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Nouvelle Série, L'Hebdo-Blog 206, Édito

Éditorial : Body

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Il est fréquent d’entendre qu’il n’en fait qu’à sa tête – c’est déjà lui en supposer une, et, du coup, compter jusqu’à deux. Est-ce avec cette tête qu’advient une mentalité ? Pas sûr, mais des pensées, des idées, oui et puis, tout un tralalala : des histoires et des symptômes. C’est là le corps décerné, celui qui nous vient de l’Autre.

Pour une part seulement, pas pour tous, pas tout le temps, le corps est cette surface où s’inscrit la trame de la vie qu’il supporte, alors le sujet croit pouvoir se compter deux, tel que l’indique la fréquence de la formule « j’ai une relation compliquée avec mon corps… » : son corps et lui, ça fait deux.

Quelquefois, ce partenaire devient tellement Autre, que tout partenariat en est rompu, le sujet ne peut s’accommoder à ce corps, et ce n’est plus tout à fait de relations dont il s’agit alors, même compliquées ; mais bien d’étrangeté – tel ce jeune homme expliquant comment il doit disposer ses jambes et ses bras dans le lit, de façon à ne pas sentir le contact de son propre corps. L’en-trop de corps indique parfois la proximité du trou.

D’apparence donc, le corps est la plus concrète des dimensions du parlêtre, mais il n’en est pas moins le registre le plus difficile à appréhender d’être à la jonction de la chair et du sujet, entre biologie, sphère et ombilic où la pulsion circule – elle-même tresse de vie brute et de rencontres trop ou troumatiques.

Plusieurs dimensions se nouent, dans le meilleur des cas, sur son dos, il est alors support d’un nouage qui l’institue lui-même dans sa consistance. Allez donc vous représenter pareille chose ! Ce n’est pas pour rien que Lacan, dans son dernier enseignement, cherche – avec l’aide de la topologie, du tore, des nœuds, des chainoeuds, des ficelles, des couleurs même et ce, jusqu’à la poésie du souffle [1] – à serrer ce point au-delà la représentation, au-delà du manque, au-delà de l’ineffable même.

Jusqu’à cette scansion : le « réel, dirai-je, c’est le mystère du corps parlant, c’est le mystère de l’inconscient » [2] qui inaugure un savoir nouveau : le « mode d’inscription, c’est un trou. La marque réelle, c’est un trou qui fait que des signifiants deviennent inoubliables pour celui qui les a reçus » [3]. Scansion qui pourrait bien être, comme ce numéro en témoigne, une invitation à « faire varier le thème du corps dans la dimension de l’imaginaire » [4].

[1] « Voyez-vous, notre métier est de démontrer l’impossibilité de vivre, afin de rendre la vie tant soit peu possible. Vous avez vécu l’extrême béance, pourquoi ne pas l’élargir encore au point de vous identifier à elle ? Vous qui avez la sagesse de comprendre que le vide est Souffle et que le souffle est métamorphose, vous n’avez de cesse que vous n’aurez donné libre cours au souffle qui vous reste » (Lacan J., cité par F. Cheng, in L’Âne, n°25, février 1986, p. 55).

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 118.

[3] Laurent É., « L’inconscient et l’événement de corps », entretien, La Cause du désir, n°91, novembre 2015, p. 25.

[4] Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant », La Cause du désir, n°88, octobre 2014, p. 108.

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