Vers les 48e Journées de l’ECF : au pas hâté ![1]
Pas de vacances pour ce travailleur infatigable qu’est l’inconscient, la chose est bien connue. Toutefois, la pause estivale fut la bienvenue pour toutes les commissions, nombreuses et engagées comme jamais dans la préparation scientifique et l’organisation des 48e Journées de l’ECF. Oui, car l’été a permis de peaufiner le programme de cette rentrée, avec un numéro spécial d’Hebdo-blog consacré au thème du mariage et de la sexualité. La variété des articles que vous lirez s’allie à la singularité des styles, notre credo étant d’élargir au maximum le champ d’exploration du thème du mariage en laissant chacun l’interpréter selon ses goûts et ses désirs.
Au fait, peut-on parler de pause puisqu’au long de l’été, quelques bonnes pioches avec des citations puisées au sein d’une formidable bibliographie vous ont accompagné ? Ces semaines ont aussi été parsemées de gifs – modernité oblige – présentant de façon joyeuse, et quelque peu sexy, les axes de ces Journées.
Petit retour en arrière. Dès les deux premiers numéros du blog S’aile à mourre, des orientations des membres du comité scientifique avaient ouvert le bal[2]. En voici quelques-unes pour mémoire.
D’emblée, Alexandre Stevens[3] convoque la comptine française situant le mariage entre espoir et soumission :
« Gai, gai marions-nous
Mettons-nous donc en ménage
Gai, gai marions-nous
Mettons-nous la corde au cou »
Il note aussi que le mariage, loin de subir une désaffection, est plutôt tendance depuis qu’il est accessible à tous. C’est si juste.
D’où le fait que Gil Caroz[4] souligne que la décision d’ouvrir le mariage à tous émane d’un nouveau déchiffrage du monde d’après l’œdipe et la chute définitive du père. C’est l’ouverture à la joie du bricolage singulier qui exploite toutes les possibilités d’un signifiant pour organiser la jouissance. Voilà qui est dit.
Christiane Alberti[5] souligne quant à elle que le mariage divertit du Moi souverain. Entrer dans « la carrière du mariage » – la formule est de Lacan dans l’article sur les complexes familiaux – implique de contrer quotidiennement le complexe d’intrusion et l’insupportable de l’autre. Dignité du mariage, donc.
Enfin, de Marie-Hélène Brousse[6], nous retenons que le mariage est le symptôme d’une civilisation et de son système de parenté : « Le mariage est l’interprétation, l’effet de vérité, du type de lien social imposé par l’état du discours du maître ». Vaste programme épistémique, clinique et politique.
Arrêtons l’exposition du gain de plaisir à maintenir l’attention en éveil pour mesurer le chemin qui reste à parcourir jusqu’au W-Day. A vous de déchiffrer, chers collègues et lecteurs, de nouvelles perspectives.
L’organisation des J48 et moi-même vous souhaitons une belle rentrée sous le soleil d’automne de la psychanalyse lacanienne.
[1] Lacan mentionne le pas hâté du juge Bridoison du mariage de Figaro de Beaumarchais dans Le Séminaire, Livre XVI, D’un Autre à l’autre, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 2006, p.315.
[2] Cf. https://www.gaimarionsnous.com/category/gai-marions-nous/orientations/
[3] https://www.gaimarionsnous.com/2018/05/08/la-folie-du-mariage/
[4] https://www.gaimarionsnous.com/2018/05/03/le-mariage-post-oedipe/
[5] https://www.gaimarionsnous.com/2018/05/08/une-demande-poussee-jusquau-bout/
[6] https://www.gaimarionsnous.com/2018/05/08/le-mariage-comme-effet-de-verite/