Face au Vous n’y êtes pour rien lancinant du discours ambiant, qui déresponsabilise, vient, en contrepoint, l’insistance de la répétition : Ça n’arrive qu’à moi ces choses-là ! De même, Mon cerveau a buggé ! est une de ces nouvelles formules de plus en plus entendue depuis que, le DSM et le tout-neuro contemporain aidant, le symptôme est devenu trouble. La cause est dorénavant localisée au niveau du cerveau, conçu comme un organe-machine déconnecté du sujet de l’inconscient, avec des effets de déresponsabilisation. Quelles conséquences cela a-t-il pour les parlêtres ? S’appuyant sur l’abord psychanalytique de la question, ce numéro de L’Hebdo-Blog propose des pistes.
L’éthique psychanalytique implique de considérer le sujet comme fondamentalement responsable de sa réponse face au réel et de la jouissance en jeu. Car, comme le précise Jacques-Alain Miller, le « mot même de responsabilité inclut celui de réponse1 ». Si la psychanalyse en fait un de ses principes, c’est parce que, ajoute-t-il, la « responsabilité est la possibilité de répondre de soi-même. […] Le sujet de droit pris sur ce versant de la réponse, c’est le sujet de l’énonciation […]. Ainsi, la condition pour distinguer le sujet de l’énonciation est qu’il puisse prendre de la distance vis-à-vis de ce que lui-même énonce. […] C’est le sujet capable de juger de ce qu’il dit et de ce qu’il fait2 ». C’est le sujet capable de répondre de ses actes et de son inconscient, ce qui est nécessaire à toute possibilité d’« améliorer la position du sujet3 ».
Romain Aubé & Dominique Pasco
[1] Miller J.-A., « Santé mentale et ordre public », Mental, n°3, janvier 1997, p. 15-26, disponible sur le site de l’Envers de Paris.
[2] Ibid.
[3] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’Angoisse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2004, p. 70.