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Ces couples qui nous parlent, entretien avec Dalila Arpin

Par La rédaction
27 novembre 2016
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1) Couples célèbres, liaisons inconscientes sort au moment où vous faites votre premier témoignage de passe lors des J46. Vous écrivez en introduction comment l’énigme du couple que formaient vos parents s’est déchiffrée de manière saisissante dans votre analyse. Pouvez-vous nous en dire davantage sur comment s’articulent votre passe et la sortie de votre livre ?

Oui, en effet, l’idée du livre est issue de cette découverte saisissante de la liaison inconsciente du couple de mes parents. Si mes parents s’entendaient bien, ils avaient des centres d’intérêt très différents : mon père était plus pragmatique, de par son travail d’architecte et ma mère, plus intellectuelle, en tant que professeur de français. Mais ce que l’analyse m’a révélé c’est que la bonne humeur de mon père et sa tendance à plaisanter convenait parfaitement à ma mère, d’habitude plus sérieuse. La rencontre avec mon père lui avait permis d’échapper à une tendance à la tristesse qui s’était manifesté en elle pendant sa jeunesse. Finalement, la contingence fait bien les choses car si j’étais en train de travailler sur ce projet depuis plusieurs années, la sortie est venue s’associer à la présentation de mon premier témoignage, rejoignant ainsi son articulation logique : la découverte du rapport intersinthomatique de mes parents a trouvé un rebroussement dans cet effet de création.

2) Votre livre éclaire magistralement les complexités de la vie amoureuse avec les concepts freudiens et lacaniens. Loin de présenter des études de cas, vous cernez de près le singulier des liens amoureux de ces personnalités. Pouvez-vous nous dire comment vous vous êtes laissée enseigner par ces vies selon l’éthique de l’orientation lacanienne ?

Je suis partie notamment de la lecture des biographies de ces personnages et d’autres ouvrages pouvant m’éclairer. Ensuite, bien que ce matériel ne soit pas l’effet d’une écoute sous transfert, j’ai essayé de trouver dans chaque trajectoire un fil conducteur : quelle réponse chacun ou chacune avait donné aux enjeux réels auxquels ils avaient eu affaire. Au lieu de chercher à appliquer des catégories théoriques, je me suis laissé enseigner, de la même façon que par mes analysants. La liaison inconsciente est venue répondre à ces enjeux, que chacune de ces personnalités avait eu à traverser. Et bien qu’on trouve des éléments qu’on pourrait qualifier d’invariants, comme a pu le faire en Anthropologie Françoise Héritier – en l’occurrence, la logique amoureuse freudienne, selon laquelle un homme cherche une femme qu’il puisse sauver-, il y a, dans chaque cas, des notes singulières. Ainsi, Scott Fitzgerald veut guérir une femme, tandis que Juan Domingo Perón, sauve une femme de la pauvreté et de l’opprobre et le Che Guevara, médecin de formation, épouse une femme blessée. Ou encore Arthur Miller qui devine l’orpheline à sauver derrière la femme fatale. Si Hannah Arendt et Dora Maar font l’expérience du ravage dans la relation amoureuse, pour chacun d’elles, cela se fait de façon différente. C’est cette attention au plus singulier de chaque histoire dans son rapport au réel qui est pour moi la grande leçon de l’orientation lacanienne.

3) Ces célébrités toutes sensiblement contemporaines appartiennent au siècle dernier, pouvez-vous vous nous dire quelques mots sur ce qui a présidé à leurs choix ?

Il est vrai que je n’ai pas cherché à faire des choix représentatifs ni d’une époque, ni à les distribuer dans des catégories précises. Je me suis laissée guider par la boussole de mon désir. Mais l’inconscient fait bien les choses et je me suis aperçue, une fois le staff au complet, que tous ces personnages appartenaient au XXème siècle, c’est-à-dire, à l’époque dans laquelle ont vécu mes parents, comme le pointe très justement Hélène Bonnaud[1].

Ce sont, pour la plupart des gens dont j’ai appris l’existence par mes parents et qui sont devenus, dès lors, énigmatiques à leur tour, comme par exemple, le Che Guevara, dont le nom était tabou dans l’Argentine des années 1970. Marilyn Monroe avait été une icône admirée par ma mère et d’après qui elle avait prénommé sa chatte. Quand j’étais enfant, ma mère avait formé un surnom avec mes deux prénoms qui était assez proche de ce nom. Mon père s’y connaissait en peinture et m’a fait découvrir, pendant ma jeunesse, Dali et Picasso, entre autres artistes. A un autre niveau, je retrouve des éléments de mon cas dans plusieurs de ces histoires.

4) La célébrité de ces couples en fait-elle des sortes d’archétypes ou paradigmes du « faire couple », des objets où projeter ses fantasmes ou ses propres interrogations ?

La célébrité de ces duos m’a permis de creuser la question : « comment fait-on couple ? », chacun à sa façon, au-delà des recettes ou des convenances sociales. D’où leur résonance avec la façon de faire couple pour chacun d’entre nous. L’une des découvertes les plus intéressantes de cette aventure a été de constater combien ces histoires étaient parlantes pour ceux qui les lisaient. Il est ainsi arrivé que des gens qui ont fait partie des lecteurs, se reconnaissent dans ces histoires. Récemment, une lectrice m’a écrit pour me dire que la lecture du livre lui avait permis de comprendre non seulement son propre couple, mais aussi celui de ses parents, de sa famille, de ses amis. Cela démontre qu’à chaque fois qu’on lit ou qu’on écrit, on y met du sien. Et c’est la seule façon de lire du point de vue de la psychanalyse : à partir de sa propre position subjective. Jorge Luis Borges disait que lorsqu’un auteur nous parle, c’est qu’il a écrit pour nous. Lacan ne nous apprend-il pas qu’une lettre arrive toujours à destination ?

[1] Lacan Quotidien, n° 606, http://www.lacanquotidien.fr/blog/2016/11/lacan-quotidien-n-606/

Numéro : L'Hebdo-Blog 89
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