Éditorial

« Tout de même, on peut se demander si l’idéal d’une fin de cure psychanalytique, c’est qu’un monsieur gagne un peu plus d’argent qu’avant, et que, dans l’ordre de sa vie sexuelle, il s’adjoigne à l’aide modérée qu’il demande à sa compagne conjugale celle de sa secrétaire. C’est en général ce qui est considéré comme une très bonne issue quand un type avait un peu jusque-là des embêtements sur ce sujet, soit que ce fût simplement une vie d’enfer, ou bien qu’il ait pâti de quelques-unes de ces petites inhibitions qui peuvent vous arriver à divers niveaux, bureau, travail, et même au lit, pourquoi pas ? »[1]

Je sais bien mais quand même ! Pourquoi s’attarder ainsi sur la clinique de la pornographie au XXIe siècle dans l’Hebdo-Blog ?

Éclairons ici ce choix : nous avons pris cette option tout d’abord parce que Jacques-Alain Miller a ouvert sa présentation du thème du prochain Congrès de l’AMP avec sa conférence « L’inconscient et le corps parlant » sur ce thème, mais aussi parce que la sexualité, pour nous, n’est pas « une activité de surplus »[2]. Une analyse lacanienne ne consiste pas à calmer l’agitation de « la fesse »[3], pour obtenir un « moi […] fort et tranquille »[4] indemne de tout soupçon. Un exemple ? L’affaire DSK et la passion d’en savoir toujours un peu plus sur l’actuel proxénétisme aggravé des hommes d’État nous contraignent sans cesse à revisiter un lieu obscur, point de désunion de la parole et du corps et, peut-être, de silence aussi, car parfois s’y évanouit la parole. Voilà pourquoi l’HB s’est avancé sur ces terrains ardents. Rendez-vous bientôt sur une autre route, escarpée, qui nous mène encore à Rio de Janeiro, une route dont les voies sont magistralement défrichées, vous le savez, par Éric Laurent. Nous consacrerons notre prochain dossier au concept d’escabeau, catégorie de l’époque du parlêtre, et de la notion de sinthome, dont J.-A. Miller souligne l’importance dans la conférence évoquée.

[1] Lacan J., Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p. 30-31.

[2] Ibid., p. 31.

[3] Ibid.

[4] Ibid.