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Affaire de discours

Par Patrick Roux
5 octobre 2015
Affaire de discours
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La formule lacanienne « Faire couple », mise en valeur à l’occasion des prochaines Journées de l’ECF, a servi de vecteur à deux cartels dédiés à cet événement. Il s’agissait d’échanger avec d’autres disciplines et – pourquoi pas – donner le désir de participer aux Journées. Comment le couple du XXIe siècle, adossé à de nouveaux semblants, tient-il le coup face à des pousse-à-jouir toujours plus débridés. « l’homme, la femme n’ont aucun besoin de parler pour être pris dans un discours » , remarque Lacan. Comment repérer les effets de ce discours « dans le champ dont se produit l’inconscient, puisque ses impasses […] se révèlent dans l’amour » . Pour trouver des réponses à ces questions, les cartellisants se sont tournés vers les fictions modernes, et notamment le cinéma. Leurs travaux ont été présentés à Marseille le 24 septembre 2015 lors d’une soirée des cartels.

Laurence Martin repère dans Amour fou de Jessica Haussner les effets mortifères d’une jouissance qui, bien que singulière, conduit ici deux a-mants à faire couple dans une mort commune. « Incapable de vivre mais [refusant] de mourir seul et sans amour », Kleist cherche désespérément une « âme sœur qui comprendra [sa] souffrance et sera semblable à [lui] afin [qu’ils puissent] mourir ensemble ». Contre toute attente, sa demande en suicide rencontre chez une femme, Henriette, un consentement. « Je vois la vacuité de mon existence telle que vous me l’avez décrite ». Le signifiant va alors percuter son corps dans une étrange maladie. L. Martin montre comment l’œuvre laisse deviner, sous les semblants du romantisme, un réel discordant. À la place même de l’amour fou, das Ding.

À sa manière, Alain Cavalier fait couple lui aussi avec une morte. La femme qu’il a aimée, disparue en 1972 dans un accident de voiture, est l’unique objet de son œuvre et le titre de son film Irène. Ne cherche-t-il pas, à travers son œuvre, à restituer ce qui manque à l’image pour symboliser la mort ? Telle est la question de Jennifer Lepesqueur. Comme affronté à une impossible métaphore, l’auteur s’attache à suivre métonymiquement les objets du quotidien d’Irène, comme autant de divins détails d’un manque à être, porté à l’incandescence par la perte. Irène voulait mourir, il en a la certitude. A. Cavalier préfère certes « être seul dans [son] tête-à-tête avec Irène » , mais il réussit par son art des semblants à faire frémir en nous ce qui, du non rapport sexuel et de la mort, reste muet, insaisissable. « Comment deux personnes aussi différentes qu’elle et moi pouvaient-elles faire route ensemble ? »

La réflexion de Ianis Guentcheff, à partir du film Les mains négatives , nous reconduit curieusement à ce nouage du cri et de l’écrit dont parle Lacan dans la même page. « Un homme et une femme peuvent s’entendre […] Ils peuvent comme tels s’entendre crier. Ce serait un badinage si je ne vous l’avais pas écrit. Écrit suppose, au moins soupçonné de vous […], ce qu’en un temps j’ai dit du cri » . Le film de Marguerite Duras est d’abord un écrit. Elle indique dans son recueil que l’écrit était inévitable, alors qu’il « était évitable de le filmer ». Nous sommes ici à la racine des conditions de structure qui font du faire couple, pour l’être parlant, à la fois une nécessité et un impossible. La main négative , parce qu’elle parvient à l’Autre et en raison de sa structure de coupure, est un cri. Telle est la thèse de I. Guentcheff : « Il n’y a pas trace d’un homme qui a crié, la trace est un cri. Un cri comme projection du vide insoutenable de l’être ». « Il y a au départ un exil de la langue de l’Autre. En résulte ce que M. Duras appelle le désir. Ce désir s’adressera à une femme » « J’appelle celle qui me répondra » , dit-elle. Pour M. Duras, le cri signe la préhistoire du désir en un temps où « le mot n’a pas encore été inventé ». Le manque à être est alors le premier partenaire, ce dont témoigne « la trace négative ». La partenaire du suicide, la partenaire du deuil, la trace négative… autant d’opérations qui consistent à faire passer du registre de l’objet imaginaire à une construction symbolique, faisant ainsi de ces couples fictifs autant de symptômes.

 

Numéro : L'Hebdo-Blog 45
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