First Lady

La quatrième de couverture l’annonce clairement : le roman traite, du point de vue des femmes, de l’accès d’un homme au pouvoir, et du bouleversement qu’il induit[1]. Du point de vue des femmes ? Non pas tout à fait, la perspective se décline en trois voix singulières qui s’étoffent de ce qui agitent les femmes ; elles font chacune résonner un écho sur la question du féminin.

Quand l’intime devient public, l’embarras des femmes manifeste ce qu’elles ont de plus douloureux. D’une part, l’épouse, femme de tête, est divisée entre sa carrière et la place conformiste à laquelle elle se retrouve assignée, entre ses convictions et les concessions auxquelles on lui demande d’obtempérer. D’autre part, l’amie indéfectible, femme meurtrie, va déroger au rôle qu’elle a toujours tenu, parce qu’après s’être faite objet de l’autre, elle se fait sujet et rencontre les embarras de l’amour. Enfin la fille d’un premier lit, rebelle, défie le pouvoir ; elle est en quête d’un amour qu’elle se refuse à elle-même, fascinée par les mauvais garçons, elle sera pourtant celle par qui la crise familiale pourra prendre fin.

Chacune porte un regard particulier sur l’homme de pouvoir et les aléas de son exercice. Au-delà du lustre qui miroite sous les feux du pouvoir, l’écriture met en tension l’écart entre l’être et la fonction, entre les dits et les actes. Si la fiction est traversée par la pulsation du discours analytique, c’est au profit du suspens de l’intrigue. Outre la finesse avec laquelle les auteures traitent le sujet, c’est un vrai roman palpitant. Difficile de s’en extraire avant le dénouement.

[1] Miller C. & Miller D., First Lady, Paris, Odile Jacob, 2019.