Une fois que l’on laisse derrière nous le rêve du psychanalyste s’imaginant à l’abri des fureurs du monde dans la splendeur de la solitude – fut-elle à deux – il reste à déduire positivement sa position dans le champ politique et spécialement son rapport au maitre de son temps. On voit ce qu’elle ne peut être : ni pur rebelle héros de la vérité impuissante, ni dénonciateur du désordre du monde qui ne fait que lui donner encore plus de consistance, ni à l’envers serviteur zélé du maitre fut-il plus éclairé que despote.
La leçon des évènements de 2017 est que pas toutes le figures du Maitre s’équivalent. Nous avons fait un choix clair et tranché de refuser la voie Le Pen, et donc de voter pour un candidat dont on ne peut ou non apprécier le programme mais dont on ne peut nier que son rapport à la démocratie mérite le respect.
Ce choix outre qu’il fait apparaitre les psychanalystes dans un champ qui en a surpris plus d’un, souligne que si aucun maitre ne peut convenir à la psychanalyse puisqu’elle est son envers, pas tous s’équivalent pour autant. Pour que le discours analytique advienne il est nécessaire que d’autres discours tiennent leurs places, qui sont déjà un traitement réglé des jouissances, pour que de leur impossibilité apparaissent les restes, les déchets dont nous faisons notre objet. Et pour permettre la Conversation que nous appelons de nos vœux dans le champ du politique, il convient aussi de s’assurer que la figure dominante du Maitre contemporain ne soit pas réduite au fondamentalisme qui ne connait que le Un de l’Autre et non sa division.
Sans doute pourrions-nous aussi nous éclairer avec cette phrase de Lacan à Milan en 1972 – qui pour moi est toujours un peu énigmatique mais stimulante – lorsqu’il indique : « Ce qu’il faudrait, c’est arriver à ce que le discours du maître soit un peu moins primaire, et pour tout dire un peu moins con ». Ne serait-ce pas aussi au moins un peu notre responsabilité d’orienter nos efforts en ce sens ? Comment c’est possible reste à inventer.