Lacan a dit et répété que l’acte se reconnaît à ses effets, non à ses intentions. Son Séminaire sur L’Acte psychanalytique est d’ailleurs parsemé de sarcasmes à l’endroit des discours qui ne veulent rien savoir de leurs suites, tel celui de l’Université, surtout dans les facultés de lettres et de sciences, ou celui du maître moderne made in USA1.
La rigueur, la grandeur, voire l’horreur de la position analytique consiste à assumer les conséquences souvent surprenantes des cures que l’on mène. Surprise est encore une façon agréable de dire les choses puisqu’elles participent du ratage dont Lacan fera, quelques années après ce Séminaire, la dimension spécifique de l’être parlant, analyste compris – felix culpa !
Les textes ci-dessous venus de la plume de jeunes collègues du dispositif Jeunesse de l’ECF ayant participé au Campus de l’an dernier consacré à la lecture du Séminaire XV en explorent diverses facettes. L’un fait de l’acte analytique un passage à l’acte manqué, qui s’oppose au suicide, mais dont le ratage ouvre à l’inconscient, et, pour ceux qui le veulent ensuite, à l’École, comprise comme une communauté de solitudes subjectives. Un autre explique combien le dieu des philosophes ne peut être le nôtre puisqu’il installe et célèbre la religion du sujet supposé savoir pour lequel tout est déjà-là, symbolisé, la seule chose qui reste étant de découvrir. Ce n’est pas, ou plus la position de Lacan à cette époque, est-il encore noté, puisqu’avec son invention de l’objet a, ce n’est plus de trouver qu’il s’agit, mais d’inventer. Un troisième relève que l’acte analytique suscite un nouveau désir et commente le poème de Rimbaud À une raison, dont Lacan fait la formule de l’acte.
Philippe Hellebois
[1] Cf. Lacan, J., Le Séminaire, livre XV, L’Acte psychanalytique, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil & Le Champ freudien, 2024. Voir notamment les p. 26-27 & 289.




