Une souffrance devenue insupportable, un moment d’impasse subjective, un instant où tout bascule, une angoisse persistante, une inhibition massive sont quelques-unes des raisons exposées par celles et ceux qui font une demande de traitement au CPCT-Paris.
C’est le vacillement de ce qui faisait tenir le nœud du lien social, parfois noué précairement, qui conduit à faire une demande de parole au CPCT. L’effilochage du tissu qui soutenait le sujet précipite à une certaine urgence à dire.
Au CPCT-Paris, la première consultation tente de cerner au plus près le moment précis où un sujet décide de ne plus rester seul face à ce qui lui est devenu insupportable. Une certaine forme d’urgence subjective est souvent tangible, laquelle n’est pas à confondre avec l’urgence psychiatrique. Parce que parfois les urgences peuvent se recouper, la question diagnostique est un composant important du dispositif. Le traitement de seize séances qui est proposé peut être une opportunité pour éclaircir, trouver une issue, renouer ce qui a été rompu, mais il reste un dispositif modeste. Une décision éclairée s’impose à chaque fois : un traitement court peut convenir à certains moments, à d’autres pas.
Être entendu
L’écoute analytique n’est pas une proposition de dialogue, elle ouvre à une manière inédite d’être entendu, d’être questionné et d’être orienté à partir de sa propre énonciation. Ce qui produit des effets indéniables. Le premier entretien au CPCT-Paris cherche à décaler celui ou celle qui vient d’une parole tumultueuse et désordonnée pour le mener jusqu’à la formulation la plus précise que possible du moment d’impasse. La première consultation tente de dessiner les coordonnées qui entourent la plainte du sujet. Exit le « depuis toujours », le « tout va mal » et les diagnostics à l’emporte-pièce véhiculés par le discours commun.
Le premier entretien au CPCT n’est pas un entretien préliminaire à une cure analytique, mais il s’en inspire. Il cherche à obtenir une première réduction, condition nécessaire pour le traitement. Le pari de dire oui à un début de traitement au CPCT se fonde sur cette première réduction puisque le temps est compté.
Réduire implique extraire en suivant le fil du signifiant, en ne se laissant pas emporter par la glissade propre à la parole. Parfois l’extraction d’un signifiant isolé, d’une répétition, ou d’une nomination « fait interprétation » pour le sujet. Un mot peut faire mouche, version minime de l’interprétation.
Une manière discrète d’interpréter
Lors du traitement au CPCT, l’écoute s’articule à une manière discrète d’interpréter. Le traitement court exige encore plus de prendre les séances comme unités séparées pour suivre au plus près l’avancée du traitement et opérer. Le praticien intervient en soulignant, prélevant, coupant, recollant. La réduction propre au traitement court conduit à une pratique minimaliste de l’interprétation qui ouvre à un certain repérage. Un effet possible est celui de trouver une nouvelle manière de faire tenir, de renouer en incluant un aperçu du réel en jeu. Les effets thérapeutiques rapides sont à mettre en lien avec la découverte du sujet d’une manière précise de lire sa propre énonciation.
De l’universel au plus singulier
La clinique dans les CPCT et d’autres institutions de psychanalyse appliquée permet de mesurer combien le discours ambiant imprègne, égare, met dans le brouillard les parlêtres contemporains. Elle permet de saisir jusqu’à quel point les signifiants de l’époque sont convoqués pour parler par la voie de la généralisation, manière de dissoudre le plus intime.
« Comment pourrions-nous interpréter sans être au fait des formes contemporaines du discours universel ? […] Aujourd’hui, nous ne cessons d’être abreuvés [de] discours universel. […] [ce qui] conditionne notre pratique professionnelle »[1] note J.-A. Miller. C’est un point fondamental, les consultants et praticiens du CPCT-Paris, par leur recherche de précision, contrecarrent l’abrasement que les nominations généralistes de notre époque produisent, en ouvrant le chemin vers un dire singulier. Réduire peut faire interprétation, car en attrapant « un petit quelque chose »[2] le clinicien au CPCT ouvre à des nouvelles lectures, à chaque fois insoupçonnées.
Omaïra Meseguer
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[1] Miller J.-A., « Conversation d’actualité avec l’École espagnole du Champ freudien, 2 mai 2021 (I) », La Cause du désir, n°108, juin 2021, p. 51.
[2] Lacan J., « Conférence de presse du docteur Jacques Lacan », VIIe congrès de l’École Freudienne de Paris, Rome (1974), Lettres de l’École Freudienne, n°16, novembre 1975, p. 15.