Problèmes cruciaux pour la psychanalyse, tel est le titre du Séminaire XII de Lacan, récemment paru. Ce titre se fait entendre aujourd’hui plus que jamais avec force, et peut-être que l’embarras de Lacan à le trouver entre-t-il en résonance avec l’embarras fondamental auquel chaque parlêtre se confronte dans son rapport au langage, soit à cette barre sur l’Autre et sur le sujet, laissant celui-ci divisé, refendu, confronté qu’il est, dans sa solitude, à l’insuffisance du signifiant à dire tout de son être. En cela, le « sujet se refend d’être à la fois effet de la marque et support de son manque[1] ».
Plus avant, cela pose la question d’une ontologie au sein de l’enseignement de Lacan, ce dont il s’est toujours défendu. Il évoque pourtant en ce Séminaire « l’être du sujet », mais c’est au prix d’une torsion, que l’être subi dans son nœud[2]. Dès lors, « l’être du sujet est la suture d’un manque[3] ».
Avec ce Séminaire, nous sommes véritablement aux prises avec un Lacan alerte qui remet en question toute son élaboration antérieure – énonciation, symptôme, sujet, signifiant, etc. –, sans rien lâcher d’une exigence conceptuelle. Il se tient ainsi à la hauteur du réel en jeu dans les affaires de l’inconscient. Les textes réunis ici problématisent trois questions qui sont autant de modalités pour y entrer de plain-pied.
Romain Aubé & Hervé Damase
[1] Lacan J., « Compte rendu du Séminaire », in Le Séminaire, livre XII, Problèmes cruciaux pour la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil & Le Champ freudien, 2025, p. 392.
[2] Cf. ibid., p. 391.
[3] Ibid., p. 392.