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« Moi, je suis moi », vraiment ?

Par Adeline Suanez
11 mai 2025
Édito

Philippe Cognée, pensionnaire peintre, le 4 janvier 1991. (fragment de la série "Un portrait de la Villa Médicis, 1990-1991") ©Max Armengaud

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Sous le titre « L’identité, une affaire de famille ?1 », Virginie Leblanc-Roïc interroge ce qui pourrait paraître aujourd’hui une évidence. S’appuyer sur un point d’ignorance est une orientation éthique et politique, le point d’interrogation en est la discrète marque.

Identité du sujet

Quelle place le terme identité prend-il dans le discours de la psychanalyse ? Lors de son Séminaire La Logique du fantasme, Lacan se saisit d’une question qui lui est posée à l’occasion de la sortie des Écrits : « Quel est le lien entre vos écrits ?2 » Il répond : « ce qui me semble faire le lien entre mes écrits, […] c’est l’identité du sujet ». Lacan subvertit ainsi le terme d’identité en y accolant celui de sujet, comme garantie du cap du discours de la psychanalyse. Résonne en creux que L’identité n’existe pas.

Pour Lacan, l’identité épouse la « regrettable certitude que – Moi, je suis moi3 ». Or il s’agit de lutter pour « mettre cette conviction en branle », car elle est « dangereuse », cette pente étant celle d’une forme de ségrégation entre le moi et le non-moi. Les Écrits amènent à penser l’identité sur le terrain de la structure, de l’inconscient donc. Cela délivre une orientation : « si nul signifiant ne saurait se signifier lui-même4 » alors, logiquement, se déduit que nulle identité, y compris et surtout celle du sujet, ne saurait s’identifier elle-même.

La marque de l’Autre

Face à cette pente à faire de l’identité un idéal, la psychanalyse propose un chemin de traverse et une lecture. L’identité revendiquée, indique V. Leblanc-Roïc, témoigne d’une mutation du rapport à l’Autre contemporain : un refus de « se laisser marquer par l’Autre5 » en constituant une identité forte et définie. À l’inverse, dans la clinique avec les enfants, cette question de l’identité résonne et arrive comme la suite logique de l’idée, désormais répandue, de l’autodétermination de l’enfant, soit d’une position où l’Autre se défausse, où l’enfant doit faire sans l’Autre. Paradoxalement, l’enfant est parlé du côté du trouble comportemental – TDAH, TSA, etc. fleurissent – mais aussi en termes de délinquant ou voyou. Les « symptômes » ainsi épinglés comme des identités sont alors à « traiter ». Ce qui apparaît, c’est le refus de l’Autre à répondre.

Ça, c’est pas moi

Aussi, ce qui du point de vue du droit instaure une différence entre l’adulte et l’enfant est gommé. La notion de minorité même est aujourd’hui remise en question. Cette limite tend à s’effacer, au profit d’une horizontalité des identités. L’identité, ainsi figée, en appelle logiquement à une réponse autoritaire, voire justifie celle-ci : « tout appel à la notion d’identité est un appel à l’autoritarisme6 », indique L. Dubreuil. Rappelons-nous alors l’énoncé de Lacan qui résonne là avec d’autant plus de force : « les mêmes chez qui est si fortement établie la certitude d’être soi, n’hésitent pas à trancher aussi légèrement de ce qui n’est pas d’eux. Dire ça, c’est pas moi n’est pas le privilège des bébés7 ». Dès lors, une des voies possibles est celle de préserver, si ce n’est d’introduire, un discret point d’interrogation à l’endroit de l’identité…

Adeline Suanez


[1] Leblanc-Roïc V., « L’identité, une affaire de famille ? », conférence dans le cadre des activités de l’ACF en VLB, bureau du pôle de Rennes, Saint-Brieuc, 7 décembre 2024, inédit.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XIV, La Logique du fantasme, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2023, p. 76.

[3] Ibid., p. 77.

[4] Ibid., p. 78.

[5] Leblanc-Roïc V., « L’identité, une affaire de famille ? », op. cit.

[6] Dubreuil L., La Dictature des identités, Paris, Gallimard, 2019, cité par V. Leblanc-Roïc, in « Entretien avec Laurent Dubreuil : “La dictature des identités” », 27 avril 2025 disponible sur la chaîne YouTube Lacan Web Télévision.

[7] Lacan J., Le Séminaire, livre XIV, La Logique du fantasme, op. cit., p. 77.

Numéro : L'Hebdo-Blog 371
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