Événements

Éclats de Violence, échos du Réel

Échos du Forum de l’ACF Restonica qui eut lieu le 4 octobre à Bastia

« Éclats de Violence, échos du Réel »

ou Les Météores de l’Être

L’ACF Restonica et le Programme psychanalytique de Bastia ont tenu leur Forum sur une question de société particulièrement aiguë en Corse : la violence. Son titre soulignait qu’il s’agissait d’un forum psychanalytique d’orientation lacanienne, un tel forum se devant d’esquiver les logiques d’affrontement quand il traite de questions de société. Ces questions nécessitent des approches partielles, et souvent contradictoires.

À cet effet, nous avons invité des universitaires corses, leur demandant de mettre en valeur les raisons historiques, économiques, ou politiques, qui leur paraissaient expliquer la violence en Corse. Nous avons voulu faire entendre combien la perspective sociologique s’élabore dans ce nœud de l’image et de la langue où se constitue la tension agressive du « c’est toi ou moi ! » et où s’entend la structure fondamentalement paranoïaque du moi ; le passage obligé par le stade du miroir, nous faisant entrer dans le cycle de l’aliénation et du malentendu de la langue responsable d’un défaut de satisfaction incontournable.

Trois séquences ont scandé ce Forum :

Dans la première, intitulée Éclats de violence dans la cité, Marie-Rosalie Di Giorgio, psychanalyste, en s’appuyant sur l’affaire dite du gang des barbares a démontré que là où la fragilité du symbolique apparaît de manière manifeste, les « échos du réel » peuvent se faire assourdissants. Le docteur Nicole Graziani, psychiatre, s’est attachée à une défense de la psychiatrie contemporaine, le docteur Didier Cremniter dépliant quant à lui cette clinique particulière à laquelle sont confrontées les Cellules d’Urgence Médico-Psychologique.

La seconde séquence a été consacrée à la délicate question des Éclats de violence en Corse. Antoine-Marie Graziani, historien, a soulevé la question « Une culture de la jalousie et de la haine ? », et Pascal Ottavi, doyen de l’Université, a conclu sa lecture contemporaine par ces mots : « Violence ? Quelque chose ne s’est pas réalisé dans notre société. »

Enfin, dans la troisième séquence, Échos du réel, Bernard Porcheret, AE, a témoigné à partir de sa cure, du désir de mort et de la voracité de la pulsion auxquels il a eu affaire : « aller jusqu’au bout de ce qui est analysable, c’est voir se dissoudre logiquement les météores de notre être, et, finalement, ce qu’il en reste se résume à peu de chose. »

Il s’agissait pour nous de positionner en Corse la psychanalyse lacanienne dans le débat public autour de la violence, de ne pas céder sur notre orientation analytique, et de soutenir ceux qui consentent à serrer logiquement ce qui, en eux, relève de la pulsion, et du désir de mort. Pari réussi, plus de cent personnes dont de nombreux auditeurs nouveaux sont venus participer à nos travaux.

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Aux confins du vivant – De la science à la psychanalyse

En direct de l’ACF-Normandie, Letterina , n°63

Les nouvelles technologies font voler en éclat l’ordre naturel au profit de nouvelles prérogatives, décisions incombant au sujet donnant l’allure d’un étrange choix, d’une possibilité de contrôle de sa part sur le vivant : droit de procréer selon différentes méthodes offertes par la science pour des formes de familles de plus en plus disparates, droit de mourir… Entre la naissance et la mort, le sujet est ainsi appelé à décider lui-même, non sans angoisse, ce qu’il n’a peut-être parfois nulle envie de décider à partir de techniques qu’il ne contrôle pas, jouant à son égard le même rôle que celui jadis dévolu à la nature ou à Dieu. La science qui parfois nous tire de mauvais pas est aussi capable de nous plonger dans des situations qu’elle est seule à pouvoir produire !

Le droit évolue en fonction de ces mutations et se doit de répondre aux revendications des citoyens au risque de ne pas tenir compte de l’impossible au nom d’un pour tous ! Que se passe-t-il quand les désirs deviennent des droits ? Les désirs entrent en collision avec la jouissance. Ils ont un objet, non pas objet cause, mais à obtenir, objet monté au zénith du ciel contemporain…

Comment mettre à jour notre pratique quand s’accroît ce que Freud appelait le « malaise dans la culture » et que Lacan déchiffrait comme les impasses de la civilisation ? Comment tenir compte de l’enseignement de Lacan ? Comment à notre époque qui revendique l’égalité des droits pour tous, en termes d’avoir, introduire la singularité, le consentement à la non-équivalence pour qu’advienne un sujet plus vivant que jamais ? La psychanalyse nous enseigne que le langage chez le parlêtre vient trouer le réel et c’est de cette fonction du trou que le langage opère sa prise sur le réel.

C’est le travail de cette étroite articulation entre certains mots issus de la langue et l’énigme du corps, aux confins du vivant, que nous présentent les auteurs du numéro 63 de la revue Letterina de l’ACF-Normandie. Si Letterina demeure inchangée dans ses objectifs, sa présentation a évolué. En effet, la couverture est dotée désormais d’une image minérale colorée, un caillou suspendu, matière à la fois dense et légère qui n’est pas sans rappeler, par ses strates, les falaises normandes. La revue a adopté un format plus large afin de faciliter la lecture avec une marge à droite confortable pour d’éventuelles annotations dans un graphisme sobre, élégant ; un document de travail qui, nous l’espérons, saura trouver sa place parmi les publications du Champ Freudien.

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Une dépêche de l’Yonne… Le coup d’envoi est donné !

L’association Cause freudienne Bourgogne Franche-Comté a le plaisir de vous inviter à son premier après-midi de travail dans l’Yonne le samedi 4 octobre prochain. Sous le titre « Mères idéales, mères réelles » nous mettrons à l’étude le thème des prochaines Journées de l’ECF. Le désir des cinq est dans le coup. Ils sont membres de l’ECF (Nathalie Georges-Lambrichs, Patricia Johansson-Rosen, Didier Mathey et Anicette Sangnier) ou de l’ACF (Karolina Lubanska) et ont des attaches familiales dans l’Yonne. Ils s’associent pour donner vie à une aventure auxerroise inédite en faisant une offre de travail orienté par l’enseignement de Jacques Lacan et de Jacques-Alain Miller : ils proposent des études psychanalytiques. À qui veut. Les mises sont faites ! Ils n’ont point d’idée du paysage intellectuel de l’Yonne. De ce point de vue, elle leur est une terre inconnue. Ils n’y vont pas en conquistadors mais en explorateurs. Y trouveront-ils de l’hospitalité ou seront-ils persona non grata ? La psychanalyse a-t-elle encore le droit de cité par ici ? Monsieur Guy Férez maire d’Auxerre leur ouvre grand la porte de la ville : il leur fait l’honneur non seulement de donner son patronage à l’événement, mais encore de venir l’ouvrir en personne.

Que veulent-ils ? Ils veulent rencontrer ceux pour qui le sujet de l’inconscient compte. Les entendre et se faire entendre d’eux. Ils veulent parier sur un malentendu créateur. Trouver pas tant une langue commune qu’une parole vivante…de celles qui portent à conséquence.

Sauront-ils parler sans se réfugier dans une «  disance lacanienne » [1]? Sauront-ils transmettre ce qui ne se transmet qu’entre les mots ? Et non pas tant ex-cathedra ? Sauront-ils convertir le savoir troué en gay sçavoir ? Encore deux semaines…Seize personnes inscrites ! C’est avec elles qu’ils vont engager la conversation. Et avec quelques autres encore, peut-être…

PS : Une collègue m’a informée que les responsables administratifs faisaient de la publicité pour notre journée auxerroise. Moi, enthousiasmée, de lui répondre : « Les administratifs qui y mettent du leur ? Leurs noms ! ». En réponse, pas de noms, mais juste cette note : « En fait, voilà, plusieurs personnes souhaitent avoir une aide financière pour aller aux Journées de l’ECF. Les responsables leur font plutôt valoir la demi-journée d’Auxerre ». Bref, j’ai compris que «  l’engouement » des administrateurs pour notre initiative est à la mesure de leur goût pour les économies ! Sur ceci, il me revient cette phrase tirée de la première partie de  Faust :

- Qui es-tu donc, à la fin ?

- Je suis une partie de cette force qui, éternellement veut le mal, et qui, éternellement accomplit le bien ». Alors ? Vive les administrateurs !...

Sera ce qu’il sera. Pourvu que nous fassions ce que nous avons à faire.

  [1] Miller J.-A., L’Orientation lacanienne, Le tout dernier Lacan, cours du 15 novembre 2006, inédit. LHB2_Affiche_Meres_ideales_meres_reelles-1 Enregistrer

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C’était hier…

C’était hier… Nous y sommes encore ! Ce  13 septembre, à Paris, le CPCT-Paris invitait le CPCT-Bruxelles, en présence de Jacques-Alain Miller, pour une journée de travail autour de la question de « ce qui opère ». Christine Le Boulengé et Monique Kusnierek, directrices du CPCT de Bruxelles, avaient bien voulu, avant l’été, pour L'Hebdo-Blog, nous introduire à ce moment en mettant à jour  « ce qui se vérifie».

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Le CPCT-Paris invite, le 13 septembre, le CPCT-Bruxelles (1)

ECF-Blog hebdo : Comment vous est venue l’idée de ce thème-là, particulier, pour cette journée de travail ?

Monique Kusnierek : Elle nous est venue dans le fil de la récente législation de la psychothérapie en Belgique, par rapport à laquelle il nous faut faire valoir ce qu’il en est, au CPCT en l’occurrence, de la psychanalyse appliquée à la thérapeutique. Cette journée sera l’occasion de tenter de le préciser et de le soumettre au contrôle de notre communauté.

ECF-Bh : L’opération en jeu dans le titre de cette journée est- elle, selon vous, conditionnée par la particularité du dispositif CPCT ?

MK : L’opération en jeu est sans doute limitée par le dispositif CPCT, mais ce n’est pas celui-ci qui la conditionne. Rien à voir, en tout cas, entre le dispositif CPCT et ce que l’on appelle « le cadre » à l’IPA.

Elle nécessite, par contre, un praticien qui sache, d’expérience personnelle, ce que sont l’ouverture et la fermeture de l’inconscient, pour le cas où ça ne demande qu’à s’ouvrir, mais qui sache aussi garder cette porte fermée, au cas où ça s’impose, soit un praticien qui sache se prêter à de multiples usages, se faire objet multi-fonctionnel[1], comme le disait Jacques-Alain Miller il y a une quinzaine d’années.

Rien de très différent donc de ce qui se passe dans la pratique privée.

ECF-Bh : Comment articuleriez-vous la question de l’acte avec la temporalité particulière des traitements du CPCT ? Cette temporalité resserrée modifie-t-elle selon vous le statut de l’acte analytique en jeu ?

MK : Il est fait, au CPCT, un usage de courte durée, ou de durée limitée, de l’objet-praticien. Cette donne a son importance, non pas tant pour le praticien qui s’y prête – ni du fait du dispositif –, que pour le patient lui-même. Bon nombre d’entre eux consultent au CPCT parce que la durée, justement, y est limitée. C’était le cas, par exemple, de ce patient qui ne voulait que passer au CPCT, comme il ne pouvait, par ailleurs, envisager de travailler que sous contrat à durée déterminée, sous peine d’être envahi par une angoisse massive. Les raisons de la limitation de l’engagement dans le temps étaient donc bel et bien de son côté, mais la lecture de ces raisons et leur prise en compte étaient du nôtre, par contre.

Cette temporalité resserrée ne modifie donc pas le statut de l’acte, mais celui-ci consiste plutôt à s’en servir, et il faut bien dire que cet usage répond à notre modernité. Il arrive toutefois que cet usage se poursuive sur le mode longue durée, mais dans ce cas c’est hors CPCT.

  [1] Miller J.-A., « Les contre-indications au traitement psychanalytique », Mental, n° 5, juillet 1998, p. 14.

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Le CPCT-Paris invite, le 13 septembre, le CPCT-Bruxelles (2)

Nous pouvons considérer que ce qui opère en psychanalyse, c’est, fondamentalement, ce qui cloche, trace de la rencontre du réel, strictement singulière pour chacun et toujours traumatique. Encore s’agit-il pour chacun de cerner cette clocherie, de l’authentifier et de se l’approprier : « ça, c’est mon truc, à moi tout seul ». Cette opération libère le désir et permet au sujet d’en tirer une conséquence qui n’est pas celle de tout le monde, qui borde le réel de la jouissance et qui peut rendre la vie amie. Un effet thérapeutique peut donc en découler, de surcroît.

Le CPCT se propose comme un lieu d’accueil de chaque clocherie singulière pour permettre au sujet de la faire sienne, dans une conversation qui se tienne au plus près de ce point de réel. C’est ce qui en fait un lieu si précieux dans la ville.

Il n’y a pas de mise en forme du symptôme sans la conversation avec ce partenaire qu’est l’intervenant. Qu’il y ait eu de l’analyste, que le praticien ait pu se fier aux seules ressources de la psychanalyse, sans se laisser impressionner par les conditions particulières du CPCT, de traitement bref, voire très bref, et de gratuité, c’est ce que nous avons à vérifier, au cas par cas, dans l’après-coup de chaque « traitement ».

D’où l’objectif de cette journée qui met la focale sur la pratique afin de questionner, au-delà du compte-rendu clinique, la place de l’intervenant dans la mise en forme du symptôme, ainsi que son acte.

L’opération ne tient donc pas à la particularité du CPCT, il s’agit plutôt dans chaque cas de s’assurer qu’elle relève bien de la psychanalyse, que la particularité du CPCT n’y objecte pas et n’empêche pas le sujet de s’engager plus loin, s’il le désire.

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