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Nouvelle Série, L'Hebdo-Blog 220, Édito

Éditorial : Témoigner dans la pudeur

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Les AE témoignent du joint le plus intime de leur être. Hormis le trajet analytique lui-même, qu’est-ce qui est à l’œuvre dans l’énonciation et qui ancre la parole dans le corps ? On pourrait faire l’hypothèse que la pudeur, loin d’être ce « cache-misère » [1] fantasmatique qui engluerait le sujet dans un S1, permet d’approcher l’indicible, de dessiner les contours d’une énonciation par un décollement de l’énoncé. 

N’est-ce pas ce qu’on éprouve parfois, dans la cure, l’impression que toujours les mots tombent à côté, une sorte d’impossible à entrer dans le cœur brûlant de la Chose ? On pourrait saisir, par ce biais, ce qu’indique Lacan dans le Séminaire VII : la pudeur est « à produire » [2] ? Quand la jouissance n’est plus située à l’extérieur comme absolue, mais localisée comme interne au joint du corps et de lalangue, c’est d’une bien singulière pudeur qu’il s’agit alors.

On en passe par la pudeur pour user des semblants lorsqu’on touche à l’obscénité du fantasme, c’est ce qu’énonce Lacan à la fin de son enseignement : « La seule vertu que je vois sortir de cette interrogation […], s’il n’y a pas de rapport sexuel, c’est la pudeur » [3].

À l’opposé de l’idée de la cure comme révélation de l’innommable, celle-ci apparaît comme un parcours où ce qui ne pouvait se dire peut être cerné, dans une expérience de parole. C’est ce que font entendre les récits des AE qui ont mené cette expérience jusqu’au bout, et ont choisi d’en témoigner. Leur cheminement, pour cerner un mode de jouissance dont ils se font responsables, préserve tout à la fois l’existence d’un point limite dans le savoir et une possibilité d’en témoigner. Ce mouvement requiert une approche du réel par la pudeur.

Le lendemain de leur premier témoignage aux 50e journées de l’ECF nous avons demandé aux trois nouveaux AE d’écrire un court texte ayant pour fil rouge la pudeur et le témoignage. Trois oui ont fusé. Vous lirez trois écritures subtiles et délicates. Précises et profondes. Écritures sur un bord.

[1] Monribot P., « La pudeur originelle », Quarto, n°90, juin 2007, p. 36.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 345.

[3] Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 12 mars 1974, inédit.

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