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Le beau dans le trou de l’oreille, à propos du film de David Lynch, Blue Velvet

Par Victor Rodriguez
29 novembre 2020
Le beau dans le trou de l’oreille, à propos du film de David Lynch, Blue Velvet
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Le beau et le leurre forment une paire de signifiants dont Jacques-Alain Miller signale qu’elle est du registre de la représentation [1]. Paire qui ne va pas sans un certain paradoxe, puisque s’il y a leurre, c’en est un qui réveille, du fait même de la valeur du beau comme « dernière barrière sur le bord de la jouissance » [2]. Dès lors, comment cette dernière barrière fonctionne-t-elle au cinéma à l’époque de l’Autre qui n’existe pas ? Évoquons à ce sujet le film de David Lynch, Blue Velvet [3].

Dans la scène d’ouverture du film, Jeffrey rend visite à son père hospitalisé pour des raisons très sérieuses. À son retour, il découvre dans un terrain vague une oreille humaine en décomposition. C’est cette découverte qui l’amène à faire un pas dont les conséquences seront décisives dans son existence. Jeffrey décide de découvrir à qui appartient cette oreille et il se rend au commissariat rencontrer l’inspecteur Williams.

Jeffrey est fasciné par l’énigme de la découverte de l’oreille : à qui appartient-elle ? Quel mystère renferme-t-elle ? Le contexte de cette découverte n’est probablement pas étranger à l’ambiance particulière dans laquelle il baigne. On apprend donc dès le début du film que son père est hospitalisé et que sa vie est en danger. Lors de sa visite, Jeffrey est saisi par l’image de son père, appareillé et diminué. On peut faire l’hypothèse que cette scène inaugurale ne soit pas étrangère à la suite des événements. Elle introduit, au sein du film, la connexion dans le quotidien avec cet aspect plus sombre de la vie, une connexion avec l’envers des semblants, avec la vie qui grouille comme les insectes nécrophages sur un cadavre, avec la vie comme réel. Cette scène est située par le réalisateur comme un élément logique qui précède l’apparition de l’oreille comme objet pulsionnel chu, posé sur la pelouse. L’oreille apparait au début comme objet en décomposition et à la fin du film comme objet rattaché au corps de Jeffrey, ce qui indique que le film est, en soi, un trajet complexe qui part de l’objet déchet jusqu’à l’objet rattaché au corps, soit le trajet de la pulsion.

Le mystère de « l’oreille perdue » est très vite dissipé quand Jeffrey comprends qu’il s’agit d’une mutilation commise par Franck, Le dangereux truand, sur le mari de Dorothy, la femme victime du chantage de Franck.

C’est au sens propre une mauvaise rencontre pour Jeffrey qui, confronté au viol de Dorothy par Franck, regarde la scène dissimulée derrière le mobilier. Immédiatement après le départ de Franck, Dorothy et Jeffrey ont des rapports sexuels durant lesquels elle exige de lui qu’il la frappe. Bien que stupéfait, il consent néanmoins à mettre en acte la violence et il en ressort profondément bouleversé. Ébranlé, il découvre dans cette séquence son goût pour cette jouissance qui fait littéralement effraction dans une série de cauchemars, de pensées obsédantes. Dans ces cauchemars, il est identifié à Franck, figure de la folie et du sans limite. La scène du viol et l’implication du sujet dans la scène provoquent un dévoilement violent de cet aspect de la jouissance qui, d’ordinaire, demeure masqué par le fantasme. C’est, dans le fond, la fonction du fantasme comme voile, fiction sur ce qui, du sexuel, n’est pas articulable au langage qui est démantelé.

Cette dimension du voile levé sur ce qui ne peut être vu prend une dimension centrale dans Blue Velvet et indique un déplacement du beau dans le cinéma de D. Lynch vers un point, dans le cadre, qui figure la jouissance dans ce qu’elle a d’insoutenable.

[1] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Du symptôme au fantasme et retour », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours du 12 janvier 1983, inédit.

[2] Ibid.

[3] Lynch D., Blue Velvet, film, États-Unis, 1986.

Numéro : L’Hebdo-Blog 221
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