Focus

« Transparent », au-delà du genre

Transparent n'est pas une série pour raconter comment les usages sexuels changent ceux qui les pratiquent. Il s'agit plus exactement d'attraper comment celui qui en parle est changé d'en parler. À lire aussi sur le blog: « Qui, de Valmont ou Merteuil, mène la danse? », par Elisabeth Marcenac

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L’ACF vers le XE Congrès de l’AMP

Le Congrès de l’AMP c’est aussi sa préparation dans les ACF. L’Hebdo-Blog, par l’intermédiaire de Philippe Cousty, a posé trois questions à Adela Bande-Alcantud, responsable avec Thierry Jacquemin de la diffusion, en Belgique et en France, du Xe Congrès de l’AMP en 2016 à Rio.

Philippe Cousty – Les ACF, par leur diversité et leur nouage souple à l’École, peuvent être un outil dans la diffusion de la préparation de ce Congrès. Selon vous, sont-elles une chambre d’écho au travail de l’AMP, une courroie de transmission du Congrès ou s’agit-il encore d’autre chose ?

Adela Bande-Alcantud  Sans les collègues délégué(e)s des ACF, la mission de diffusion du Congrès de l’AMP en Belgique et en France serait mission impossible. Les ACF, dont je rappelle que le but premier est l’étude de la psychanalyse, « incarnent la présence de l’École de la Cause freudienne »[1]. Plus qu’un outil, elles sont une nécessité pour l’École mais aussi pour l’AMP.

Les ACF orientent leurs thèmes d’étude sur la question du corps et sur les concepts du dernier enseignement de Lacan à partir du texte de J.-A. Miller « Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle »[2]. En voici un petit florilège.

Dans les régions, séminaires internes, colloques, cartels et bulletins des diverses ACF se sont mis en mouvement vers le Congrès. Ainsi les séminaires mettront à l’étude à Bastia « Penser la jouissance positive comme celle d’un corps qui se jouit »[3], à Clermont-Ferrand « Le corps parlant », à Metz « Corps et psychosomatique », à Nancy « Parler la langue du corps », à Nantes/St-Nazaire « Lacan et sa conception du corps parlant », à Saint-Pierre de la Réunion « Le corps ça se jouit », à St Quentin « Lire la clinique : impact de la parole »…

Des soirées sont organisées partout en France, à Rennes l’ACF explore « Les paradoxes de la pulsion », à La Rochelle « L’inconscient et le corps parlant ». Mais aussi des conférences : à Angoulême sur « Le corps et ses addictions », à Niort et à Vannes-Lorient sur la question du corps articulée à la fin de l’analyse et à la passe.

Des sections cliniques associées à des ACF mettent au programme la clinique du corps.

Un colloque, « Folies, ce qui ne cesse pas », vient d’avoir lieu à Amiens. Pour le premier trimestre 2016 sont déjà annoncées : à Bruxelles une journée d’étude « Corps et résonances », à Gand une journée clinique avec le Kring voor Psychoanalyse de la NLS, à Montpellier une demi-journée sous le titre « Écrire, en-corps », à Paris un après-midi d’étude « Vers le Congrès de l’AMP » et trois soirées de l’Envers de Paris « La civilisation du corps et son malaise » , à Rennes une journée « Idolâtrie du corps, haine de soi », à Rouen, une journée « Les maux du corps, le poids des mots », enfin à Strasbourg, le colloque « Corps douloureux ».

Chaque ACF prépare le thème du Congrès selon sa singularité et sa particularité régionale. Ainsi, à Saint-Denis de la Réunion, la question du corps pour les transgenre ou transidentitaires sera travaillée avec une association réunionnaise de lutte contre les discriminations concernant les LGBT.

Last but not least, les cartels préparatoires au Congrès de l’AMP exposent leurs produits à ciel ouvert. En Mayenne, un cartel propose trois séances cinéma-psychanalyse/débat (sur l’année) avec les films Tomboy de Céline Sciamma, La Moustache d’Emmanuel Carrère, Nos séances de luttes de J. Doillon. À Nice, un cartel constitué sur le thème du « corps parlant » expose ses travaux lors d’un après-midi.

Ph C – Quelle place l’École leur donne-t-elle ?

AB-A – Laure Naveau, correspondante de l’ECF pour l’AMP, a souhaité une coordination des efforts pour la diffusion du Congrès de l’AMP avec deux membres de l’ECF. Thierry Jacquemin et moi-même avons accepté d’assurer cette mission.

Ph C – Comment a-t-elle pensé leur articulation à ce congrès ?

AB-A – T. Jacquemin et moi-même avons proposé aux délégué(e)s régionaux de l’ACF d’écrire un court texte sur un item du Scilicet, pour une articulation au un par un, venant de Belgique et de France, avec le travail de l’École Une et vectorisé par le thème du corps parlant. Nous avons donc invité chacun à choisir un seul article parmi les quatre-vingt-quinze items recensés dans le bel ouvrage collectif Scilicet, Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle qui réunit les travaux de membres des sept Écoles. Pour ces nouveaux textes, j’ai proposé le nom Flash de l’ACF sur le corps parlant. Et Marcus André Vieira, le Directeur du Xe Congrès de l’AMP, souhaite les faire publier sur le site du congrès.

[1] Alberti C., Document d’information, AG de l’ECF, 2014, inédit.

[2] Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant – Présentation du thème du Xe Congrès de l’AMP à Rio en 2016 », Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle, Paris, Scilicet, Collection rue Huysmans, p. 21-34, 2015.

[3] Miller J-A., « L’orientation lacanienne. L’Être et l'Un », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de Paris VIII, 2011, inédit.

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« Les voies inédites »[1] du congrès de l’AMP à Rio

Dans cinq mois nous serons à Rio, là où Marcus André Vieira, directeur du congrès de l’AMP 2016, nous promet que nous serons « initiés à une façon brésilienne de vivre la psychanalyse et l’enseignement de Lacan ! »[2]. L’ombre qui a recouvert Paris en ce mois de novembre dernier était « couleur de cataclysme, d’orages et de cuivre »[3], comme l’a écrit Mireille Havet dans son Journal le mardi 11 octobre 1921. Aujourd’hui, nous apprenons à faire avec cette ombre et c’est le désir qui nous porte et nous pousse à ne pas fléchir mais, au contraire, à poursuivre dans notre engagement pour la cause analytique. Le congrès de l’AMP à Rio s’annonce comme un tourbillon de concepts nouveaux pour notre communauté de travail. Déjà le 17 avril 2014 à Paris, Jacques-Alain Miller, dans sa conférence de clôture du précédent congrès, nous l’avait annoncé : Rio sera le lieu où s’élaborera la psychanalyse du XXIe siècle. L’enjeu est capital. Il s’agit, en effet, de repenser les concepts du dernier enseignement de Lacan à la lumière de la pratique analytique d’aujourd’hui. J.-A. Miller le dit très précisément : « La psychanalyse change, ce n’est pas un désir, c’est un fait ».[4]

Cette conférence est notre boussole. C’est ligne à ligne que nous avons appris à la lire et à la travailler. Des modifications sont intervenues dans la société qui mettent en lumière les changements dans la sexualité avec la diffusion, à grande échelle, de la pornographie. Face à cette clinique, nous avons à reprendre les concepts classiques de la psychanalyse avec les différents statuts du corps, de l’inconscient, du symptôme et de la sublimation à partir du dernier enseignement de Lacan. Cette conférence nous bouscule, nous interpelle, tant elle donne la mesure de cette urgence à avancer pour nous tenir à la hauteur des changements déjà en cours.

Pour la préparation du congrès des travaux et des publications sont parus ; ce sont des outils précieux pour nous aider à opérer ce changement de perspective. Ils foisonnent : Scilicet, Papers, textes d’orientation, Skabô, Pièces détachées du site de l’AMP, etc. Ils témoignent de l’ardeur et de l’implication de chacun pour répondre à la question de Lacan à la fin de son « Allocution sur les psychoses de l’enfant » quand il dit : « quelle joie trouvons-nous dans ce qui fait notre travail ? »[5] Voilà ce qui nous porte à nous engager d’un pas plus assuré vers ces « voies inédites » qu’évoque J.-A. Miller. Ces écrits seront donc notre viatique pour nous rendre au congrès de l’AMP. Cependant, il y a un au-delà de la lecture des textes et de la préparation du congrès, qui ne sont que les prémices de l’événement attendu ; cet au-delà passe par la présence « en-corps » des analystes sur le lieu du congrès. De cette rencontre dans le bruissement des langues, un work in progress est attendu.

« Le corps parlant – L’inconscient au XXIe siècle » s’entend déjà comme une invitation au voyage  au pays sans frontières du corps du parlêtre, du sinthome et de l’escabeau[6]. Le corps parlant c’est un mystère, une opacité, écrit Clotilde Leguil dans son éditorial de « Biblioparlant ». Elle précise que : « Le continent noir de Freud fut la féminité. Le continent noir lacanien serait celui du corps parlant »[7]. Voilà une perspective qui s’inscrit dans le XXIe siècle comme du nouveau ! Nous aurons à découvrir ce nouveau continent noir lors de ce rendez-vous qui scande, tous les deux ans, le travail de notre communauté analytique. Un rendez-vous à ne pas manquer !

[1] Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant » – Présentation du thème du Xe congrès de l’AMP à Rio en 2016, Scilicet, Paris, coll. Rue Huysmans, p. 22.

[2] Vieira M. A., « vers Rio », Interview de Marcus André Vieira par Patricia Bosquin-Caroz, disponible sur le site de l’AMP, www.wapol.org/fr/

[3] Havet M., « extrait du journal inédit », Élucidation 8/9, Paris, Verdier, hiver 2003-2004, p. 59.

[4] Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant », op. cit., p. 22.

[5] Lacan J., « Allocution sur les psychoses de l’enfant », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 369.

[6] Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant », op. cit., p. 21-34.

[7] Leguil C., éditorial, « Biblioparlant », disponible sur le site de l’AMP : www.wapol.org/fr/

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Le corps parlant, corps debout en route vers Rio

La seconde soirée de l’AMP à l’ECF, ce lundi 30 novembre 2015, fut passionnante. Gérard Wajcman a superbement décrit « l'esthétisation politique des corps » lors des Jeux Olympiques de Berlin sous le fascisme, qu’il a mise en relation avec l’exposé sur le stade du miroir prononcé, à la même époque, par Jacques Lacan, mettant ainsi l’accent sur le voyage que celui-ci a entrepris de Marienbad à Berlin. Puis Pierre Naveau a évoqué, avec une élégante clarté, « la résonance des mots sur le corps » ou les effets de lalangue sur le parlêtre, pas sans le psychanalyste.

Le ressort du mystère de l'inconscient au XXIe siècle – aux prises avec une jouissance opaque devant laquelle, aujourd'hui comme en 1936, le psychanalyste ne recule pas – y fut mis en lumière là encore avec finesse.

Après les interventions, lors de la première soirée, de Marie-Hélène Roch et d'Hélène Bonnaud, que l'on peut entendre, comme les deux suivantes, sur Radio Lacan, nous continuons à cheminer avec le texte d'introduction au Congrès, prononcé en 2014 par Jacques-Alain Miller, « L'inconscient et le corps parlant », devenu, depuis, notre boussole pour attraper ce thème passionnant sous ses multiples facettes.

Aussi, et pour reprendre ses termes, la substitution du parlêtre lacanien à l'inconscient freudien, qui « fixe une étincelle », se présente-t-elle comme « un index de ce qui change dans la psychanalyse au XXIe siècle, quand elle doit prendre en compte un autre ordre symbolique et un autre réel, que ceux sur lesquels elle s'était établie ».

Ce thème, qui invite en effet les psychanalystes à décliner en quoi la psychanalyse a changé et à le démontrer, prolonge, sous d'autres formes, le thème du réel dans la civilisation auquel nous sommes confrontés, qui avait été considéré au cours du précédent Congrès de l'AMP à Paris sur le réel.

Gérard Wajcman rappelle qu'au moment où Lacan entre en scène dans la psychanalyse avec la balayette du stade du miroir, « juste avant le grand vide viennois, le feu brûle ». Et c'est là le souci de Lacan. L'enjeu pour lui est donc, déjà, de se montrer à la hauteur du temps qu'il vit.

Il s'intéresse à la passion humaine pour le corps, à l'amour de l'homme pour son image, au moment même où, dans un stade olympique, tout un peuple communie dans l'image d'un corps aryen.

La thèse de Gérard s'appuie sur l'écrit de Walter Benjamin qui déplie le thème du « fascisme comme esthétisation de la vie politique » et de la construction du peuple allemand comme œuvre d'art. Le point vif que souligne Gérard est que, dans cette esthétisation de la guerre qui promeut la foule et « la communauté du peuple », chacun renonce à être parlant et à se compter comme Un au milieu des autres : « La foule ne parle pas, elle chante, elle crie ».

Ce qui se joue au cœur de l'Europe est une guerre du beau, dont les juifs doivent être exclus.

C'est la beauté qui cache l'horreur, signal d'un réel à venir, la destruction des corps, jusqu'à la solution finale. C’est le stade préalable au massacre, repéré, dit Gérard, par Lacan. Destruction des traces mêmes.

Jouir du spectacle de la destruction des corps est donc le paradigme de cette époque, mais en sommes-nous sortis ?

Pierre Naveau, à l'inverse, montre en quoi, du corps parlant, il faut en parler. Car un dire dans le corps répond à ce qui, du signifiant, y résonne. Pierre montre ainsi en quoi c'est une voix, donnée au corps, qui produit un événement de corps. Et ainsi, aborde-t-il ce qui, de l'événement de discours, laisse des traces dans le corps.

Ce sont ces traces qui « dérangent » le corps et font symptôme, à condition, toutefois, note Pierre, et là est sa pointe, que « le sujet soit apte à les lire, à les déchiffrer ». Et comme cela ne peut se faire sans l'aide d'un psychanalyste, « le psychanalyste fait donc partie du corps parlant ». Par l'interprétation, le psychanalyste est alors celui qui désactive les bombes que les mots ont laissées sur les corps.

Il ne s'agit donc plus, selon ces deux points de vue éclairants, de taire une tragédie, mais bel et bien, dirais-je, de la dire.

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