Dans le titre des prochaines Journées de l’ECF – « Le comique dans la clinique » –, un seul mot sert de boussole : comique. Ici pas de mise en tension qui s’impose, renvoyant le comique banalement à son opposé sémantique : le tragique. Le Littré joue de cette opposition en citant un certain Gresset : « Oh ! tu prends au tragique / Un débat qui pour moi ne sera que comique. »
Est-ce la position de Lacan lorsqu’il sollicite le comique ? Non ! Il lui donne un statut bien plus radical, qui casse la paire comique/tragique. Plus justement : cette paire est subvertie. Dans son Séminaire XI, il isole un « comique pur1 », qui surgit lorsque l’objet a, toujours voilé, apparaît comme tel. Le comique touche alors à la « vérité du sujet » lorsque les semblants s’évanouissent. Retenons ceci : le comique ne relève pas des jeux des semblants, mais lorsqu’ils vacillent, l’objet qui ne trompe pas se dévoile. Là où nous aurions attendu le drame, c’est le comique qui, pur, monte sur la scène.
Le comique dans la clinique ne saurait s’entendre comme une recension de la clinique du comique assimilée au rire, au joyeux, voire au rigolo. « Il y a une chose certaine, que l’homme, c’est le comique.2 » L’affirmer, avec Lacan, comme « comique pur », implique l’objet a, l’Autre, le sujet divisé – soit toute la radicalité de la psychanalyse du parlêtre. Bref, le comique touche à la psychanalyse pure. C’est là un des enjeux des 55es Journées de l’ECF.
Hervé Castanet
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1973, p. 10.
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XII, Problèmes cruciaux pour la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil & Le Champ freudien, 2025, p. 143.
			
			



