Apprendre à vieillir ? 

Le titre et notamment la présence du point d’interrogation attisent d’emblée la curiosité. Comment peut-on apprendre à vieillir ? Cela s’apprend-il ?

Lundi 9 octobre 2017, la soirée préparatoire aux 47e Journées de l’ECF sous le titre : « Apprendre : désir ou dressage ?» a apporté un éclairage particulier à cette question. La présentation par Nadège Talbot et l’animation passionnée et délicate de Claudine Valette-Damase ont fait écho à la fragilité du corps parlant dans le champ du vieillissement.

Dans un langage clair et accessible, les intervenants ont témoigné de leurs pratiques, suscitant des questions cruciales sur les enjeux et la prise en charge des personnes âgées en institution actuellement. Dans son introduction, C. Valette-Damase soulignait que « le discours médical et politique considère celles-ci comme des problèmes de santé publique auxquels des solutions doivent être apportées pour les éradiquer. Le champ de la vieillesse n’échappe pas à l’individualisme qui isole, au marché mettant en circulation des objets sophistiqués pour se passer de la parole, à la normalisation outrancière qui s’y expérimente ». La psychanalyse, quant à elle, parie sur la parole, le dialogue avec comme seul moteur le désir.

Les témoignages de Christel Astier et Martine Andrieux ont fait entendre qu’au-delà de la volonté politique de protocoles à utiliser, de méthodes à appliquer, de techniques à réaliser, de règles de soins à suivre, il est possible de travailler autrement.

Ces interventions ont mis en relief ce qui n’est pas visible, mais à entendre, à savoir la parole. Les personnes accueillies ont quelque chose à dire, chacune selon son style, selon ses moyens. Parler au présent, sur l’instant même de la rencontre, avec les mots du passé – parler au futur pourrait, peut se conjuguer avec le désir des personnels orientés par le discours analytique permettant ainsi une création.

Les échanges avec l’équipe et le directeur de l’éhpad de Vichy autour d’une interprétation de son projet, de mettre des dispositifs innovants, donnant une autre forme aux objectifs des appels à projet, des lois, avec leurs effets surmoïques ou injonctifs, ont permis de dire l’espoir d’un changement qui ne se repère que dans l’après-coup, aussi bien pour les personnels que pour les personnes accueillies. Les ateliers de parole de résidents et de professionnels permettent de transmettre son expérience dans ce qui a fait rencontre avec la personne rendue anonyme dans la collectivité pour trouver un espace à sa parole, à sa singularité.

 




Apprendre à l’école

La première des quatre soirées préparatoires aux Journées de l’ECF organisées par le bureau de ville de Clermont-Ferrand s’est tenue le lundi 2 octobre sur le thème « Apprendre à l’école ». Animée par Jean-François Cottes, elle a rassemblé près de 70 personnes, avec une forte participation de personnes de l’éducation nationale : enseignants, orateurs de l’ESPE, universitaires, qui venaient, pour beaucoup, pour la première fois dans notre local.

Dans son introduction, J.-F. Cottes a rappelé que pour Freud la pulsion de savoir n’existe pas, renvoyant plutôt le sujet du côté de son désir de savoir, mobilisable ou pas. Deux pistes se dessinent alors : comment susciter le désir d’apprendre à partir d’un Autre qui enseigne et pourquoi le sujet apprend.

Le texte d’Eulalie Berger a mis en évidence, à travers son expérience d’enseignante, comment un enfant de six ans se trouve au cœur d’un conflit si son désir le porte à entrer dans la civilisation. C’est alors au prix d’un consentement à l’Autre, au collectif et au renoncement au plaisir du corps pulsionnel que le sujet, derrière l’élève, peut savoir.

Le texte de Carine Desplanques, lui, a fait résonner l’équivoque se dresser / dressage en les articulant, permettant ainsi à un sujet d’accéder au sens par un doux forçage, ce qui leva son inhibition face à l’écriture.

Un débat vif s’est tenu entre les interventions avec une large participation de la salle.

J.-R. Rabanel a introduit la discussion en soulignant l’importance des objets pulsionnels en jeu (la voix, le regard) à l’école, qualifiant même celle-ci de « deuxième chance » donnée à l’enfant pour maîtriser les objets de la pulsion et s’édifier en tant que sujet.

Serge Thomazet, pédagogue, universitaire, Maître de conférences à l’Université d’Auvergne (ESPE) a quant à lui développé son idée de l’école inclusive à partir de la loi du 11 février 2005 qui s’impose à tous les domaines de la société en faveur des personnes handicapées. Depuis 2005, l’école, aspirant à devenir inclusive, doit être pour tous. Mais comment conjuguer l’école de la République et une école inclusive ? En France, tous les enfants doivent être inscrits dans une école, même si cette réalité est loin d’être effective. Notons que 70000 élèves sont inscrits dans des structures spécialisées (le chiffre est le même qu’en 1975). Les enseignants apparaissent dans un grand mal-être, entre la commande de l’école pour tous et la sensibilité à porter à chacun. Ils sont, pour la plupart, favorables à une école inclusive, mais comment faire à partir des moyens actuels ?

Cette école pour tous doit tenir compte des besoins particuliers de chaque enfant. Une logique de la classe doit alors se construire pour que cette école puisse être celle de chacun. Cette visée anti-ségrégative est une exigence politique toujours à construire, car le réel, lui, échappe et insiste. C’est ce que n’a pas manqué de rappeler J.-R. Rabanel, venu dialoguer avec S. Thomazet.




“Quand s’apprend la tête !”

Nous avions donné rendez-vous à Philippe Lacadée ce mardi 3 octobre au lycée professionnel horticole de Chadignac, au milieu des champs et des serres de la campagne saintongeaise. Sur le plan géographique : un « trou ».

Titre de la soirée : « Quand s’apprend la tête ! Eveil et impasses du désir d’apprendre à l’adolescence ». Soirée préparatoire aux J47.

Diffusion large, entrée libre, volonté d’ouvrir au grand public. Pour seules indications sur une potentielle mobilisation, les échanges préalables que nous avons pu avoir au sein d’établissements scolaires ou médico-sociaux de l’agglomération. A priori, on mise sur un public qui entend peu parler de psychanalyse au quotidien. Après un pari sur le lieu de la conférence, pari sur le public attendu donc. Second trou. Les conditions idéales pour qu’une rencontre puisse avoir lieu, avec ses effets de surprise.

20h, nous accueillons Philippe Lacadée. Environ 200 personnes présentes. L’amphithéâtre est plein, le trou a fait fonction d’appel. Ce lieu en marge de la ville permet peut-être d’offrir un point d’où s’extraire du discours du maître qui étouffe au quotidien les professionnels qui ont à accompagner les adolescents et qui viennent ce soir entendre autre chose. Le lieu est finalement pertinent, reste encore à trouver la formule.

Pour cela, il nous fallait un psychanalyste qui a l’art de savoir y faire le trou. P.Lacadée prend le micro, ses premiers mots seront : « Merci de m’avoir invité…dans ce trou perdu »! Ce sera le point de départ d’une conférence qui va donc nécessairement s’inventer au fil de la soirée, au gré d’une rencontre avec un public présent, qui réagit, qui rit. Le trou permet le surgissement, la surprise, les traits d’esprits fusent, le public est saisi. P.Lacadée nous donne à entendre et à voir, mettant en jeu ces deux objets du désir si importants pour que quelque chose passe, se transmette, en lien avec le thème de cette conférence.

L’adolescence est bien ce moment de rencontre avec un trou, trou dans le savoir sur le sexuel. P.Lacadée, s’appuyant sur le titre de la conférence, nous fait la démonstration de la modernité de la découverte freudienne, et de l’intérêt de tenir compte de ce « ça » qui occupe l’adolescent. « Ça prend la tête ! », « ça me gave ! » coté adolescent ; « je n’ai pas été formé pour ça ! » côté enseignant. P.Lacadée fait le tour des impasses sur lesquelles butent tant les adolescents que les enseignants ou les éducateurs. Le réel est peu à peu cerné.

Freud utilisait la métaphore du tunnel pour parler de cette délicate transition qu’est l’adolescence. Temps de l’exil, mais qui peut aussi devenir temps de l’éveil, et notamment éveil du désir d’apprendre. P.Lacadée nous rappelle ainsi que pour Freud lui-même, à l’adolescence, certains professeurs alimentaient « un courant souterrain qui ne tarissait jamais »1, faisant valoir la logique structurale du tunnel, et surtout ses effets en la présence d’un professeur qui sait se faire passeur d’un certain savoir, non sans user de son corps et du verbe.

Comment démontrer qu’une vraie vie à l’école est possible – en référence au titre d’un des ouvrages de P.Lacadée ? Tout simplement par une démonstration en acte : mardi soir, c’était la vraie vie dans l’amphithéâtre du lycée de Chadignac. Les témoignages recueillis après-coup nous l’ont confirmé.

De l’art de savoir y faire avec le trou, ou comment enseigner ce qui ne s’enseigne pas.

1 Freud S., Sur la psychologie du lycéen, 1914.




Le petit sac à main de François Truffaut

Le film de François Truffaut, « L’argent de poche » a été très vite tourné, pendant l’été 1975. C’est un film sur l’enfance, léger, aérien, gai et en même temps profondément mélancolique, avec ce petit quelque chose d’un peu précieux qui est la marque de Truffaut.
Je vais relever une scène qui m’a frappée…
Le père, commissaire de police, a proposé d’emmener la famille au restaurant, ce dimanche midi. La petite fille a décidé qu’elle sortirait parée d’un petit sac à main – une peluche défraîchie, en forme d’éléphant, trompe comprise – qu’elle est allée chercher dans sa chambre. Affrontement : le père refuse d’emmener sa fille affublée de ce sac à main. Il lui propose, en accord avec la mère, un « vrai sac de dame. On pourra même croire que tu es ma femme ! »dit-il. Elle s’entête, refuse la substitution et la sanction tombe : ils iront au restaurant sans elle puisqu’elle ne veut pas céder.

A chaque instant, Truffaut se tient à hauteur de l’enfant, sans chercher à faire de la psychologie et en même temps, le tour de force, c’est la justesse clinique portée par cette scène… Elle désire, et l’objet dans lequel son désir s’incarne, c’est ce petit sac à main. Dégoûtant et déplacé pour le père, il est précieux et nécessaire pour la petite fille. On peut gloser à l’infini sur les enjeux croisés pour chaque personnage, sur la forme de l’objet sac à main…
Mais ce qui reste gravé à tout jamais, c’est le caractère absolument décidé, le désir insubmersible de cette petite fille qui se manifeste dans la scène suivante : elle n’est pas du genre à pleurer d’être abandonnée à son triste sort. Impertinente jusqu’au bout, incarnant le scandale, elle se saisit de l’objet du père – le porte-voix, par lequel il œuvre à maintenir l’ordre – et fait résonner sa voix dans le cour de l’immeuble : « J’ai faim, j’ai faim ! » Tout le monde est aux fenêtres. Elle se fait entendre, puisqu’elle obtient l’abondance grâce à des copains qui lui font parvenir, par un ingénieux système de cordes coulissantes, un panier très généreusement garni.
Et il y a cette petite touche supplémentaire absolument précieuse qui clôt la scène, cette phrase répétée deux fois, chuchotée pour elle seule, signe de son triomphe : « Tout le monde m’a regardée, tout le monde m’a regardée ! »

Truffaut était un cinéaste, un artiste qui portait un regard vivant et généreux sur ses personnages. Impossible de déceler la moindre once de cynisme ou de condescendance dans ce regard… C’est aussi ce qui le rend tellement précieux. Une générosité, sans le côté « cucu fraisette » de la charité mal ordonnée… Un regard clinique au sens noble du terme, celui que nous partageons et qui donne toute sa valeur à l’engagement dans ce dont nos collègues vont témoigner dans les prochaines Journées de l’Ecole…

Concluons par une citation de Truffaut, tirée du livre de ses correspondances, établi par Gilles Jacob et Claude de Givray.
La lettre est adressée à Helen Scott, amie très proche de Truffaut. Il fait un séjour aux Etats-Unis et prend des cours d’anglais avec un professeur prestigieux, ancien résistant, qui a enseigné le français à Grace Kelly et l’anglais à Jean-Louis Trintignant.
Voilà ce qu’écrit celui qui avait arrêté l’école à 14 ans, à propos de son professeur : « Il ne me fait jamais aucun reproche, il se comporte un peu comme un psychanalyste et il a une patience angélique, mais je sens bien qu’il est étonné par la force de mon blocage ; la vérité est qu’il y a en moi un refus d’apprendre aussi puissant que mon désir de savoir. »…
Voilà un « blocage » qui a ouvert bien des portes…




Fête de lalangue

C’était le 27 septembre dernier, le jour de la fête de la communauté française en Belgique. Quoi de mieux pour accueillir chaleureusement à Tournai, première capitale du royaume Franc (ça c’est juste pour le rappel historique), Monique Amirault qui ne voulait pas faire conférence mais conversation et qui, dans son style à elle, en toute simplicité et avec rigueur, a répondu à nos questions sur le travail de Gaston Chaissac, ce « bricoleur de réel » et « épistolier ».

Nous étions plusieurs de Bruxelles, Mons, Lille et Tournai, à avoir préparé pendant quelques semaines cette soirée de l’ACF-Belgique, en vue des prochaines journées de l’ECF qui se tiendront à Paris en novembre prochain, « Apprendre, désir ou dressage ».

Et le public a répondu présent. Alors que nous vivons à l’heure de la folie suicidaire de la logique managériale dans tous les domaines qui concernent l’être humain dans ce qu’il a de plus trumain, la lecture du livre de Monique Amirault, les écrits de Chaissac, ses bricolages à partir de débritus, loin des autres, loin de l’Autre, de ses préceptes annihilant, nous renforcent s’il le fallait dans l’orientation choisie de défendre le plus irréductible, le plus singulier, hors-normes de chacun.
Chaissac qui aurait pu céder à la jouissance de l’Autre en se faisant valet de ferme, voire cheval ou mouche pour un maître sans foi ni loi, s’en est écarté. Il a choisi de manière déterminée de ne pas se faire objet mais de rassembler des objets, des morceaux d’objets qui ne servent plus à rien, pour inventer de l’inécrit. Et encore, sans penser, sans mentalité, sans savoir ce qu’il faisait, sans savoir ce que cela donnerait et si cela allait intéresser. Ces inventions sont autant des bricolages de mots que des bricolages de choses.

Chaissac ne s’encombre pas, c’est vital pour lui d’inventer des mots et des choses. Il préfère être chaste et malade pour tenir. Ces inventions qui se passent du sens, de toute forme d’apprentissage lui permettent d’exister.
Chaissac n’a pas appris mais il a enrichi la langue française et le champ de l’art. Il nous propose, comme Lacan, de faire comme lui, de ne pas l’imiter. C’est une leçon sur ce qui fait sinthome pour chacun.
Merci beaucoup à Monique Amirault et à celles et ceux qui nous ont accompagnés sur cette voie, sinthomatique et hérétique, qui donne du peps.




Clinique contemporaine en acte

L’introduction de Béatriz Vindret à l’après-midi de la section clinique qui s’est déroulée ce samedi 7 octobre 2007, rappelle le mic-mac de cette catégorie de déprime-dépression, hors étiologie, dont se nourrissent aujourd’hui les chercheurs, les laboratoires pharmaceutiques, les organes bureaucratiques. Mais la dépression est d’abord pression, pression du non-rapport sexuel, de ce ratage qui est ce qui se met en croix dans la course au bonheur.

Cet après-midi s’est distribué en deux séquences, portant chacune sur trois cas cliniques qui ont constitué le suc de notre conversation. Reçus dans des organismes de soins ou, pour l’un, dans le cadre d’une des associations de la FIPA, ils portent la forte empreinte de notre époque à deux titres. D’une part, pour la première séquence, c’est un symptôme survenu sur les lieux du travail qui a été à l’origine de la demande d’entretien ; d’autre part la plupart témoignent, en le prenant à revers, du ravalement croissant de la singularité qui est à l’œuvre dans les institutions censées accueillir le sujet. Aussi ces conversations cliniques font elles d’autant plus école, animées qu’elles sont par des psychanalystes ayant à cœur de puiser dans chaque cas les linéaments qui lui sont propres.

Ainsi, pour cette personne, l’inoffensif séjour à la campagne conseillé par un psychiatre pour «  soigner » sa dépression, se révèle-t-il, à l’aune des entretiens, raviver les coordonnées tragiques de la mort de son père. Pour cette femme, la contrainte posée par les organismes officiels de reprendre un emploi dans le domaine de l’enfance s’avère-t-elle délétère, quand un phénomène élémentaire, portant sur ce point, manifeste la charge mortifère qui peut en sourdre.

Jean-Daniel Matet, animant cette séquence, nous a fait stationner sur ces points enseignants. Chacun des cas ainsi historisé s’est-il trouvé marqué de cette surprise qui n’a pas manqué de rejaillir sur l’auditoire. Précisons que pour la plupart de ces patients, c’est la contingence des rencontres qui leur a valu d’être accueillis par un praticien orienté par la psychanalyse, quand leur demande première ne comportait pas cette adresse. Et c’est là aussi un trait d’époque. Le pari qu’annonçait le titre de l’après-midi «  La dépression : Signal d’alarme ? Trouble de l’humeur ? Affect ? », déjouant les catégorisations trop hâtives a été tenu, tenu au sens de ne pas faire des notions psychanalytiques, un refuge trop étanche, un abri confortable.

Ainsi les signifiants propres au sujet, dans chaque cas, ont-ils été soigneusement considérés et débattus. Yves-Claude Stavy, autre discutant de l’après-midi, nous a arrêté sur le mot fugue qui, pour telle patiente, n’avait pas le sens attendu. Ou sur le fait que, se précipiter sur la formule «  objet déchet », pour tel autre patient dont on ne pouvait préjuger de la mélancolie, pouvait nous faire rater l’essentiel du cas. Introduite par Beatriz Vindret, le débat s’est ainsi enrichi au fil des commentaires de Bertrand Lahutte, Yves-Claude Stavy, Jean-Daniel Matet. Des notions, comme la réticence, ont été reconsidérées, des remarques cliniques précises ont été amenées sur le fait par exemple que le patient, à l’issue des entretiens, pouvait en repartir avec sa propre lecture de ce que lui était arrivé, et donc se faire responsable, ce qui constituait un des attendus d’un suivi.

La participation de l’auditoire n’a pas été moindre, dans la discussion des cas les plus problématiques et à l’issue encore incertaine. J.-D. Matet a clôt l’après-midi par un exposé d’introduction au prochain thème de travail des sections cliniques : « Les formes contemporaines des délires ». Rappelant l’assise du concept dans une clinique psychiatrique, bien datée aujourd’hui il faut le dire, mais dont les enseignements restent pour nous vivants grâce à Jacques Lacan, l’enjeu du travail à venir sera donc de relever les formes contemporaines que peut prendre ce concept remis à jour d’abord par Jacques Lacan lui-même, dans son dernier enseignement, prolongé ensuite par Jacques-Alain Miller, notamment dans sa conférence de Buenos Aires de 2012, introduisant au IXème congrès de l’Association Mondiale de Psychanalyse «  Le Réel au XXIème siècle »




Conséquence clinique de la perte d’autorité du père : retour sur la conférence de D. Wintrebert

« Si le désir déroute, il suscite en contrepartie l’invention d’artifices jouant le rôle de boussole. L’espèce animale a sa boussole naturelle qui est unique. Dans l’espèce humaine, les boussoles sont multiples, ce sont des montages signifiants, des discours. Ils disent ce qu’il faut faire, comment penser, comment jouir, comment se reproduire. Cependant le fantasme de chacun demeure irréductible aux idéaux communs. Jusqu’à une époque récente, nos boussoles, si diverses qu’elles soient, indiquaient toutes le même Nord, le Père. On croyait le patriarcal invariant anthropologique. Son déclin s’est accéléré avec l’égalité des conditions, la montée en puissance du capitalisme, la domination de la technique. Nous sommes en phase de sortie de l’âge du Père. » : Dominique Wintrebert commence sa conférence[1] par cette citation de Jacques-Alain Miller, présente au dos du Séminaire de J.Lacan, Le désir et son interprétation.

Dominique Wintrebert explore dans un premier temps les circonstances de l’avènement du discours capitaliste : le père constitue un point de capiton parmi d’autres, et le symptôme peut en être un également. Si le déclin de la figure paternelle concorde avec l’assomption d’un discours capitaliste auquel se joint l’avancement de la technologie, de la science ou encore ce que Lacan appelait « la montée au zénith de l’objet a » , il faut également entendre le concours de l’évolution démocratique des sociétés occidentales : chacun doit être l’auto-entrepreneur de lui-même dans une société où les liens sociaux s’amenuisent.

Dans les années 60, Lacan lâche un peu du courant structuraliste et s’intéresse de manière accrue à « l’Au-delà du principe de plaisir » freudien. Soit ce qui au-delà d’un plaisir, se répète, la jouissance. Celle-ci à laquelle le sujet doit renoncer n’est pas étrangère au renforcement du Surmoi comme jouissance de la renonciation. Lacan fait d’ailleurs équivaloir, la volonté morale et la volonté de jouissance dans son texte « Kant avec Sade ». Lacan appelle donc à rouvrir le débat sur la cause, à partir des quatre causes aristotélicienne, matérialité, forme, principe de changement et but – tel que Lacan y a placé en 1966 un procès d’attribution où la cause finale est rapportée à la Religion, la cause motrice à la magie, la cause formelle à la science et la cause matérielle à la psychanalyse. Reich, par exemple, a souhaité faire l’éducation sexuelle du peuple du côté de la cause finale.

Peut-on relier la question des quatre causes aux quatre discours formulés par Lacan dans son séminaire L’envers de la psychanalyse ? D. Wintrebert explore la causalité à double-détente des 4 discours pour s’arrêter de manière plus nette sur la nature du discours capitaliste, qui rompt la danse des mathèmes. Le tout-savoir placé à la place du maître opacifie la vérité d’où sort qu’il y a justement du maître, cela est classiquement révélé par l’os S2 qui pointe la tyrannie du savoir. Il note par exemple que « les universitaire font du savoir un semblant », s’attachant à produire un « discours qui constitue de façon tangible quelque chose de réel ». Dans le discours capitaliste, le S1 passe en place de vérité et le $ en place d’agent : « Le sujet usurpant la place du maître mange à tout les râteliers », « C’est un discours qui marche comme sur des roulettes », si bien que ça se consomme, ça se consume.

Quatre cas cliniques constituent la suite de son intervention : le second évoque de manière détonante un sujet désinséré et dans une errance particulière pour lequel l’espoir rime avec la mort et la mort se présente comme un soulagement. Ce cas permet à D. Wintrebert d’amener avec beaucoup de subtilité la notion « d’hypocondrie morale » de l’aliéniste J.P Falret, désignant des écorchés moraux qui présentent d’emblée leur fond mélancolique et qui sont au moral ce que l’hypocondrie est au physique. On n’y rencontre pas de délire constitués typiques, cette mégalomanie inversée rendant glorieuse la ruine. A cette occasion D. Wintrebert cite German E. Berrios, professeur de psychiatrie à Cambridge, qui précise qu'”Un trouble mental ne peut se déterminer formellement par l’étude du cerveau et du patient mais par la réalisation de l’acte social et diagnostique qui est le résultat d’une association émotionnelle et épistémologique entre le médecin et le patient.”

Lorsque nous voulons articuler le singulier du cas à l’universel épistémique, les classifications montrent leurs limites. Ainsi D. Wintrebert s’accorde-t-il avec Bergeret pour placer les états-limites dans les troubles de l’humeur relatifs à l’anaclitisme : pour Bergeret le symptôme dominant de l’état-limite est la dépression, la perte d’objet principal, la modalité de l’angoisse n’y est pas celle de l’angoisse de castration (névrose), de morcellement (psychose), mais de perte d’objet. Une classe à différencier des borderlines et des états prépsychotiques.

[1]               Conférence prononcée à Reims le 24 juin 2017




Ça ne s’apprend pas, ça s’invente, c’est l’X d’un désir.

Du corps, des corps, on le sait, il n’y a pas de mode d’emploi . C’est ce que Jérôme Lecaux annonce en ouverture de sa conférence : je ne suis pas un expert. J’y entends le titre de la chanson, je ne suis pas un héros, un R.O, qui résonne avec le témoignage de passe de notre invité, AE en exercice.

Tout au long du Colloque1, Le corps s’en servir, Jérôme Lecaux s’est fait lecteur attentif des interventions d’une façon telle que le fil s’est trouvé à chaque fois dégagé, fil rouge du désir du psychanalyste, de ne pas laisser l’ataraxie prendre le pas, mais plutôt de choisir de lire, et de dire ce qui a lieu, au niveau où le corps parlant se manifeste. La conférence de Jérôme Lecaux venait ponctuer le Colloque à la mi-journée sous le titre: Lettre X.

X de la cause, X de la chose, X du désir : c’est ce qui se trouve décliné, chacun son X, chacun son style. Corps, décors, et usages : façon de se servir de ce qui est là, ou au contraire d’inventer quelque chose à la place de ce qui manque, de donner consistance et chair à des paroles errantes, douleur d’exister qui s’incarne, trop plein, trop vide, trop dense, ou immatériel…..

Patricia Wartelle, DR en exercice, ouvre la journée avec les axes qui ont fait la trame de notre préparation : critique de la gouvernance biopolitique et son envers tel que déplié par Eric Laurent, et attachement à la clinique au singulier, des 1001 façons de se faire un corps ou de lui tracer un bord, ou encore d’en faire l’instrument du parlêtre.

D’abord une matinée clinique : quatre cas exposés, épars désassortis qui font série grâce au sérieux de chacun des intervenants, au soin porté à extraire l’articulation juste, qui va permettre à l’auditeur de lire le cas, « comme si on y était ».

Etre la douleur jusque dans son ultime conséquence, est le destin d’une femme que nous présente Mathilde Barrier : pétrification réelle, jusqu’à la limite de mouvoir un corps qui ne consiste plus qu’en sa douleur. Dignité de la parole de cette femme, qui parvient jusqu’à Mathilde et qu’elle recueille, pour s’en enseigner avec nous.

Pour Mathis, que nous présente François Lehoux, potier, céramiste qui anime un atelier avec des enfants, c’est la possibilité de faire signe de son existence au moyen d’une empreinte dans la terre qui va constituer l’embryon d’une rencontre, grâce à l’accueil que lui fait François qui par exemple, aide le garçon à débarrasser ses vêtements de la poussière qui vient se coller sur ses vêtements, comme une évidence, tranquillement, sans pourquoi.

L’adolescente que présente Marion Evin pourrait devenir Grand Couturier. D’autres qui avaient comme elle, le besoin de se faire un corps sont devenus de grands artistes créateurs de mode, je pense au YSL célèbre bien sûr. Mais en rencontrant Marion Evin qui prend au sérieux son goût pour la mode, cette jeune fille va peu à peu se tresser un corps, selon la jolie expression de Marion. Il y a quelque chose de joyeux dans la complicité qui s’instaure, qui tire la jeune fille du côté de la vie.

Amandine Mazurenko nous donne à entendre elle, les infinis allers et retours, détours et impasses qui émaillent la rencontre avec un petit garçon au corps marqué. Son tâtonnement et les petits éclairs qui ponctuent sa présentation témoignent de façon très authentique de ce work in progress que constitue le travail avec un enfant marqué, en effet, dans le corps, et dans la parole, par des trait autistiques.

Avec le cas apporté par Jean-Philippe Parchliniak, c’est une performance inouïe qui nous est donnée à entendre : celle d’une jeune femme de 30 ans, qui a dû consentir adolescente, à passer de l’être un garçon à un être de fille, du fait de l’incertitude de la science et du désir de sa mère, étrangement conjugués, croisés, désaccordés. Ici aussi on constate comment ce qui peut s’apprendre est insuffisant à faire consister un corps. Ça ne s’apprend pas. Mais ça peut se dire, et ce faisant, se savoir, comme un possible., ou comme impossible, selon.

L’après-midi avec le CPCT, on change de tempo : Philippe Jonquet du CPCT-Paris nous parle d’abord d’Un regard qui en dit long, mais sans vouloir le dire. Puis Claude Quenardel nous présente Henri l’extravagant. Ici c’est la fulgurance de l’effet thérapeutique rapide qui s’entend. Pas de cure sur des années, 8 séances, 15 séances parfois, et quelque chose est touché, mobilisé, qui devient acceptable, ou qui peut s’articuler dans une demande.

La conversation qui clôture la journée nous emmène sur les routes et dans les institutions de notre époque en déroute, parfois. On entend les destins des corps, quand ils sont envisagés comme corps seuls, et non comme corps parlants, purs objets de marchandisation. Ça fait froid dans le dos. C’est du réel qui nous regarde, et qui nous plonge dans le malaise, éclairé cependant par les témoignages de nos invités : Jean-Marc Thouvenin professeur de droit international, et Vessela Banova, psychanalyste à Sofia, membre de la NLS, et du Groupe de Recherche et d’Étude contre la Traite des Êtres Humains. Leur engagement et leur lecture des faits nous permettent de lire ce qui a lieu sous nos yeux. Reste le malaise. La conversation s’engage sur ces questions plus glaciales que brûlantes, avec Bernard Seynhaeve et Christophe Delcourt, tous deux membres de l’École de la Cause Freudienne.

Tout au long de la journée, la formidable compagnie Spectralex, nous accompagne, spectres enjoués et travestis spectaculaires, qui offrent un miroir assez réjouissant au réel qui nous entoure nous déborde parfois, et qui grâce aux artistes, se trouve comme désamorcé.

Bravo aux organisateurs et aux intervenants qui ont su donner chair et vie à ce thème Le corps s’en servir. Bel avant-goût des J47 : Apprendre, désir ou dressage, qui auront lieu au Palais des Congrès à Paris les 25 et 26 novembre prochains.

1 co-organisé par l’ACF-CAPA, le CPCT-CA, l’Antenne Clinique de Prémontré, (Reims et Amiens), le Collège clinique de Lille, à Reims, ce 30 septembre




Entrer ou non dans le savoir

Un certain usage de la langue

Dans une classe de seconde, boulettes de papier, bavardages bruyants, et textos furtifs faisaient rage. Les sanctions n’ayant aucune prise, j’avais choisi pour pacifier la classe de jouer de ma présence. Ne pas toujours crier pour ramener un niveau sonore convenable, mais jouer sur le ton de la voix, mettre une distance ironique dans mes réprimandes. Circuler dans la classe, et faire exister une connivence avec quelques élèves, dont certains étaient sensibles à un certain usage de la langue :

Moi : Mais qu’est-ce qui vous fait rire ici ?
Aurélien : C’est Hannah… Elle m’a traité d’alphabète !
Hannah : ANAlphabète !
Moi : Ah, ben voilà : c’est Hannah, et Le Fabète !

Planking

Avez-vous entendu parler du planking ? J’ai eu connaissance de ce terme le jour où l’un de mes élèves a été surpris allongé sur la verrière de la salle des professeurs à laquelle il avait accédé en marchant sur les toits du lycée. Le but du jeu était de se faire prendre en photo par un camarade, pour faire circuler l’image sur internet.
Sa mère et son grand-père ont été reçus pour une mise au point. En classe, Léo semble ignorer les règles, ne prend pas de notes et s’installe pour de longues heures en position bavardage. Son attitude, là aussi, inquiète.
Ce jour-là, un devoir est prévu. Je viens de faire l’appel : tout le monde est présent. Le temps d’écrire au tableau la consigne et de mettre trente-cinq élèves au travail, je m’aperçois qu’un élève a « disparu » : Léo, le plankeur. L’année dernière déjà il se glissait clandestinement dans ma classe sans que je le voie pour retrouver ses amis, ou peut-être suivre mes cours caché derrière un meuble…
Je rédige alors un rapport sur cette disparition inquiétante et discourtoise. Dans l’heure qui suit, Léo doit rendre compte de son absence et faire le fameux devoir pendant ses heures libres.
Lorsqu’il revient en classe, il me demande si j’ai eu son devoir. « Non, pas encore. » : cela semble l’amuser.
Au cours suivant, je m’approche de lui et lui demande de passer me voir en sortant. Seulement deux mots à lui dire, qui seront consacrés à son devoir. Je l’ai bien trouvé, il était dans une pochette jaune, avec d’autres documents, je ne l’ai donc pas trouvé de suite… Ça m’aurait vraiment ennuyée de ne pas l’avoir… « C’est tout ? » Je profite de l’effet de surprise : serait-il d’accord pour que nous parlions, en dehors des cours ? Il semble soulagé de cette offre, bien que par mégarde j’aie fixé le rendez-vous un jour férié.
Le jour suivant, je vais vers lui pendant le cours : nous sommes tous les deux très distraits d’avoir choisi cette date ! Il me propose alors de nous retrouver à midi, sur son heure unique de repas.
La demande n’est plus de mon côté : je lui laisse la parole. Il me présente ses excuses, et semble vouloir rectifier l’image que l’on a de lui. Ses grands-parents sont des gens bien qui lui ont transmis des valeurs qui comptent pour lui.
Je lui dis que je le connais peu, mais qu’il m’a semblé être un garçon très original et capable de réfléchir. Et « entre nous », je lui demande de revenir sur le planking. En effet, en allant sur internet, j’ai découvert que cela n’a rien à voir avec ce qui a été dit au lycée, où l’on croyait pouvoir écrire le terme en deux mots : un « plan-king », comme relevant du défi lancé aux lois de la pesanteur et à celles des adultes. « Vous êtes allée sur internet ! » Il me confirme qu’il s’agit d’une pratique dont un ami lui a parlé, qui consiste à prendre des photos de gens qui « font la planche » (planking) dans des lieux insolites, mais pas forcément dangereux (!) … Il me montre même une photo réalisée dans une pizzeria où ses copains et lui se retrouvent après le lycée. Les uns ont détourné l’attention du pizzaiolo, lui est monté faire son planking sur le comptoir, un autre a pris la photo, que sa mère a fait tirer pour décorer cette boîte métallique qu’il me montre à présent.
Malgré les mille ruses mises en œuvre pour aboutir à cette rencontre réussie avec ce jeune homme difficile à aborder, je n’ai pas pu parvenir à un « desserrage des identifications » susceptible de modifier sa position subjective. Les relations avec ce jeune homme sont restées très ambivalentes et son rapport au savoir compliqué.




Un savoir incandescent

« Comment faire pour enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? » Telle est la question pragmatique que nous nous sommes posés à l’ACF-Massif Central pour mettre en place un programme d’activités sur deux ans. Pour y répondre, nous sommes partis de notre conviction que le savoir qui est ici en jeu concerne tout un chacun qui consent à se laisser interroger par ses démons.
Deux Séminaires ont donc été organisés pour transmettre le savoir analytique tel qu’il s’élabore dans l’expérience, à partir de la découverte de l’inconscient par Freud et de l’enseignement de Lacan, de son premier à son tout dernier enseignement : le Séminaire d’étude et le Séminaire des membres de l’ECF. Tout deux sont ouverts au public. C’est là une gageure, un pari aussi bien.
À l’initiative de Jean-Robert Rabanel, AME de l’ECF, le Séminaire d’étude se propose de préparer au prochain Congrès de l’AMP-Barcelone 2018. Il prodigue ainsi un enseignement mensuel sur la psychose, extraordinaire et ordinaire, qui revisite à nouveaux frais l’impasse que rencontre Freud avec ce réel, l’issue qu’en propose Lacan en refondant la psychanalyse à partir de lui, et parcourt le travail d’École initié par Jacques-Alain Miller dès la création de l’ECF. À l’exposé théorique succède la présentation d’une expérience de la psychose par un analyste. Le succès de ce Séminaire n’est pas uniquement dû au transfert suscité par celui qui en est le responsable, mais également au fait qu’il vient rencontrer l’actualité clinique la plus brûlante et répondre à l’indigence conceptuelle des autres discours contemporains pour appréhender la psychose.
Le Séminaire des membres de l’ECF, quant à lui, offre un programme de conférences ouvertes sur la cité sous le titre Pourquoi la psychanalyse aujourd’hui ? Ici, à l’heure où la psychanalyse est attaquée comme jamais – sans doute est-ce là aussi le signe de sa vitalité ? –, des psychanalystes témoignent de la réalité de leur(s) pratique(s) dans toute sa variété et sa singularité, soit une pratique du réel. Au fil du programme, trois AE de l’ECF nous font l’honneur de témoigner du plus vif de ce qu’ils ont extrait de leur propre cure, en le transmettant avec le plus grand tact pour être audible par chacun, sans rien sacrifier à la vulgarisation. Le pari ici aussi s’avère gagnant, d’ouvrir l’accès au discours analytique à un public renouvelé.
Loin de s’opposer ou de se complémenter, ces deux Séminaires se nouent l’un à l’autre dans une adresse vers l’École, entre intension et extension. Le public qui y assiste n’est pas forcément le même, mais on constate qu’il y a une accroche, une fidélisation.
Quel est cet hameçon ? Contrairement au savoir universitaire, le savoir dans le discours analytique ne se quantifie pas, car il n’est pas objectivable. C’est un savoir particulier, en ceci qu’il s’éprouve dans le corps. Il touche, fait mouche, on le ressent à l’intérieur de soi. Ce savoir touche un réel, celui que Lacan a indexé d’une lettre, petit a. En cela, il est un savoir qui réveille, à l’heure où l’endormissement hypnotique est généralisé. Ce réveil prétend même à une visée politique, celle de responsabiliser chaque parlêtre dans sa parole et, partant, dans son acte. Il s’agit donc bien de viser un savoir incandescent qui met en alerte et qui contamine.