Edito : La langue du crime

 

 

Dans sa « Chronique du malaise » du numéro 269 d’Hebdo-Blog, Laurent Dupont développe comment « sans S2, la jouissance du S1 est livrée à elle-même et [alors] nous perdons toute l’élaboration, toutes les constructions […] La démocratie [étant justement] basée sur une limitation du S1 par la mise en place de contre-pouvoirs » [1]. L’actuelle OPA de la propagande russe sur la langue des parlêtres est internationale, elle ne se contente pas de construire une langue univoque telle que la LTI [2] ou le novlangue [3]; elle attaque le fondement de toutes les langues : leur rapport à la vérité et au réel. Quelques éclairs de vérité freudienne surgissent néanmoins et permettent de sortir de la duperie des discours établis. Ils font apparaître une intrication très intime du pouvoir russe avec le mat, l’argot de la mafia russe [4].

L’étude et l’analyse de l’argot ont intéressé Victor Hugo en tant qu’il est la langue des misérables. Il lui consacre dans son œuvre éponyme un chapitre entier. Bien avant Freud, Hugo avait l’intuition que l’usage de la langue par les humains révèle les motifs cachés et les pulsions silencieuses qui poussent les individus à l’action. « L’argot n’est autre chose qu’un vestiaire où la langue, ayant quelque mauvaise action à faire, se déguise. Elle s’y revêt de mots masqués et de métaphores haillons. De la sorte elle devient horrible. » [5] L’argot étant la langue de la corruption, tels ceux qui la parlent, elle se corrompt très vite et cherche toujours à se dérober.

D’une part, le mensonge sert à délier la chaîne signifiante de son référent. Tout coule, flotte, s’échappe, plus rien ne vaut, tout s’équivaut. D’autre part, l’argot sert à dire son appartenance à un monde plus vaste où les règles ne sont pas les mêmes, et où la loi du caïd règne par l’humiliation.

Anna Politkovskaïa en 2004 écrivait que Poutine est un monologueur car il a toujours refusé les débats électoraux. Elle situait cette caractéristique dans un ensemble plus vaste, celui de sa formation au KGB. « [I]l ne comprend pas en principe ce qu’est une discussion [et] surtout une discussion politique […] Un subordonné qui se […] permet [de discuter] est un ennemi. » [6] La judicieuse remarque de cette fine analyste politique nous montre l’exemple de ce qu’est le Un sans l’Autre, un S1 sans S2. S’étant ainsi posée en S2 du monologueur, Anna Politkovskaïa a été assassinée le 7 octobre 2006, jour de l’anniversaire de Poutine. Ironie du sort ou cadeau cynique que le président se serait fait offrir pour faire taire celle qui l’avait pris en grippe et l’appelait l’Akaki Akakiévitch, personnage principal et insignifiant du Manteau de Gogol ? [7]

Ce numéro d’Hebdo-Blog revient notamment sur l’extrait d’une intervention de Philippe Stasse au forum « Pourquoi la guerre ? » à l’initiative de la NLS le 26 février dernier. Quant à Catherine Lazarus-Matet, elle s’interroge sur l’état de la langue après la révolution soviétique.

 Katty Langelez-Stevens

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[1] Dupont L., « Élections présidentielles, le désir et la nécessité », Hebdo-Blog, n°269, 8 mai 2022, disponible sur https://www.hebdo-blog.fr/election-presidentielle-le-desir-et-la-necessite/

[2] Klemperer V., LTI, la langue du IIIe Reich, Paris, Albin Michel, 1996.

[3] Orwell G., 1984, Paris, Gallimard, 1950.

[4] Christian Fortes, « Celle qu’il dit femme », Hebdo-Blog, n°267, 11 avril 2022, disponible sur https://www.hebdo-blog.fr/celle-quil-dit-femme/

[5] Hugo V., Les Misérables, Paris, Gallimard, coll. La Pléiade, p. 1007.

[6] https//www.lemonde.fr/international/article/2022/05/08/poutine-n-aime-pas-les-etres-humains-ce-qu-anna-politkovskaia-ecrivait-en-2004_6125248_3210.html

[7] Gogol N., Le Manteau, Paris, Éditions de la Seine, 2001, disponible sur https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Gogol%20-%20Le%20Manteau.pdf




Chalamov, Jakobson : la langue après la révolution soviétique

 

Ferdinand de Saussure a énoncé que « la langue est de toutes les institutions sociales celle qui offre le moins de prise aux initiatives » [1]. Varlam Chalamov et Roman Jakobson ont cependant exploré l’impact de la révolution sur la langue russe. Pour l’un, écrivain et poète, ayant subi de longues années d’exil inhumain en Sibérie, il s’est agi de trouver comment dire, après ses Récits [2], dans les Souvenirs de la Kolyma [3], une vingtaine d’années après sa libération des camps, la vérité de cette période, et non celle de son appréhension plus tardive du monde. Pour l’autre, en linguiste et slaviste exigeant, il s’est agi de montrer les aspects de la langue en mutation sous l’effet des influences idéologiques et étrangères. D’une part, donc, le langage unique et imparfait d’un sujet pour traduire ce qui échappe au récit. D’autre part, la langue commune modelée par les faits et les discours.

V. Chalamov se dit troublé par l’affirmation de Fiodor Tiouttchev, dans son poème « Silentium » sur l’incompréhension entre les êtres : toute pensée exprimée est un mensonge. Poète, ayant vécu une expérience qu’il ne pouvait imaginer, autre que celle des camps nazis, il aura, mais très différemment, la visée d’Imre Kertész, qui était de trouver un langage, pour celui-ci après Auschwitz – trouver à dire l’impossible, ce qui n’a pas de nom –, quand celui d’avant est inapte à traduire ce basculement des valeurs de la culture, en blessant le lecteur par la fiction. Et V. Chalamov écrit que la langue qu’il peut utiliser n’est plus la même que celle de l’époque de la Kolyma, langue alors réduite aux instincts primitifs de survie d’un homme sans humanité. « Comment retrouver cet état et en quelle langue en parler ? » [4] Il s’interrogera sur la possibilité d’un dire authentique, quand tout est mensonge. La poésie même, pourtant de l’ordre du réel, ne lui permet pas d’écrire l’impossible à écrire. « L’enrichissement de la langue, c’est l’appauvrissement du récit » [5]. Pas de recours, pour lui, à la fiction. Et l’exemple en est, à la fin des Souvenirs, d’un court texte, « Ce que j’ai vu et compris dans le camp », qui résume, dans un style volontairement pauvre, l’incompréhensible destruction de l’homme par l’État. V. Chalamov ne prône aucun espoir, et constate l’endurance de l’homme transformé en bête féroce.

R. Jakobson, quant à lui, a rédigé en tchèque un texte intitulé « L’influence de la révolution sur la langue russe », en 1920, en réponse critique au « Lexique de la guerre et de la révolution en Russie » d’André Mazon, écrit en russe par ce professeur au Collège de France [6]. Les deux textes, et leur commentaire par Sylvie Archambault et Catherine Depretto, sont le fruit de débats sur les courants de la linguistique. Ce qui s’en dégage, et parce que toutes deux évoquent la question du « sujet parlant », c’est que celui-ci n’est pas mis en avant par A. Mazon, alors qu’il l’est pour R. Jakobson, même s’il se livre, comme Victor Klemperer, à un examen précis du poids de la propagande. Mais l’observation des mots étrangers ou des inventions ironiques qui traduisent un regard critique vis-à-vis du pouvoir étatique, variant selon les groupes sociaux – politiciens, soldats, prisonniers, intellectuels etc. –, s’inscrit, pour R. Jakobson, dans la linguistique psychologique en vogue au début du XXsiècle ; elle apporte une lecture d’A. Mazon qui ne s’accorde pas avec celle du grammairien classique et ébauche une conception de la langue comme système, plus ouverte. Il y inclut « la dimension sociale du langage comme l’étude de la “fonction poétique” ». Les mots nouveaux ne l’intéressent pas « en tant que curiosités lexicales, mais comme expression de locuteurs particuliers et comme aspect de la création langagière populaire » [7]. Pour lui, comme le disait Lacan à propos de Joyce, « la langue […] est vivante pour autant qu’à chaque instant on la crée. » [8]

Pour conclure, deux vers d’un poème de F. Tiouttchev : « On ne peut pas comprendre la Russie par la voie de la raison / […] / On ne peut que croire en elle ! »

Catherine Lazarus-Matet

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[1] Cité in Mazon A. et Jakobson R., La Langue russe, la guerre et la révolution, sous la direction de Archambault S. et Depretto C., Paris, Eur’ORBEM Éditions, collection Textes, 2017. Voir également de Saussure F., Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1971, p. 122.

[2] Chalamov V., Récits de Kolyma, Denoël, 1969. Publiés en russe à New York en 1966, ils ne seront accessibles en URSS qu’en 1989.

[3] Chalamov V., Souvenirs de la Kolyma, traduit du russe par Tatsis-Botton A.-M., avec la collaboration de Jurgenson L., Lagrasse, Verdier, collection Slovo, 2022.

[4] Ibid., p. 15.

[5] Ibid.

[6] Mazon A. et Jakobson R., La Langue russe, la guerre et la révolution, op. cit.

[7] Ibid., p. 22.

[8] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 133.




La guerre, pour quoi ?

 

À la question d’Einstein « que peut-on faire pour détourner les hommes de la fatalité de la guerre ? » [1], Freud répond par sa lettre intitulée « Pourquoi la guerre ? » [2]

Il y fait référence à sa théorie des pulsions : pulsion de vie et pulsion de mort. Il ajoute que « Parfois […] les motifs idéaux n’ont servi que de prétexte aux appétits destructeurs » [3]. Dualisme pulsionnel dont Lacan fera les deux faces de la même pulsion.

Freud se dit « pacifiste » [4]. Il fait appel à la culture pour dominer la vie pulsionnelle. « Peut-être n’est-ce point un espoir utopique de penser que l’influence de ces deux facteurs, celui des positions culturelles et celui de la crainte justifiée d’une guerre future, mettra fin aux entreprises guerrières dans un avenir peu éloigné » [5]. Conclusion un peu naïve et utopiste, ce qui n’a pas toujours été le cas dans des textes précédents. Autre manière de dire que Freud croyait au père. Faire la guerre, c’est vouloir faire exister un Autre qui n’existe pas.

Lacan ira au-delà du père. Il établira le réel de la jouissance. Faire la guerre, c’est en quelque sorte une tentative de récupérer cette jouissance perdue à tout jamais.

Eric Laurent [6] parlant de l’identification au leader et à l’exigence de jouissance sans limites qui l’habite, cite Freud : « Le meneur de la masse est encore toujours le père originaire redouté, la masse veut toujours encore être dominée par un pouvoir illimité, elle est au plus haut degré maniaque d’autorité, elle a […] la soif de soumission. »[7]

Michel Eltchaninoff, philosophe d’origine russe, dans son livre intitulé Dans la tête de Vladimir Poutine [8], nous parle d’un philosophe russe devenu le philosophe de référence de V. Poutine et qu’il cite volontiers dans ses discours : Ivan Ilyine.

Ce dernier, en 1933, lorsque les nazis arrivent au pouvoir en Allemagne, écrit un article sur « “le nouvel esprit national-socialiste” » [9]. Article dans lequel il minimise la persécution des juifs et exalte ce qui « “brûle dans le cœur de chaque nazi sincère” » [10]. Évoquant la révolution communiste en Russie, il souligne que celle-ci, une fois interrompue, il s’agira de promouvoir une « “dictature démocratique” » [11] dans laquelle « Les élections ne joueront plus alors un rôle important. » [12] Ce qu’il faudra alors, c’est un « “Guide” qui “sache ce qu’il faut faire” […] “frappe l’ennemi au lieu de prononcer des mots vides ; dirige au lieu de se vendre aux étrangers” » [13].

L’auteur souligne que pour Poutine, il s’agissait là [de bien] « Plus qu’un programme : un portrait à parachever…» [14]

Le programme de Poutine, nous dit M. Eltchaninoff, est écrit sur le modèle de la « “verticalité du pouvoir”[15], de la “démocratie souveraine”[16], [de] l’hostilité aux puissances étrangères » [17].

I. Ilyine souligne encore que « “les peuples occidentaux ne comprennent ni ne supportent l’originalité russe”. » [18] Leur objectif est de «“démembrer la Russie pour la faire passer sous contrôle occidental, la défaire et finalement la faire disparaître”.» [19] Leur méthode passe pour lui par « l’hypocrite promotion de valeurs comme la “liberté”. » [20]

Philippe Stasse

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[1] Freud S., « Pourquoi la guerre ? » (1933), Résultats, idées, problèmes, t. II, Paris, PUF, 1985, p. 203.

[2] Ibid., p. 203-215.

[3] Ibid., p. 211.

[4] Ibid., p. 215.

[5] Ibid.

[6] Laurent E., « Le discours et le réel de la guerre », in Brousse M.-H. (s/dir.), La psychanalyse à l’épreuve de la guerre, Paris, Berg International, 2015, p. 254.

[7] Freud S., « Psychologie des foules et analyse du moi », Œuvres complètes, tome XVI, Paris, PUF, 1991, p. 67.

[8] Eltchaninoff M., Dans la tête de Vladimir Poutine, Paris, Actes Sud, Babel, 2015, p. 45.

[9] Ilyine I., « Le national-socialisme. Un nouvel esprit. I », cité par M. Eltchaninoff, in Dans la tête…, op. cit., p. 48.

[10] Ibid., p. 49.

[11] Ilyine I., « Nos missions », cité par M. Eltchaninoff, in Dans la tête…, op. cit., p. 55.

[12] Eltchaninoff M., Dans la tête…, op. cit., p. 55.

[13] Ilyine I., « Nos missions », cité par M. Eltchaninoff, in Dans la tête…, op. cit., p. 55.

[14] Eltchaninoff M., Dans la tête…, op. cit., p. 53.

[15] Ilyine I., « Nos missions », cité par M. Eltchaninoff, in Dans la tête…, op. cit., p. 55.

[16] Ibid.

[17] Eltchaninoff M., Dans la tête…, op. cit., p. 55.

[18] Ilyine I., « Nos missions », cité par M. Eltchaninoff, in Dans la tête…, op. cit., p. 56.

[19] Ibid.

[20] Ibid., p. 57.




CHRONIQUE DU MALAISE : Algorithme, capitalisme et démocratie

 

En 2014, Mat Honan [1], va tenter une expérience : « liker » tout ce qui apparaîtrait sur sa page Facebook [2], sans exception. Cette expérience est relatée dans le formidable livre de David Chavalarias [3] : Toxic Data [4]. Il faut comprendre que le fil d’actualité de Facebook use d’algorithmes qui, en fonction de vos likes, du temps que vous passez sur une image, des pages clickées … vont produire des données segmentant de plus en plus vos « centres d’intérêt », afin d’obtenir un ciblage quasi singulier d’une personne. Une fois ce ciblage obtenu, Facebook revend les données à des entreprises, des sociétés spécialisées en études de marché, des médias, des associations, des partis politiques, des agences de publicité, de marketing, des groupes d’influences, des agences de renseignement…[5] Évidemment, en fonction de ce que l’on paie, on obtient un package de données plus ou moins important.

Après une heure, plus aucun message « d’amis » n’apparaissait sur le fil de M. Honan. Uniquement des marques, des publicités, des news, des vidéos…, contenus automatiques proposés par les algorithmes [6], issus de cette segmentation. M. Honan est journaliste, news et vidéos font partie de ses centres d’intérêt, et cela justifie que le fil d’actualité reste attractif. Avec les algorithmes, le ciblage capitaliste, atteint un sommet.

Juste avant de se coucher, M. Honan va liker un message pro-israélien. Dès le lendemain son fil d’actualité bascule à droite. Il va continuer l’expérience. En quelques clicks, on lui demande de liker le second amendement [7], mais aussi de plus en plus de messages connus sous le nom de faux dilemme [8]. Les messages sélectionnés ont pour but de proposer des réponses de plus en plus segmentantes, oui ou non, pour ou contre. À partir de vos likes, de votre vitesse de scrolling, de vos clicks…, l’algorithme vous amène à vous positionner de plus en plus radicalement. Vous lirez dans Toxic Data comment l’histoire se termine pour M. Honan, c’est édifiant.

Évidemment, la plupart des utilisateurs arrêtent de liker quand une information leur déplaît, mais cela aussi est repéré, l’algorithme propose alors une autre information et ainsi de suite jusqu’à ce que vous likiez des contenus permettant un oui ou non, un pour ou contre, cela peut être : vacances à la montagne ou à la mer, PSG ou OM, tel ou tel vêtement, IVG, peine de mort… Cette segmentation algorithmique vise à créer des antagonismes afin de pouvoir catégoriser toujours un peu plus. Ce type de ciblage est très ancien, mais nous sommes passés à une marchandisation quasi illimitée des opinions et comportements d’un être humain. C’est l’individu contre le sujet. Attention, l’algorithme, lui, se moque de votre opinion, mais ceux qui achètent les datas, non.

En 2016, juste avant l’élection présidentielle qui vit Donald Trump arriver au pouvoir, une agence à Saint-Pétersbourg, l’IRA [9], a acheté un petit package de données afin de tester leur capacité de déstabilisation aux USA. En quelques jours, ils ont réussi à créer de faux comptes Facebook à Houston, sous une bannière inventée de toute pièce : Heart of Texas, excitant des populations contre un centre islamique, alors que personne avant ne contestait ce centre. Dans le même temps, l’IRA créait un autre compte fake : United Muslim of America inventant des comptes de personnes musulmanes critiquant les « blancs » et faisant monter la tension dans la communauté musulmane. Le but était de savoir s’il était possible depuis Saint-Pétersbourg de déclencher des manifestations sur le sol américain. Je vous laisse découvrir le résultat [10].

La suite, vous la connaissez : élection de D. Trump, Brexit, tentative de déstabilisation de l’élection présidentielle en France… Selon D. Chavalarias, ce qui est visé par l’ultra-droite américaine, alliée à l’extrême droite française, autant que par les agences russes, c’est de faire monter les clivages, tous les clivages dans les sociétés démocratiques.

Pour ou contre, c’est la fin du S2, de la contextualisation, du débat. C’est l’opinion contre l’opinion. Ce que Lacan résume par « on ne pense qu’au moyen de l’Un » [11]. Le Un ne permet pas l’altérité. L’algorithme au service du capitalisme poursuit sa course désincarnée et froide de découpage de l’humain [12] poussant toujours plus vers l’Un-dividu [13] homothétique aux populismes, pas sans conséquence sur les enjeux démocratiques.

À suivre sur Lacan Web Télévision : D. Chavalarias y sera interviewé autour de son livre.

Laurent Dupont

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[1] Mat Honan est journaliste pour Wired, https://www.wired.com.

[2] Honan M., « I liked everything I saw on Facebook for two Days. Here’s what it did to me », Wired, 11 août 2014, disponible sur https://www.wired.com/2014/08/i-liked-everything-i-saw-on-facebook-for-two-days-heres-what-it-did-to-me/

[3] David Chavalarias est mathématicien, directeur de recherche au CNRS, au Centre d’analyse et de mathématique sociales de l’EHESS. À l’Institut des systèmes complexes de Paris Île-de-France, qu’il dirige, il a lancé en 2016 le projet Politoscope, dédié à l’analyse des réseaux sociaux et du militantisme politique en ligne.

[4] Chavalarias D., Toxic Data, Paris, Flammarion, 2022, p. 64 & sq.

[5] Cf. ibid.

[6] Cf. ibid., p. 68.

[7] Amendement autorisant tous les citoyens américains à porter des armes.

[8] Ibid., p. 69. Exemple donné par David Chavalarias : « FLASH INFO : Israël vient de détruire le dernier “tunnel terroriste” connu creusé par le Hamas pour tenter de s’infiltrer et d’attaquer Israël. Bravo ! C’est une étape majeure sur le chemin d’Israël vers la victoire… Ils sont sur le point de gagner, mais ils ont toujours besoin de notre TOTAL soutien. Êtes-vous aux côtés d’Israël ? » L’algorithme n’est ni antisémite ni pro-sioniste… Mais il vous oblige à choisir votre camp.

[9] International Research Agency. Cf. ibid., p. 153.

[10] Cf. ibid, p. 152 & sq.

[11] Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, … ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 205.

[12] Voir à ce propos les développements de Lacan sur « l’Un de différence et l’Un d’attribut » : ibid., p. 190 et p. 191.

[13] Ibid. Voir la quatrième de couverture rédigée par J.-A. Miller.