elle s’affrontait inexplicablement à sa mère. Elle sait que sa fille souffre. Celle-ci lui a confié son désarroi et lui a dit qu’elle ne savait pas pourquoi elle faisait ces crises. Le père lui, n’y voit que caprice et s’enferre face à l’enfant dans un affrontement stérile. La mère indique enfin qu’à la suite de notre brève rencontre, sa fille s’était montrée tout à fait apaisée, et avait demandé avec curiosité ce que le docteur voulait lui montrer. À quoi la mère avait répondu qu’elle-même ne savait pas, et que si elle voulait le savoir, eh bien, il fallait qu’elle aille voir.
Au jour dit le père et la fille sont dans la salle d’attente. M’avançant vers eux, je fais un petit signe de la tête à l’adresse de la délicieuse créature pour l’inviter à me suivre. C’est ce qu’elle fait et pénètre triomphante dans le bureau d’un pas assuré. Elle est visiblement satisfaite de la tournure des évènements. Je lui ai accordé la première manche la dernière fois, bonne joueuse elle est fière de me concéder aujourd’hui le second set. Au passage elle s’est emparée d’un petit porte-monnaie qu’elle a subtilisé au père, et qu’elle brandit comme un trophée. Elle l’ouvre pour en explorer le contenu. Elle n’en extrait, un peu déçue, que quelques tickets de caisse, qui lui paraissent dénués d’intérêt. Elle referme le petit l’objet et le pose à côté d’elle, puis s’installe face à l’analyste les bras croisés, l’air de dire : « À vous de jouer professeur, montrez-moi comment vous vous y prenez avec une langue bien pendue comme la mienne ». Alors on avance la question de savoir si elle serait prête à faire un dessin. Elle accepte sur le champ et demande un crayon noir, un rouge et un autre rose.
Elle commence à dessiner dit-elle, « un bonhomme ». Elle trace les deux jambes d’un pantalon qu’elle s’emploie à colorier en rose. Puis elle dit : « c’est une fille » et s’empare du crayon noir pour dessiner au niveau de l’entrejambe du personnage une grosse masse arrondie qu’elle colorie en noir. Je tombe dans le piège qu’elle me tend et lui demande ce que c’est que cette tâche noire. Elle marque le point et me regarde l’air narquois, sans répondre, semblant dire : « Alors gros bêta, tu ne sais pas ce que c’est, toi qui es supposé tout savoir. Tu donnes ta langue au chat ? ». C’est moi qui suis à la question. Je reste coi. Elle médite longuement sa réponse. Au bout d’un moment elle me tire de mon silence en décochant ce trait : « C’est sa culotte ! » pour me faire comprendre : « Ben voyons tu ne sais donc que ce que c’est qu’une fille ! ». Ensuite elle reprend son dessin pour dire à nouveau : « c’est un bonhomme », puis : « c’est une fille », et cette fois pour qu’on comprenne bien de quoi elle parle elle ajoute, dit-elle, « du rouge à lèvres » et écrase d’un trait épais de couleur rouge la bouche du personnage. Sur ce je clos la séance. Cet échange à fleurets mouchetés nous fait entrer dans le jeu où chacun a payé son écot. Désormais cette jeune hystérique décidée accepte de poursuivre la partie. Nous pouvons convenir de nous revoir une semaine plus tard.
La suite est contenue en germe dans cette séquence inaugurale où l’on voit le sujet s’extraire du face-à-face phallique avec le père pour déployer sa question sur le sexe, si tant est que, comme l’écrit Lacan : « l’incertitude à l’endroit du sexe propre est justement un trait banal dans l’hystérie [21] ». Que s’est-il passé ? Il est remarquable que ce jeune sujet présenté par ses parents affecté de ce symptôme : « Elle fait des crises, elle se roule par terre », lorsqu’elle est invitée à prendre la parole énonce clairement ce qui l’agite, soit l’énigme de son sexe soudain actualisée. C’est ainsi que s’exprime Lacan quand il interprète le cas de phobie infantile de Hans, où il évoque l’enfant, « laissé en plan par […] son entourage symbolique, devant l’énigme soudain actualisée […] de son sexe et de son existence [22] ». Dans notre cas il ne s’agit pas d’une phobie. Hans avait peur du cheval qui se roule par terre. Elle, elle prête son corps à la formation du symptôme. Elle se roule par terre en proie à une jouissance phallique récalcitrante.
Lacan relevait que Hans s’affrontait à l’énigme de la tâche noire sur la bouche du cheval. Cette tâche noire résistait à l’analyse conduite par Freud. Dans son commentaire du cas repris à l’occasion de son Séminaire sur La Relation d’objet en 1957 [23], Lacan laissait en marge cette tâche noire, résidu de son analyse signifiante du cas à cette époque. Le geste de notre patiente est sans équivoque. Elle ne dessine pas un trait vertical, attribut phallique, entre les jambes du personnage, comme le fait Hans dans son dessin de la girafe. Elle place la tâche noire à l’endroit du corps où s’articule sa question, retrouvant la voie du peintre Vélasquez dans le portrait de sa jeune infante quand il peint les Ménines, telle que l’interprète Lacan dans son Séminaire de « L’objet de la psychanalyse » en 1966 [24].
Le dérangement dont témoigne les symptômes de la jeune patiente, traduit « le rapport de travers qui sépare le sujet du sexe [25] », comme le mentionne Lacan dans son écrit « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien ». L’embarras où elle se trouve devant l’énigme du corps sexué, où elle balance entre garçon et fille, dit la faillite du signifiant quand il s’agit de représenter la bipolarité du sexe. Dans son écrit « Position de l’inconscient », Lacan formule ainsi l’impasse du sexe : « Il n’est pas d’autre voie [que celle de la pulsion] où se manifeste dans le sujet l’incidence de la sexualité. La pulsion en tant qu’elle représente la sexualité dans l’inconscient n’est jamais que pulsion partielle. C’est là la carence essentielle, à savoir celle de ce qui pourrait représenter dans le sujet, le mode de son être de ce qui y est mâle ou femelle », et plus loin il ajoute ceci : « Ce que notre expérience démontre de vacillation dans le sujet concernant son être de masculin ou de féminin, n’est pas tellement à rapporter à la bisexualité biologique, qu’à ce qu’il n’y a rien dans sa dialectique qui représente la bipolarité du sexe [26] ».
Notre jeune analysante n’est pas dépourvue de recours au regard de ce vide symbolique. Elle démontre brillamment son usage du Witz. À la question prosaïque d’un Autre un peu pataud « Qu’y a-t-il dans l’entrejambe du sujet ? » elle répond maligne : « Une culotte ! ». La culotte a une fonction, elle masque la tâche noire qui signale le défaut du signifiant à l’endroit de l’énigme du sexe. Les sexes sont deux, l’image du corps s’impose comme un réel, mais le symbole défaille quand il s’agit de nommer l’être sexué. Lacan n’a cessé de se poser la question de savoir comment le sujet surmontait cette impasse. Il en est ainsi venu à concevoir une singulière logique de la sexuation où, le prédicat phallique qui était censé, selon Freud, répartir chacun des deux sexes, se trouve doublé d’un dire que non où s’affirment deux positions subjectives. Exception côté mâle, pas-tout sur le versant féminin.
Cette toute jeune femme sait déjà que dans l’ordre sexuel, il ne suffit pas d’être, il faut encore paraître. Le rouge à lèvres vient alors comme semblant féminin, voiler et manifester à la fois le réel d’une jouissance diffuse et insituable. Pendant la séance, quand elle n’est pas occupée à dessiner, elle met dans sa bouche les doigts des deux mains pour écarter dans tous les sens les deux lèvres de sa bouche. Celles-ci sont rouges et légèrement boutonneuses.
Dans sa « Télévision » Lacan ponctue ainsi une question de J.-A. Miller sur la répression qui porterait sur le sexe : « Même si les souvenirs de la répression familiale n’étaient pas vrais, il faudrait les inventer » et il poursuit : « L’impasse sexuelle sécrète les fictions qui rationalisent l’impossible dont elle provient. Je ne les dis pas imaginées, j’y lis comme Freud l’invitation au réel qui y répond. [27] »
Notre sujet affiche sa division face au maître, elle consent à livrer une part de son intimité en réalisant un dessin qu’elle assortit d’un bref commentaire. C’est pour mettre le maître au défi de produire un savoir sur sa vérité, en lui soumettant l’énigme de la tâche noire. Le maître se tait, alors c’est à elle d’y aller et elle crache ce premier signifiant-maître : la culotte.
Quelle interprétation s’indique dans ce cas ? Il y a d’abord une coupure inaugurale qui a consisté à clore sans appel la première séance, pour rompre avec la demande parentale, et laisser le champ libre à la protestation du sujet, qui refuse de se soumettre à la sollicitude de ceux qui veulent son bien et le conduise chez l’analyste. Ce non du sujet peut alors révéler son envers d’affirmation. Dès lors une autre scène se dégage où une rencontre est possible. Lors de la seconde séance notre aimable rusée s’avance au pas de charge, elle est prête à relever le gant. À l’analyste de démontrer qu’il saura à la fin, toucher. Quelle est l’interprétation qui ponctue le discours du sujet ? L’analyste se tait et interrompt la séance sans plus d’explication. Le sujet repart, chargé du poids de ce qu’il vient de concéder au désir de cet Autre énigmatique. Toute intervention bavarde de l’analyste, dans ces circonstances, n’aurait pu qu’être inopportune, dans la mesure où elle n’aurait eu pour effet que de soulager le sujet du poids de ses paroles, en donnant, un sens prématuré à ce qu’elle s’est surprise à dire à son grand dam.
[1] Conférence introductive au thème de l’année 2019-2020 : « Lacan et son concept de jouissance », le 15 octobre 2019 à Nantes. Transcription : Séverine Buvat et Dominique Rayneau.
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2006.
[3] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Illuminations profanes », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, 2005-2006, dont une part a été publiée : Miller J.-A., « Une lecture du Séminaire D’un Autre à l’autre », La Cause freudienne, n°67, octobre 2007, p. 99-131.
[4] Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, op. cit., p. 45.
[5] Ibid., p. 251.
[6] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975.
[7] Miller J.-A., « Les six paradigmes de la jouissance », La Cause freudienne, n°43, octobre 1999, p. 7-29.
[8] Lacan J., « Kant avec Sade », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 765.
[9] Ibid., p. 766.
[10] Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, op. cit., p. 335.
[11] Ibid.
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] Lacan J., « La science et la vérité », Écrits, op. cit., p. 877.
[15] Ibid.
[16] Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, op. cit., p. 321.
[17] Ibid.
[18] Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, op. cit., p. 304.
[19] Ibid., p. 305.
[20] Ibid.
[21] Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », Écrits, op. cit., p. 546.
[22] Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, op. cit., p. 519.
[23] Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La Relation d’objet, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994.
[24] Lacan J., Le Séminaire, livre XII, « L’objet de la psychanalyse », inédit.
[25] Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien », Écrits, op. cit., p. 799.
[26] Lacan J., « Position de l’inconscient », Écrits, op. cit., p. 849.
[27] Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 532.