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Vif Lacan

Les études lacaniennes dispensées cette année au local de l'ECF par Philippe La Sagna, ces tours dans « L'étourdit », sont l'occasion pour l'Hebdo Blog de consacrer un numéro spécial à ce que peut représenter aujourd'hui, à l'heure du message en 140 caractères, de la multiplicité des tâches offertes par le numérique, de l'immédiateté de la soi-disant communication, le fait de lire Lacan : plongée en apnée dans les méandres d'une pensée qui brasse tout le savoir de son siècle ? Impossibilité de la saisir si l'on n'a pas en tête les différentes périodes de son enseignement ? Élucubrations divagantes d'un homme qui parle aux murs et pense avec de ronds de ficelle et surtout avec ses pieds1 ?

Les coqs-à-l'âne, équivoques et jeux de mots qui constituent le texte réputé illisible de « L'étourdit » pourraient ne pas démentir une telle réputation. L'écriture de Lacan y est imprégnée de son énonciation, le sens porté par la matérialité des signifiants qui résonnent entre eux pour faire entendre un-delà, celui de la jouissance inextricablement liée au langage, à sa prise directe dans le corps. Un tel style dépasse de loin le plaisir du déchiffrage en cela qu'elle a des conséquences cliniques tout autant que politiques : envisager la déflagration, pour chaque sujet, que peut constituer un dit, lorsqu'il atteint la dimension d'un dire gravé sur le corps.

C'est pourquoi les contributions que vous pourrez lire cette semaine sont autant de façons d'aborder le texte de Lacan, autant de rencontres – qui toutes ont fait mouche à leur manière, entre le parcours singulier d'analysants et lecteurs cheminant sur le même trajet, chacun à des distances différentes, et qui témoignent des fulgurances, reprises et remaniements que constitue pour eux une telle lecture aujourd'hui.

Ou comme en témoigne Catherine Millot dans l'évocation de ses séminaires : « Lacan était un maître du suspense. Chaque séance […] précipitait sa conclusion sur une formule frappante qui relançait l'énigme, annonçant pour la séance suivante sa résolution, toujours différée. […] Cela n'empêchait pas le sentiment d'une progression, d'une avancée : on entrevoyait à chaque fois quelque chose de nouveau, comme un éclair qui délivrait une vérité inédite, quoique mi-dite. Cela donnait à son enseignement l'allure d'une spirale. On s'y rendait semaine après semaine dans l'attente d'une révélation, qui prenait sans doute pour chacun le visage de son désir. »2

Bonne rencontre à votre tour avec un Lacan énigmatique et donc un Lacan vivant.

1Lacan J., « Conférences dans les universités nord-américaines », 2 décembre 1975 au Massachusetts Institute of Technology, parue dans Scilicet, 1975, n° 6-7, p. 53-63.

2Millot C., La vie avec Lacan, Gallimard, coll. L'infini, 2016, p. 48.

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Pourquoi ne pas le « dire direct » ?

Faufilons-nous en rappelant le hiatus entre le dit (l’énoncé) et le dire (l’énonciation) : c’est l’objet d’une psychanalyse que d’épeler, de peler les dits, les mots, qui ont compté dans la vie d’un sujet. Mais pour avoir chance de conquérir une marge de liberté par rapport à un dit qui nous a marqué, encore faut-il resituer à sa place le dire qui l’accompagne – qui parle ? que (me) veut-il en disant cela ?

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Lire Lacan à Paris VIII : une rencontre très particulière

La difficulté, chez Lacan, n’est pas une dimension secondaire, dérivée, accessoire, mais elle est un des personnages principaux qui mettent en scène son texte. Ce n’est pas, donc, quelque chose qu’on peut éviter ou abolir, mais une des questions principales auxquelles nous sommes appelés à nous confronter. Il faut la traverser. Lisez aussi sur le blog : « Le rêve du père mort, une relecture du Séminaire VI », par René Fiori.

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