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Éditorial

Pour savoir ce qu’est le transfert, il faut savoir ce qui se passe dans l’analyse. Pour savoir ce qui se passe dans l’analyse, il faut savoir d’où vient la parole. Pour savoir ce qu’est la résistance, il faut savoir ce qui fait écran à l’avénement de la parole : et ce n’est pas telle disposition individuelle, mais une interposition imaginaire qui dépasse l’individualité du sujet, en ce qu’elle structure son individualisation spécifiée dans la relation duelle.[1]

La rédaction de l’Hebdo-Blog présente ses meilleurs vœux à ses lecteurs, aux membres de l’ECF, de l’ACF et des CPCT. Vigueur à vos travaux ! Contribuons à nourrir ce précieux désir d’École évoqué dans ses vœux par la présidente le 1er janvier.

Voici déjà notre 14e numéro. Avant de cliquer plus avant, sachez que nous vous transmettrons au plus vite les échos de l’événement de cette rentrée 2015 : le 24 janvier, c’est Question d’École. La Journée sera consacrée aux « Problèmes cruciaux du contrôle et de la passe ».

Nous serons d’emblée propulsés au cœur de ce qui scelle notre appartenance à l’ECF : seront en effet examinées le matin la façon dont se prennent les décisions dans le jury de la passe, la question du contrôle de l’expérience l’après-midi. Les deux organes de l’ECF qui ont en charge la formation de l’analyste, c’est-à-dire la Commission de la passe et la Commission de la garantie, animeront cette Journée.

Faisons savoir encore ce moment qui s’annonce passionnant, vous en avez déjà eu vent dans l’HB. Il s’agit de la 3e Journée d’étude de l’Institut de l’Enfant-UPJL, le 21 mars prochain, sur le thème, délicat, crucial donc, et quotidien pour les psychanalystes qui reçoivent des enfants : « Interpréter l’enfant ». Pour ce quatrième volet du dossier, Bruno de Halleux saisit la proposition de Jacques-Alain Miller dans son texte d’orientation vers la Journée en éclairant pour nous ce concept : « interpréter les parents ».

Vous trouverez aussi un nouveau texte autour de l’ouvrage collectif dirigé et introduit par Christiane Alberti : ÊTRE MÈRE. Des femmes psychanalystes parlent de la maternité. Dominique Laurent y lit l’époque et nous livre les conséquences de l’outil conceptuel de la pluralisation des Noms-du-Père.

L’action lacanienne se déploie de façon constante et, si de nombreux événements obéissent à une périodicité précise, cette action sait s’amplifier, s’aiguiser puis bondir : vous le découvrirez en lisant nos rubriques CPCT, Événements et ACF-Action. Nous avons cherché à donner voix à ce qui fut événement en décembre, à ce qui fit signe. La force d’attraction du séminaire « Études lacaniennes » d’Éric Laurent ne témoigne-t-elle pas de cette vitalité vivement orchestrée ?

L’orchestre de l’Opéra de Paris et la clémence ... de Titus ne sont pas en reste et l’Hebdo-Blog s’est attardé sur ce spectacle qui produisit sur le public des effets de discours et des effets de jouissance tels que cela peut ne pas laisser l’analyste coi.

Quoi ? Minute papillons !

Voici, elle est presque encore sur le feu, une courte note de lecture qui nous envole vers un livre destiné à tous les réfractaires au divan ! Lisez ici l’hommage de Mathilde Braun à Valérie Blanco, hommage fait à la psychanalyse.


DERNIÈRE MINUTE :

Autisme : discret rappel à l’ordre de la HAS par le Conseil d’État

Au moment où nous bouclons ce numéro, Armelle Gaydon nous informe que le Conseil d’État a rendu sa décision au sujet de la très contestée Recommandation de la HAS de 2012 sur la prise en charge de l’autisme.

Première occasion de se réjouir : saisis par une association de psychanalystes, les sages invalident les recommandations de la HAS concernant les établissements et services médico-sociaux pour enfants et adolescents autistes (IME, SESSAD,...), pour défaut de saisine du Conseil Scientifique de l'Agence Nationale de l'Évaluation et de la qualité des Établisssement et Services sociaux et Médico-sociaux (ANESM) qui aurait dû être consulté. Ce manquement à la procédure invalide donc les recommandations concernant ces structures médico-sociales et seulement celles-là.

En revanche, le Conseil d’État précise que le reste de la procédure est valable, ce qui pourrait décevoir les défenseurs de la psychanalyse. Mais ceux-ci trouveront largement de quoi se consoler avec ces quelques mots glissés, dans leur grande sagesse, par les Conseillers d’État dans leur décision : « si elle [la recommandation de la HAS sur l’autisme] préconise les interventions précoces fondées sur une approche éducative, comportementale et développementale, elle ne valorise pas exclusivement ces méthodes mais cite notamment la psychothérapie parmi les interventions thérapeutiques à associer selon les besoins ».

En outre, le Conseil d’État considère que compte tenu du nombre de voix émises au sein du groupe de travail, « les approches thérapeutiques faisant intervenir la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle dans le traitement de l’autisme […] » ne pouvaient être ni recommandées, ni d’ailleurs « non recommandées » par la HAS.

Ces deux mentions de la décision du Conseil d’État permettront de rééquilibrer le débat. - AG

[1] Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », Écrits, Points Seuil, p.12.

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Interpréter les parents en institution

« Interpréter les parents » est une des cinq initiatives que Jacques-Alain Miller nous propose pour la 3e JIE « Interpréter l’enfant ». Il s’agit d’un champ de recherche peu exploré. À la lumière d’une vignette clinique, Bruno de Halleux nous montre qu’il est important de ne pas le négliger.

« Rendons un peu de dignité à « interpréter les parents » en examinant sérieusement la place que nous y accordons. […] Cristallisons ce concept ». Jacques-Alain Miller, dans le texte qui oriente la journée de l’Institut de l’Enfant, nous dit qu’en général on parle un peu rapidement des parents, on dit seulement comment on a eu affaire au père, à la mère.

Voilà une difficulté souvent rencontrée dans la clinique en institution. C’est ce qui est appelé « le travail avec les parents ! » Ce travail délicat, complexe et subtil reste peu élaboré dans notre champ. J.-A. Miller nous l’indique comme nécessaire quand il note que l’idéal du moi, s’il n’est pas introjecté chez l’enfant, à l’occasion, il se balade au dehors.

Nous-mêmes vérifions depuis de nombreuses années combien ce « lien » avec les parents, s’il est le plus souvent nécessaire, n’en reste pas moins sensible et fragile. Nous constatons que le travail clinique en institution avec les enfants est facilité lorsqu’un lien avec les parents a pu se nouer. C’est spécialement vrai lors des candidatures, à l’entrée d’un enfant dans l’institution.

À l’Antenne 110, la directrice et moi-même avions été sensibles à la détresse d’une mère d’un enfant autiste de quatre ans. Cet enfant ne restait pas en place. La seule façon que les parents avaient trouvée pour le calmer un court moment était de lui donner une sucette. Lors de l’entretien d’admission, la mère avait sorti de son sac toutes les quatre ou cinq minutes une nouvelle sucette afin de calmer l’enfant.

Elle n’osait plus aller dehors, elle ne pouvait plus faire la moindre course, elle était empêchée de toute activité à l’extérieur. Elle avait frappé à différentes portes, avait demandé de l’aide tous azimuts, mais aucune piste ne s’était ébauchée pour un début de solution.

Face au désarroi de la mère, nous avions accepté son fils en externat sans creuser davantage la position en impasse que les parents avaient rencontrée dans les lieux où ils s’étaient adressés.

Une fois son fils accueilli à l’Antenne, il n’a pas fallu quinze jours pour que les critiques à l’égard de l’équipe commencent à fuser. La mère nous reprochait un grand nombre de choses, elle nous indiquait que si l’enfant était agité et agressif en institution, il ne l’était pas à la maison. Elle et elle seule savait y faire avec lui. Même son mari n’arrivait à rien. Autrement dit, sa détresse et sa position de femme divisée lors de la candidature avaient disparu bel et bien. Nous étions les « incapables » et elle nous faisait la leçon.

Assumant les critiques sans trop nous décourager, l’enfant avait malgré tout trouvé, au cours de l’année, un fragile équilibre qui lui ouvrait une place dans les divers ateliers de socialisation et d’apprentissage que nous lui proposions. La coupure des vacances arriva. La famille rentra au pays avec les enfants. Ils passèrent un mois épouvantable, enfermés dans leur maison de vacances car l’enfant, dès leur arrivée, était revenu à son agitation et à ses agressions incessantes, comme au premier jour.

À son retour à l’Antenne 110, l’enfant était méconnaissable, pire qu’il ne l’était lors de ses premières semaines avec nous. L’équipe n’en pouvait plus. Nous avons alors pensé que nous ne pourrions pas le garder car il mettait en danger d’autres enfants.

La mère est venue nous dire son désespoir. Nous avons décidé de lui proposer un entretien une fois par mois pour nous soutenir (elle et nous) dans la poursuite de l’accueil de son enfant. Elle donna son accord, ce qui nous surprit. Un accord qui nous a semblé se rapprocher d’une demande vraie de parole et d’écoute. Dans les entretiens, elle nous a dévoilé, entre les lignes, les impasses auxquelles elle avait affaire, impasses qui touchent autant aux difficultés propres à l’autisme de son fils, qu’à celles de sa vie familiale soustraite à toute vie sociale, ou de sa relation à son mari qu’elle doit sans cesse encourager pour qu’il ne sombre pas dans la dépression. Elle se révèle être une femme qui tient par-dessus tout à son honneur, elle se soustrait à la vue des autres, elle évite, en se cachant, la honte que pourrait générer la maladie de son fils auprès de ses proches.

Ces entretiens l’interprètent – c’est une deuxième surprise et c’est la sienne –, ils ont transformé ses plaintes en une parole plus authentique. Elle en est déconcertée, elle rit parfois, elle est plus détendue.

L’enfant est toujours chez nous, les entretiens se poursuivent.

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Question à Dominique Laurent

L’Hebdo-Blog – La filiation moderne est de plus en plus dégagée de l'héritage biologique, grâce aux avancées de la science. L’enfant peut ne partager aucune cellule avec le/les parent/s. Il n’aura alors pas le même patrimoine génétique et, selon les combinatoires diverses et possibles, il n’aura pas été conçu avec le spermatozoïde ou l'ovule du/des parent/s. Le temps où l’embryon et le fœtus ne se logeront plus dans le corps d’une mère porteuse n’est pas loin ; la science fera l’affaire. C’est donc l’acte d’une nomination, d’un dire « tu es ma fille», « tu es mon fils» qui fonderont la lignée de la filiation. En quoi cela est-il nouveau ? La psychanalyse ne nous enseigne-t-elle pas qu’il en a toujours été ainsi ? Ne sommes-nous pas tous des adoptés ? Et pourtant, quelles différences et particularités pouvons-nous cerner entre une nomination de filiation faite dans le cadre d’une adoption traditionnelle et les nouvelles formes de procréations médicalement assistées ? Comment pour un sujet le passage du désir d’enfant à l’acte (langagier et donc symbolique) de faire d’un enfant son fils ou sa fille opère-t-il ?

Dominique Laurent – La famille paternaliste a rêvé d’un lien social qui soit naturel, l’idéologie darwinienne faisant se recouvrir la filiation avec la génétique. En France désormais, le droit seul articule la famille. Peu importe la situation juridique du couple, c’est l’enfant qui fait la famille.

Le droit engendre une fiction familiale, au delà des circonstances de la naissance qui se trouvent aujourd’hui complexifiées avec les PMA. De la famille homoparentale, en passant par le couple homosexuel jusqu’à la fiction familiale hétérosexuelle développée, l’enfant oblige ses parents. L’adoption participe de cette perspective.

Nos systèmes modernes de parenté entièrement constitués par les fictions juridiques définissent les nouveaux cadres de notre réalité. L’interprétation de ces fictions est le grand enjeu de nos tribus modernes au sens lévi-straussien. Cet enjeu, nous en avons un témoignage avec les débats houleux sur les PMA. Celles-ci mettent en évidence la pluralité des pères et des mères sur le plan biologique, éducatif et juridique. La question de l’adoption trouve ici de nouveaux développements avec les couples homosexuels. Le père ou la mère des gamètes, le père ou la mère éducateurs, le père ou la mère aimés, le père ou la mère aimants, le père ou la mère adoptants, participent d’une pluralisation de la famille qui n’est plus exclusive du modèle traditionnel.

La psychanalyse n’est ni l’instrument d’un conservatisme social ni une procédure de souscription à tous les montages aberrants qu’un désir égaré puisse fomenter. Pour autant elle a la charge de lire et d’interpréter « le malaise dans la civilisation », autrement dit ses nouveaux symptômes. Cette pluralisation, Lacan l’avait anticipée avec la fameuse pluralisation des Noms-du-père. Mais dès la mise au point du, il a introduit un opérateur qui relève d’un fait de langage et permet à l’enfant de se situer comme vivant et sexué. Cet opérateur permet de mettre une inter-diction entre la mère et l’enfant. Cet opérateur met un frein sur la jouissance, il ne laisse pas seule la mère avec son enfant dans la solitude de son fantasme.

Le fantasme qui lie la mère à l’enfant, objet séparé de son corps, peut s’inscrire en effet dans un lien qui n’admet aucune médiation qui lui serait extérieure. Ce Nom-du-père n’est pas à confondre avec le père géniteur ou le partenaire sexuel. Les opérateurs coutumiers qu’a décrits Claude Levi Strauss dans les sociétés matrilinéaires mobilisent à leur façon une instance symbolique pour réguler la relation mère enfant qui peut aussi se révéler insuffisante.

Les fictions juridiques contemporaines s’inscrivent dans la même perspective. Avec la pluralisation des Noms-du-père, Lacan a donné un outil conceptuel qui permet d’aborder pour chaque sujet la façon dont des signifiants-maîtres nouent désir et interdit, autrement dit une façon de traiter la jouissance avec, et au-delà de, l’étalon phallique. Il a ajouté que pour chacun, le seul signifiant-maître qui l’intéresse vraiment est son symptôme. D’où le Nom-du-père comme symptôme.

À l’heure de la pluralisation de la famille appareillée à la science et dans un contexte mondialisé, la lecture des nouveaux symptômes est ce qui soutient l’effort du sujet pour trouver sa place de réponse du réel au milieu de la jungle des fictions et du vide juridiques bousculés par les techniques de procréation, paysage de notre civilisation.

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Tours et dessous de la demande au CPCT-Paris avec Hélène Bonnaud

Demande, pulsion et fantasme : diverses modalités de l’objet en psychanalyse, le thème des travaux de cette année au CPCT est ambitieux. Pour le concevoir, nous sommes partis de la pulsion. Et de cette phrase de Jacques-Alain Miller « la pulsion est une demande, une demande que l’on ne peut pas refuser […] c’est une exigence du corps »[1].

Quand J.-A. Miller trouve cette formule heureuse, il le fait en subvertissant une réplique célèbre du Parrain de Francis Ford Coppola : celui qui fait à ses ennemis des offres qu’ils ne peuvent pas refuser, c’est Vito Corleone, interprété par Marlon Brando. Difficile de refuser en effet quand on vous presse un révolver sur la tempe. La phrase agit dans le film comme une ritournelle, car après le père, Vito, c’est le fils, Michael, qui va faire des offres qu’on ne peut pas refuser. En tout état de cause, voilà une formule dont on peut se saisir pour évoquer la pulsion, cette exigence du corps.

Or le corps, c’est la question avec laquelle Lacan a, en partie, débuté. On songe notamment à son texte de 1949, « Le Stade du miroir comme formateur de la fonction du Je ». Avec ce texte, et l’invention du registre de l’imaginaire, Lacan est entré dans la psychanalyse. On l’a parfois oublié en raison de l’importance qu’il a donnée ensuite au registre du symbolique. Mais à la fin de son enseignement, Lacan a repris le corps en relation avec le registre du réel cette fois.

Ainsi, en centrant les travaux de cette année sur la pulsion, le CPCT-Paris propose, en quelque sorte, un retour aux fondamentaux de la psychanalyse.

Mais comme le rappelle la formule de J.-A. Miller, la pulsion est d’abord une demande. Le 6 décembre, nous avons évoqué la demande consciente, parlée. Le 14 mars, dans notre prochain rendez-vous consacré à la pulsion, il ne s’agira pas du tout de la même demande car la pulsion est la manifestation d’un « sujet acéphale », comme le dit Lacan. Et dans l’acéphalité, le sujet disparaît et sa demande comme demande parlée s’évanouit aussi.

Au CPCT-Paris, consultants et praticiens interrogent constamment ce concept de demande. Les cas cliniques et la table ronde organisés le 6 décembre furent l’occasion de le démontrer. La consultation, première mise en forme de la demande, est aussi, pour nombre de patients qui s’adressent au CPCT, le tout premier moment de rencontre avec le dispositif analytique. Or le fonctionnement très particulier du CPCT influe énormément sur les demandes qui lui sont adressées. Le cadre des seize séances, d’emblée, infléchit la cure ; le patient ne peut revisiter l’ensemble de sa vie au CPCT, il va aborder un point – ou deux – pour le traiter avec l’analyste. Comme nous l’a rappelé Hélène Bonnaud, Lacan, dans « La Direction de la cure », distinguait la demande implicite (être guéri, révélé à soi-même) d’une demande radicale, celle qui ouvre jusqu’au tréfonds de la première enfance, une demande « sans filet ». Comment, dans le cadre d’un traitement court, en seize séances, répondre à la demande qui nous est faite, et comment, surtout, ne pas tout ouvrir jusqu’au tréfonds de la première enfance ?

Par ailleurs, si aucun des cas ou vignettes présentés le 6 décembre n’abordait directement la question de la gratuité, celle-ci est constamment présente en coulisses. Certes, le traitement est gratuit, mais au CPCT, nous demandons quelque chose… et cela se manifeste notamment dans les cas où le patient consulte sur injonction thérapeutique.

L’après-midi du 6 décembre fut justement l’occasion de revenir sur ce qu’H. Bonnaud a appelé les « demandes indirectes », problématiques en soi car, pour se soigner, et encore plus pour s’analyser, il faut le vouloir. « Dans l’injonction thérapeutique, disait H. Bonnaud, il y a un Autre de la demande qui se détache du sujet. La question est de savoir si le sujet va la prendre à son compte, la subjectiver pour la faire sienne, ou pas ». Pour le dire autrement, si la demande indirecte « infantilise », elle « n’est pas une demande qui n’intéresse pas l’analyste. Elle est au contraire à entendre dans la façon dont elle est interprétée par le sujet qui s’en fait le destinataire ».

La psychanalyse d’enfants en est un autre exemple. « Là, l’injonction vient soit du monde scolaire ou éducatif et social, soit de la famille. L’enfant soumis à la demande d’un Autre ne peut parfois pas être sujet de sa demande. Les entretiens préliminaires permettent de saisir sa place et de repérer la façon dont la parole de l’enfant peut ou pas se saisir d’un signifiant qui le nomme, un S1 qui vient tout à coup le faire sujet de sa parole. »

La consultation serait donc l’instant de voir, une première rencontre avec un psychanalyste où s’exprime (ou non) une demande sur laquelle le consultant va parier pour le traitement. Car il s’agit bien d’une affaire de pari : pour le dire avec H. Bonnaud, « le principe de la consultation est de faire le pari sur le fait que la demande qui nous est faite va pouvoir opérer par le signifiant ». Pour autant, la demande exprimée en consultation n’est pas figée. Elle peut dévoiler un dessous. Car il y a des occasions où une demande se révèle, finalement, en cacher une autre.

Enfin, et surtout, la demande peut faire des tours. Pour nous aider à visualiser l’articulation de la demande (consciente) et du désir (inconscient), Lacan a employé le tore, une figure géométrique composée d’un tube courbe refermé sur lui-même.

À l’intérieur du tore circulent les objets de la demande. Et la demande, à la surface du tore, tourne autour de ces objets, s’efforce de les cerner. La boucle de la demande se répète, elle tourne. Et en tournant, elle avance. Progressivement, donc, la demande, en faisant des tours, en avançant comme une spirale, dessine un trou au centre du tore. Et c’est dans ce trou que Lacan va situer un autre objet qui n’est pas un objet de la demande. Il s’agit de l’objet a, l’objet cause du désir. Un objet dont on ne peut prendre la mesure qu’en faisant une analyse.

Certes, au CPCT, les patients ne font-ils pas une analyse. Pour autant, notre orientation y est analytique. Car nous parions que la demande du sujet peut, même dans un temps limité, celui de nos fameuses seize séances, se dévoiler et faire quelques tours.

[1] Miller J.-A., « L’économie de la jouissance », La Cause freudienne, Paris, Navarin, n° 77, mars 2011, p. 140.

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La bascule de « Radiophonie »

Écho de la première des « Études lacaniennes » d’Éric Laurent : « Parler lalangue du corps »

En quoi et comment le symbolique tient-il au corps ?

C’est « le moment Radiophonie » qu’examine Éric Laurent lors de la première des huit études freudiennes qu’il consacre, sous le titre : « Parler lalangue du corps », au corps et à sa jouissance au-delà de la pulsion freudienne qui réunissait charge libidinale et représentation dans un mythe fondateur.

Radio Lacan permet de suivre dans leur intégralité les élaborations d’Éric Laurent dont l’intérêt, l’érudition et la précision le disputent à la rigueur du propos, qui culmine dans la mise en valeur des conséquences de la disproportion entre la multiplication des objets de la jouissance et les orifices du corps.

Dans le cadre imparti, que faire d’autre que d’en coudre ensemble quelques pièces ?

Tenant le fil rouge tendu par la conférence de Jacques-Alain Miller « L’inconscient et le corps parlant »[1], il s’approche du point de réel, du mystère de « l’union de la parole et du corps » dans la perspective de « l’analyse du parlêtre ». « Radiophonie » franchit un seuil, produit une bascule dans l’examen des rapports entre structure et corps, dans la considération de la manière dont le signifiant touche le corps.

Lors de cette première séance, É. Laurent fait valoir l’importance de ce « moment » dans l’élaboration de Lacan. Entre « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », en 1953, qui abordait l’analyse à partir du désir, et « Radiophonie », en 1970, qui met le cap sur la jouissance, un franchissement s’effectue. D’abord appréhendé comme résultat de l’identification imaginaire stabilisée par la saisie à partir d’un point symbolique extérieur, le corps est maintenant situé à partir d’un processus d’incorporation directe du symbolique. Désormais « La structure s’attrape [...] du point où le symbolique prend corps. »[2] Une fois le signifiant incorporé, le corps devient surface et son caractère de vivant ou de mort devient secondaire.

Le symbole n’est plus seulement le meurtre de la chose car une double opération s’effectue : d’un côté le signifiant produit le corps, mais le résultat de l’opération signifiante n’est pas le sens comme ce fut le cas dans le « Rapport de Rome », ce qui résulte alors est la jouissance.

L’opération de désincarnation que produisait la notion de structure avec laquelle rompt « Radiophonie » situait le sens comme effet de surface et de position lié aux déplacements de la case vide et mettait au jour une structure logique, écartant la question des rapports du sujet avec la jouissance. Dans « Radiophonie », le corps devient surface d’inscription de l’effet de surface que supporte l’objet a. Le lieu du corps s’en trouve déplacé dès lors que cet effet ne s’inscrit ni « sur » ni « dans » le corps mais hors-corps. La négativation de la jouissance dans la chair que produit le signifiant « redistribue[r] corps et chair »[3].

La chair est du vivant d’avant l’incorporation de la structure du symbolique alors que le corps comme surface d’inscription où se déploient les effets de surface du jouis-sens lacanien résulte du fait d’avoir « mangé le livre ».

[1] Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant », La Cause du Désir, Paris, Navarin Éditeur, n° 88, octobre 2014, p. 104-114. [2] Lacan J., « Radiophonie », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 408. [3] Ibid., p. 409.

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Les échos du colloque de l’ACF IdF

Le 13 décembre 2014, la municipalité de Bourg-La-Reine a accueilli le colloque organisé par l’ACF Ile-de-France en partenariat avec l’ACF Capa. Lors de cette journée ont été présentés les différents travaux produits par des ateliers en cours dans les deux associations. Par ses scansions tout au long de la journée, Serge Cottet, l’invité fil rouge de cette rencontre, a su dégager les points forts de chaque exposé et faire résonner l’assertion proposée par le titre « ça ne passe pas ! … mais ça insiste » comme étant au cœur de l’orientation lacanienne.

Quatre thématiques ont été choisies pour déplier ce thème : l’adolescence, la précarité symbolique, la création artistique et le sinthome.

Nous nous sommes orientés à partir de ce qui se répète à travers le transfert, ainsi que les effets du signifiant, notamment sur le corps. Plusieurs cas nous ont enseigné que le signifiant qui insiste contient à la fois l’impasse dans laquelle se trouve un sujet aussi bien que sa solution.

Par les échanges avec les artistes, nous avons pu approcher ça ne passe pas, ça insiste comme une traduction du mouvement même de l’inconscient, en écho avec ce que Lacan en dit : « C’est ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire ».

Ce qui ne passe pas, ce qui insiste, c’est la dimension réelle de l’inconscient. Même s’il y a des mots, ça n’a pas passé. Une autre façon d’aborder la formule est de prendre le ça insiste comme une traduction de ça ne passe pas.

Contrairement aux thérapies diverses à la mode et aux injonctions orthopédiques actuelles, notre positionnement n’est pas de faire passer ce qui ne passe pas, mais de travailler à partir de la répétition, d’attraper dans la répétition la manifestation de l’inconscient.

Ce fut aussi l’occasion d’interroger ce qui ne passe pas du côté de l’analyste, son préjugé ainsi que le nomme Lacan, qui le conduit au contrôle pour que le ce qui ne passe pas de son côté ne vienne pas faire écran au ça ne passe pas de l’analysant.

En tout cas, ce fut une belle journée riche d’enseignements. Contrairement à ce qui était annoncé, ça a finalement passé bel et bien trop vite !

(Illustration : Philip Metz)

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Leçons de vie

La délégation Midi-Pyrénées de l’ACF a choisi pour thème d’étude en 2014 : « Qu’est-ce qu’une psychanalyse au XXIe siècle? » Le samedi 13 décembre, une journée de travail avec une invitée exceptionnelle, Anna Aromí, a réuni tout d’abord le Séminaire interne de l’ACF Midi-Pyrénées, puis un public très large et nombreux a écouté la conférence que notre invitée a donnée : « Les psychanalystes au XXIe siècle : où sont-ils? » Le soir, au théâtre, le texte poignant d’Annie Zadek faisait valoir que l’artiste fraie la voie du psychanalyste, lorsqu’on s’oriente de l’enseignement de Lacan.

Marie-Christine Bruyère saisit ici la valeur d’enseignement de cette journée pour l’étude de la psychanalyse et pour la présence de l’École de Lacan dans la cité et dans notre vie quotidienne.

Tel est le titre que je donnerai à la journée du 13 décembre 2014 : la séance du Séminaire interne, la conférence remarquable d’Anna Aromí et le bonheur du théâtre, comme une trilogie de désir.

A. Aromí, psychanalyste à Barcelone, AE de l’ELP, nous a fait l’honneur et l’amitié de sa présence pour animer avec générosité nos travaux.

Apprendre comme étudiant

Le texte de Jacques Lacan « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », publié en 1958, est à l’étude, car il reste d’une actualité indépassable pour le thème du Séminaire interne : « Qu’est-ce qu’une psychanalyse au XXIe siècle ?» Florence Nègre, responsable de ce Séminaire, nous accueille par cette remarque : « Le désir de l’analyste ne se reproduit pas. Il doit être produit pour chacun. » Dominique Hermitte et Victor Rodriguez, par une heureuse contingence, ont choisi, dans ce texte des Écrits, de commenter le cas dit de « l’homme aux cervelles fraîches ». Une orientation s’en indique : le Rien, écrit avec une majuscule[1], est au principe d’une cause, car il permet de saisir la dimension du désir distinguée de celle du besoin et de la demande. Ajoutant ses questions aux nôtres tout en les éclairant de son point de vue, A. Aromí fait référence à Freud avec le texte inédit de son vivant : lEntwurf. Lacan en souligne la valeur d’intuition sur le fondement de la réalité chez l’être parlant. Une éthique s’en dégage : la réalité psychique se fabrique avec du plaisir ! Rien à voir avec une réalité objectivante, dont l’analyste serait le maître. En conclusion de notre matinée une question s’est ouverte, celle du nouage de l’organisme et du langage, de cette rencontre problématique qui fait un corps au parlêtre.

Apprendre comme analysant

Comment mieux le savoir que d’une Analyste de l’École en exercice ? C’est cette leçon qu’A. Aromí, par sa présence décidée debout face au public, nous a donnée dans une conférence qui a engagé sa parole dans le trajet de sa cure et de sa passe. Comment vivre après une mort qui fracasse une fratrie et comment sortir d’un état « mélancoïde »[2], comment se dégager de la pulsion de mort à l’œuvre ? C’est cette expérience qu’elle nous a transmise, ce recours thérapeutique jusqu’à son terme où « se casser la tête » (s’analyser) s’est substitué à se casser les os (des accidents ayant valeur de tentatives de suicides inconscientes). En un mot en un seul, c’est d’un style vivant, guidé par « les tripes du langage » que son témoignage nous a saisis.

Apprendre de lartiste

L’artiste, comme Lacan nous le rappelle, « toujours nous précède ». Comment vivre après les désastres et quand on appartient à une génération réchappée du grand malheur. « Nécessaire et urgent », répond Annie Zadek, il est nécessaire de repérer la contamination du passé dans le présent, urgent de poser les questions qui n’ont pu être adressées. Hubert Colas dans une mise en scène dépouillée, réfléchit le texte de l’auteur qu’il qualifie ainsi : « Il y a dans ce texte une humanité magnifique qui est l’acceptation du départ et le désir de partir pour l’amour de la vie. Il n’y a pas d’effondrement ; il y a une nécessité vivante de prendre la parole et de dire ».

Dire, écrire, fixer la vie pour « se débrouiller avec l’insupportable ».

[1] Lacan J., « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 642 [2] Pour les trois expressions entre guillemets de ce paragraphe, cf. Aromí A., « Les psychanalystes du XXIe siècle : où sont-ils? », conférence publique à Toulouse, organisée par la délégation Midi-Pyrénées de l’ACF, le 13 décembre 2014, inédit. E. Scarone, qui a traduit le texte de cette conférence, a choisi le terme « mélancoïde » pour rester au plus près du signifiant espagnol « melancoide ».

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La trahison, la clémence et le service des biens

Le théâtre des Champs Élysées vient d’offrir une représentation remarquée de La Clémence de Titus, dirigée par le jeune et brillant chef mozartien Jérémie Rohrer et mise en scène par Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie française.

Mozart a dirigé la première de cet opera seria, à Prague en septembre 1791, peu de temps avant sa mort. Les rôles des patriciens Sextus et Annius, étaient tenus à l’époque par une soprano et un castrat, voix chères au compositeur. Cet opéra sera éclipsé par le succès de La Flûte enchantée dont la première représentation eut lieu le même mois.

Il s’agit là d’une commande effectuée pour le couronnement de Léopold II de Bavière, sacré roi de Bohême. L’œuvre répond à cette fin de partie du despotisme éclairé, sachant que le couple royal de France vient d’être arrêté lors de la fuite de Varennes, et que Marie-Antoinette est la sœur de Léopold II.

Le metteur en scène, D. Podalydès, suit le livret de Caterino Mazzola, d’après Pietro Metastasio, mais ajoute un propos politique à la question de l’amour en s’inspirant du Cinna de Corneille. Pour assurer l’unité de lieu, il rassemble les protagonistes dans un hôtel, permettant les scènes politiques, l’empire est au bord de l’effondrement, et les scènes privées. Les costumes créés par Christian Lacroix situent les personnages aux alentours des années 1930 – 1940, sans autres précisions.

La trahison est le thème de cet opéra, qui se déroule dans une atmosphère d’exploration psychologique tendue tout au long du drame. Dans le palais en feu, l’empereur Titus échappe de justesse au poignard de son meilleur ami, Sextus, et il veut comprendre. C’est Vitellia qui, afin de se venger de n’avoir pas été choisie comme épouse par Titus, a ordonné ce crime à Sextus, prêt à tout par amour pour elle. Titus accordera son pardon, au terme de tensions et de contradictions intenses, puis il étendra sa clémence aux conjurés, et, dans sa magnanimité, à Vitellia elle-même.

L’opéra commence par la tirade déclamée par Bérénice, reine de Judée, dans la dernière scène de la Bérénice de Racine. Titus a dû la renvoyer sur ordre du Sénat, malgré un amour partagé de cinq années. Bérénice clame la pureté de son amour, se sacrifie et disparaît pour revenir en fond de scène ou en rêve, hanter les mouvements intimes de son amant. La sentence du Sénat pourrait se résumer par cette citation de Lacan : « La morale du pouvoir, du service des biens, c’est – Pour les désirs, vous repasserez. Qu’ils attendent. »[1]

Titus choisit alors comme reine Servilia, qui refuse car elle aime Annius, lui-même déjà prêt à renoncer pour obéir. L’empereur, ému, bénit cette belle union, que lui-même ne connaîtra pas. La conjuration déjà lancée empêche Vitellia, enfin choisie par Titus, de stopper l’acte odieux consenti dramatiquement par Sextus. Le palais est en feu, mais l’empereur est sauf. Le deuxième acte met en scène la clémence accordée, après les douloureuses hésitations de Titus, et la confrontation de celui-ci avec ce meilleur ami dont il croyait voir le cœur. Il redoublera de générosité en accordant son pardon à Vitellia, enfin convaincue par sa conscience de dire la vérité. La plongée dans l’âme humaine et sa noirceur se termine par le triomphe de Titus, acclamé, généreux, mais seul.

Le conflit intérieur traverse les protagonistes, les divise dans des récitatifs et des chants d’une gravité émouvante. Le duo Titus – Sextus, tout particulièrement, est remarquable d’intensité : l’empereur cherche à comprendre pourquoi ce sujet, si proche de lui, a voulu sa mort, pourquoi l’ami le plus cher lui veut du mal, pourquoi, pourrait-on dire, l’Autre méchant se dresse face à lui. Ils sont seuls sur scène tels des amoureux, pour ce duo qui inscrit Titus du côté féminin de la sexuation[2]. Finalement Titus pardonne, envers et contre tous.

La réussite tient à la perception de la conception dramatique du travail musical : tout est harmonie, comme, par exemple, le superbe accompagnement du chant de Sextus par la clarinette, et on sait l’attachement de Mozart à cet instrument.

La fin heureuse, après des moments d’une grande intensité dramatique, ne doit pas faire oublier, sous les acclamations pour Titus, clément et généreux, sa solitude partenaire.

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 363. [2] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 73-77.

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Un hommage à la psychanalyse

L’EFFET DIVAN[1]

Éloge de la psychanalyse à l’usage de ceux qui veulent déployer leurs ailes

de Valérie Blanco

Voici un livre réjouissant, à mettre entre toutes les mains hésitantes, dubitatives, voire même réfractaires à « déployer leurs ailes », comme le dit si joliment Valérie Blanco.

Faire valoir le trajet d’une analyse, ses effets toujours singuliers, mais aussi ses tours et détours, n’est pas facile ; le transmettre au néophyte et susciter le courage d’oser le pas l’est encore moins ! C’est la tâche ardue que s’est donnée V. Blanco dans cet éloge de la psychanalyse.

Avec une très grande exigence de simplicité, elle explique, dans un premier temps, ce que ne sont pas la psychanalyse et l’analyste – manière de tordre d’emblée le cou aux idées reçues –, pour ensuite démontrer comment ils opèrent pour qu’un changement se produise chez l’analysant.

L’auteur déplie, chemin faisant, les notions psychanalytiques et certains concepts lacaniens complexes nécessaires à la compréhension, tels que l’inconscient, le symptôme, la jouissance, la castration, le réel, l’imaginaire et le symbolique, le grand Autre, l’objet a, le corps, le signifiant-maître, le Nom-du-Père, le fantasme, le désir, la névrose et la psychose.

Ce parcours, étayé de nombreuses paroles d’analysants et d’analystes, dont celles de l’auteur, est un formidable hommage à une psychanalyse lacanienne bien vivante.

[1] Blanco V., L’EFFET DIVAN. Éloge de la psychanalyse à l’usage de ceux qui veulent déployer leurs ailes, Paris, L’Harmattan, 2014.

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