La première rencontre du FIPA (Forum des Institutions de Psychanalyse appliquée) fut ouverte par Bernard Jomier, adjoint au Maire de Paris, délégué à la Santé, au Handicap et aux relations avec l’AP-HP, qui salua le désir et l’engagement des acteurs de cette rencontre, puis elle fut introduite par Patricia Bosquin-Caroz et Philippe Bénichou. C’est Lilia Mahjoub, présidente du CPCT-Paris, qui conclura cette matinée de travail en rappelant que c’est la réalité psychique, toujours singulière, qui est prise en compte dans ces expériences, et non la réalité collective. Entre temps, six textes auront été lus et débattus, répartis en trois séquences sous les titres : Un lien social renouvelé ; L’enfant qui dérange ; Une insertion singulière.
Lors de cette première rencontre, a été présenté un échantillon les institutions et associations, qui composent le réseau du FIPA, et dont la pratique est d’orientation lacanienne. Enfants, adolescents, adultes, sont reçus par des praticiens qui, pour la plupart, y œuvrent bénévolement. L. Mahjoub rappelait comment Freud lui-même ne reculait pas, dans certains cas, à proposer la gratuité du traitement. Orientation lacanienne ? Psychanalyse appliquée ? S’il fallait rapidement qualifier cette orientation, nous dirions que c’est une orientation de l’inversion, de celle qui peut toucher un message lorsque le sujet qui l’émet, le voit revenir de l’Autre, et lorsque le psychanalyste en prend acte. Les manières en sont très diverses, comme nous avons pu l’entendre. « L’inconscient est ce discours de l’Autre où le sujet reçoit, sous la forme inversée qui convient à la promesse, son propre message oublié »[1] nous dit sans ambages qu’une telle inversion, lorsqu’elle se produit, convient à la promesse. C’est dire d’abord qu’elle ne promet rien justement, sinon d’ouvrir à un, ou des possibles, pour tel ou tel sujet. Entre temps le message aura transité via la réalité psychique, cet Autre qui fait doublure à la réalité du sujet, et où se produit cette inversion des champs et s’infléchit le discours. Le transfert du sujet au praticien psychanalyste pouvant signer son transport d’un discours à un autre. Ces lieux Alpha selon la formule de Jacques-Alain Miller, ont été créés pour qu’une telle rencontre puisse se produire. C’est là la réponse attendue, à l’encontre du déballage cathartique et de sa jouissance asymptotique. Jacques Lacan le rappelle, dans une de ses formules éclair qui condense clinique, épistémologie et politique : « le psychanalyste, pour ne pas détacher l’expérience du langage de la situation qu’elle implique, celle de l’interlocuteur, touche au fait simple que le langage avant de signifier quelque chose, signifie pour quelqu’un »[2].
[1] Lacan J., « La psychanalyse et son enseignement », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 439.
[2] Lacan J., » Au-delà du principe de réalité », op. cit., p. 82.