Édito

Du quotidien faire événement

L'enthousiasme que la nouvelle équipe de l'Hebdo Blog ressent, à l'heure de s'engager dans une si belle aventure éditoriale, ne peut qu'être tempéré par le contexte dans lequel nous nous mettons à la tâche.

De telles circonstances engagent, et, dans le droit fil de l'acte posé dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015 par la Présidente de l'École de la Cause Freudienne, l'annulation des 45e Journées, obligent à un réglage du discours tout autant qu'à un assèchement de l'émotion comme du fantasme. Passées la stupeur et la paralysie signifiante qui clôt les bouches et suspend les plumes, le temps est cependant venu de prendre la mesure de ce que nous avons vécu, de ce qui nous attend, et des multiples remaniements que le trou creusé par cette irruption des « événements » va entraîner.

C'est pourquoi nous avons choisi, pour ce premier numéro de l'année 2016, de faire une large place aux voix qui s'élèvent dans l'après-coup : vous pourrez y lire les mots de Patricia Bosquin-Caroz, qui revient sur la façon dont elle a, comme présidente de l'ECF, assumé sa responsabilité, c'est-à-dire engagé sa parole tout autant que, plusieurs semaines après, son corps. Vous découvrirez également, dans le texte de Cécile Bultez-Germain, comment la cérémonie théâtrale, au cours d'une adaptation du Prométhée enchaîné d'Eschyle le soir du 17 novembre, rallume l'étincelle du feu du désir, au-delà de l'espérance.

Autant de phrases qui témoignent du fait que notre désir de faire savoir n'est pas près de se tarir. À l'orée de cette nouvelle année, et à la suite de Stella Harrison et de toute son équipe, que nous remercions chaleureusement pour son travail et son accompagnement dans ce moment de transition, nous vous adressons donc un vœu tout à fait spécial. Que ces colonnes soient un des lieux de recueil privilégié de cet élan, et que les écrits de chacun de ceux qui œuvrent à ce que, jour après jour, nos ACF et CPCT soient des lieux vivants et vibrants de l'éthique qui est la nôtre, puissent trouver à s'y loger : la mise en bouche de Pascale Fari sur la prochaine journée du CPCT Paris l'inaugure de belle manière.

Mais encore que le travail minutieux, ces travaux et ces jours dont fourmillent chacune des régions qui tissent le réseau de notre École, puisse résonner ici pour étendre l'empan de sa chambre d'écho : nous veillerons attentivement à ce que l'Hebdo Blog suive, anticipe et prépare les débats qui occupent jour après jour les membres, dans un souci renouvelé pour la façon dont les ACF sont tournées vers le public, dans leur dialogue avec les institutions, avec les artistes et tous ceux qui sont attentifs à la clinique des discours dans la cité. Afin que notre et votre quotidien atteigne la dimension non des « événements » dans leur obscure répétition, mais de l'événement, avec sa puissance de surprise et sa force d'ouverture, sa capacité à donner à voir les choses autrement. Ou comment du quotidien faire événement.

Virginie Leblanc.

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Éditorial

                 Se hâter ! se hâter ! témoignage pour l’homme ![1]

Chers lecteurs, croquez cette madeleine : vous souvenez vous du film, hilarant,  Le fantôme de la liberté de Luis Buñuel ? Une scène, digne des meilleurs contes d’Alphonse Allais reste en moi gravée : l’un des personnages, un certain Legendre, vient d’apprendre qu’il a un cancer, mais s’inquiète surtout de la disparition de sa fillette. Où est-elle donc passée ? Les recherches s'organisent au commissariat ; la fillette rentre vite à bon port. Mais… Vive l’automaton ! Un service de recherches, ça recherche. Au Bureau des plaintes il est requis de se plaindre ! Les commissaires feront donc ici le job : ils interrogent la petite disparue, présente, présente et bien là ! Devant eux.

Si cette scène m’est revenue, c’est que j’ai récemment entendu ces plaintes, et de nouveau : « Ce qui m’ennuie avec ton Hebdo-Blog c’est que vous avez des chiffres très compliqués ! Tu ne pourrais pas les changer ? » Rappelons-le, mais l’avons-nous clairement fait savoir ? L'Hebdo-Blog de l’ECF & ACF & CPCT est depuis des mois, comme la fillette évoquée… bien là ! accessible à tous, sans code. Seuls les cas cliniques restent réservés aux abonnés.

Nous arrivons à présent au terme de notre mandat, après avoir pris nos fonctions en février 2014 pour faire paraître notre premier numéro de ce qui était encore La Lettre mensuelle, version numérique pdf en ligne, en mars 2014.

Nous avions souligné la cause, double, de la LM : lieu et lien. Lieu privilégié d'adresse de textes produits par les membres de l’ECF, de l’ACF et des CPCT, et lien entre leurs membres et avec les auteurs. Nous avons veillé à ce que ces nouages s’affermissent avec L'Hebdo-Blog dont l'accélération du rythme nécessita immédiatement réactivité, rapidité et rigueur.

Il fallait des textes concis, oui ! Mais nous avons aussi souhaité poursuivre la publication de textes de fond, en sollicitant des auteurs sur des thèmes précis. Il nous fut aussi impérieux de nous adapter aux pulsations inédites de notre communauté qui, avant tout, est… communauté de désir. Délicatesse et justesse de ton furent donc de mise et requises ! Car servir l’École de la Cause du désir ne consiste-t-il pas, entre autres missions impossibles, à témoigner au plus près de cet « inconscient qui avait surgi avec Freud, un inconscient très rusé, petit démon qui toujours échappe, qui tantôt fait rire, tantôt apparaît comme cauchemar, qui met en contact l’expérience analytique avec la création, la littérature […] »[2]?

Nous avons voulu que L'Hebdo-Blog puisse être un véritable outil de travail pour notre communauté ECF& ACF et CPCT. Il nous fallut pour ce faire créer de nouveaux maillages et des réseaux toujours de plus en plus petits et serrés, afin que les ACF pensent à nous adresser leurs textes.

Nous avons fait route en poursuivant la publication de dossiers qui ont accompagné pour la plupart les grands événements de l'École, de l'AMP, du Champ freudien. La rubrique consacrée aux CPCT a recueilli de son côté des textes rédigés toujours avec sérieux sur des cas dont la singularité est, à chaque fois, manifeste. Nous avons cependant eu à insister sur ce point, comme avec la rubrique ACF : nécessité de prudence accrue concernant la diffusion des cas issus de cette clinique, accent mis sur l’effort de concision, de transmission du détail inédit.

Je tiens à remercier tous les collègues qui ont accepté de mener à bien cette tâche avec moi. Ils ont, chacun, œuvré à la bonne tenue de la revue avec rigueur et enthousiasme, et cela dans une draconienne ponctualité.

Je remercie Patricia Bosquin-Caroz de la responsabilité qu'elle m'a confiée pendant ces deux années et de son attention constante, indéfectible.

« L’esprit de la psychanalyse souffle où il veut… »[3] put dire Jacques-Alain Miller à Horacio Etchegoyen en 1997.

Nul doute que la nouvelle équipe de l’Hebdo-Blog soufflera ce vif esprit, ces vents nouveaux, attendus par nous tous pour 2016.

 [1] Saint-John Perse, Vents suivi de Chronique, Paris, nrf, Poésie Gallimard, janvier 2002, p. 56.

[2] Etchegoyen R. Horacio et Miller J.-A, Silence brisé, Paris, Agalma, diffusion Seuil, 1997, p. 66.

[3] Ibid, p. 66.

 

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Éditorial

L’équipe de l’Hebdo-Blog de l’ECF, ACF et CPCT adresse au Directoire du Conseil de l’École de la Cause freudienne et à l’équipe d’organisation des J.45 son soutien constant et décidé. Nous avons accompagné depuis des mois ce temps et ce travail préparatoire aux Journées, réalisé vivement, et sans même de trêve estivale. Cette joie [trouvée] dans ce qui fait notre travail, évoquée par Jacques Lacan en octobre 1969 dans son « Allocution sur les psychoses de l’enfant » s’est inscrite en nous. Elle a mordu sur notre réel. Et pour longtemps croyez-le ! Pas de désinscription possible de cette joie en stabitat ! Non. La barbarie ne l’effacera pas. À ses griffes nous nous opposerons avec nos plumes, nos claviers, notre langue. Nous adressons à tous ceux qui souffrent de ces attentats nos pensées les plus chaleureuses. Nous adressons notre force à Patricia Bosquin-Caroz, Christiane Alberti, Damien Guyonnet, Virginie Leblanc, Camilo Ramirez. Rendez-vous ce mardi 24 à l’ECF à 21h15 avec Marie-Hélène Brousse et la soirée : « Identity Politics » avec Lacan, Lien social et Identification à la lumière du « Y a de l’Un ». Puis ? En route vers Rio ! Patricia Bosquin-Caroz, présidente de l’ECF, nous envoie son entretien exclusif avec Marcus André Vieira, directeur du Xe Congrès de l’AMP Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle.


 

COMMUNIQUÉS

Bandeau_web_j452_def2 Un message de la présidente de l'École de la Cause freudienne En raison des événements, et des indications données par les pouvoirs publics, les 45es Journées de l'École de la Cause freudienne ne pourront se tenir comme prévu les 14 et 15 novembre au Palais des Congrès de Paris. Un prochain communiqué donnera des informations complémentaires. Patricia Bosquin-Caroz
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Paris, le 14 novembre 2015

Dans le contexte des événements de la nuit du 13 novembre 2015, un Directoire exceptionnel du Conseil d’administration de l’ECF s’est réuni ce jour au Palais des Congrès, samedi 14 novembre à 7h30. À cette occasion, il a approuvé le communiqué de la présidente diffusé cette nuit sur les listes ecf-débats et ecf-messager.

Il a notamment envisagé au cours de sa réunion les suites à donner à son action. Le Directoire, Patricia Bosquin-Caroz, Christiane Alberti, Eric Zuliani, Bertrand Lahutte.
ecfmessager2   COMMUNIQUÉ DE LA PRÉSIDENTE ET DE LA VICE-PRÉSIDENTE DE L'ECF
Nous sommes encore sous le choc des événements du 13 novembre qui se sont déroulés à Paris. Nous pensons aux victimes des attentats sanglants, à leurs familles et à leurs proches. Nous adressons à nos collègues qui ont été touchés de près ou de loin, un message de profonde sympathie et d'amitié. Nous avons pris dans la nuit du 13 au 14 novembre la difficile décision de ne pas tenir les 45e Journées d’Etude de l'ECF pour des raisons évidentes de sécurité, par respect pour Paris en deuil et parce que le thème n'était plus en phase avec les événements survenus la veille. Avec le Conseil qui se réunit dès mardi 17 novembre, nous vous tiendrons au courant, dans les semaines qui viennent, de la suite qu'il conviendra d'élaborer à ce sujet. Patricia Bosquin-Caroz, Présidente Christiane Alberti, Vice Présidente

ecfmessager2 COMMUNIQUE DU CONSEIL DE L'ECF

Le Conseil de l’ECF s’est réuni le 17 novembre 2015 avec la participation exceptionnelle des AE, et a ouvert la discussion sur plusieurs points. Il y fut question des modalités de remboursement des inscriptions, du devenir des travaux des Journées 45 et de la présentation des premiers témoignages des AE, initialement destinés à la plénière. Au regard du contexte actuel, une réflexion s’est engagée sur l’avenir de nos modes de réunions psychanalytiques. L’évolution de la situation nationale sera déterminante à cet égard.

Patricia Bosquin-Caroz, Présidente

Etaient présents : Patricia Bosquin-Caroz, Présidente Christiane Alberti, Vice Présidente Bertrand Lahutte, Trésorier Eric Zuliani, Secrétaire Sonia Chiriaco Fabian Fajnwaks Catherine Lacaze-Paule Clotilde Leguil Sophie Marret-Maleval Frank Rollier Bernard Seynhaeve Laura Sokolowsky AE présents : Caroline Doucet Laurent Dupont Hélène Guilbaud Jérôme Lecaux Véronique Voruz (NLS)  
  AMP2-150x150 Comunicado – Asociación Mundial de Psicoanálisis El Bureau de la AMP, reunido hoy con el director del próximo X Congreso de la AMP, quiere transmitir su pesar y repudio por los crueles atentados de este pasado viernes en la ciudad de París. Las 45 Journées de l’ECF han tenido que ser suspendidas por indicación de las autoridades. La AMP manifiesta su mayor solidaridad con nuestros colegas de la Ecole de la Cause freudienne y con el pueblo francés. Miquel Bassols, Guy Briole, Anne Ganivet-Poumellec (Bureau AMP), Marcus André Vieira (Director Xe Congreso AMP)
  Com orga cg ampxcf2   Communiqué - Xe Congrès de l’AMP Nous tous de l’organisation du Xe Congrès de l’Association Mondiale de Psychanalyse sommes ici pour dire que nous sommes aux côtés de nos collègues de Paris. À la haine suicidaire dont ils furent les victimes et qui heurte notre propre humanité à tous et à chacun, il n’y a qu’une seule réponse certaine : la vie et  le travail collectif. Nous continuerons ensemble, pariant sur le mode par lequel les surprises de l’inconscient peuvent être essentielles lorsqu’il s’agit de réinventer la civilisation. Marcus André Vieira - Directeur du Xe Congrès de l’AMP Miquel Bassols – Président du Xe Congrès de l’AMP 
 elp2 Comunicado del Presidente de la ELP París 14 de noviembre de 2015 La Escuela Lacaniana de Psicoanálisis repudia los atentados ocurridos ayer en París que han segado la vida de más de un centenar de personas y ocasionado multitud de heridos graves. Manifestamos nuestra solidaridad y condolencias a los ciudadanos de París y al pueblo francés. La École  de la Cause Freudianne (ECF) ha suspendido, por indicación de las autoridades, la celebración de las 45 Jornadas: "Faire Couple" que estaban organizadas para el fin de semana en el Palacio de Congresos. Enviamos nuestro apoyo a nuestros colegas de la ECF cuyo intenso trabajo se ha visto afectado por estos dolorosos y dramáticos acontecimientos. Santiago Castellanos Presidente de la ELP  
NLS2 Communiqué de la NLS Par la voix de son comité exécutif, la New Lacanian School fait part de sa vive émotion concernant les évènements tragiques de Paris. Elle marque son plus vif soutien à l’École de la Cause freudienne et à nos collègues. Elle l’adresse pour ce faire à sa présidente, Patricia Bosquin-Caroz. Elle souhaite saluer le travail qui devait aboutir à la tenue de ses 45es Journées, sous la direction de Christiane Alberti, avec plus de 3500 participants. De nombreux collègues de la NLS étaient présents à Paris. Elles n’ont pas pu se dérouler comme prévu à partir des indications des pouvoirs publics dans ce temps situé au cœur des évènements. Dans le temps d’un état d’urgence nécessaire qui produit un renforcement de l’isolement, le multiple des voix qui se font entendre par-delà toutes frontières, qui renforce le lien social et fonde la communauté, est essentiel. C’est ce qui fait la force de la NLS. Nous souhaitons la partager, dans ce temps où le vivant est visé et touché. Le Comité exécutif de la NLS  
EBP2 Chers collègues psychanalystes, L'École Brésilienne de Psychanalyse rejette le terrorisme car il est indigne à la condition humaine. La barbarie, conséquence du fanatisme religieux est inacceptable. Nous regrettons profondément l'annulation de la 45es Journée de Psychanalyse de l'ECF. L'École Brésilienne de Psychanalyse, émue, exprime ses sentiments de solidarité à la France, aux amis français et manifeste ses condoléances à toutes les familles des victimes. Nous souhaitons que le peuple français soit bien et qu'il reste en sécurité. Cordialement, Président de l'EBP Sérgio de Campos
SLP2 commu SLP2
NEL1-2 NEL2
  EOL2 Comunicado del Consejo de la Escuela de la Orientación Lacaniana La Escuela de la Orientación lacaniana expresa su repudio y condena firmemente los terribles atentados ocurridos en París en el día de ayer. Manifiesta su solidaridad con los colegas de la Escuela de la Causa freudiana que han debido suspender sus 45 Jornadas Anuales previstas para realizarse este fin de semana en el Palais de Congres. Así mismo comparte el dolor de todos los ciudadanos franceses en este momento de desconcierto y conmoción. Consejo Estatutario de la EOL
EFP2   Communiqué de l’Eurofédération de psychanalyse Message de soutien à l’École de la Cause Freudienne En raison des événements tragiques et des indications données par les pouvoirs publics les 45 Journées de l’ECF n’ont pas pu se tenir les 14 et 15 novembre. Le Conseil de l’Eurofédération de Psychanalyse composé du Président de l’AMP, Miquel Bassols, et les Présidents des écoles européennes, Yves Vanderveken, Santiago Castellano do Marcos, Domenico Cosenza, s’est réuni ce jour. Anne Ganivet, secrétaire de l’AMP et Eric Zuliani, secrétaire de l’ECF, Leonardo Gorostiza, ancien président de l’AMP, Silvia Salman, présidente de l’EOL, y ont été invités ainsi que Marcus Vieira, responsable du congrès de l’AMP qui aura lieu à Rio. Nous saluons le travail de préparation inédit qui a permis 3400 inscriptions à ces Journées, et apportons notre soutien au Conseil de l’ECF, à sa présidente Patricia Bosquin Caroz et à Christiane Alberti, responsable des Journées, et future présidente de l’ECF. Nous adressons un message de sympathie à toutes les personnes qui ont à souffrir de ces attentats. Le bureau de l’Eurofédération, Jean-Daniel Matet, Marga Auré, Marie-Claude Sureau
FAPOL2 Comunicado FAPOL La Federación Americana de Psicoanálisis de la Orientación Lacaniana repudia con toda energía la serie de atentados que sacuden a París y transmite un eco horroroso al resto del mundo. Hacemos llegar desde América Latina nuestra solidaridad a todos los que han sido afectados por estos actos de violencia y lo hacemos extensivo a nuestros amigos y colegas allí presentes. El Bureau de la FAPOL

On nous écrit

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Voici des lettres adressées à la direction des Journées et à toutes les équipes des J 45 qui les ont préparées (Simultanées, blog/journal, web-TV, comité scientifique, diffusion, communication, presse, plénière, organisation…).

À cause de la barbarie, nos Journées 45 n'ont pu se tenir mais le travail fait de préparation, travail dantesque mais joyeux, ne sera jamais perdu ou effacé ou forclos ou... Au contraire. Quelle chance nous avons dans cette communauté qui est la nôtre, de travailler avec des collègues qui ne reculent ni devant les décisions à prendre, ni devant le désir et la lucidité qui les portent ! Oui, ce travail n'est pas vain, et plus que jamais la psychanalyse et ceux qui la font sont concernés et sur le pont pour poursuivre le combat des Lumières. Une immense tristesse s’est produite avec ces événements tragiques mais aussi une grande détermination à poursuivre. Comme tous les membres de l’École, je persévère et me prépare à une efficacité supérieure, comme l’exigent les temps. Nous saurons surmonter ces horribles moments et maintenir vivante la psychanalyse ! Tu peux compter sur moi comme avant ces événements pour soutenir notre travail avec encore plus de détermination. Chacun a pu voir votre travail et votre style enjoué qui contrastent évidemment avec la noirceur qu'on veut nous imposer. Les J45 n’ont peut-être pas eu lieu, mais elles ont eu lieu dans toute la préparation de ces textes, dans le blog aussi, cette formidable ouverture donnée à tous, et si nous avons été privés de notre présence en chair et en os, c’était le seul choix à faire. Oui, la psychanalyse reste toujours vivante et plus nécessaire que jamais. Aucune chose vaine en effet : ce n’est pas le genre de la maison. Mais un trou créé à la place des J45. Comme le dit Aurélie, ces Journées c’était “La belle équipe”. Bravo pour tout le travail et le plaisir que nous avons eu à y prendre part. C'est vous qui devez être remerciées pour avoir mené cet énorme paquebot jusqu'au port avant qu'il ne soit arraisonné. Nos travaux n'étaient que flottille accompagnant le navire. Mais toute la cargaison qu'il avait chargée depuis des mois et des mois ne sera pas perdue. Je me joins à mes ami(e)s pour vous féliciter et vous remercier de cet élan bien vivant que vous avez su donner à cette communauté improbable et cependant, orientée par un désir et une éthique qui font chaud au cœur. Samedi matin à l'accueil une jeune femme qui venait pour la première fois aux Journées nous a dit : "Merci! C'était formidable vos Journées", témoignant ainsi que quelque chose à la fois de la rigueur du travail et de notre joie s'est transmis tout au long de ces mois. Non, rien n’a été vain! Nous avons beaucoup appris de nos échanges : des textes travaillés et retravaillés. De cette belle aventure de préparation. Ce qui a été fait est acquis et ne nous sera jamais retiré. Merci à vous pour tout ce travail vivant et l'élan de désir qu'insuffle si bien la psychanalyse d'orientation Lacanienne : celle de notre École! Il restera un trou - celui d'un réel inassimilable. Alors, ce trou, à nous d'en faire quelque chose. Continuons notre combat, celui qui a pour arme le désir, la psychanalyse, le transfert de travail et le gay sçavoir! Merci à vous de nous avoir permis de travailler, dans l'enthousiasme, à la formidable préparation de ces Journées. La marque en creux qu'elles laissent ne peut que soutenir notre désir pour la psychanalyse et pour l'École. Merci à vous pour ce travail colossal que vous avez mené jusqu'à ce que ce réel sans loi vienne le malmener et empêcher qu'il n'aboutisse. Parions que nous saurons inventer une façon percutante de travailler afin de maintenir cette pulsion de vie à sa forme la plus favorable et prometteuse. L'orientation lacanienne nous en donne déjà le trajet et la psychanalyse comme boussole continuera, plus que jamais, à nous faire espérer que la vie réserve encore de belles surprises ! Nous n’oublierons pas l’énorme travail qui a été fait pour ces Journées qui resteront donc pour nous « Les Journées inexistantes » mais ô combien présentes. Depuis la création de l’ECF, le rendez-vous des Journées au Palais des Congrès a eu lieu avec une régularité de métronome. Cette fois, il était évident qu’il en allait être de même. La veille, très heureux, nous partagions la joie des instances de l’École, confirmant l’assurance de ce qui allait être un grand événement, soigneusement et rigoureusement  préparé, aboutissant à ces 3400 inscrits. La barbarie, l’hydre, la bête, est venue faucher des jeunes vies, évidant nos évidences et transformant  le lieu de nos J45 en un grand ensemble vide. Il est prouvé qu’un ensemble vide compte, compte comme Un et aussi engendre la suite. Merci à vous qui avez su, en y mettant votre souffle, gonfler la voile du désir de notre communauté de travail. Oui,  ce n'est pas vain car notre désir pour la psychanalyse est intact. Peut-être même plus décidé que jamais. Je joins ma voix à celles des collègues car en ces temps de rupture du lien, où c'est le lien social dans son actualisation la plus simple qui est touché avec les terrasses de café et les lieux de spectacle et de sport, notre "communauté" solidaire est essentielle, une résistance, le choix de la vie contre le déchaînement à son encontre, une raison supplémentaire pour donner un nouvel avenir, sous une forme à inventer, à notre "faire couple". Même si ces Journées n'ont pas pu avoir lieu, la psychanalyse est vivante plus que jamais pour nous tous. Comme le disait si bien Aurélie, les belles équipes des Journées et de l'École sont aussi un signe important pour notre époque. Le réel insensé nous a tous frappés, nous allons ensemble continuer à tenter d'en prendre la mesure. Merci pour ce message qui nous engage encore plus que jamais à poursuivre notre travail et à pouvoir en témoigner! Grâce au travail de dentelle que vous avez effectué, les Journées auront déjà eu lieu chaque jour de ces derniers mois, et cela laissera des traces. Reste que leur annulation qui, dans ces circonstances, nous a soulagés, laisse un trou qu’il s’agit de faire vivre pour qu’en sorte du nouveau. Chères amies, je suis très fier de faire partie de ceux et celles qui ont eu leur texte retenu pour les J45... Mais ce qui s'est passé ce 13 novembre est tellement important et symptomatique de l'état du monde actuel que même la "Cause freudienne" nous imposait un temps d'arrêt, une suspension de notre work in progress car devant ces crimes abominables, nous ne pouvons faire davantage que nous mettre en état de laisser entendre le silence et le vacarme concomitants de la pulsion de mort. Le temps de comprendre viendra… avant de conclure ces travaux des J45. Même si la joie d’exister de l'École a été - indirectement - frappée dans son expression même à cause d’une volonté de destruction qui a visé nos enfants, ce que vous avez fait « avant » ce coup terrible et ce que vous faites « maintenant » montre que l’École existe fortement. Rien de ce qui a mis en jeu le désir n’est vain en effet. Le couple au fond c’est la relation à deux. Un traitement de l’Un tout seul... Cela reste un sujet d’actualité la plus vive. C'est l'occasion de vous féliciter pour tout ce travail de préparation, d'animation, d'ouverture à un large public, qui a été accompli durant l'année. En plus des événements dramatiques qui nous ont tous affectés, nous avons été privés de ces Journées qui s'annonçaient comme une fête de la psychanalyse, et nous en avons ressenti un violent effet de trou. Cela rend plus précieux encore le lien qui nous unit à l'École et à notre communauté de travail. Il y aura d'autres rencontres et d'autres manifestations de ce désir qui nous lie et nous porte à l'enthousiasme. Ma première pensée a été vers vous lorsque j’ai appris que les Journées n’auraient pas lieu : faire, défaire, refaire, etc….nous ne cessons pas en psychanalyse donc nous allons maintenant voguer vers de nouveaux horizons, nous attendons vos décisions pour la suite à donner à tout ce travail, évidemment il y a des interrogations de part et d’autre, entre ceux qui venaient pour la première fois et les habitués, mais tous nos interlocuteurs ont compris que nous étions face à un impossible, à un réel dont il fallait tenir compte. Merci pour ce retour de notre propre message clinique sous forme inversée. Est-ce un hasard si ces Journées depuis le départ s'annonçaient extraordinaires? Le sujet, tant de travail, mais aussi tant de finesse et de légèreté, de nouveautés, de sourires et de collègues concernés, joyeux. Par-là, elles existaient comme jamais grâce à vous et à tous celles et ceux qui vous ont suivies. Les voilà aujourd'hui plongées dans l'inexistence brutale dont nous savons qu'elle n'est pas rien! La charge du travail accumulée nouée brusquement à l'événement terrible et imprévu en font quelque chose qui vient maintenant, encore, nous interroger mais d'une toute autre façon. Rien ne sera plus comme avant. Participer aux J45 de cette manière aussi a été pour moi très important. Oui la psychanalyse reste vivante, malgré tout ! Nous n’oublierons pas cette magnifique préparation des J45 animée d’un élan si généreux, si contagieux, si sérieux aussi, un grand merci à vous et aux équipes. Et si violente qu’ait été la rupture, elle ne rend que plus nécessaire notre lien social et peut-être faudra-t-il lui trouver de nouvelles formes pour l'incarner. Ces Journées existaient déjà dans l'énorme travail de préparation, témoignant du désir décidé qui est celui de notre École. L'horreur de l'événement imprévu a changé la donne, imposant la difficile décision de ne pas faire. Il y a un avant et un après... L'après est à inventer avec le même désir décidé. Je ne peux que vous remercier pour tout ce magnifique travail, plein de vie et de rigueur que vous avez soutenu jusqu'au bout. Pour tous, il y a  - il y aura - un trou à la place du "faire couple". Plusieurs se sont demandé si les Journées allaient être reportées. Pour moi, qui avait préparé un exposé il est apparu très vite que c'était impossible. Ces Journées qui allaient être formidables, personne n'en doute, seront toujours associées aux attentats. Plus que jamais le combat vivifiant de la psychanalyse de notre École doit se poursuivre. L'émotion fut grande ce dernier week-end et j'ai été navrée pour l'École et tous les inscrits, de l'annulation des Journées. Cependant, avoir été là, ces vendredi et samedi, pour moi d'ordinaire assez loin physiquement de Paris, fut aussi le moment de prendre acte de l'époque et une fois encore, de la pertinence de mon orientation par la psychanalyse lacanienne. Au travail donc! Et merci encore pour votre énorme travail préparatoire et celui, n'en doutons pas, qui va suivre. Ce travail fut joyeux. Il a marqué ces Journées 45. La préparation telle que vous l'avez réalisée nous a permis de les vivre un peu avant l'heure. On y était ! Bien sûr, cet avant-goût nous fait regretter d'autant plus qu'elles n'aient pas pu se poursuivre in vivo. Notre désir est vif pour une psychanalyse présente et vivante au XXIe siècle qui ne s'exerce pas en dehors du monde tel qu'il va. Chacun a pu saisir qu’il n’y avait pas d’autre choix possible face à ce réel qui nous est tombé dessus. Le samedi matin nous étions sous le choc d’avoir à annoncer que nos Journées tant attendues n’auraient pas lieu, mais plus encore quand il fallait en dire les raisons. Ce temps nécessaire a compté pour chacun de ceux qui étaient présents. Ce qui fait lien entre les corps parlants est d’autant plus vif, à penser encore et encore. Cela ne remet en aucun cas en question le travail qui a eu lieu en amont porté par l’enthousiasme, la joie des trouvailles et des rencontres. Je vous remercie en retour pour ce travail précieux de préparation et d’élaboration qui nourrit, soutient et suscite le désir de chacun pour que la psychanalyse reste vivante. Nous sommes orphelins de nos Journées mais plus que jamais au travail, orientés et politiquement décidés. À mon tour de vous remercier vivement pour cette préparation si finement menée et de votre message qui relance le travail vers de nouvelles formules à inventer encore. Quand j'ai appris que les J45 n'auraient pas lieu, je me suis dit : ils n'auront pas notre École. La force du désir qui s'est dégagée tout au long de leur préparation jusque dans des lieux les plus improbables ne peut pas être détruite. J'ai eu une pensée aussi pour chaque personne qui, pour une des premières fois, s'était inscrite aux Journées. C'est sûr, plus que jamais nous allons poursuivre  l'action lacanienne pour combattre à notre manière afin qu'Eros gagne sur Thanatos. Le travail soutenu, consistant, reste certainement pour chacun une valeur forte. Comment sera-t-il relancé, je vous fais confiance et ne manquerai pas à l'occasion d'en parler avec vous si vous le souhaitez.  Le temps viendra, il faut que chacun trouve sa voie de sortie, jamais totalement équivalente à  ce qu'aurait permis cette merveilleuse organisation mais est-il possible de penser ou dire autre chose ? Le réel a imposé sa sidération. Alors, à nouveau, merci. J'ai beaucoup appris en écrivant le texte destiné aux simultanés; en participant au mouvement de ces Journées. C'est une chance et je vous remercie pour votre confiance. Manque ce congrès qui n'a pas eu lieu, ce vide de quelque chose qui ne s'est pas réalisé. À quoi s'ajoute le poids qui vient charger l'air du temps. Mais là encore, concernant la psychanalyse, j'ai confiance en notre orientation. Face au trou de samedi je prendrai point d'appui du Monde des livres de ce vendredi 20 pour faire vivre le monde qui délivre de la barbarie en paraphrasant leur titre « Écrire sans trembler » soit « Psychanalyser sans trembler » car, comme l'écrit dans ce même Monde des livres Jean-Claude Milner dans un texte remarquable : « Le califat a des lettres ». Donc nos lettres seront nos Armes au-delà du temps des larmes nécessaires. Cela a été une joie de travailler pour les Journées 45. Nous allons continuer à Faire Front avec et pour la psychanalyse. Ce fut un plaisir d'entrer dans la ronde. Nous continuerons à danser!

 

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Éditorial

Nous sommes en route vers les J45 mais aussi déjà tout à fait engagés vers Rio comme vous allez le découvrir ici. Oui nous marchons, courons, nageons avec Philippe Mengue, grâce à Serge Cottet, et traversons les océans avec Isabelle Autissier dans ce numéro vacancier !

L’Hebdo-Blog n’est cependant pas le porte-voix d’une « communauté de travail » à l’idéal, « sinon religieux, du moins un tantinet « boy scout », soit insupportablement mièvre […] ».[1]

Pourquoi ? Comme pouvait le préciser François Leguil, en 1994 dans la Lettre mensuelle n° 130, nous lions Contrôle et Garantie, « c'est-à-dire l’élucidation des pratiques dites de contrôle et l’ambition d’en forger enfin l’embryon de doctrine qui n’existe pas encore, articulées à la responsabilité que prend l’École de garantir “ce qui relève de sa formation” ».

Le texte de Yasmine Grasser, d’emblée, éclairera ce point.

      [1] Leguil F., « La Garantie et le Contrôle dans l’École, La théorie de la psychanalyse », La Lettre mensuelle, n° 130.

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Éditorial

  [audio mp3="https://www.hebdo-blog.fr/wp-content/uploads/2015/09/happybday.mp3" loop="true" autoplay="true"][/audio]

Ce numéro 43 de L’Hebdo-Blog est un double événement : L’Hebdo-Blog a un an ! Oui vous pouvez chanter, et même danser ! Mais il y a autre chose : vous avez devant les yeux la  troisième édition spéciale des 45es Journées de l’ECF. Cette série de trois numéros spéciaux a été rendue possible grâce à la nouvelle voilure de notre embarcation. En effet, avec son rythme hebdo, ses flèches, ses textes ciselés, L’HB est vif et prompt, il permet ainsi de répercuter quasi immédiatement l'incroyable travail qui anime les ACF partout en France, pour s'élancer vers les Journées. Ce n'est pas pour rejoindre « le mouvement du monde »[1] que nous avons voulu un véhicule léger et vif, mais pour être à l'heure de l’époque. Une époque qui clique, zappe, survole, pour ne s'arrêter que sur ce qui, ô surprise, accrochera le désir et arrêtera sa course, un temps. L’HB a dernièrement ouvert quelques-unes de ses portes au public, c'est une petite révolution qui résonne avec le message puissant qu'a fait passer Christiane Alberti lors de l'Intercartel d'Agen (dont vous trouverez écho dans ce numéro), indiquant que c'est en faisant vibrer largement notre désir que nous donnons chance à certains de rencontrer le leur.

Point de départ…

Éric Laurent, dans  son texte  « Genre et jouissance » publié dans l’ouvrage collectif Subversion lacanienne des théories du genre[2] commence son propos avec cette question : y a-t-il une théorie du genre ? En citant Judith Butler, nous dirons qu’il nous introduit tout de go au cœur du titre des Journées : « Faire couple », formule choc qui illustre la part de parodie que comporte cette entreprise. Si le genre, pour J. Butler, est « un acte performatif, comme une série de gestes, d’attitudes, de postures, de normes, des sortes de parodies sans cesse répétées pour acquérir leur légitimité […] », faire couple ne relève-t-il pas aussi de ce jeu ? Virginia Woolf n’était pas sans savoir combien s’imposait le juste maniement des semblants à qui veut entrer dans la danse : « Si différents que soient les sexes, ils se mélangent. Dans chaque être humain se produit une vacillation d'un sexe à l'autre, et souvent ce sont les seuls vêtements qui conservent l'apparence mâle ou femelle, cependant qu'au-dessous le sexe est à l'opposé même de ce qu'il est au-dessus ».[3]

Dessus ou dessous ? Les êtres parlants ne chanteront jamais à l’unisson. Ils ne feront couple que s’ils parviennent à défricher entre les fougères un sentier, malgré l’obstacle à la rencontre qu’est le phallus : un homme, sujet qui a choisi de se ranger côté mâle dans la sexuation, jouit du fantasme et ne peut atteindre son partenaire que par ce fantasme. L’embrouille est donc au rendez-vous car une femme peut, elle, avoir rapport à la jouissance phallique, localisable, et à la jouissance « supplémentaire », jouissance du corps non limitée à l'organe phallique, et jouissance de la parole. Comment alors, compte tenu de ce répartitoire, pourra éclore un couple ? Ce numéro spécial J45 nous en montrera quelques bourgeons. Bonne promenade cher lecteur !

[1] Miller J.-A., L’orientation lacanienne, « Choses de finesse en psychanalyse »,  enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de paris VIII, leçon du 12 novembre 2008, inédit. [2] Laurent  É.,  « Genre et jouissance », in Subversion lacanienne des théories du genre,  Ouvrage collectif sous la direction de F. Fajnwaks et C. Leguil, Éditions Michèle, Paris 2015,  p. 146. [3] Woolf V., Œuvres romanesques, II, Orlando, Gallimard, NRF, « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, 2012, p. 318.

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Lacan TV nous regarde

Et oui, cher lecteur, j’ai fait clic pour aller voir Lacan TV. La première web télé de psychanalyse telle que l’annonce la présentation signée Christiane Alberti. Une web télé ? Un nouvel e-objet qui attire notre regard ? Bien plus que ça. Je me suis baladée sur ce site agréable aux couleurs douces. Mon avis de web-téléspectatrice ?

Première surprise : Jean-Louis Débré dit que le couple président-premier ministre peut être un couple « avec ou sans amour », la cohabitation étant the must du couple à la tête d’un gouvernement. Intéressant.

Deuxième arrêt, des lectures d’extraits du Séminaire de Jacques Lacan. Des comédiens prêtent leur voix et leur regard au texte. Des extraits choisis avec pertinence.

Troisième arrêt, une série des pépites : l’écriture d’un premier amour joué par des Playmobils, des danseurs ravissants qui font couple devant nos yeux avec un classique de Bob Marley et une série allemande sur le couple.

Plus une série d’arrêts, en saccades : Joe Starr et sa franchise, Catherine Millet et sa rigueur féminine, Philippe Sollers et son mariage, Jean Lebrun et l’écriture avec un absent, Mathilde Monnier et la figure de deux, Alain Grosrichard et la géométrie du couple, Pierre Barrillet et l’écriture à deux. La profondeur du témoignage !

Pourquoi Lacan TV nous regarde ? Parce que nous préparons le grand rendez-vous que sont les Journées 45 de l’ECF « Faire Couple », dont le thème donne sa thématique essentielle à cette première période de Lacan TV et parce que, pour emprunter une phrase de Jacques Lacan, bien connue de nos oreilles : « tu peux savoir ce qu’en pense… » l’École de la Cause freudienne sur la psychanalyse et son rapport à l’époque. Lacan TV est sur la toile, donc à la portée de tout le monde. Longue vie à Lacan TV !

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Éditorial

Nous revoilà ! De retour de vacances très inédites pour nous tous, d’un été dérouté, secoué, ébouriffé par vents et précipitations diverses des 45es Journées de l’ECF, Jacques et Bernadette Chirac, Barack et Michelle Obama, Martine Aubry et Jacques Delors, Alexis Tsipras et Betty, accompagnés par Luc Garcia, Hélène Bonnaud, Pénélope Fay, Éric Zuliani, Alice Delarue... Pas de trêve cet été pour le Journal des 45e Journées ! La série politique s’est penchée sur les racines qui nouent quelques-uns des grands couples de notre monde contemporain. Savions-nous qu’au cœur de notre vacance nous seraient confiées des clefs détentrices de la recette du ciment de couples qui nous avaient ravis, surpris, ou révoltés ? Savions-nous que nous allions retrouver là, en ce premier septembre... Jacques Lacan ? Jacques Lacan lui-même introduit par Gérard Miller ? Si nous avions témoigné en juin du style nouveau adopté par nos Journées, avions-nous humé alors l'ampleur de ce souffle ?

Aujourd’hui s’ouvre encore dans votre Hebdo-Blog une page sur l’instant de la rencontre dans notre dossier. Oui, en l'instant, retrouvez La Princesse de Clèves, Madame de Chartres et son précieux dire fondateur, isolé pour nous par Marie Laurent : « les hommes sont infidèles et trahissent les femmes ».

C’est au troisième Rendez-vous clinique du CPCT-Paris, Équivoques de l'objet, avec Pierre-Gilles Guéguen, du 13 juin dernier, que vous serez conviés par la suite ; nous consacrons particulièrement cet HB à cette après-midi de travail. Qu’est-ce que parler d’objet en psychanalyse ? Comment cela oriente-t-il le traitement ? Lisez encore Célia Breton qui nous fait saisir combien le dispositif analytique peut permettre à un sujet de ne pas en rester au bon heur du sens établi et convenu, et acceptez l'invitation de Liliana Salazar-Redon, samedi 12 septembre à Ville-d'Avray, sur le couple patient-soignant, et avec Guy Briole.

Et si le carnage était au couple ce que le ver est au fruit et le bonheur au pré ?

Je cite ici Nathalie Georges-Lambrichs. Lisez-là en son rendez-vous fin juillet… avec Roman Polanski.

Bonne rentrée à tous !

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Éditorial

Entre l’homme et la femme,

                                 Il y a l’amour.

                                 Entre l’homme et l’amour,

                                 Il y a un monde.

                               Entre l’homme et le monde,

                               Il y a un mur.

Jacques Lacan, Je parle aux murs

Un mur ?

Et laisse-t-on vraiment aujourd’hui « les agences matrimoniales aux mains de mémères qui ont de l’expérience »[1], comme le disait Jacques-Alain Miller à Commandatuba en 2004, tout en ajoutant que si « on n’a pas encore installé les évaluateurs dans les agences matrimoniales ? Ça ne saurait tarder ! »[2]

Vous n’étiez pas sans savoir que chez Unicis, un conseiller pouvait réaliser pour vous, et sans engagement de votre part, une présélection de trois personnes dûment sélectionnées et fichées, qui allaient vous correspondre. Délivrés du langage, vous alliez vous livrer, corps et âme, à cette recherche dont l’issue rapide vous offrait trois profils. Retenus pour leur bonne adéquation avec vous, ils vous garantissaient satisfaction. Chez Unicis, ça s’appelait l'affinité réciproque. La conseillère était en mesure, vous l’aviez expérimenté, de vous permettre de bonnes rencontres, grâce à un subtil questionnaire psycho-relationnel.

Has been que cela !

Vous avez lu le Flash lacanien du 9 juillet et le texte de Dominique Pasco et savez désormais que le magazine Marie-Claire de Juillet 2015 consacre trois pages aux e-rencontres. Notre collègue précise dans son flash la part de la référence aux statistiques dans cet état des lieux de la e-rencontre : « On y apprend que les sites sont désormais vintages, quasi obsolètes et délogés par les applications qui permettent un accès plus immédiat avec géolocalisation et gratuité. Quinze à dix-huit millions de célibataires offrent une perspective incroyable à ces nouvelles modalités d’entrer en contact ».

Vous en doutez ? Vous me répondez, d’un autre site.com, celui de la psychanalyse lacanienne… que… il n’y a pas de rapport sexuel ?

Pour ce 14 juillet, cet Hebdo-Blog n° 40 est un feu d’artifice, ça fuse !

Voici la seconde édition spéciale 45es Journées. Nos rubriques « Dossier », « ACF », « Hors-piste », « Tiré à part », « Comment l’entendez-vous ? », « Arts &Lettres », « HB-Nos livres », sont au rendez-vous !

Nous vous emmènerons vers l’aube, quand « la cumparsita vient clore chaque nuit » (Laurent Dumoulin) et vers ce lieu de « la rencontre amoureuse entre deux sexes, permise là où il n’y a pas de rapport sexuel » (Marcelo Denis). Si, aujourd’hui « on jouit d’abord, on court-circuite le désir et il reste à aimer », nous dit Sonia Chiriaco – nulle invitation à gémir car « à la place du rapport sexuel qui n’existe pas, les parlêtres ont inventé l’amour. Et on en parle encore ! » Savez-vous d’ailleurs que « S’il n’y a pas de bon heur, il y a des rencontres qui donnent du peps ! » ? (Véronique Servais)

Certaines rencontres, aussi, ravissent. Lisez le texte de René Fiori lorsqu’il célèbre le livre Du mariage considéré comme un des beaux-arts, de Philippe Sollers et Julia Kristeva, « Ce livre est un régal tant les auteurs ont à cœur de nous prendre dans les plis, nous impliquer dans les suites de leur rencontre qui ne cesse de s’écrire jusqu’à aujourd’hui ».

Ce n’est pas de ravissement qu’il s’agit dans la « brève rencontre » de Claude Lanzmann, en Corée du Nord, avec Kim Kum-sum, mais d’éclair, de fulgurance du désir, de ruse et de rencontre avec une marque sur le corps de l’autre qui attise encore l’embrasement des corps-parlants. C’est cela qu’évoque pour nous Damien Guyonnet qui a su extraire des Mémoires de C. Lanzmann cette perle rare. Littérature, encore, Caroline Leduc débusque dans le premier roman de Witold Grombowicz l’amour qui se cache derrière celui de Jojo pour une jeune fille, un amour bien singulier. Rappelons que ces deux textes succèdent, dans le dossier, à ceux de deux autres membres du comité de pilotage des J45, Carolina Koretzky et Camilo Ramirez, publiés dans notre première édition spéciale J45 du 29 juin.

Souvenons-nous du numéro 1 de L’Hebdo-Blog, c’était il y a dix mois, le 21 septembre 2014, et du texte Same Sex Procreation, (dans la rubrique Hors-Piste) de François Ansermet. Ici, Marie-Christine Baillehache, René Fiori et Isabelle Galland se sont entretenus avec lui à propos de son dernier livre La fabrication des enfants, un vertige technologique. Ne déflorons pas le contenu de cet entretien riche d’enseignements. Quand bien même F. Ansermet parle de choses fort sérieuses, c’est avec légèreté.

Mais pas de pause estivale sans un retour sur nos pas, sans honorer PIPOL 7 : « Victime ! » Alors que Dominique-Paul Rousseau nous y introduisait, voilà qu’à chaud, tout de go car il vient de nous parvenir, nous avons le plaisir de vous communiquer un texte, politique, de Jean-Daniel Matet, président de l’EuroFédération de psychanalyse et co-organisateur du congrès avec Gil Caroz. Nous l’en remercions.

Prochain rendez-vous avec L’Hebdo-Blog le lundi 7 septembre !

[1] Miller J.-A. « Une fantaisie », Mental, n°15, Revue internationale de santé mentale et de psychanalyse appliquée, Paris, 2005, p. 24 et 25. [2] Ibid., p. 25.

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Éditorial

« La psychanalyse, à travers tous ses boniments, a bon pied, bon œil, et elle jouit même d’une espèce de respect, de prestige, d’effet de prestance tout à fait singulier si l’on songe tout de même à ce que sont les exigences de l’esprit scientifique »[1].

1967. Il y a presque un demi-siècle déjà, Jacques Lacan s’étonnait : la psychanalyse, ça tenait, cette « chose » elle était « toujours là »[2].

2015. L’Orientation lacanienne jouit encore d’un prestige certain, mais elle est attaquée et il nous faut rester vigilants. Sa force ne tient-elle pas à ce qu’elle sait rompre avec l’ennui et le pour tous, vise à serrer le réel le réel en jeu ? Elle pousse chacun à parler à partir d’une place précise, à partir de son manque-à-être, non de son savoir statufié. Ce principe, développé par Jacques-Alain Miller dans Politique lacanienne 1997-1998[3], est au cœur de notre orientation et le choix du thème de nos Journées participe de cette tension vers le réel, le symptôme, la solution intime, unique, et aussi vers la « tension entre l’un et le deux, soi et l’autre », comme l’écrit Christiane Alberti, directrice de ces Journées, dans l’argument qui les présente.

Les Journées de l’ECF, vecteur majeur de notre communauté, propulsent ACF et CPCT vers ce thème : Faire couple. Liaisons inconscientes. Nous tenterons, dans l’édition spéciale que nous consacrons ici à ces 45es Journées, de débusquer ce fameux « effet de surprise » évoqué par Lacan[4], qui happe et capte. Et la question du comment « faire couple » n’est-elle pas propice à accélérer cette traque en recentrant le propos sur la façon dont se décline, pour chacun, le non-rapport sexuel ?

Depuis plusieurs années, les Journées de l’École n’ont plus pour seule fonction de nous réunir dans l’intimité d’un pesant « entre nous », à l’image d’un colloque de spécialistes. Notons encore que Lacan, dans la conférence citée, nous alertait sur « la faiblesse du psychanalyste » dont le penchant est « qu’il se tient à carreau »[5]. Cette posture, prudente, prude et retenue, n’est pas – vous l’avez saisi ! – celle qui qualifie la direction de ces J45 !

Avançons sans rien sacrifier à la rigueur du concept dans la clinique. La langue qui s’y fait entendre porte la marque de l’ouverture. Le pari qui s’entend derrière ce qui s’y dit est celui d’énoncer clairement ce que nous découvrons dans notre pratique, mais aussi d’entendre ce que d’autres disciplines peuvent nous enseigner. C’est pour cela qu’autour de textes sur le thème lui-même, nous avons fait la part belle dans ce numéro spécial aux échos des après-midi préparatoires : manifestations du désir impulsé par les Journées bien avant l’événement lui-même. Vous trouverez également ici un volet politique essentiel avec trois textes sur les enjeux de la diffusion : « rencontre publique », « échanges », « conversation », tels sont les signifiants qui circulent sur les affiches des événements en région cette année.

Ces Journées impulsent une nouvelle façon de diffuser et, comme le rappelle Jean François Cottes, responsable de la e-commission, « il est bien connu que chaque changement technique du recueil et de la diffusion de l’écrit a un effet sur la forme du message ». Parions, et le pari a déjà fait ses preuves, que cette diffusion adressée qui, sans être tous azimuts ne laisse rien au hasard, sera homogène à l’époque des réseaux ! Pour sa part, la rubrique « Dossier » ajoute deux petits cailloux dans le soleil de la série ouverte par le Copil des J45 et le texte de C. Alberti Match-Point publié dans L’Hebdo-Blog le 8 juin dernier. Vous pourrez lire deux textes vifs qui rendent compte de l’instant de la rencontre par deux voies différentes convergentes en ce même point : le minuscule laps de temps où un homme, ou une femme, sont frappés par un détail qui réveille la folle envie de faire couple, coûte que coûte.

Les rubriques ACF, nourries de textes émanant de la préparation des Journées en régions, et Arts & Lettres, ne sont pas en reste et vous livreront de nouveau quelques traits de couples exceptionnels…

Allegro ma non troppo !

L’automne n’a pas éclos et avant Paris n’oublions pas que nous sommes attendus à Bruxelles ! Deux textes issus de Marseille et de son rendez-vous du CPCT du 5 juin 2015, « Victimes et victimisation », nous accompagneront, eux, vers PIPOL 7.

[1]           Lacan J., Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, page 23. [2]           Ibid. [3]           Miller J.-A., Politique lacanienne, 1997-1998, Paris, Collection Rue Huysmans, 2001. [4]           Op.cit. [5]           Op.cit., p. 19.

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