Membres de l’ECF, nous sommes aussi membres de l’Association Mondiale de Psychanalyse, mais connaissons-nous pour autant la configuration des autres Écoles qui la constituent, particulièrement l’implantation de l’EBP au Brésil, et les raisons de la tenue du Xe Congrès de l’AMP du 25 au 28 avril 2016 à Rio ?
J’ai adressé, comme présidente de l’ECF, quelques questions à Marcus André Vieira, directeur du Congrès « Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle » qui, dans un entretien exclusif et à votre intention a bien voulu y répondre.
Patricia Bosquin-Caroz – Le prochain Congrès de l’AMP au Brésil sera, sur place, essentiellement encadré par les membres de l’École Brésilienne de Psychanalyse. Peux-tu nous dire quelques mots sur cette École appartenant à l’AMP ?
Marcus André Vieira – L’AMP est vaste, présente dans beaucoup de pays, et en particulier au Brésil notre présence est bien marquée. Ce n’est pas un pays centralisé autour de sa capitale comme c’est le cas en France, d’où une répartition de l’École en plusieurs sections toutes d’égale importance. Dans chaque ville où il y a une section, dans les services de soins, les Universités, mais aussi dans les prisons, les hôpitaux, sont présents des analystes de l’orientation lacanienne qui forment la communauté de l’EBP. Ce n’est pas la première fois que notre École recevra des collègues du monde entier, mais à Rio oui. Notre communauté ne sera plus la même après ce Congrès. Et vous serez initiés à une façon toute brésilienne de vivre la psychanalyse et l’enseignement de Lacan !
PBC – « Le Corps Parlant » implique le corps de celui qui parle et est parlé, c’est pourquoi Lacan le qualifiait de parlêtre, ce qui va au-delà de la seule prise en compte des formations de l’inconscient et de l’interprétation délivrant un sens. Le Congrès nous permettra-t-il d’appréhender de façon nouvelle ce sujet ?
MAV – Ce n’est pas un sujet simple, car J.-A. Miller nous propose de remanier nos concepts pour être capables de mieux dire ce qui se fait déjà dans la clinique actuelle, en un sens éloignée de celle de Freud. L’enjeu est donc, nous l’espérons, d’être à la hauteur des défis de notre temps que seule une communauté comme la nôtre, énorme, mais en même temps orientée par un sujet commun, peut réaliser et tout spécialement en ce moment en travaillant de plusieurs manières en direction de Rio.
PBC – Oui, c’est ça l’École Une, le Un, présentifié par un thème vecteur du travail des multiples Écoles de l’AMP. De plus, « Le corps parlant » est aujourd’hui un thème croisant l’actualité tragique des événements récents de Paris. C’est bien le corps parlant, vivant – celui qui fait lien à partir de sa singularité symptomatique, son mode de jouir – qui a été frappé violemment la nuit du 13 novembre dernier. Toutefois, le thème du Congrès – qui à certains égards a une allure prophétique – réunira les membres de toutes les Écoles de l’AMP au Brésil. Chacun y sera avec son corps parlant et son désir de faire lien analytique. Mais pourquoi Rio ?
MAV – C’est une ville où tendent à se croiser les riches et les pauvres au quotidien, non seulement dans le travail, mais dans la vie, car les favelas sont aussi en plein milieu de la ville des riches à la différence des banlieues pauvres d’autres villes comme Sao Paulo. Vous verrez sans doute que ce peut être à l’origine de tensions, mais aussi d’un mode d’échange qu’on trouve rarement ailleurs. Et s’il y a un lieu privilegié pour l’art de se servir des semblants articulés aux corps, ce lieu, c’est Rio !
PBC – C’est donc une ville toute en couleur, variée et riche d’un point de vue culturel où nous pourrons nous réunir.
MAV – Nous comptons beaucoup sur la présence des membres des Écoles à ce Congrès. C’est ce qui peut donner à cette rencontre le mode d’être aux prises avec le réel de notre communauté analytique de travail. C’est l’occasion de rappeler qu’il faut absolument s’inscrire au plus vite. La dernière limite concernant la priorité donnée aux membres de l’AMP est le 1er décembre. Après cette date les inscriptions seront ouvertes à tous et beaucoup de monde veut y aller.
PBC – Merci Marcus, je pense que les membres de l’ECF seront très sensibles à tes arguments qui ne peuvent que mobiliser et particulièrement en cette période de trouble où comme tu me l’indiquais dans un de tes mails, on ne peut que continuer à vivre et j’ajouterais, en ce qui concerne notre communauté analytique, continuer à formaliser notre clinique toujours plus en prise sur le malaise du XXIe siècle.